« Le Râmâyana (trad. Fauche)/Tome 1 » : différence entre les versions

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Il dit ; à ce discours du magnanime Lakshmana, Kâauçalyâ, noyée dans sa tristesse amère, dit à Râma : « Tu as entendu, Râma, ces bonnes paroles d’un frère, dont l’amour est comme un culte envers toi. Médite-les, et qu’elles soient exécutées promptement, s’il te plaît. Tu ne dois pas, fléau des ennemis, fuir dans les bois sur un mot de ma rivale, et m’abandonner en proie à tous les feux du chagrin. Si tu suis le senlier de la vertu antique, toi qui en possèdes la science, sois docile à ma voix, reste ici, accomplis ce devoir le plus élevé de tous. Jadis, vainqueur des villes ennemies, Indra, sur l’ordre même de sa mère, immola ses frères les rivaux de sa puissance, et mérita ainsi l’empire des habitants du ciel. Tu me dois, mon fils, le même respect que tu dois à ton père : tu n’iras donc pas dans les bois au mépris de ma défense, car il est impossible que je vive, privée de toi. »
vaillant Râma, qui se hâtait d’aller résolument habiter au fond des bois.
 
Dès que Râma, plein de respect, mais détournant d’elles ses regards, eut décrit un pradàkshina autour des choses destinées à là cérémonie du sacre, il s’éloigna lentement.
 
Il revit ses gens avec un visage riant ; il répondit à leurs saluts par les siens, avec les bienséances requises, et s’en alla d’un pied hâté voir Kâauçalyâ au palais même qu’habitait sa royale mère. Aucun homme, si ce n’est Lakshmana seul, ne s’aperçut du chagrin qu’il renfermait dans son âme, contenue par sa fermeté.
 
Dans ce même instant, la pieuse reine Kâauçalyâ prosternée adressait aux Dieux son adoration et s’acquittait d’un vœu-, dont elle s’était liée vis-à-vis des Immortels. Elle espérait que son fils serait bientôt sacré comme prince de la jeunesse ; et, vêtue d’une robe blanche, toute dévouée à sa religieuse cérémonie, elle ne permettait pas à son âme de s’égarer sur des objets étrangers.
 
Râma, voyant sa mère, la salua avec respect ; il s’approcha d’elle et lui dit ces réjouissantes paroles : « Je suis Râma ! » Elle, aussitôt qu’elle vit arriver ce fils, les délices de sa mère, elle tressaillit de plaisir et de tendresse, comme la vache aimante reconnaît son veau chéri. S’étant abordés ; Râma, caressé, embrassé parelle, honora sa mère, comme Maghavat honore la déesse Aditi.
 
Kâauçalyâ répandit sur lui ses bénédictions pour l’accroissement et la prospérité de ce fils bien-ahné : « Que les Dieux, lui dit-elle, ravie de joie, que les Dieux t’accordent, mon fils, les années, la gloire, la justice, digne apanage de ta famille, et dont furent doués jadis tous ces magnanimes saints, antiques rois de’ta-race !’Reçois, don-née’par ton père, une puissance immuable, éternelle ; et, comblé d’une félicité suprême, foulant aux pieds tes ennemis vaincus, que la vue de lon’bouheur fasse la joie de tes ancêtres ! »
 
À ces paroles de Kàauçalayâ, il répondit’en ces termes, l’àme quelque peu troublée de cette douleur, où l’avaient noyée les paroles de-Kèkêyi : « Êère, lu ne sais donc pas le grand malheur qui est tombé sur moi, pour la douleur amère de toi, de mon épouse et de Lakshmana ? Kèkeyi a demandé au roi son diadème pour Bharata ; et mon père, qu’elle avait enlacé d’abord avec un serment, n’a pu lui refuser son royaume. Le puissant monarque donnera l’hérédité de sa couronne à Bharata ; mais, quant a moi, il ordonne que j’aille aujourd’hui même habiter lès forêts.
 
« J’aurai quatorze années, reine, les bois pour ma seule demeure, et loin des tables exquises, j’y ferai ma nourriture de racines et de fruits sauvages. »
 
Consumée par sa douleur, à ces mots de Râma, la chaste Kâauçalyâ tomba, comme un bananier tranche par le pied. Râma, voyant la malheureuse étendue sur le sol, releva sa mère consternée, défaillante, évanouie ; et, tournant autour de l’infortunée, remise en pieds, les flancs battus, comme une cavale essoufflée, il essuya de sa main la poussière dont la robe de sa mère était couverte.
 
Quand elle eut un peu recouvré le souffle, Kâauçalyà, délirante de chagrin et jetant les yeux sur Râma, s’écria d’une voix que ses larmes rendaient balbutiante : « Plût au ciel, Râma, que tu ne fusses pas né mon fils, toi qui rends plus vives toutes mes douleurs, je ne sentirais pas aujourd’hui la peine que fait naître ma séparation d’avec toi ! Certes ! la femme stérile a bien son chagrin, mais celui seul de se dire : « Je n’ai pas d’enfants ! » encore, n’est-il pas égal à cette peine, que nous cause la séparation d’avec un fils bien-aimé ?
 
« Râma, tu ne dois pas obéir à la parole d’un père aveuglé par l’amour.
« Demeure ici même ! Que peut te faire ce monarque usé par la vieillesse ? Tu ne partiras pas, mon fils, si tu veux que je vive ! »
 
Le gracieux Lakshmana, ayant vu dans un tel désespoir cotte mère trop sensible de Râma, dit alors ces mots appropriés à la circonstance : « Il me déplaît aussi, noble dame, que ce digne enfant de Raghou, chassé par la voix d’une femme, abandonne ainsi la couronne et s’en aille dans un bois.
« Je ne vois pas une offense, ni même une faute minime, par laquelle Râma ait pu mériter du roi ce bannissement hors du royaume et cet exil au fond des bois.
 
« Tandis que cet événement n’est parvenu encore à la connaissance d’aucun homme, jette, aidé par moi, ta main sur l’empire, dont tu portes le droit inhérent à toi-même ! Quand moi, ton fidèle serviteur, je serai à tes côtés, soutenant de mes efforts ton assomption à la couronne, qui pourra mettre obstacle à ton sacre comme héritier du royaume ? »
 
Il dit ; à ce discours du magnanime Lakshmana, Kâauçalyâ, noyée dans sa tristesse amère, dit à Râma : « Tu as entendu, Râma, ces bonnes paroles d’un frère, dont l’amour est comme un culte envers toi. Médite-les, et qu’elles soient exécutées promptement, s’il te plaît. Tu ne dois pas, fléau des ennemis, fuir dans les bois sur un mot de ma rivale, et m’abandonner en proie à tous les feux du chagrin. Si tu suis le senlier de la vertu antique, toi qui en possèdes la science, sois docile à ma voix, reste ici, accomplis ce devoir le plus élevé de tous. Jadis, vainqueur des villes ennemies, Indra, sur l’ordre même de sa mère, immola ses frères les rivaux de sa puissance, et mérita ainsi l’empire des habitants du ciel. Tu me dois, mon fils, le même respect que tu dois à ton père : tu n’iras donc pas dans les bois au mépris de ma défense, car il est impossible que je vive, privée de toi. »
 
À ces mots de l’infortunée Kâauçalyâ, qui gémissait ainsi, Râma répondit en ces termes, que lui inspirait le sentiment de son devoir, à lui, qui était, pour ainsi dire, le devoir même incarné : « Il ne m’est aucunement permis de transgresser les paroles de mon père. Je te prie, la tête courbée à les pieds, d’accepter mon excuse ; j’exécuterai la parole de mon père ! Certes ! je ne serai pas le seul qui aurai jamais obéi à la voix d’un père ! Et d’ailleurs ce qu’on vante le plus dans la vie des hommes saints, n’est-ce point d’habiter les forêts ?