« Soleils d’hiver » : différence entre les versions

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<poem>
<center>NOËL DU MIDI. </center>
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Dans le bleu du ciel,
La cloche s’en donne à toutes, volées…
Noël ! c’est Noël !
Loin de la langueur pâle et. monotone
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Pour moi, jusqu’ici, Noël, c’était l’âtre
Tant de fois chanté; ;
Sa douce chaleur, sa vapeur bleuâtre,
Son intimité ;
 
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{{R2Mondes|1883|57|183}}
C’était, sous la neige épaisse et serrée
Tombant d’un ciel gris,
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Des, gens très pressés,
Suivant, à la nuit, ombres fantastiques,
Les trottoirs glacés ;
 
Bref, Noël, avec son brouillard morose,
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Tout pointillés d’or,
C’est le groupe blanc et coquet des îles
Pour fond de décor ;
 
Partout, sur le port et sur la Croisette,
C’est le bruit joyeux
D’une foule vive, en fraîche toilette,
Et la joie aux yeux ;
 
Et sur ce tableau qui brille et rayonne
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Sa place minuscule aux larges escaliers,
Et, pour toile de fond, la montagne âpre et nue.
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{{R2Mondes|1883|57|184}}
L’œil ébloui s’étonne et rêve la venue
De quelque roi grotesque, aux bas jaunes ou verts,
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Hurluberlu quatorze ou prince de la sorte,
S’avançant dignement, entouré d’une escorte
De gardes moustachus et casqués de fer-blanc ;
Puis se tournant soudain vers l’escadron volant
Des danseuses, brillant dans sa magnificence :
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Et, très pâle, sentant le vent du suicide
Passer dans ses cheveux et courir sur son front,
Il regarde, au lointain, le soleil rouge et rond...rond…
Et vers ce louis d’or dont les clartés descendent,
Comme pour le saisir, ses mains sèches se tendent.
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Et je me dis : « Combien, avant moi, d’autres hommes
Depuis les premiers temps de ce monde où nous sommes
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{{R2Mondes|1883|57|185}}
Sur cette même grève ont passé, soucieux !
Vers ce même astre clair qui sur l’horizon rose
Ainsi qu’un clou d’argent étincelle et se pose,
Combien d’autres mortels ont élevé les yeux !
 
Pourquoi tant de regards tournés vers cette étoile? ?
Voulaient-ils, ces rêveurs, percer le sombre voile
Qui d’un monde inconnu nous cache la clarté? ?
Vermisseaux inquiets s’agitant sur la terre,
Voulaient-ils arracher à l’astre le mystère
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N’était-ce pas plutôt dans ces momens d’ivresse
Où tout l’être exalté déborde de tendresse
Que leurs regards montaient vers la pâle lueur? ?
Ne la prenaient-ils pas pour douce confidente
De leurs espoirs combles, et d’une voix ardente
Ne lui contaient-ils pas l’histoire de leur cœur ?
 
Partez, envolez-vous vers les profondes voûtes,
Tristesses et bonheurs, espérances et doutes,
Grandiose soupir de ce monde anxieux ;
De tout temps, Isolé dans sa faiblesse extrême,
L’homme chercha là-haut comme un autre lui-même: :
La joie et la douleur font regarder les cieux.
</poem>
 
 
JACQUES NORMAND.
<references/>