« Anna Karénine (trad. Faguet)/Partie II » : différence entre les versions

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lui imposait lui paraissaient de ridicules sottises ! Que signifiaient ces
traitements ? N’était-ce pas ramasser les fragments d’un vase brisé pour
chercher à les rejoindre ? Son coeurcœur pouvait-il être rendu à la santé par
des pilules et des poudres ? Mais elle n’osait contrarier sa mère, d’autant
plus que celle-ci se sentait si coupable.
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sujet du voyage.
 
Dolly soupira involontairement. Elle allait perdre sa soeursœur, sa meilleure
amie. Et la vie était pour elle si peu gaie ! Ses rapports avec son mari
lui semblaient de plus en plus humiliants ; le raccommodement opéré par
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bibelots de vieux saxe, Dolly se souvint du plaisir qu’elles avaient eu
toutes les deux à décorer cette chambre l’année précédente ; combien alors
elles étaient gaies et heureuses ! Elle eut froid au coeurcœur en regardant
maintenant sa soeursœur immobile, assise sur une petite chaise basse près de
la porte, les yeux fixés sur un coin du tapis. Kitty vit entrer Dolly, et
l’expression froide et sévère de son visage disparut.
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doigts agités elle tourmenta la boucle de sa ceinture.
 
Dolly connaissait ce geste habituel à sa soeursœur quand elle avait du chagrin.
Elle la savait capable de dire des choses dures et désagréables dans un
moment de vivacité, et cherchait à la calmer : mais il était déjà trop tard.
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« Que veux-tu me faire comprendre ? continua vivement Kitty : que je me suis
éprise d’un homme qui ne veut pas de moi, et que je meurs d’amour pour
lui ? Et c’est ma soeursœur qui me dit cela, une soeursœur qui croit me montrer sa
sympathie ! Je repousse cette pitié hypocrite !
 
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trahie. Tu te résignes à cela, mais moi je ne le pourrais pas. »
 
En disant ces paroles, elle regarda sa soeursœur : Dolly baissait tristement la
tête sans répondre ; mais Kitty, au lieu de quitter la chambre comme elle
en avait eu l’intention, s’assit près de la porte, et cacha son visage
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Le silence se prolongea pendant quelques minutes. Dolly pensait à ses
chagrins ; son humiliation, qu’elle ne sentait que trop, lui paraissait
plus cruelle, rappelée ainsi par sa soeursœur. Jamais elle ne l’aurait crue
capable d’être si dure ! Mais tout à coup elle entendit le frôlement d’une
robe, un sanglot à peine contenu, et deux bras entourèrent son cou : Kitty
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joli visage couvert de larmes se cacha dans les jupes de Dolly.
 
Il fallait peut-être ces larmes pour ramener les deux soeurssœurs à une entente
complète ; pourtant, après avoir bien pleuré, elles ne revinrent pas au
sujet qui les intéressait l’une et l’autre ; Kitty se savait pardonnée,
mais elle savait aussi que les paroles cruelles qui lui étaient échappées
sur l’abaissement de Dolly restaient sur le coeurcœur de sa pauvre soeursœur. Dolly
comprit de son côté qu’elle avait deviné juste, que le point douloureux
pour Kitty était d’avoir refusé Levine pour se voir trompée par Wronsky,
et que sa soeursœur se trouvait bien près d’aimer le premier et de haïr
l’autre. Kitty ne parla que de l’état général de son âme.
 
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— J’irai tout de même, j’ai eu la scarlatine et je déciderai maman. »
 
Kitty insista si vivement, qu’on lui permit d’aller chez sa soeursœur ; pendant
tout le cours de la maladie, car la scarlatine se déclara effectivement,
elle aida Dolly à soigner ses enfants. Ceux-ci entrèrent bientôt
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germaine d’Alexis ; celui-ci d’ailleurs se trouvait partout où il pouvait
entrevoir Anna et lui parler de son amour. Elle ne faisait aucune avance,
mais son coeurcœur, en l’apercevant, débordait du même sentiment de plénitude,
qui l’avait saisie la première fois près du wagon ; cette joie, elle le
sentait, se trahissait dans ses yeux, dans son sourire, mais elle n’avait
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que Wronsky se permettait à son égard ; mais, un soir qu’elle vint dans une
maison où elle pensait le rencontrer, et qu’il n’y parut pas, elle comprit
clairement, à la douleur qui s’empara de son coeurcœur, combien ses illusions
étaient vaines, et combien cette obsession, loin de lui déplaire, formait
l’intérêt dominant de sa vie.
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déplorable, mais veuillez remarquer qu’il s’agit d’une méprise : ils sont
jeunes, et venaient de bien dîner. Vous comprenez. Maintenant ils se
repentent du fond du coeurcœur et vous supplient de pardonner leur erreur. » Le
conseiller titulaire s’adoucit encore : « J’en conviens, monsieur le comte,
et suis prêt à pardonner, mais vous concevez que ma femme, une honnête
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Wronsky alla retrouver au Théâtre français le colonel de son régiment,
qui n’y manquait pas une seule représentation ; il avait à lui parler de
l’oeuvrel’œuvre de pacification qui, depuis trois jours, l’occupait et l’amusait.
Les héros de cette histoire étaient Pétritzky et un jeune prince Kédrof,
nouvellement entré au régiment, un gentil garçon et un charmant camarade.
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Wronsky la regarda, et attendit sa réponse avec un violent battement de
coeurcœur ; quand elle eut parlé, il respira comme délivré d’un danger.
 
« Je crois, dit Anna en jouant avec son gant, que s’il y a autant
d’opinions que de têtes, il y a aussi autant de façons d’aimer qu’il y a
de coeurscœurs. »
 
Elle se retourna brusquement vers Wronsky.
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Ce fut elle qui se troubla.
 
« Ceci prouve simplement que vous n’avez pas de coeurcœur, — dit-elle. Mais ses
yeux exprimaient le contraire.
 
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se laissa distraire de l’intéressante conversation qu’il avait entamée.
 
Betsy, remarquant le mauvais effet produit par ses amis, manoeuvramanœuvra de
façon à se faire momentanément remplacer pour donner la réplique à Alexis
Alexandrovitch, et s’approcha d’Anna.
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un billet inachevé, ses pensées prirent un autre cours ; il pensa à elle,
à ce qu’elle pouvait éprouver. Son imagination lui présenta la vie de sa
femme, les besoins de son esprit et de son coeurcœur, ses goûts, ses désirs ;
et l’idée qu’elle pouvait, qu’elle devait avoir une existence personnelle,
indépendante de la sienne, le saisit si vivement qu’il s’empressa de la
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« Et ce qu’il y a de plus terrible, pensa-t-il, c’est que cette inquiétude
insensée me prend au moment de mettre la dernière main à mon oeuvreœuvre (le
projet qu’il voulait faire passer), lorsque j’ai le plus besoin de toutes
les forces de mon esprit, de tout mon calme. Que faire à cela ? Je ne suis
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sont-elles le résultat d’une erreur de ma part : dans ce cas, je te prie de
m’excuser ; mais si tu sens toi-même qu’il y a un fondement quelconque à
mes observations, je te supplie d’y réfléchir et, si le coeurcœur t’en dit, de
l’ouvrir à moi. »
 
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Elle attendit longtemps sans bouger et finit par l’oublier ; elle pensait à
un autre, dont l’image remplissait son coeurcœur d’émotion et de joie coupable.
Tout à coup elle entendit un ronflement régulier et calme ; Alexis
Alexandrovitch sembla s’en effrayer lui-même et s’arrêta. Mais, au bout
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au tout. Alexis Alexandrovitch, si fort quand il s’agissait des affaires
de l’État, se sentait ici impuissant. Il attendait le coup final, tête
baissée et résigné comme un boeufbœuf à l’abattoir. Lorsque ces pensées lui
revenaient, il se disait qu’il fallait essayer encore une fois ce que la
bonté, la tendresse, le raisonnement pourraient pour sauver Anna et la
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honte du refus qu’il avait essuyé, il se disait : « C’est ainsi que je
souffrais, et que je me croyais un homme perdu lorsque j’ai manqué mon
examen de physique, puis lorsque j’ai compromis l’affaire de ma soeursœur qui
m’avait été confiée. Et maintenant ? Maintenant les années ont passé et
je me rappelle ces désespoirs avec étonnement. Il en sera de même de ma
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Et jamais il n’avait été si éloigné du mariage ! C’est que la place
était prise, et s’il lui arrivait de songer à quelque jeune fille de sa
connaissance, il sentait l’impossibilité de remplacer Kitty dans son coeurcœur ;
les souvenirs du passé le tourmentaient d’ailleurs encore. Il avait beau
se dire qu’après tout il n’avait commis aucun crime, il rougissait de ces
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passé. C’était une blessure qui ne voulait pas se cicatriser.
 
Le temps et le travail firent cependant leur oeuvreœuvre ; les impressions
pénibles furent peu à peu effacées par les événements importants (malgré
leur apparence modeste) de la vie de campagne ; chaque semaine emporta
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observations sur le trèfle et le labourage.
 
Agathe Mikhaïlovna, qui avait à coeurcœur l’honneur de la maison, l’arrêta au
passage dans le vestibule pour lui adresser quelques questions au sujet du
dîner.
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Ils étaient en ce moment à quinze pas l’un de l’autre.
 
« Stiva, s’écria tout à coup Levine, tu ne m’as pas dit si ta belle-soeursœur
était mariée, ou si le mariage est près de se faire ? » Il se sentait si
calme, son parti était si résolument pris, que rien, croyait-il, ne
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lavé, revêtu d’une belle chemise tuyautée et enfin couché, que Levine
rôdait encore autour de lui, causant de cent bagatelles, sans avoir le
courage de demander ce qui lui tenait à coeurcœur.
 
« Comme c’est bien arrangé, dit-il en sortant du papier qui l’enveloppait
un morceau de savon parfumé, attention d’Agathe Mikhaïlovna dont Oblonsky
ne profitait pas. Regarde donc, c’est vraiment une oeuvreœuvre d’art.
 
— Oui, tout se perfectionne, de notre temps, dit Stépane Arcadiévitch avec
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mère a subi plus qu’elle. »
 
Levine fronça le sourcil. L’injure du refus lui revint au coeurcœur comme une
blessure toute fraîche. Heureusement, il était chez lui, dans sa propre
maison, et chez soi on se sent plus fort.
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entre camarades (il buvait, du reste, très modérément), et il savait
fermer la bouche aux indiscrets qui se permettaient la moindre allusion
à ses affaires de coeurcœur. Sa passion était cependant connue de la ville
entière, et les jeunes gens enviaient précisément ce qui pesait le plus
lourdement à son amour, la haute position de Karénine, qui contribuait à
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Mais l’agitation de la jument s’était communiquée à son maître ; lui aussi
sentait le sang affluer à son coeurcœur et le besoin d’action, de mouvement,
s’emparer violemment de lui ; il aurait voulu mordre comme elle ; c’était
troublant et amusant.
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C’était toujours la même histoire : tous deux, sa mère aussi bien que son
frère, trouvaient nécessaire de se mêler de ses affaires de coeurcœur ; il en
était irrité jusqu’à la colère, un sentiment qui ne lui était pas habituel.
 
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Anna était dans sa chambre, debout devant son miroir, et attachait un
dernier noeudnœud à sa robe avec l’aide d’Annouchka, lorsqu’un bruit de roues
sur le gravier devant le perron se fit entendre.
 
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Elle regarda sa montre : il s’en fallait encore de trois heures ; mais le
souvenir de leur dernière entrevue fit battre son coeurcœur.
 
« Mon Dieu, qu’il fait encore clair ! C’est terrible, mais j’aime à voir son
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Ils firent la connaissance d’un lord anglais et de sa famille, d’une
<i>Gräfin</i> allemande et de son fils, blessé à la dernière guerre, d’un
savant suédois et de M. Canut ainsi que de sa soeursœur.
 
Mais la société intime des Cherbatzky se forma presque spontanément de
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informations ; mais que trouves-tu de si remarquable en elle ? C’est quelque
dame de compagnie. Si tu veux, je ferai la connaissance de Mme Stahl. J’ai
connu sa belle-soeursœur, » ajouta la princesse en relevant la tête avec
dignité.
 
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— Je sais que vous habitez Menton, avec votre tante, il me semble, Mme
Stahl. J’ai connu sa belle-soeursœur.
 
— Mme Stahl n’est pas ma tante, je l’appelle maman, mais je ne lui suis
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monde un piédestal de sa charité et de sa haute piété. D’autres voyaient
en elle un être supérieur, d’une grande élévation morale, et assuraient
qu’elle ne vivait que pour les bonnes oeuvresœuvres ; en un mot, qu’elle était
bien réellement ce qu’elle semblait être. Personne ne savait si elle était
catholique, protestante ou orthodoxe ; ce qui était certain, c’est qu’elle
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personne, après vous avoir rencontrée ; ce que je ne conçois pas, c’est
qu’il ait pu vous oublier et vous rendre malheureuse pour obéir à sa mère :
il ne devait pas avoir de coeurcœur.
 
— Au contraire, c’est un homme excellent, et quant à moi je ne suis pas
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pratiquée depuis l’enfance, et qui consistait à aller à la messe et aux
vêpres, à la Maison des Veuves, où l’on rencontrait des connaissances,
et à apprendre par coeurcœur des textes slavons avec un prêtre de la paroisse.
C’était une religion élevée, mystique, liée aux sentiments les plus purs,
et à laquelle on croyait, non par devoir, mais par amour.
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prochain pour devenir heureuse, tranquille et bonne, ainsi qu’elle voulait
l’être. Et une fois qu’elle l’eut compris, Kitty ne se contenta plus
d’admirer, mais se donna de tout son coeurcœur à la vie nouvelle qui s’ouvrait
devant elle. D’après les récits que Varinka lui fit sur Mme Stahl et
d’autres personnes qu’elle lui nomma, Kitty se traça un plan d’existence ;
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La princesse remarqua bien vite combien Kitty était sous l’influence de
ses <i>engouements</i>, comme elle appelait Mme Stahl, et surtout Varinka, que
Kitty imitait non seulement dans ses bonnes oeuvresœuvres, mais presque dans sa
façon de marcher, de parler, de cligner des yeux. Plus tard elle reconnut
que sa fille passait par une certaine crise intérieure indépendante de
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La jeune fille semblait fière de remplir, dans cette famille, les
fonctions de soeursœur de charité. La princesse n’y voyait aucun inconvénient,
et s’y opposait d’autant moins que la femme de Pétrof était une personne
très convenable, et qu’un jour la <i>Fürstin</i>, remarquant la beauté de Kitty,
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La jeune fille ne répondait pas, mais elle se demandait dans le fond de
son coeurcœur si, en fait de charité, on peut jamais dépasser la mesure dans
une religion qui enseigne à tendre la joue gauche lorsque la droite a été
frappée, et à partager son manteau avec son prochain. Mais ce qui peinait
la princesse, plus encore que cette tendance à l’exagération, c’était de
sentir que Kitty ne lui ouvrait pas complètement son coeurcœur. Le fait est
que Kitty faisait un secret à sa mère de ses nouveaux sentiments, non
qu’elle manquât d’affection ou de respect pour elle, mais simplement parce
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entourées de petits jardins, des servantes allemandes à l’ouvrage, avec
leurs bras rouges et leurs figures bien nourries, le soleil resplendissant,
tout réjouissait le coeurcœur ; mais, plus on approchait de la source, plus on
rencontrait de malades, dont l’aspect lamentable contrastait péniblement
avec ce qui les entourait, dans ce milieu germanique si bien ordonné.
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augmentait en les voyant tous si gais, et elle éprouvait le même sentiment
que, lorsque petite fille, on la punissait, et qu’elle entendait de sa
chambre les rires de ses soeurssœurs sans pouvoir y prendre part.
 
« Dans quel but as-tu bien pu acheter ce tas de choses ? demanda la
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« Comment, vous n’avez que ce que vous méritez ? je ne comprends pas.
 
— Parce que tout cela n’était qu’hypocrisie, que rien ne venait du coeurcœur.
Qu’avais-je affaire de m’occuper d’un étranger et de me mêler de ce qui ne
me regardait pas ? C’est pourquoi j’ai été la cause d’une querelle. Et cela
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— Qu’est-ce qui n’est pas cela ? dit Varinka d’un air étonné.
 
— Moi, je ne puis vivre que par le coeurcœur, tandis que vous autres ne vivez
que par vos principes. Je vous ai aimées tout simplement, et vous n’avez
eu en vue que de me sauver, de me convertir !