« Ce que c’est que l’exil » : différence entre les versions
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=== I ===
Le droit incarné,
législateur. Les républiques anciennes se représentaient le droit
assis dans la chaise curule, ayant en main ce sceptre, la loi, et vêtu
de cette pourpre,
son sommet le droit sacré et armé, sacré par la justice, armé de la
liberté.
Dans ce qui vient
force existe pourtant ; mais elle
existe dans le droit.
Qui dit droit dit force.
La violence.
Il
force, le droit. Le succès en dehors de la vérité et du droit est une
apparence. La courte vue des tyrans
leur fait
cendre ; le criminel croit que son crime est son complice ; erreur ; son
crime est son punisseur ; toujours
toujours la trahison trahit le traître ; les délinquants, sans
jamais une mauvaise action ne vous lâche ; et fatalement, par un
itinéraire inexorable, aboutissant aux cloaques de sang pour la
gloire et aux abîmes de boue pour la honte, sans rémission pour les
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Quand ils dépouillent et découronnent le droit, les hommes de violence
et les traîtres
=== II ===
Pour celui qui subit
supplice se retourne et mord le bourreau.
Un rêveur qui se promène seul sur une grève, un désert autour
songeur, une tête vieillie et tranquille autour de laquelle tournent
des oiseaux de tempête, étonnés,
rassurant du matin, Dieu pris à témoin de temps en temps en présence
des rochers et des arbres, un roseau qui non seulement pense, mais
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blancs dans la solitude, un homme qui se sent de plus en plus devenir
une ombre, le long passage des années sur celui qui est absent, mais
qui
innocent, rien de plus redoutable pour les malfaiteurs couronnés.
Quoi que fassent les tout-puissants momentanés,
leur résiste. Ils
appartient aux penseurs. Vous exilez un homme. Soit. Et après ? Vous
pouvez arracher un arbre de ses racines, vous
du ciel. Demain,
Pourtant, rendons cette justice aux proscripteurs ; ils sont logiques,
parfaits, abominables. Ils font tout ce
le proscrit.
Parviennent-ils à leur but ? réussissent-ils ? sans doute.
Un homme tellement ruiné
dépouillé
plus près de lui que
que la vérité, tellement jeté aux ténèbres
le soleil, voilà ce que
=== III ===
les coins de terre se valent.
est bon, pourvu que le coin soit obscur et que
En particulier
peine à ressembler à la patrie, étant la France. Jersey et Guernesey
sont des morceaux de la Gaule, cassée au huitième siècle par la mer.
Jersey a eu plus de coquetterie que Guernesey ; elle y a gagné
plus jolie et moins belle.
Guernesey le rocher est resté colosse. Plus de grâce ici, plus de
majesté là.
Bretagne. Un bouquet grand comme la ville de Londres,
Tout y est parfum, rayon, sourire ; ce qui
la tempête. Celui qui écrit ces pages a quelque part qualifié Jersey
«une idylle en pleine mer». Aux temps païens, Jersey a été plus
romaine et Guernesey plus celtique ; on sent à Jersey Jupiter et à
Guernesey Teutatès.
sauvagerie est restée.
maintenant huguenot ; ce
est froide, le paysage est prude, la religion a de
toute, deux îles charmantes ;
Un jour la reine
duchesse de Normandie, vénérable et sacrée six jours sur sept, fit une
visite, avec salves, fumée, vacarme et cérémonie, à Guernesey.
un dimanche, le seul jour de la semaine qui ne fût pas à elle.
La reine, devenue brusquement «cette femme», violait le repos du
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parle ici.
Il ne saluait pas une reine ; mais une femme.
Guernesey est faite pour ne laisser au proscrit que de bons souvenirs ;
mais
intérieur, on peut dire : il
et gisant, hors le devoir, seul debout, qui, comme un clocher
dans une ville écroulée, paraît plus haut de toute cette chute autour
de lui.
De qui ?
Du tyran.
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mais on ne vous lâche pas. Le proscripteur est curieux et son regard
se multiplie sur vous. Il vous fait des visites ingénieuses et
variées. Un respectable pasteur protestant
protestantisme émarge à la caisse Tronsin-Dumersan ; un prince étranger
qui baragouine se présente,
un vrai prince ? oui ; il est de sang royal, et aussi de la police ;
un professeur gravement doctrinaire
surprenez lisant vos papiers. Tout est permis contre vous ; vous êtes
hors la loi,
respect, hors la vraisemblance ; on se dira autorisé par vous à publier
vos conversations, et
attribuera des paroles que vous
approche pour mieux choisir la place où
est à claire-voie ; on y regarde comme dans une fosse aux bêtes ; vous
êtes isolé, et guetté.
lettres ; la cour de cassation y consent ; défiez-vous de vos relations
de proscrit, elles aboutissent à des choses obscures ; cet homme qui
vous sourit à Jersey vous déchire à Paris ; celui-ci qui vous salue
sous son nom vous insulte sous un pseudonyme ; celui-là, à Jersey même,
écrit contre les hommes de
aux hommes de
dédiant aux banquiers Pereire. Tout cela est tout simple, sachez-le.
Vous êtes au lazaret. Si
à lui. La frontière
gendarme. On mettra des femmes nues pour chercher sur elles un livre
de vous, et si elles résistent, si elles
ce
Le maître, qui est le traître, vous entoure de qui bon lui semble ; le
prescripteur dispose de la qualité de proscrit ; il en orne ses agents ;
aucune sécurité ; prenez garde à vous ; vous parlez à un visage,
un masque qui entend ; votre exil est hanté par ce spectre,
Un inconnu, très mystérieux, vient vous parler bas à
il vous déclare que, si vous le voulez, il se charge
banquets de fraternité,
vive Hèbert ! vive la guillotine ! Avec un peu
reconnaîtrez la voix de Carlier. Quelquefois
gaîté de bourreau. Vous payez les dettes
un agent ; vous payez le voyage de ce fugitif,
passez la rue, vous entendez dire :
vous
répond :
farouche et payé.
en Scaevola.
Quant aux inventions, quant aux impostures, quant aux turpitudes,
acceptez-les. Ce sont les projectiles de
Surtout ne réclamez pas. On rirait. Après la réclamation,
recommencera, la même, sans même prendre la peine de varier ; à quoi
bon changer de bave ? celle
tranquillité infatigable et la conscience satisfaite de la roue qui
tourne et de la vénalité qui ment. De représailles point ;
défend par sa bassesse ; la platitude sauve
zéro est impossible. Et la calomnie, sûre de
de la démentir dépasse le dégoût de
Les insulteurs ont pour public les imbéciles. Cela fait un gros rire.
On en vient à
calomnié. Est-ce que vous
êtes cible. Tel personnage est de
tel autre a la croix pour le même acte de bravoure,
décoré sur le champ
distingué aussi par des affronts
outrager est lucratif. Il faut bien que les gens vivent. Dame !
pourquoi êtes-vous exilé ?
Soyez raisonnable. Vous êtes dans votre tort. Qui vous forçait de
trouver mauvais le coup
pour le droit ? Quel caprice vous a passé par la tête de vous révolter
du côté de la loi ? Est-ce
quand ils
droit et assassine la loi. Il est probable
avec cet homme. Le succès le fait juste. Soyez avec le succès puisque
le succès devient le droit. Tout le monde vous en saura gré. Nous
ferons votre éloge. Au lieu
vous
Osez-vous douter du bon droit de cet homme ? mais vous voyez bien
accusation lui prêtent serment ! Vous voyez bien que les prêtres, les
soldats, les évêques, les généraux, sont avec lui ! Vous croyez avoir
plus de vertu que tout cela ! vous voulez tenir tête à tout cela !
Allons donc !
respectable, tout ce qui est vénéré, tout ce qui est vénérable, de
bien. Mentir contre une brute est permis. Tous les honnêtes gens sont
contre vous ; et nous, les calomniateurs, nous sommes avec les honnêtes
gens. Voyons, réfléchissez, rentrez en vous-même. Il fallait bien
sauver la société. De qui ? de vous. De quoi ne la menaciez-vous pas ?
Plus de guerre, plus
faite majeure, cette moitié du genre humain admise au suffrage
universel, le mariage libéré par le divorce ;
comme
diminué
par la mise en location des édifices nationaux, par
transformé en engrais, par la répartition des biens communaux, par
le défrichement des jachères, par
sociale ; la vie à bon marché, par
de classes, plus de frontières, plus de ligatures, la république
décuplant la richesse ; que de folies ! il fallait bien se garer de tout
cela ! Quoi ! la paix serait faite parmi les hommes, il
serait cultivée de façon à pouvoir nourrir deux cent cinquante
millions
ses rentes ! Quoi ! la femme voterait,
le père, la mère de famille ne serait plus une sujette et une
servante, le mari
le prêtre ne serait plus le maître ! Quoi ! il
batailles, il
bourreaux, il
vive
écrivons sur vous des choses quelconques. Nous savons bien que ce que
nous disons
calomnie qui protège la société est
magistrature est avec le coup
le clergé est avec le coup
religion et la justice sont des figures immaculées et saintes ; la
calomnie qui leur est utile participe de
doit ;
Respectez-la.
Ainsi raisonnent les insulteurs.
Ce que le proscrit a de mieux à faire,
=== V ===
sous
éternelle des flots contre le rivage et des impostures contre la
vérité. Les diatribes sont vainement convulsives.
vague cracher sur le rocher, et
gagne et ce que ce granit y perd.
Non, pas de révolte contre
représailles, ayez une tranquillité sévère. La roche ruisselle, mais
ne bouge pas. Parfois elle brille du ruissellement. La calomnie finit
par être un lustre.
la chenille a passé.
Le crachat au front du Christ, quoi de plus beau !
Un prêtre, un certain Ségur, a appelé Garibaldi poltron. Et, en verve
de métaphore, il ajoute
la lune ! Ceci plaît à la pensée. Et il en découle des conséquences.
Achille est lâche, donc Thersite est brave ; Voltaire est stupide, donc
Ségur est profond.
Que le proscrit fasse son devoir, et
besogne.
Que le proscrit traqué, trahi, hué, aboyé, mordu, se taise.
Aussi bien vouloir éteindre
métier sa propre honte. La contredire,
la calomnie estime profondément le calomnié.
elle meurt du dédain. Elle aspire à
accordez pas. Être souffletée lui prouverait
montrerait sa joue toute chaude en disant : Donc
=== VI ===
Regardez toute
qu’eux.
aux mains fainéantes ; malheur à tout ce qui dépasse le niveau ; les
sommets ont la propriété de faire venir
bas la lapidation.
sommets ? Ils attirent le regard et
on le rencontre, petit et furieux, dans
Les spécialistes auraient des études à faire dans la recherche des
causes
ce sommeil est piqué par Zoïle. Eschyle sent sur sa peau la cuisson
sur lui Moevius ; Horace, Licilius ; Juvénal, Codrus ; Dante a Cecchi ;
Shakespeare a Green ; Rotrou a Scudéri, et Corneille a
Molière a Donneau de Visé, Montesquieu a Desfontaines, Buffon a
Labeaumelle, Jean-Jacques a Palissot, Diderot a Nonotte, Voltaire a
Fréron. La gloire, lit doré où il y a des punaises.
ressemblance, la vermine.
tranquille. Voir le sommeil du juste banni déplaît aux ramasseurs de
miettes sous les tables de Néron ou de Tibère. Comment, il dort ! il
est donc heureux ! mordons-le !
Un homme terrassé, gisant, balayé dehors (ce qui est tout simple ;
quand Vitellius est
déshérité, un vaincu, on est jaloux de cela. Chose bizarre, les
proscrits ont des envieux. Cela se comprendrait des hautes vertus
enviant les hautes infortunes, de Caton enviant Régulus, de Thraséas
enviant Brutus, de Rabbe enviant Barbès. Mais point. Ce sont les vils
qui se mêlent
fière protestation du vaincu,
Planche jalouse Louis Blanc, Baculard jalouse Milton, et Jocrisse
jalouse Eschyle.
actuel suit la claie du vaincu. Le vaincu saigne. Les insulteurs
ajoutent leur boue à ce sang. Soit.
Cette joie paraît
du maître et
proscrits, ont deux auxiliaires ; premièrement,
la corruption.
Quand on dit ce que
détail.
sujet, et nous avons dû pénétrer dans cette entomologie.
=== VII ===
Tels sont les petits côtés de
Songer, penser, souffrir.
Être seul et sentir
mais plaindre le bonheur du méchant ;
purifier comme philosophe ; être pauvre, et réparer sa ruine avec son
travail ; méditer et préméditer, méditer le bien et préméditer le
mieux ;
personnelle ; respirer le vaste air vivant des solitudes,
dans la grande rêverie absolue ; regarder ce qui est en haut sans
perdre de vue ce qui est en bas ; ne jamais pousser la contemplation
de
mélange de
augmente ; avoir deux âmes, son âme et la patrie.
Une chose est douce,
pour le coupable quand il sera terrassé et agenouillé ; se dire
ne repoussera jamais des mains jointes. On sent une joie auguste à
faire aux vaincus de
inconnus une promesse
accablé. Celui qui écrit ces lignes a habitué ses compagnons
à lui entendre dire :- Si jamais, le lendemain
Bonaparte en fuite frappe à ma porte et me demande asile, pas un
cheveu ne tombera de sa tête .
Ces méditations, compliquées de tous les déchaînements de
plaisent à la conscience du proscrit. Elles ne
faire son devoir. Loin de là. Elles
plus sévère
foudroie le puissant en attendant que tu secoures le suppliant. Plus
tard, tu ne mettras à ton amnistie
Creuser le précipice à
vaincu, combattre avec
grand effort et le grand rêve de
à la souffrance universelle. Le proscrit a ce contentement magnanime
de ne pas être inutile. Blessé lui-même, saignant lui-même, il
fait des songes ; non ; il cherche la réalité. Disons plus, il la
trouve. Il rôde dans le désert et il songe aux villes, aux tumultes,
aux fourmillements, aux misères, à tout ce qui travaille, à la pensée,
à la charrue, à
dans la mansarde, au mal qui pousse là où
au chômage du père, à
mauvaises herbes dans les cerveaux laissés incultes, aux rues le soir,
aux pâles réverbères, aux offres que la faim peut faire aux passants,
Ligne 419 :
par notre faute. Sondages douloureux et utiles. Couvez le problème, la
solution éclora. Il rêve sans relâche. Ses pas le long de la mer ne
sont point perdus. Il fraternise avec cette puissance,
regarde
Toute la nature en foule
lui les nuées, les souffles, les aigles ; il constate que sa destinée
est tonnante et noire comme les nuées, que ses persécuteurs sont vains
comme les souffles, et que son âme est libre comme les aigles.
Un exilé est un bienveillant. Il aime les roses, les nids, le
va-et-vient des papillons.
êtres ; il a une foi inébranlable dans la bonté secrète et infinie,
étant puéril au point de croire en Dieu ; il fait du printemps sa
maison ; les entrelacements des branches, pleins de charmants antres
verts, sont la demeure de son esprit ; il vit en avril, il habite
floréal ; il regarde les jardins et les prairies, émotion profonde ; il
guette les mystères
les fourmis et les abeilles ; il compare les mélodies diverses joutant
pour
est souvent attendri
la sauvagerie des halliers
les attitudes des rochers
petites filles de trois ans courir sur la grève, leurs pieds nus dans
la mer, leurs jupes retroussées à deux bras, montrant à la fécondité
immense leur ventre innocent ;
pour les oiseaux. De temps en temps on lui écrit : Vous savez, telle
pénalité est abolie ; vous savez, telle tête ne sera pas coupée. Et il
lève les mains au ciel.
Ligne 450 :
Contre cet homme dangereux les gouvernements se prêtent main-forte.
Ils
les internements, les expulsions, quelquefois les extraditions. Les
extraditions ! oui, les extraditions. Il en fut question à Jersey,
en 1855. Les exilés purent voir, le 18 octobre, amarré au quai de
Saint-Hélier, un navire de la marine impériale,
les chercher ; Victoria offrait les proscrits à Napoléon ;
Le cadeau
mais le peuple de Londres le prenait mal. Il se mit à gronder. Ce
peuple est ainsi fait ; son gouvernement peut être caniche, lui il
est dogue. Le dogue,
probité,
Ce bon et fier peuple montra les dents ; Palmerston et Bonaparte durent
se contenter de
Ils reçurent avec un sourire la signification officielle, un peu
baragouinée. Soit, dirent les proscrits.
prononciation les satisfit.
A cette époque, si les gouvernements étaient de connivence avec le
prescripteur, on sentait entre les proscrits et les peuples une
complicité superbe. Cette solidarité,
manifestait sous toutes les formes, et
chacune des pages de ce livre. Elle éclatait à
quelconque,
faits imperceptibles sans doute, et de peu
significatifs. En voici un qui mérite peut-être
=== IX ===
En
possible à un crime. Il était sur le sommet de sa montagne, car on
arrive en haut de la honte ; rien ne lui faisait plus obstacle ; il
était infâme et suprême ; pas de victoire plus complète, car il
semblait avoir vaincu les consciences. Majestés et altesses, tout
était à ses pieds ou dans ses bras ; Windsor, le Kremlin, Schoenbrunn
et Potsdam se donnaient rendez-vous aux Tuileries ; on avait tout, la
gloire politique, M. Rouher ; la gloire militaire, M. Bazaine ; et
la gloire littéraire, M. Nisard ; on était accepté par de grands
caractères, tels que MM. Vieillard et Mérimée ; le Deux-Décembre avait
pour lui la durée, les quinze années de Tacite,
oevi spatium ;
à
Guillaume Tell
ne détonnait, et il y avait accord entre la platitude des idées et
la soumission des hommes ; la bassesse des doctrines était égale à
la fierté des personnages ;
composée de liberté selon Palmerston et
des arrêts de complaisance ; le gouvernement britannique se déclarait
le serviteur du gouvernement impérial, et, comme on vient de le voir,
lui prouvait sa subordination par des expulsions, des procès, des
menaces
Cette Anglo-France proscrivait la France et humiliait
mais elle régnait ; la France esclave,
était la situation. Quant à
était de
magnifique.
éblouissait
un piédestal, le canon Krupp, et
roi de Prusse.
Jamais les proscrits
journaux anglais, on les appelait «les rebelles».
Ligne 524 :
«rebelles» dont on vient de parler. Il était représentant du peuple en
1851 et avait été exilé le 2 décembre. Ce passager, dont le nom est
inutile à dire ici, car il
allons raconter,
sur le bateau-poste
Southampton est de sept ou huit heures.
saluer Victoria, et, ce jour-là même, la reine
vice-roi
Sheerness, voisine de Southampton.
Ligne 538 :
timonier.
Le
environ trois heures de
marquent
architecture sauvage de la mer et ces colossales pointes de craie qui
sortent de
engloutie ; on allait entrer dans la rivière de Southampton ; le
timonier commençait à
Le passager regardait
capitaine du navire.
Ce capitaine était à peu près du même âge que lui ; il se nommait
Harvey ; il avait de robustes épaules,
hâlée et fière,
-Est-il vrai, monsieur, dit-il, que vous désiriez voir la flotte
anglaise ?
Le passager
femmes témoigner vivement ce désir autour de lui.
Il se borna à répondre :
-Mais, capitaine, ce
Le capitaine reprit :
-Ce sera mon itinéraire si vous le voulez.
Ligne 570 :
Le passager eut un mouvement de surprise.
-Changer votre route ?
-Oui.
-Pour
-Oui.
-Un vaisseau français ne ferait pas cela pour moi !
-Ce
capitaine, un vaisseau anglais le fera.
Et il reprit :
-Seulement, pour ma responsabilité devant mes chefs, écrivez-moi sur
Ligne 589 :
Et il présenta son livre de bord au passager, qui écrivit sous sa
dictée : «Je désire voir la flotte anglaise». et signa.
Un moment après, le steamer obliquait à tribord, laissait à gauche
Ligne 596 :
Le spectacle était beau en effet. Toutes les batteries mêlaient
leurs fumées et leurs tonnerres ; les silhouettes des massifs navires
cuirassés
rougeâtre, vaste pêle-mêle de mâtures apparues et disparues ; le
Normandy
hurrahs ; cette course à travers la flotte anglaise dura plus de deux
heures.
Vers sept heures, quand le
pavoisé.
Un des amis du capitaine Harvey, M. Rascol, directeur du
-Pour qui donc avez-vous pavoisé, capitaine ? Pour le khédive ?
Le capitaine répondit :
-Pour le proscrit.
Pour le proscrit . Traduisez
Nous
singulière à la fin du capitaine Harvey.
Ligne 627 :
son trajet habituel de Southampton à Guernesey. Une brume couvrait la
mer. Le capitaine Harvey était debout sur la passerelle du steamer, et
passagers dormaient.
Le
bateaux-poste de la Manche, six cents tonneaux, deux cent vingt pieds
anglais de long, vingt-cinq de large ; il était «jeune», comme disent
les marins, il
Le brouillard
Southampton, on était en pleine mer, à environ quinze milles au delà
des Aiguilles. Le packet avançait lentement. Il était quatre heures du
matin.
steamer, on distinguait à peine la pointe des mâts.
Rien de terrible comme ces navires aveugles qui vont dans la nuit.
Tout à coup dans la brume une noirceur surgit ; fantôme et montagne,
un promontoire
à Grimsby, avec un chargement de cinq cents tonnes de blé ; vitesse
énorme, poids immense. La
Nul moyen
brouillard se dressent vite. Ce sont des rencontres sans approche.
Avant
La
et
Du choc, elle-même, avariée,
Il y avait sur le
de service, la stuartess, et trente et un passagers, dont douze
femmes.
La secousse fut effroyable. En un instant, tous furent sur le pont,
hommes, femmes, enfants, demi-nus, courant, criant, pleurant.
entrait furieuse. La fournaise de la machine, atteinte par le flot,
râlait.
Le navire
manquaient.
Le capitaine Harvey, droit sur la passerelle de commandement, cria :
-Silence tous, et attention ! Les canots à la mer. Les femmes
les passagers ensuite.
sauver.
On était soixante et un. Mais il
On détacha les embarcations : Tous
pouvait faire chavirer les canots. Ockleford, le lieutenant, et les
trois contre-maîtres, Goodwin, Bennett et West, continrent cette foule
éperdue
Cependant, au-dessus des cris et des bruits, on entendait la voix
grave du capitaine, et ce bref dialogue
ténèbres :
-Mécanicien Locks ?
-Capitaine ?
-Comment est le fourneau ?
-Noyé.
-Le feu ?
-Éteint.
-La machine ?
-Morte.
Le capitaine cria :
-Lieutenant Ockleford ?
Le lieutenant répondit :
-Présent.
Le capitaine reprit :
-Combien avons-nous de minutes ?
-Vingt.
-Cela suffit, dit le capitaine. Que chacun
Lieutenant Ockleford, avez-vous vos pistolets ?
-Oui, capitaine.
Ligne 727 :
-Brûlez la cervelle à tout homme qui voudrait passer avant une femme.
Tous se turent. Personne ne résista ; cette foule sentant au-dessus
La
au secours de ce naufrage
Le sauvetage
comme toujours, de tristes égoïsmes ; il y eut aussi de pathétiques
dévouements [note : Voir aux Notes.].
Harvey, impassible à son poste de capitaine, commandait, dominait,
dirigeait,
angoisse, et semblait donner des ordres à la catastrophe. On eût dit
que le naufrage lui obéissait.
A un certain moment il cria :
-Sauvez Clément.
Clément,
Le navire décroissait lentement dans
On hâtait le plus possible le va-et-vient des embarcations entre le
Normandy
-Faites vite, criait le capitaine.
Ligne 757 :
A la vingtième minute le steamer sombra.
Le capitaine Harvey, debout sur la passerelle, ne fit pas un geste, ne
dit pas un mot, et entra immobile dans
brume sinistre, cette statue noire
Ainsi finit le capitaine Harvey.
Pas un marin de la Manche ne
vie le devoir
héros.
=== X ===
Est-ce que le proscrit liait le prescripteur ? Non. Il le combat ;
tout.
ennemi personnel. La colère de
nécessaire. Le proscrit exècre le tyran et ignore la personne du
proscripteur.
du devoir.
Au besoin le proscrit rend justice au proscripteur ; si le
proscripteur, par exemple, est dans une certaine mesure écrivain et a
une littérature suffisante, le proscrit en convient volontiers. Il
est incontestable, soit dit en passant, que Napoléon III eût été un
académicien convenable ;
sans doute, suffisamment abaissé son niveau pour que
être ;
sa majesté
A
fauteuil vacant, un académicien de notre connaissance, voulant rendre
à la fois justice à
avait
On le voit, toutes les concessions possibles, le proscrit les fait.
Il
commence. Là il cesse
«un homme pratique». De là ses résignations à tout, aux violences, aux
injures, à la ruine, à
dans la bouche la vérité qui, au besoin, parlerait malgré lui.
Parler par elle et pour elle,
Le vrai a deux noms ; les philosophes
Les hommes
A les entendre, tous les conseils que peut donner un proscrit sont
Ligne 818 :
Examinons.
Le proscrit est un homme chimérique. Soit.
voyant du côté de
bonne philosophie et de mauvaise politique. Si on
irait aux abîmes. Ses conseils sont des conseils
perdition. Les principes lui donnent raison, mais les faits lui
donnent tort.
Ligne 827 :
Voyons les faits.
John Brown est vaincu à
Pendez-le. Le proscrit dit : Respectez-le. On pend John Brown ;
se disloque, la guerre du Sud éclate. John Brown épargné,
Au point de vue du fait, qui a eu raison, les hommes pratiques, ou
Deuxième fait. Maximilien est pris à Queretaro. Les hommes pratiques
disent : Fusillez-le.
Maximilien. Cela suffit pour rapetisser une chose immense.
lutte du Mexique perd son suprême lustre, la clémence hautaine.
Maximilien gracié,
cette nation, qui avait constaté son indépendance par la guerre,
constatant par la civilisation sa souveraineté ;
de ce peuple, après le casque, la couronne.
Cette fois encore,
Troisième fait. Isabelle est détrônée. Que va devenir
république ou monarchie ? Sois monarchie ! disent les hommes
Sois république ! dit le proscrit.
les hommes pratiques
tombe
Carlos ; ceci ne regarde que
monde : cette monarchie en quête
Hohenzollern ; de là
France, de là Sedan, de là la honte et la nuit.
Supposez
Hohenzollern possible, pas de catastrophes.
Ligne 862 :
Si par hasard on découvrait un jour cette chose étrange que la vérité
bon, que
a raison !
la guerre civile, en présence des responsabilités encourues de deux
côtés, le proscrit
se penche sur les exils, il a voulu sauver John Brown, il a voulu
sauver Maximilien, il a voulu sauver la France, ce passé lui éclaire
l’amnistie.
Est-ce un aveugle ? est-ce un voyant ?
=== XI ===
En décembre 1851, quand celui qui écrit ces lignes arriva chez
que se fait sentir le
Cette esquisse sommaire de «ce que
complète si ce côté matériel de
indiqué, en passant, et du reste, avec la sobriété convenable.
Ligne 889 :
cinq cents francs de revenu annuel. Son théâtre, qui lui rapportait
soixante mille francs par an, était supprimé. La hâtive vente à
francs. Il avait neuf personnes à nourrir.
Il avait à pourvoir aux déplacements, aux voyages, aux emménagements
nouveaux, aux mouvements
tous les vents ; un proscrit,
la dignité de la vie et faire en sorte
souffrît.
De là une nécessité immédiate de travail.
Disons que la première maison
prix très modéré de quinze cents francs par an.
Ligne 907 :
Ses premiers éditeurs belges imprimèrent tous ses livres sans lui
rendre aucun compte, entre autres les deux volumes des
oratoires. Napoléon le Petit
Châtiments , ils coûtèrent à
Cette somme, confiée à
produit total de toutes les éditions des
dix-huit ans confisqué par les éditeurs étrangers.
Les journaux royalistes anglais faisaient sonner très haut
anglaise, mélangée, on
du reste comme
de complet,
réimprimait ces livres et les publiait et les vendait avec
le plus cordial au bénéfice des éditeurs anglais.
livre allait
de
livre est de laisser mourir de faim
se vendent encore et toujours en Angleterre au profit unique du libraire
Jeffs. Le théâtre anglais
françaises que la librairie anglaise pour les livres français. Aucun droit
en Angleterre.
Ce
de Londres reprochait aux proscrits
Cette presse a souvent appelé celui qui écrit ces lignes,
Elle
Ces détails font partie de
=== XII ===
Ligne 944 :
vie pour lui et pour les siens. Tout est bien.
Y a-t-il du mérite à être proscrit ? Non. Cela revient à demander : Y
a-t-il du mérite à être honnête homme ? Un proscrit est un honnête
homme qui persiste dans
Il y a telle époque où cette persistance est rare. Soit. Cette rareté
ôte quelque chose à
êtes pur parce que vous êtes pur.
blanche.
Un représentant proscrit pour le peuple fait un acte de probité. Il a
promis, il tient sa promesse. Il la tient au delà même de la promesse,
comme doit faire tout homme scrupuleux.
impératif est inutile ; le mandat impératif a le tort de mettre un mot
dégradant sur une chose noble, qui est
outre, il omet
nécessaire à accomplir, impossible à imposer.
la main de
mandataire se donnent mutuellement parole, le mandataire de défendre
le mandant, le mandant de soutenir le mandataire, deux droits et deux
forces mêlés, telle est la vérité. Cela étant, le représentant
doit faire son devoir, et le peuple le sien.
conscience acquittée des deux côtés. Mais quoi, se dévouer
peut dire du représentant proscrit,
qualité de la chose promise. Un mandat est un contrat. Il
gloire à ne point vendre à faux poids.
Le représentant honnête homme exécute le contrat. Il doit aller, et il
va,
précipice. Soit. Il y tombe. Parfaitement.
Y meurt-il ? Non, il y vit.
=== XIII ===
Ligne 983 :
Résumons-nous.
Ce genre
d’aspects.
Quatre-Septembre,
de son absence par la publication de ce livre. Cette absence a duré
dix-neuf ans et neuf mois.
Il a essayé de ne pas être inutile. La seule belle chose de cette
absence,
les naufrages ont demandé secours à ce naufragé. Non seulement les
individus, mais les peuples ; non seulement les peuples, mais les
consciences ; non seulement les consciences, mais les vérités. Il lui a
été donné de tendre la main du haut de son écueil à
dans le gouffre ; il lui semblait par moments que
tâchait
effort vivant. En présence de toutes les mauvaises forces conjurées et
triomphantes,
Rien, si elle représente
La plus inexpugnable des positions résulte du plus profond des
écroulements ; il suffit que
insistons-y, si cet homme a raison, il est bon
ruiné, spolié, expatrié, bafoué, insulté, renié, calomnié et
résume en lui toutes les formes de la défaite et de la faiblesse ;
alors il est tout-puissant. Il est indomptable ayant en lui la
droiture ; il est invincible ayant pour lui la réalité. Quelle force
que ceci :
soi,
prouve
tombé pour la justice. En face de
juges ;
chute de ce qui a été la prospérité fait
pouvoir et votre richesse sont souvent votre obstacle ; quand cela vous
quitte, vous êtes débarrassé, et vous vous sentez libre et maître ;
rien ne vous gêne désormais ; en vous retirant tout on vous a tout
donné ; tout est permis à qui tout est défendu ; vous
contraint
aisance du vrai, sauvagement superbe. La puissance du proscrit se
compose de deux éléments ;
destinée,
contradictoires
qui peut se résumer en deux mots :
Hors la loi, dans le droit.
Le tyran qui vous attaque rencontre pour premier adversaire sa propre
iniquité,
conscience,
Combat, certes, inégal. Défaite certaine du tyran. Allez devant vous,
Ligne 1 039 :
Ce sont ces réalités que, dans les premières pages de cette
introduction, nous avons essayé
=== XIV ===
content et triste ; content de lui-même, triste
sentir honnête, triste du crime à extension indéfinie qui
âme gagnait la conscience publique et avait fini par
satisfaction des intérêts. Il était indigné et accablé de ce malheur
national
sont misères. Une prospérité qui est la dorure
couve une calamité.
Il pressentait
sont sourds les heureux. Les catastrophes sont arrivées, ayant en
elles la double force
Bismarck,
tombé et la France se relèvera. Dix milliards et deux provinces,
notre rançon.
attendant, soyons calmes ;
La situation actuelle est bonne. Mieux vaut la France mutilée par une
voie de fait
plaie à un virus. On guérit de la plaie, on meurt de la peste. La
France eût agonisé par
rien en lui que de sain et de robuste, à présent que le 18 brumaire et
le 2 décembre sont recrachés.
Dans la solitude où il méditait
public, et en même temps la joie altière de se sentir proscrit.
était pour cet homme une joie, parce
bulle dit de Luther excommunié, mais indompté
sicut Satanas coram Jehovah . La comparaison est juste, et le proscrit
qui parle ici le reconnaît. Par-dessus le silence fait en France,
Ligne 1 086 :
bûcher, et Dieu contre le prêtre. De là ce long cri qui remplit ce
livre. De toutes parts, nous venons de le dire et dans ce livre on le
verra, les détresses
devant aucun devoir. Les opprimés voyaient en lui
du crime universel. Il suffit, pour accepter cette mission,
âme, et, pour remplir cette fonction,
et une voix libre, il a été cela. Il entendait des appels à
et du fond de son isolement il y répondait.
Toutes les persécutions des maîtres se déchaînaient sur lui, et il y
avait, et il y a encore, sur son nom une inexprimable condensation
de haine ; mais
moins eu le fier bonheur
lui solitaire à toutes les multitudes, lui désarmé à toutes les
légions, lui rêveur à tous les meurtriers, lui banni à tous les
despotes, lui atome à tous les colosses,
seule force, un rayon de lumière.
Cette lumière,
Il remercie Dieu. Pendant tout le temps
quarante ans pour devenir un front de soixante ans, il a vécu de cette
vie hautaine. Il a été
abandonné de tous et
du désert ;
peuples. Pendant que les oppresseurs travaillaient au mal sous la
fixité de son regard, il a tâché de travailler au bien. Il a laissé
tous les tyrans manier toutes les foudres au-dessus de sa tête,
écueil, il a rêvé, médité, songé, tranquille sous une nuée de colère
et de menaces ; et il se déclare satisfait ; car de quoi peut-on se
plaindre quand on a eu vingt ans auprès de soi et avec soi, la
justice, la raison, la conscience, la vérité, le droit, et la mer aux
bruits immenses ?
Et dans toute cette ombre il a été aimé. La haine
sur lui ; un sombre amour rayonnait
la profonde chaleur du peuple doux et triste,
aimé de loin et de près. Il a eu autour de lui
combattants indignés et souriants ; cet illustre Vacquerie, cet
admirable Paul Meurice, ce stoïque Schoelcher, et Ribeyrolles, et
Dulac, et Kesler, ces vaillants hommes, et toi, mon Charles, et toi,
mon Victor....-Je
=== XV ===
Il ne finira pas ces pages, pourtant, sans dire que, durant cette
longue nuit faite par
instant.
Il le constate, et, lui qui a été si longtemps
de
Paris ne
l’avenir.
Frontière visible de
être entrevue dans
Qui cherche des yeux le Progrès, aperçoit Paris.
Il y a des villes noires ; Paris est la ville de lumière.
Le philosophe la distingue au fond de ses songes.
Ligne 1 152 :
=== XVI ===
Voir vivre cette ville, assister à cette grandeur,
perspective
hasards quelconques de la vie, ont quitté la vision de Paris pour la
vision de
hausse
nuit, les quatre ouragans qui alternent à jamais, les bises, les
bourrasques, les rafales,
jumelles, et ne dispersent pas
aux tocsins, et la haute colonnade roulée autour du dôme souverain ;
et, derrière les derniers lointains de
bouleversement des écumes et des navires, au milieu des rayons, des
nuées et des souffles,
de la cité immobile. Auguste apparition au banni. Paris, étant une
idée autant
le monde
respirable. Quiconque vit, même sans le connaître,
forte raison ceux qui
se complique de ce souvenir, égal aux tempêtes. Quelque orage que
fasse la mer, Paris a 93.
semblent surgir parmi les flots, la ville se recomposée dans toute
cette onde, et ce tremblement infini
Koules on croit entendre bruire la fourmilière des rues. Charme
farouche. On regarde la mer et on voit Paris. Les grandes paix que
comportent ces espaces ne contrarient pas ce songe. Les vastes oublis
qui vous environnent
un calme qui admet ce trouble ;
passer la lueur qui vient de derrière
y pense, donc on le possède. Il se mêle, indistinct, aux diffusions
muettes de la méditation.
suffit pas à dissoudre au fond
cité suprême. Ces monuments, cette histoire, ce peuple en travail,
ces femmes qui sont des déesses, ces enfants qui sont des héros,
ces révolutions commençant par la colère et finissant par le
chef-
tout cela est présent à
demeure ineffaçable et insubmersible, même pour
éternelle, et qui a dans
Novembre 1875.
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