« Un capitaine de quinze ans/II/13 » : différence entre les versions

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Mais, le premier dépit passé, cousin Bénédict se dit que la « Terre des Pharaons ». – il en était encore à l’appeler ainsi, – possédait d’incomparables richesses entomologiques, et que, pour ne point être sur la « Terre des Incas », il ne perdrait pas au change.
 
« Eh ! se répétait-il, et répétait-il même à Mrs. Weldon, qui ne l’écoutait guère, c’est ici la patrie des manticores, ces coléoptères à longues pattes, velues, aux élytres soudées et tranchantes, aux énormes mandibules, et dont la plus remarquable est la manticore tuberculeuse ! C’est le pays des calosomes à pointe d’or ; des goliaths de Guinée et du Gabon, dont les pattes sont garnies d’épines ; des anthidies tachetées, qui déposent leurs oeufsœufs dans la coquille vide des limaçons ; des ateuchus sacrés, que les Égyptiens de la haute Égypte vénéraient comme des dieux ! C’est ici que sont nés ces sphinx à tête de mort, maintenant répandus sur toute l’Europe, et ces « Idias Bigoti », dont les Sénégaliens de la côte redoutent particulièrement la piqûre ! Oui ! il y a ici de superbes trouvailles à faire, et je les ferai, si ces braves gens veulent bien le permettre ! » On sait qui étaient ces « braves gens » dont cousin Bénédict ne songeait aucunement à se plaindre. D’ailleurs, on l’a dit, l’entomologiste avait joui, dans la compagnie de Negoro et d’Harris. d’une demi-liberté, dont Dick Sand l’avait absolument privé pendant le voyage de la côte à la Coanza. Le naïf savant avait été très touché de cette condescendance.
 
Enfin, cousin Bénédict eût été le plus heureux des entomologistes, s’il n’avait subi une perte à laquelle il était extrêmement sensible. Il possédait toujours sa boîte de fer-blanc, mais ses lunettes ne se dressaient plus sur son nez, sa loupe ne pendait plus à son cou ! Or, un naturaliste sans loupe et sans lunettes, cela n’existe plus. Cousin Bénédict était pourtant destiné à ne jamais revoir ces deux appareils d’optique, puisqu’ils avaient été ensevelis avec le mannequin royal. Aussi, lorsqu’il trouvait quelque insecte, en était-il réduit à se le fourrer dans les yeux pour en distinguer les particularités les plus élémentaires. Ah ! c’était là un gros chagrin pour cousin Bénédict, et il eût payé cher une paire de besicles, mais cet article n’était pas courant sur les lakonis de Kazonndé. Quoi qu’il en soit, cousin Bénédict pouvait aller et venir dans l’établissement de José-Antonio Alvez. On le savait incapable de chercher à s’enfuir. D’ailleurs, une haute palissade séparait la factorerie des autres quartiers de la ville, et elle n’eût pas été facile à franchir. Mais, s’il était bien entouré, cet enclos ne mesurait pas moins d’un mille de circonférence. Des arbres, des buissons d’essences particulières à l’Afrique, de grandes herbes, quelques ruisseaux, les chaumes des baracons et des huttes, c’était plus qu’il ne fallait pour receler les plus rares insectes du continent, et faire, sinon la fortune, du moins le bonheur de cousin Bénédict. En fait, il découvrit quelques hexapodes, et faillit même perdre sa vue à vouloir les étudier sans lunettes, mais enfin il accrut sa précieuse collection, et jeta les bases d’un grand ouvrage sur l’entomologie africaine. Que son heureuse étoile lui fit découvrir un insecte nouveau, auquel il attacherait son nom, et il n’aurait plus rien à désirer en ce monde !
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– Ah ! prenez garde ! s’écria Negoro. Vous n’êtes pas seule ici ! Votre enfant est, comme vous, en mon pouvoir, et je saurai bien !... »
 
Mrs. Weldon aurait voulu répondre que cela lui eût été impossible. Son coeurcœur battait à se rompre ; elle était sans voix.
 
« Mistress Weldon ! dit Negoro, vous réfléchirez à l’offre que je vous ai faite. Dans huit jours, vous m’aurez remis une lettre à l’adresse de James Weldon ou vous vous en repentirez ! »