« A sainte Madeleine » : différence entre les versions
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{{journal|A sainte Madeleine|[[Gabriel Vicaire]]|[[Revue des Deux Mondes]] tome 132, 1895}}
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A SAINTE MADELEINE
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Qui tenez en vos mains le bouquet toujours vert,
Pensez-vous à ce monde où votre âme blessée,
Tourterelle légère et tendre, a tant souffert
Du haut du paradis qu’embaume votre grâce,
Parmi les harpes d’or des séraphins charmés,
Avez-vous un regard pour la honte qui passe
Entendez-vous encor le cri des opprimés
Avez-vous oublié la foule méprisante,
Les cœurs toujours fermés, la bouche qui maudit
Vous souvient-il encor de l’heure agonisante
Où vous avez prié sans qu’on vous répondît
Ah ! Notre pauvre terre ! Elle est bien toujours telle
Que vous l’avez quittée au jour du grand pardon.
Si l’homme doit mourir, la haine est immortelle.
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Ces maîtres sans pitié, vous les avez connus.
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 132.djvu/435]]==
Ils disent : « Je suis grand. Il faut qu’on me révère.
Et leurs pieds orgueilleux foulent le genre humain.
Ils disent : « Je suis pur ; j’ai droit d’être sévère. »
Qu’un mendiant s’approche, ils referment la main.
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Ils ne voient pas en lui Jésus-Christ haletant.
Sans doute que le vice a fait son infortune.
S’il peinait davantage, il serait mieux
Ah ! qui voudrait savoir de quelle pourriture
Est fait l’être jaloux qui le tient enchaîné
Les sépulcres blanchis dont parle l’Ecriture
Marchent encor parmi le peuple prosterné.
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Et nous qui restons droits devant l’idole infâme
Et ne fléchissons pas volontiers les genoux,
Sommes-nous donc si fiers en regardant notre âme
Se pourrait-il qu’un Dieu se réfléchît en nous
Gomme l’agneau perdu qui laisse de sa laine
Aux ronces de la route, aux épines des bois,
Nous courons, au hasard, où le vent nous entraîne
La vie, ainsi que l’eau, nous coule entre les doigts.
Nous aimons à parler d’art et de poésie,
Et leur pâle soleil nous enchante un instant.
Mais quel guide peu sûr que notre fantaisie !
Et le temps va toujours, et la mort nous attend.
Parfois, nous semble-t-il, un reflet de l’Aurore
Illumine la lande où nous allons rêver.
Mais ce jour incertain, qu’il est timide encore
Que l’aube de nos cœurs est lente à se lever !
Nous sommes le tombeau que recouvre la mousse,
La mer de sable où le bon grain ne peut germer,
L’implacable désert où nulle fleur ne pousse,
Hélas ! Et nous mourons de ne pouvoir aimer !
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 132.djvu/436]]==
O sœur des pauvres gens qu’a ballottés l’orage,
Vous qui savez le poids de l’humaine douleur,
Vous, toute frissonnante en face de l’outrage
Comme l’oiseau captif aux mains de l’oiseleur,
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Au jardin de l’Epoux vous avez refleuri.
Oh ! S’il reste un peu d’huile à la lampe d’argile,
Si le figuier séché doit reverdir un jour,
Délices du ciel bleu, rose de l’Evangile,
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GABRIEL VICAIRE.
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