« Ahasvérus/Intermède III » : différence entre les versions

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Le ChoeurChœur.<br><br>Depuis que le soleil luit sur ma tête, j'ai vu
plus d'une église. J'ai vu Saint-Marc avec
ses cinq coupoles comme les voiles gonflées d'un
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leur salaire, le maître qui l'a bâtie se
creuse, dans un coin, une niche de jaspe. De
là, il veille jour et nuit sur son oeuvreœuvre ;
jusqu'à l'éternité, il la regarde
pour voir ce qui y manque. Et si, un soir, par
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usés ; et nulle part je ne te trouve sous les
arceaux rompus de ta parole. Plus d'un pas manque
encore à ton oeuvreœuvre ; déjà les boucs en passant
rongent les piliers de ta prose d'argile. Sur
mes lèvres ta voix est tarie ; sur ma rive j'ai
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Le ChoeurChœur.<br><br>De quel côté ?
 
 
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dans la Maremme. Sous un cerisier fleuri tu
trouveras mon toit qui a abrité maintes douleurs.<br><br>Sur le perron ma mère lit la bible de Luther ;
ma soeursœur, que j'aime, est allée cueillir, pour
son enfant, des mûres sauvages dans les buissons.<br><br>Ma maison est petite, mon chevet est dur et souvent
trempé de larmes. Il y a place à ma table pour
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Le ChoeurChœur.<br><br>Que fais-tu là ?
 
 
 
 
Le Poète.<br><br>Partout mon coeurcœur dans mon sein m'a aiguillonné
comme mon éperon mon cheval. Partout j'ai dévoré
dans mon sentier la rosée que j'ai trouvée. J'ai
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Le ChoeurChœur.<br><br>Le ciel n'est pas si loin que la porte de ta vie ;
et la douleur, si tu y es entré, est un chemin
qui monte et qui ne redescend jamais. Noie ta
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Maintes fois j'ai ouvert la bouche pour parler ;
mais la parole me manque. Ma voix était dans
mon coeurcœur ; mon coeurcœur s'est brisé. Quand une
larme, en tombant dans mon sein, s'y est creusé
peu à peu sa demeure, ma pensée, pour mieux
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Le ChoeurChœur.<br><br>Si tu le peux sans pleurer, car tes larmes, en
tombant sur terre, deviendraient de la boue,
dis-moi donc, il le faut, quelle heure ce fut
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dire, que les étoiles palpitantes écrivent dans
leurs veillées d'été, avec leur encre d'or,
et qui a brisé mon coeurcœur dès le matin du jour
de mai où je l'ai lu.<br><br>
Ce jour-là, sur le chemin, celle dont ma bouche
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d'hommes. Pas un ciel n'est si pur que ses
yeux ; pas une source n'est si profonde que
son coeurcœur ; pas une ville, dans un jour de
fête, n'est si remplie que l'escalier où elle
monte chaque jour.<br><br>
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âme, la laine et la soie de ses pensées trempées
de larmes de quoi vêtir un monde. à la ville et
dans la fête, au premier souffle, son coeurcœur, sans
effort, s'en allait, dans le ciel, comme une
barque à la voile latine, au premier vent, sans
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Le ChoeurChœur.<br><br>Malgré toi, ta peine m'a fait pencher la tête
vers terre, et m'a tiré un de ces pleurs amers.<br><br>Si celle qui en eut sa part, au temps des cruels
soupirs, l'a oublié, je ne te le demanderai pas,
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le bruit des hommes, le bruit des cloches, le
ciel changeant, tout aurait murmuré le soir
autour de moi, pour assoupir mon coeurcœur, comme
une femme, à demi-voix, endort son enfant sur la
route.
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Candie, si bien que tu crierais à la fin :
j'en ai assez. Petite ville de Charles Le
Téméraire, où ma soeursœur demeure, et qui
m'as coupé mon pain sur la table quand j'étais
enfant, sise sur tes deux rivières, proche
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leur sang trop pâle a peine à teindre leurs
joues d'un souvenir. Pour qui revient du pays
où l'olive et l'orange mûrissent, leur coeurcœur
bat trop lentement ; sous le ciel des passions,
en un jour il fond comme neige ; leur silence
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sens en est dur. Pour guérir les plaies qu'elles
ont faites, leurs lèvres sont trop froides.<br><br>Dans leurs seins leurs larmes restent figées ;
et le coeurcœur qu'elles ont brisé une fois ne
guérira plus jamais.<br><br>
Non ! Je n'aime plus en Allemagne, ni partout
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chaque haleine, pour mon remède, ses rayons
qui sentent la myrrhe. Il fait froid et sombre
à cette heure dans mon coeurcœur. J'aime à sécher
la plaie qu'un autre m'a faite aussi trop amère,
à la lumière d'août, quand le pêcheur de Capri
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Le ChoeurChœur.<br><br>Va ! Tout tortueux qu'il est, le sentier de ton
poëme vaut encore mieux que la vie. Là, ta
blessure sera ton baume ; et, sans aller si
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ma pensée vers l'endroit où mes pas m'ont égaré ;
et je ferai comme celui dont les pieds suivent
son guide, et dont le coeurcœur trop lourd reste
avec son poids en arrière. Pour toi, monde, en
te quittant, je te connais ; tu m'as brisé, tu
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Ah ! Que le coeurcœur me bat ! Après m'être tu plus
qu'avant de parler. Tout m'ennuie, tout me gêne ;
j'ai fini trop tôt ce que je voulais dire.
 
 
Ah ! Que le coeurcœur me pèse ! Je ne sais comment
faire pour écrire ce soir ma tâche. Mon encre
n'est pas d'or, elle est faite de larmes. Ma
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n'est pas de parchemin ; il est fait de mon
âme, oui, de mon âme et de mon désespoir.<br><br>
Ah ! Que le coeurcœur me serre ! Ah ! Que le coeurcœur
me saigne ! Je ne sais plus rien que ce mot ;
et il en faut, pour achever mon livre, plus de