« Le Râmâyana (trad. Fauche)/Tome 1 » : différence entre les versions

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vaillant Râma, qui se hâtait d’aller résolument habiter au fond des bois.
le poids de ce langage, qui eût écrasé même un homme ferme ; et, regardant la parole engagée par le père comme un ordre qui enchaînait le fils étroitement, il résolut de s’en aller au milieu des forêts.
 
Ensuite, ayant souri, le bon Râma fit cette réponse au discours qu’avait prononcé Kêkéyî : « Soit ! revêtant un habit d’écorce et les cheveux roulés en gerbe, j’habiterai quatorze ans les bois, pour sauver du mensonge la promesse de mon père ! Je désire seulement savoir une chose : pourquoi n’est-ce pas le roi qui me donne cet ordre lui-même, en toute assurance, à moi, le serviteur obéissant de sa volonté ? Je compterais comme une grande faveur, si le magnanime daignait m’instruire lui-même de son désir. Quelle autorité, noble reine, ce roi n’a-t-il pas sur moi, son esclave et son fils ? »
 
Kêkéyî répondit à ces mots : « Relenu par un sentiment de pudeur, ce roi n’ose te parler lui-même : il n’y a pas autre chose ici, n’en doute pas, vaillant Raghouide, et ne t’en fais pas un sujet de colère. Tant que tu n’auras point quitté cette ville pour aller dans les bois, le calme, Râma, ne peut renaître dans l’esprit affligé de ton père. »
 
Le monarque entendit, les yeux fermés, ces cruelles paroles de Kêkéyî l’ambitieuse, qui n’osait encore se fier à la résolution du vertueux jeune homme. Il jeta, par l’excès de sa douleur, cette exclamation prolongée : « Ah ! je suis mort ! » et retombant aussitôt dans la torpeur, il se noya dans les pleurs de sa tristesse.
 
À l’audition amère de ce langage horrible au cœur et d’une excessive cruauté, Râma, que Kêkéyî frappait ainsi avec la verge de ses paroles, comme un coursier plein de feu, bien qu’il se précipitât de lui-même, en toute hâte, vers son exil au sein des bois ; Râma, dis-je, n’en fut pas troublé et lui répondit en ces termes :
 
« Je ne suis pas un homme qui fasse des richesses le principal objet de ses désirs ; je ne suis pas, reine, ambitieux d’une couronne ; je ne suis pas un menteur ; je suis un homme, de qui la parole est sincère et l’âme candide : pourquoi te défier ainsi de moi ? Toute chose utile à toi, qu’il est en ma puissance de faire, estime-la comme déjà faite, fût-ce même de sacrifier pour toi le souffle bien-aimé de ma vie ! Certes ! exécuter l’ordre émané d’un père est supérieur à tout devant mes yeux, le devoir excepté : néanmoins, reine, je partirai dans le silence même de mon père, et j’habiterai les bois déserts quatorze années, sur la parole de ta majesté seule.
 
« Aussitôt que j’aurai dit adieu à ma mère et pris congé de mon épouse, je vais au même instant habiter les forêts : sois contente ! Tu dois veiller à ce que Bharata gouverne bien l’empire et soit docile au roi, son père. C’est là pour toi un devoir imprescriptible et de tous les instants. »
 
À peine le monarque, revenu un peu à lui-même et baigné dans ses tristes larmes, eut-il ouï ce discours de Uâma, qu’il perdit une seconde fois la connaissance.
 
Après que Râma, le corps incliné, eut touché de sa tête les pieds de son père évanoui ; après qu’il eut adressé le même salut aux pieds de Kêkéyî ; après que, les mains jointes, il eut décrit un pradakshina autour du roi Daça-ratha et de sa vile épouse, il quitta incontinent ce palais de son père. Lakshmana, au corps tout parsemé de signes heureux, mais les yeux obscurcis de larmes, suivit l’invincible, qui sortait devant lui : il marchait derrière, agitant la pensée de faire abandonner sou dessein au vaillant Râma, qui se hâtait d’aller résolument habiter au fond des bois.
 
Dès que Râma, plein de respect, mais détournant d’elles ses regards, eut décrit un pradàkshina autour des choses destinées à là cérémonie du sacre, il s’éloigna lentement.