« Attente de Dieu/Autobiographie spirituelle » : différence entre les versions
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{{lettre|Simone Weil|Autobiographie spirituelle|''aux environs du 15 mai 1942''. Publiée dans ''[[Attente de Dieu]]'', 1966}}
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<div align="right" >''aux environs du 15 mai 1942''.</div>
À lire pour commencer. P.-S
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:: Mon Père,
Avant de partir je veux encore vous parler, pour la dernière fois peut-être, car de là-bas je ne ferai sans doute que vous envoyer parfois de mes nouvelles pour avoir des vôtres.
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Vous ne m’avez pas apporté l’inspiration chrétienne ni le Christ ; car quand je vous ai rencontré cela n’était plus à faire, c’était fait, sans l’entremise d’aucun être humain. S’il n’en avait pas été ainsi, si je n’avais pas déjà été prise, non seulement implicitement, mais consciemment, vous ne m’auriez rien donné, car je n’aurais rien reçu de vous. Mon amitié pour vous aurait été une raison pour moi de refuser votre message, car j’aurais eu peur des possibilités d’erreur et d’illusion impliquées par une influence humaine dans le domaine des choses divines.
Je peux dire que dans toute ma vie je
Par exemple je me suis toujours interdit de penser à une vie future, mais
À quatorze ans je suis tombée dans un de ces désespoirs sans fond de
Sous le nom de vérité
Autant
Quant à
Le devoir
La notion de pureté, avec tout ce que ce mot peut impliquer pour un chrétien,
Bien entendu, je savais très bien que ma
Après mon année
Étant dans cet état
En 1937
En 1938
Il y avait là un jeune Anglais catholique qui
Dans mes raisonnements sur
Je
Pourtant
Je ne me demandais jamais si Jésus a été ou non une incarnation de Dieu ; mais en fait
Au printemps 1940
Pourtant je ne croyais pas pouvoir même me poser la question du baptême. Je sentais que je ne pouvais pas honnêtement abandonner mes sentiments concernant les religions non chrétiennes et concernant Israël
Pendant toute cette progression spirituelle je
Le contact avec vous
Depuis lors je me suis imposé pour unique pratique de le réciter une fois chaque matin avec une attention absolue. Si pendant la récitation mon attention
La vertu de cette pratique est extraordinaire et me surprend chaque fois, car quoique je
Parfois les premiers mots déjà arrachent ma pensée à mon corps et la transportent en un lieu hors de
Parfois aussi, pendant cette récitation ou à
Jamais je
Je vous ai dit que vous êtes pour moi quelque chose à la fois comme un père et comme un frère. Mais ces mots
Cela ne
Cela
En même temps, en faisant pour moi de la question du baptême un problème pratique, vous
Mais votre plus grand bienfait a été
Rien ne me fait mieux mesurer
Je
Il ne le veut pas
Le christianisme doit contenir en lui toutes les vocations sans exception,
Le christianisme étant catholique en droit et non en fait, je regarde comme légitime de ma part
Mais ce
Je pense, et vous aussi, que
Mais tout est tellement lié à tout que le christianisme ne peut être vraiment incarné que
Ayant un sentiment si intense, si douloureux de cette urgence, je trahirais la vérité,
Je suis toujours demeurée sur ce point précis, au seuil de
Vous voyez que je suis bien loin des pensées que
Si
Je pense que vous devez comprendre que je vous aie toujours résisté ; si toutefois, étant prêtre, vous pouvez admettre
Autrement il restera une barrière
Je voudrais appeler votre attention sur un point.
La situation de
La fonction propre de
Une collectivité est gardienne du dogme ; et le dogme est un objet de contemplation pour
Le Christ lui-même, qui est la Vérité elle-même,
Quand
Tout le monde sait
Le Christ a fait des promesses à
La fonction de
Ainsi, quoique
Mais elle commet un abus de pouvoir quand elle prétend contraindre
Cette importance actuelle de
Il
Cette idée vous offensera peut-être. Mais vous auriez tort. Vous
Pour que
Et le ressort de ce totalitarisme,
C’est d’ailleurs par une judicieuse transposition de cet usage qu’ont été forgés tous les partis qui de nos jours ont fondé des régimes totalitaires. C’est un point
Je dois vous donner l’impression d’un orgueil luciférien en parlant ainsi de beaucoup de choses qui sont trop élevées pour moi et auxquelles je n’ai pas le droit de rien comprendre. Ce n’est pas ma faute. Des idées viennent se poser en moi par erreur, puis, reconnaissant leur erreur, veulent absolument sortir. Je ne sais pas d’où elles viennent ni ce qu’elles valent, mais à tout hasard je ne me crois pas le droit d’empêcher cette opération.
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Adieu. Je vous souhaite tous les biens possibles, sauf la croix ; car je n’aime pas mon prochain comme moi-même, vous particulièrement, comme vous vous en êtes aperçu. Mais le Christ a accordé à son ami bien-aimé, et sans doute à tous ceux de sa lignée spirituelle, de venir jusqu’à lui non pas à travers la dégradation, la souillure et la détresse, mais dans une joie, une pureté et une douceur ininterrompues. C’est pourquoi je peux me permettre de souhaiter que même si vous avez un jour l’honneur de mourir pour le Seigneur d’une mort violente, ce soit dans la joie et sans aucune angoisse ; et que seules trois des béatitudes (''mites, mundo corde, pacifici'') s’appliquent à vous. Toutes les autres enferment plus ou moins des souffrances.
Ce vœu n’est pas dû seulement à la faiblesse de l’amitié humaine. Pour n’importe quel être humain pris en particulier, je trouve toujours des raisons de conclure que le malheur ne lui convient pas, soit qu’il me paraisse trop médiocre pour une chose
Croyez, plus que jamais et pour toujours, à mon amitié filiale et tendrement reconnaissante.
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