« Nouvelles Histoires extraordinaires/Le Portrait ovale » : différence entre les versions
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{{titre|Le Portrait ovale|Edgar Allan Poe|Traduction de [[Charles Baudelaire]]}}
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Le château dans lequel mon domestique
plutôt que de me permettre, déplorablement blessé comme je
passer une nuit en plein air, était un de ces bâtiments, mélange de grandeur
et de mélancolie, qui ont si longtemps dressé leurs fronts sourcilleux au
milieu des Apennins, aussi bien dans la réalité que dans
mistress Radcliffe. Selon toute apparence, il avait été temporairement et
tout récemment abandonné. Nous nous installâmes dans une des chambres les
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une tour écartée du bâtiment. Sa décoration était riche, mais antique et
délabrée. Les murs étaient tendus de tapisseries et décorés de nombreux
trophées héraldiques de toute forme, ainsi que
prodigieuse de peintures modernes, pleines de style, dans de riches cadres
délire qui commençait qui en fut cause, je pris un profond intérêt à ces
peintures qui étaient suspendues non seulement sur les faces principales des
murs, mais aussi dans une foule de recoins que la bizarre architecture du
château rendait inévitables ; si bien que
lourds volets de la chambre,
candélabre à plusieurs branches placé près de son chevet, et
grands les rideaux de velours noir garnis de crépines qui entouraient le
lit. Je désirais que cela fût ainsi, pour que je pusse au moins, si je ne
pouvais pas dormir, me consoler alternativement par la contemplation de ces
peintures et par la lecture
Je lus longtemps, longtemps ; je contemplai religieusement, dévotement ;
les heures
La position du candélabre me déplaisait, et, étendant la main avec difficulté
pour ne pas déranger mon valet assoupi, je plaçai
les rayons en plein sur le livre.
Mais
nombreuses bougies ( car il y en avait beaucoup ) tombèrent alors sur une
niche de la chambre que
mûrissante et presque femme. Je jetai sur la peinture un coup
et je fermai les yeux. Pourquoi, je ne le compris pas bien moi-même tout
rapidement la raison qui me les faisait fermer ainsi.
involontaire pour gagner du temps et pour penser, pour
ne
plus froide et plus sûre. Au bout de quelques instants, je regardai de nouveau
la peinture fixement.
Je ne pouvais pas douter, quand même je
alors très nettement ; car le premier éclair du flambeau sur cette toile
avait dissipé la stupeur rêveuse dont mes sens étaient possédés, et
rappelé tout
Le portrait, je
simple tête, avec des épaules, le tout dans ce style
langage technique, style de *vignette* ; beaucoup de la manière de Sully
dans ses têtes de prédilection. Les bras, le sein, et même les bouts des
cheveux rayonnants, se fondaient insaisissablement dans
profonde qui servait de fond à
magnifiquement doré et guilloché dans le goût moresque. Comme oeuvre
on ne pouvait rien trouver de plus admirable que la peinture elle-même. Mais
il se peut bien que ce ne fût ni
beauté de la physionomie, qui
Encore moins devais-je croire que mon imagination, sortant
eût pris la tête pour celle
les détails du dessin, le style de vignette, et
immédiatement dissipé un pareil charme, et
illusion même momentanée. Tout en faisant ces réflexions, et très vivement,
je restai, à demi étendu, à demi assis, une heure entière peut-être, les
yeux rivés à ce portrait. A la longue, ayant découvert le vrai secret de son
effet, je me laissai retomber sur le lit.
la peinture était une expression vitale absolument adéquate à la vie elle-
même, qui
subjugué, épouvanté. Avec une terreur profonde et respectueuse, je replaçai
le candélabre dans sa position première. Ayant ainsi dérobé à ma vue la
cause de ma profonde agitation, je cherchai vivement le volume qui contenait
le portrait ovale,
«
moins aimable que pleine de gaieté. Et maudite fut
aima, et épousa le peintre. Lui, passionné, studieux, austère, et ayant
déjà trouvé une épouse dans son Art ; elle, une jeune fille
beauté, et non moins aimable que pleine de gaieté : rien que lumière et
sourires, et la folâtrerie
choses ; ne haïssant que
palette et les brosses, et les autres instruments fâcheux qui la privaient
de la figure de son adoré. Ce fut une terrible chose pour cette dame que
elle était humble et obéissante, et elle
longues semaines dans la sombre et haute chambre de la tour, où la lumière
filtrait sur la pâle toile seulement par le plafond. Mais lui, le peintre,
mettait sa gloire dans son oeuvre, qui avançait
en jour. Et
en rêveries ; si bien
si lugubrement dans cette tour isolée desséchait la santé et les esprits de
sa femme, qui languissait visiblement pour tout le monde, excepté pour lui.
Cependant elle souriait toujours, et toujours, sans se plaindre, parce
voyait que le peintre ( qui avait un grand renom ) prenait un plaisir vif et
brûlant dans sa tâche, et travaillait nuit et jour pour peindre celle qui
faible. Et en vérité, ceux qui contemplaient le portrait parlaient à voix
basse de sa ressemblance, comme
preuve non moins grande de la puissance du peintre que de son profond amour
pour celle
la besogne approchait de sa fin, personne ne fut plus admis dans la tour ;
car le peintre était devenu fou par
rarement ses yeux de la toile, même pour regarder la figure de sa femme. Et
il ne *voulait* pas voir que les couleurs
semaines furent passées, et
rien
dame palpita encore comme la flamme dans le bec
touche fut donnée, et alors le glacis fut placé ; et pendant un moment le
peintre se tint en extase devant le travail
minute après, comme il contemplait encore, il trembla, et il devint très pâle,
et il fut frappé
la *Vie* elle-même ! Il se retourna brusquement pour regarder sa bien-aimée ;
elle était morte ! »
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