« Page:Nietzsche - Aurore.djvu/98 » : différence entre les versions
Aucun résumé des modifications |
|||
État de la page (Qualité des pages) | État de la page (Qualité des pages) | ||
- | + | Page corrigée | |
Contenu (par transclusion) : | Contenu (par transclusion) : | ||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
Luther, qui resta un brave fils de mineur lorsqu’on |
|||
Luther, qui resta un brave fils de mineur lorsqu’on l’eut enfermé dans un couvent, où, à défaut (1’autres profondeurs et d’autres « filons », il descendit en lui-même pour y creuser de terribles galeries souterraines; Luther s’aperçut enfin qu’une vie sainte et contemplail ve lui était impossible et que l’« activité » qu’il tenait de naissance le minerait corps et âme. Trop longtemps il cssaya de trouver par les mortifications le chemin qui niène à la sainteté, — mais il finit enfin par prendre une résolution et par se dire à part lui : « Il n’existe pas de véritable vie contemplative! Nous nous sommes laissés t romper! Les saints ne valaient pas plus que nous tous. » — ("était là, il est vrai, une façon bien paysanne d’avoir raison, — mais pour des Allemands de cette époque, c’était I~r seule qui fût véritablement appropriée : comme ils étaient édifiés de pouvoir lire dans le catéchisme de I.uther : « En dehors des dix commandements, il n’y a pas d’ccuvre qui puisse plaire à Dieu, — les aeuvres spirituelles, tant vantées des saints, sont purement imaginaires »! |
|||
l’eut enfermé dans un couvent, où, à défaut d’autres |
|||
profondeurs et d’autres « filons », il descendit en |
|||
lui-même pour y creuser de terribles galeries |
|||
souterraines ; Luther s’aperçut enfin qu’une vie |
|||
sainte et contemplative lui était impossible et que |
|||
l’« activité » qu’il tenait de naissance le minerait |
|||
corps et âme. Trop longtemps il essaya de trouver |
|||
par les mortifications le chemin qui niène à la |
|||
sainteté, — mais il finit enfin par prendre une |
|||
résolution et par se dire à part lui : « Il n’existe pas de |
|||
véritable vie contemplative ! Nous nous sommes laissés |
|||
tromper ! Les saints ne valaient pas plus que nous |
|||
tous. » — C’était là, il est vrai, une façon bien |
|||
paysanne d’avoir raison, — mais pour des |
|||
Allemands de cette époque, c’était la seule qui fût |
|||
véritablement appropriée : comme ils étaient édifiés de |
|||
pouvoir lire dans le catéchisme de Luther : « En |
|||
dehors des dix commandements, il n’y a pas |
|||
d’œuvre qui ''puisse'' plaire à Dieu, — les œuvres |
|||
spirituelles, tant ''vantées'' des saints, sont purement |
|||
imaginaires » ! |
|||
==89== |
==89== |
||
{{sc|Le doute comme péché}}. — Le christianisme a fait tout ce qui lui était possible pour fermer un cercle autour de lui : il a déclaré que le doute, à lui seul, constituait un péché. On doit être précipité dans la foi sans l’aide de la raison, par un miracle, et y nager dès lors comme dans l’élément le plus clair et le moins équivoque : un regard jeté vers la terre |
{{sc|Le doute comme péché}}. — Le christianisme a |
||
fait tout ce qui lui était possible pour fermer un cercle |
|||
autour de lui : il a déclaré que le doute, à lui |
|||
seul, constituait un péché. On doit être précipité dans |
|||
la foi sans l’aide de la raison, par un miracle, et y |
|||
nager dès lors comme dans l’élément le plus clair |
|||
et le moins équivoque : un regard jeté vers la terre |