« Les Quatre Vents de l’esprit/Le Livre satirique/Éclipse » : différence entre les versions

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{{TitrePoeme|[[Les Quatre Vents de l’esprit]]|Victor Hugo|EclipseÉclipse}}
 
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laLa terre par moments doute ; on ne comprend plus.
L' homme a devant les yeux de la brume, un reflux,
onOn ne sait quoi de pâle et de crépusculaire ;
onOn n' a plus d' allégresse, on n' a plus de colère ;
laLa disparition produit l' effarement.
L' oeilœil fauve du hibou regarde affreusement.
Toutes sortes d' éclairs inexplicables brillent.
L' autel penche, et les vers du sépulcre y fourmillent.
Tout se mêle ; Irmensul ressemble à Jéhovah ;
leLe sage stupéfait balbutie et s' en va ;
leLe mal semble identique au bien dans la pénombre ;
onOn ne voit que le pied de l' échelle du Nombre
etEt l' on n' ose monter vers l' obscur infini.
Dodone vaguement parle à Gethsémani,
lL' OetaŒta fume non loin du Sinaï qui tonne ;
onOn fouille, on rêve, on nie, on querelle, on s' étonne ;
desDes aveugles entr' eux se montrent le chemin ;
leLe divin ciel a tort devant l' esprit humain ;
leLe penseur est croyant, le savant est athée ;
laLa conscience écoute, essaye, et, déroutée,
prendPrend le faux pour le vrai dans ces tâtonnements.
Où l' un voit des védas, l' autre voit des romans.
Les choses qu' on nommait vertus perdent leurs formes.
Les monstruosités font des ombres énormes
jusqueJusque sur l' âme humaine et sur le firmament.
Plus d' honneur, plus de foi, plus rien, plus de serment.
On voit encor la cime, on ne voit plus le phare.
Une lueur de torche empourpre la tiare.
On cherche à voir, on rôde, on va, le cou tendu.
L' amour au fond des coeurscœurs bat de l' aile éperdu
commeComme s' il n' était plus en sûreté dans l' homme.
La route est noire ; on crie, on s' appelle, on se nomme.
Qui donc est là ? Parlez. On tâte son voisin.
La foule éparse flotte avec un bruit d' essaim ;
onOn se touche, on se voit, mais on n' est plus ensemble.
Le mal est empereur, la nuit est reine. On tremble.
Un trône d' ombre est là. Les misérables font
desDes groupes effrayants dans l' abîme profond ;
onOn croit voir des glaçons que les gouffres charrient ;
toutTout est confus et blême ; et les ténèbres rient.
Le fond du ciel est trouble, horrible et pluvieux ;
etEt le petit enfant qui passe paraît vieux.
Il semble que la vie éternelle décroisse.
 
L' âme alors est sinistre, et voit avec angoisse
cesCes occultations redoutables de Dieu.
 
Naît-on ? Meurt-on ? Quel est le temps ? Quel est le lieu ?
Les peuples sont hagards ; ces brins d' herbe frissonnent ;
onOn entend des tocsins et des clairons qui sonnent ;
leLe vent est lourd, l' espace est froid, le globe est nu ;
leLe démon souriant dit : jeJe suis méconnu.
 
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