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analyses. — LiEBMANN. Zur Analysis der Wirklichkeit 42 L


que éclaircissement : il n'est pas aisé de concevoir cette perception
que éclaircissement : il n’est pas aisé de concevoir cette perception
parfaite, qui, grâce à sa vitesse infinie, échappe à la loi du temps.
parfaite, qui, grâce à sa vitesse infinie, échappe à la loi du temps.
Qu'est-ce qu'une vitesse infinie, c'est-à-dire qui après un temps fini a
Qu’est-ce qu’une vitesse infinie, c’est-à-dire qui après un temps fini a achevé de parcourir un espace infini, et ainsi a mesuré cet espace? Et
de même, qu’est-ce qu’une perception indépendante du Temps, alors
achevé de parcourir un espace infini, et ainsi a mesuré cet espace? Et
de même, qu'est-ce qu'une perception indépendante du Temps, alors
que sous ce nom de perception nous entendons et pouvons uniquement
que sous ce nom de perception nous entendons et pouvons uniquement
entendre un mode de connaître auquel la forme du Temps est inhérente?
entendre un mode de connaître auquel la forme du Temps est inhérente?

Mouvement relatif et mouvement absolu. — Je continue à relever
seulement ce qui concerne la question du subjectif : le reste s'y ra-
''Mouvement relatif et mouvement absolu''. — Je continue à relever seulement ce qui concerne la question du subjectif : le reste s’y ramène. Ici l’argumentation est d’une rare finesse. Sur la question de la
nature du mouvement, M. Liebmann s’applique à établir une antinomie
mène. Ici l'argumentation est d'une rare finesse. Sur la question de la
entre les mathématiciens et les physiciens. — Thèse. Pour les mathématiciens, le mouvement est le changement de position d’un point
nature du mouvement, M. Liebmann s'applique à établir une antinomie
entre les mathématiciens et les physiciens. — Thèse. Pour les mathé-
maticiens, le mouvement est le changement de position d'un point
relativement à un autre; on peut donc indifféremment attribuer le
relativement à un autre; on peut donc indifféremment attribuer le
mouvement ou le repos à chacun des deux. Mais le point dit en repos,
mouvement ou le repos à chacun des deux. Mais le point dit en repos,
considéré par rapport à un troisième, pourra être dit mobile; et
considéré par rapport à un troisième, pourra être dit mobile; et
celui-ci de même, et ainsi à l'infini. Par exemple le soleil, stable par
celui-ci de même, et ainsi à l’infini. Par exemple le soleil, stable par
rapport à la terre, est mobile dans la voie lactée, qui sans doute elle-
rapport à la terre, est mobile dans la voie lactée, qui sans doute elle-même voyage dans l’Espace. — Antithèse, Pour le physicien, deux
preuves suffisent à établir l’existence du Mouvement absolu. Concevez
même voyage dans l'Espace. — Antithèse, Pour le physicien, deux
une sphère homogène et réelle tournant autour d’un de ses diamètres
preuves suffisent à établir l'existence du Mouvement absolu. Concevez
une sphère homogène et réelle tournant autour d'un de ses diamètres
lui-même immobile. Pour le mathématicien, elle sera comme en repos,
lui-même immobile. Pour le mathématicien, elle sera comme en repos,
les distances respectives de ses parties ne variant pas. Et pourtant elle
les distances respectives de ses parties ne variant pas. Et pourtant elle
se meut : la mécanique le prouve : la sphère s’aplatira aux pôles. En second lieu, le principe de l’inertie, base de toute la mécanique, implique l’idée de vitesse et direction constantes dans le corps inerte, ou laissé à lui-même. Et cette dernière idée, à elle seule, suppose un Espace absolu, un monde dont les trois axes sont fixes, et où le mouvement absolu est possible. — Maintenant la conciliation est aisée : les physiciens ont raison ; les mathématiciens négligent cette idée essentielle des trois axes fixes, des trois dimensions de l’espace; il est vrai qu’ils le font à dessein et avec raison. Ainsi, nous sommes contraints, pour concevoir pleinement le mouvement, et faire la mécanique, d’admettre l’existence de trois axes immuables de l’univers. Mais où sont ces trois axes ? il nous est impossible de le savoir. Il y a, là aussi, un axiome premier et subjectif, toujours en ce sens qu’il est propre à la science humaine, et que rien ne nous permet d’en affirmer ou nier la valeur objective.
se meut : la mécanique le prouve : la sphère s'aplatira aux pôles. En
second lieu, le principe de l'inertie, base de toute la mécanique, implique
l'idée de vitesse et direction constantes dans le corps inerte, ou laissé à
lui-même. Et cette dernière idée, à elle seule, suppose un Espace absolu,
un monde dont les trois axes sont fixes, et où le mouvement absolu
est possible. — Maintenant la conciliation est aisée : les physiciens ont
raison ; les mathématiciens négligent cette idée essentielle des trois
axes fixes, des trois dimensions de l'espace; il est vrai qu'ils le font à
dessein et avec raison. Ainsi, nous sommes contraints, pour concevoir
pleinement le mouvement, et faire la mécanique, d'admettre l'existence
de trois axes immuables de l'univers. Mais où sont ces trois axes? il
nous est impossible de le savoir. Il y a, là aussi, un axiome premier et
subjectif, toujours en ce sens qu'il est propre à la science humaine,
et que rien ne nous permet d'en affirmer ou nier la valeur objective.

Mais, ici encore, M. Liebmann n'a pas répondu à toute objection.
La sphère tournante n'est pas plus en faveur des mathématiciens que
des physiciens : car l'aplatissement commence avec la rotation, et
ainsi le changement des positions relatives des parties, ou mouvement
relatif, se produit aussitôt que le mouvement physique. D'ailleurs le
mouvement physique ne doit pas se définir, même mathématiquement :
le changement de position du point considéré par rapport à un autre
point réel (ce qui est proprement le mouvement relatif), mais par rap-
port à la position initiale.de ce point réel. Il y aurait mouvement réel


Mais, ici encore, M. Liebmann n’a pas répondu à toute objection. La sphère tournante n’est pas plus en faveur des mathématiciens que des physiciens : car l’aplatissement commence avec la rotation, et
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ainsi le changement des positions relatives des parties, ou mouvement relatif, se produit aussitôt que le mouvement physique. D’ailleurs le mouvement physique ne doit pas se définir, même mathématiquement : le changement de position du point considéré par rapport à un autre point réel (ce qui est proprement le mouvement relatif), mais par rapport à la position initiale.de ce point réel. Il y aurait mouvement réel