« Vingt ans de monarchie moderne en Espagne » : différence entre les versions

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Voilà le secret de la politique de M. Canovas et, du même coup, voilà le secret du succès de la Restauration, dont la fortune était liée à la sienne. Toujours, en M. Canovas, le doctrinaire a proposé, l’homme d’État a disposé. Est-ce que le doctrinaire, mis au gouvernement, y devenait sceptique? Sceptique, non, mais opportuniste, si l’opportunisme consiste à faire tout ce que l’on peut, à l’heure où il convient de le faire, à laisser faire ce qu’on ne ferait pas et à ne pas défaire ce qu’on n’aurait pas fait.
 
A cet égard, l’événement le plus considérable peut-être des vingt années de Restauration a été la formation d’une gauche dynastique, d’un parti libéral, capable de faire pendant et opposition à la droite conservatrice, agissant sur elle, tantôt comme stimulant et tantôt comme frein. Par lui, la monarchie restaurée a acquis son organe de progrès, après son organe de conservation, un organe de liberté, après un organe d’ordre. La monarchie moderne a véritablement été fondée, du jour où M. Sagasta s’est dressé en face de M. Canovas, sur le champ de bataille parlementaire, clos de toutes parts et circonscrit par la constitution <ref name=p622>Nous simplifions à dessein la nomenclature assez compliquée des partis espagnols et nous avons d’autant moins de scrupules à le faire que ce sont moins, en réalité, des partis quo des groupes, séparés seulement par des divergences de détail ou des ambitions personnelles. Au fond, il n’y a, dans le Parlement espagnol que quatre partis : deux partis constitutionnels, les libéraux et les conservateurs, et deux partis extra-constitutionnels, les républicains et les carlistes. </ref>.
 
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Mais cette monarchie, modernisée et démocratisée, rien ne l’a servie, après l’initiative des libéraux, autant que la « modération » des conservateurs, la modération que M. Canovas recommandait aux partis, comme une vertu cardinale de la politique. Ce n’est point que les conservateurs ni leur chef lui-même acceptassent de gaieté de cœur toutes les réformes, toutes les innovations proposées par les libéraux; mais parmi elles, il en était quelques-unes dont ils n’avaient pu ni voulu se charger et que néanmoins ils n’étaient pas, dans le fond, fâchés de voir faire par d’autres, ne les combattant que mollement.
 
Quant aux réformes, aux innovations plus radicales, auxquelles<ref follow=p622> et nous avons d’autant moins de scrupules à le faire que ce sont moins, en réalité, des partis quo des groupes, séparés seulement par des divergences de détail ou des ambitions personnelles. Au fond, il n’y a, dans le Parlement espagnol que quatre partis : deux partis constitutionnels, les libéraux et les conservateurs, et deux partis extra-constitutionnels, les républicains et les carlistes. </ref>.
Quant aux réformes, aux innovations plus radicales, auxquelles
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ils ne pouvaient ni ne voulaient consentir à aucun titre, comme le jury populaire, le suffrage universel, il les ont combattues jusqu’au bout, âprement, de tous leurs moyens, dans les Chambres et dans les journaux, par leurs discours et par leurs livres. Elles n’ont été faites que malgré eux, contre eux. Ils ont pu trouver à ce moment que la monarchie passait les bornes, se démocratisait à l’excès, ils ont pu le dire et le dire sur le ton blessé de gens qui avaient tiré la monarchie de l’exil, sur le ton inquiet de gens qui ne savaient plus où la monarchie s’arrêterait. Mais, s’ils revenaient aux affaires, ils n’en déferaient rien, car, M. Canovas le leur a enseigné, c’est une des conditions du régime parlementaire qu’un parti ne défasse pas ce que l’autre a fait et, quelque peine qu’on on ait, il faut s’accommoder de ce régime, avec ses défauts, tel qu’il est, ou courir le risque d’un pire.