« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Labyrinthe » : différence entre les versions

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=== LABYRINTHE ===
 
s. m. Il était d'usaged’usage, pendant le moyen âge, de disposer,
au milieu de la nef de certaines grandes églises, des pavages de pierres
blanches et noires ou de carreaux de couleur formant, par leurs
combinaisons,
des méandres compliqués auxquels on donnait le nom de
<i>''labyrinthe</i>'', de <i>''chemin de Jérusalem</i>'' ou <i>''de la Lieue</i>''. Nous ne saurions
dire quelle fut l'originel’origine de ces sortes de pavages. M. Louis Pâris, dans
son <i>''Mémoire du mobilier de Notre-Dame de Reims</i>'', prétend que
ces
pavages étaient une réminiscence de quelque tradition païenne : c'estc’est
possible ; cependant il n'enn’en est fait mention ni dans Guillaume Durand,
ni dans les auteurs antérieurs à lui qui ont écrit sur les choses
touchant aux églises. Les plus anciens labyrinthes que nous connaissions
ne sont pas antérieurs à la fin du XII<sup>e</sup> siècle, et le seigneur de Caumont,
dans son <i>''Voyaige d'oultremerd’oultremer en Jhérusalem</i>''<span id="note1" ></span>[[#footnote1|<sup>1</sup>]], en parlant du
labyrinthe
de Crète<span id="note2" ></span>[[#footnote2|<sup>2</sup>]], ne dit rien qui puisse faire croire à une tradition de cette
nature, c'estc’est-à-dire qu'ilqu’il n'établitn’établit aucun point de comparaison entre le
labyrinthe du Minotaure et ceux qu'ilqu’il avait évidemment vus tracés sur
le pavé des églises de son pays. Le labyrinthe de la cathédrale de Reims
s'appelaits’appelait <i>''dédale</i>'', <i>''méandre</i>'', <i>''lieue</i>'' ou <i>chemin
de Jérusalem</i>. <span id="Amiens79" >Quelques
archéologues ont voulu voir, dans ces pavés à combinaisons de lignes
concentriques, un jeu des maîtres des œuvres, en se fondant sur ce fait,
que trois de ces labyrinthes, ceux de Chartres, de Reims et d'd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - ../Index communes A#Amiens|Amiens]],
représentaient, dans certains compartiments, les figures des
architectes
qui avaient élevé ces cathédrales. Nous nous garderons de trancher la
question. On trouve les tracés de la plupart de ces labyrinthes dans
l'ouvragel’ouvrage de M. Amé intitulé: <i>Carrelages émaillés du moyen âge et de
la Renaissance</i>. M. Vallet, dans sa description de la crypte de Saint-Bertin
de Saint-Omer, établit que les fidèles devaient suivre à genoux les nombreux
lacets tracés par les lignes de ces méandres, en mémoire du trajet
que fit Jésus de Jérusalem au Calvaire. <span id=Orleansville>La petite basilique de <i>''Reparatus</i>''
à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - ../Index communes O#Orleansville|Orléans-Ville]] (Algérie) montre, sur son pavé, une mosaïque que l'onl’on
peut prendre pour un de ces labyrinthes, c'estc’est-à-dire un méandre
compliqué.
Or cette basilique date de 328, ainsi que le croit M. F. Prévost.
Cet usage est-il venu d'Orientd’Orient après les premières croisades ? ou
est-il
une tradition locale ? Nous inclinons à penser que la représentation
des
maîtres de l'œuvrel’œuvre sur ces pavages les rattacherait à quelque symbole
maçonnique adopté par l'écolel’école des maîtres laïques, d'autantd’autant que nous ne
voyons apparaître ces labyrinthes sur les pavages des églises qu'auqu’au
moment où les constructions religieuses tombent dans les mains de cette
école puissante. Si ces méandres avaient été tracés pour représenter le
trajet de Jésus de la porte de Jérusalem au Calvaire, il est à croire qu'unqu’un
signe religieux aurait rappelé les stations, ou du moins la dernière ; or
on ne remarque rien de semblable sur aucun des labyrinthes encore
existants ou sur ceux dont les dessins nous sont restés. De plus, nous
trouvons des carrelages émaillés qui représentent des combinaisons de
lignes en méandres dans des dimensions si petites, qu'onqu’on ne pouvait, à
coup sûr, suivre ces chemins compliqués, ni à pied ni à genoux, puisque
quelques-uns de ces labyrinthes, comme celui de l'églisel’église abbatiale de
Toussaints (Marne), n'ontn’ont pas plus de 0, 25 c. de côtés. À vrai dire, ces
derniers méandres datent du XIV<sup>e</sup> siècle et peuvent passer pour une copie
d'œuvresd’œuvres plus grandes; mais, encore une fois, les petits ou les grands
ne renferment aucun signe religieux.
 
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<span id="footnote1" >[[#note1|1]] : En *1418. Publié par M. le marquis de la Grange. Paris,
A. Aubry, 1858.
 
<span id="footnote2" >[[#note2|2]] : Page 41.