« Ainsi parlait Zarathoustra/Quatrième partie/Le cri de détresse » : différence entre les versions

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Le lendemain Zarathoustra était de nouveau assis sur sa pierre devant la caverne, tandis que ses animaux erraient de par le monde, afin de rapporter des nourritures nouvelles, — et aussi du miel nouveau : car Zarathoustra avait gaspillé et dissipé le vieux miel jusqu'à le dernière parcelle.
 
Mais, tandis qu'il était assis là, un bâton dans la main, suivant le tracé que l'ombre de son corps faisait sur la terre, plongé dans une profonde méditation, et, en vérité ! ni sur lui-même, ni sur son ombre — il tressaillit soudain et fut saisi de frayeur : car il avait vu une autre ombre à côté de la sienne. Et, virant sur lui-même en se levant rapidement, il vit le devin debout à côté de lui, le même qu'il avait une fois nourri et désaltéré à sa table, le proclamateur de la grande lassitude qui enseignait : "Tout est égal, rien ne vaut la peine, le monde n'a pas de sens, le savoir étrangle." Mais depuis lors son visage s'était transformé ; et lorsque Zarathoustra le regarda en face, son coeurcœur fut effrayé derechef : tant les prédictions funestes et les foudres consumées passaient sur ce visage.
 
Le devin qui avait compris ce qui se passait dans l'âme de Zarathoustra passa sa main sur son visage, comme s'il eût voulu en effacer des traces ; Zarathoustra fit de même de son côté. Lorsqu'ils se furent ainsi ressaisis et fortifiés tous deux, ils se donnèrent les mains pour montrer qu'ils voulaient se reconnaître.
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"Fatal proclamateur, dit enfin Zarathoustra, c'est là le cri de détresse et l'appel d'un homme ; il sort probablement d'une mer noire. Mais que m'importe la détresse des hommes ! Le dernier péché qui m'a été réservé, — sais-tu quel est son nom ?"
 
"Pitié !" répondit le devin d'un coeurcœur débordant et en levant les deux mains : — "O Zarathoustra, je viens pour te faire commettre ton dernier péché !" —
 
A peine ces paroles avaient-elles été prononcées que le cri retentit de nouveau, plus long et plus anxieux qu'auparavant et déjà beaucoup plus près. "Entends-tu, entends-tu, ô Zarathoustra ? s'écria le devin, c'est à toi que s'adresse le cri, c'est à toi qu'il appelle : viens, viens, viens, il est temps, il est grand temps !" —