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==L’EXPROPRIATION==
===I===
On raconte
la Révolution, inventa la farce suivante : -
disait-il, que ma fortune soit acquise aux dépens des autres
Mais, partagée entre tant de millions
à chacun son écu,
Cela dit et dûment publié, notre millionnaire se promenait tranquillement
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trésors.
les fortes têtes de la bourgeoisie,
?
tas, et chacun va en prendre un, quitte à se battre pour le meilleur
!
pas de mettre les paletots dans le tas pour les
encore ceux qui grelottent
non plus de partager les écus de Rothschild.
en sorte que chaque être humain venant au monde soit assuré,
de pouvoir faire ce travail sans en demander la permission au propriétaire
et au patron et sans payer aux accapareurs de la terre et des machines la part
du lion sur tout ce
Quant aux richesses de toute nature détenues par les Rothschild on les
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Le jour où le travailleur des champs pourra labourer la terre sans payer
la moitié de ce
pour préparer le sol aux grandes récoltes seront, en profusion,
à la libre disposition des cultivateurs ; le jour où
de
Personne
représentant
-
empêcher
salariés,
-
la fois. Ou bien, allez-vous établir des douanes à vos frontières
pour fouiller les arrivants et saisir
anarchistes tirant sur les passants, voilà qui sera joli à voir
Eh bien, au fond de ce raisonnement il y a une grosse erreur.
peu de réflexion suffirait pour montrer que
est la misère des pauvres.
Là où il
de riches pour les exploiter.
Voyez un peu le Moyen
surgir.
Un baron féodal a fait main basse sur une fertile vallée. Mais
tant que cette campagne
du tout. Sa terre ne lui rapporte rien : autant vaudrait posséder des
biens dans la lune. Que va faire notre baron pour
des paysans.
Cependant, si chaque agriculteur avait un lopin de terre libre de toute redevance ;
le labour, qui donc irait défricher les terres du baron ? Chacun resterait
chez soi. Mais il y a des populations entières de misérables.
Les uns ont été ruinés par les guerres, les sécheresses,
les pestes ; ils
au Moyen
Tous les misérables cherchent de meilleures conditions. ils voient un
jour sur la route, sur la limite des terres de notre baron, un poteau indiquant
par certains signes compréhensibles, que le laboureur qui viendra
sur ces terres recevra avec le sol des instruments et des matériaux pour
bâtir sa chaumière, ensemencer son champ, sans payer de redevances
pendant un certain nombre
par autant de croix sur le poteau-frontière, et le paysan comprend ce
que signifient ces croix.
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des routes, dessèchent les marais, créent des villages. Dans neuf
ans le baron leur imposera un bail, il prélèvera des redevances
cinq ans plus tard,
conditions, parce que, autre part, il
peu à peu, avec
du paysan devient la source de la richesse du seigneur, et non seulement du
seigneur, mais de toute une nuée
et se multiplient
Cela se passait ainsi au Moyen
même chose?
à son gré, irait-il payer mille francs
le Vicomte, qui veut bien lui en vendre un lopin ? Irait-il payer un bail onéreux,
qui lui prend le tiers de ce
pour donner la moitié de sa moisson au propriétaire ?
Mais il
vivre en cultivant le sol et il enrichira le seigneur.
En plein
du paysan qui fait la richesse des propriétaires fonciers.
===II===
Le propriétaire du sol
en est de même pour
Voilà un bourgeois qui,
posséder un magot de cinq cent mille francs. Il peut certainement dépenser
son argent à raison de cinquante mille francs par an, - très peu
de chose, au fond, avec le luxe fantaisiste, insensé, que nous voyons
de nos jours. Mais alors, il
se faire de plus un joli petit revenu annuel.
parce que nos villes et nos villages grouillent de travailleurs qui
de quoi vivre un mois, ni même une quinzaine. Notre bourgeois monte une
usine : les banquiers
francs, surtout
million, il pourra faire travailler cinq cents ouvriers.
fût garantie, qui donc irait travailler chez notre bourgeois ? Personne
ne consentirait à lui fabriquer pour un salaire de trois francs par jour,
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Malheureusement, - nous ne le savons que trop, les quartiers pauvres de la
ville et les villages voisins sont remplis de gens dont les enfants dansent
devant le buffet vide. Aussi,
travailleurs accourent pour
déjà venu mille. Et dès que
-
paire
Notre patron se fera ainsi un joli revenu. Et
lucrative,
ses rentes en doublant le nombre des hommes
Alors il deviendra un notable dans son pays. Il pourra payer des déjeuners
à
Il pourra marier sa fortune à une autre fortune et, plus tard, placer
avantageusement ses enfants, puis obtenir quelque concession de
demandera une fourniture pour
et il arrondira toujours son magot,
un simple bruit de guerre, ou une spéculation ; et la Bourse lui permette
de faire un gros coup.
Les neuf dixièmes des fortunes colossales des
quelque grande coquinerie faite avec le concours de
dixièmes des fortunes dans nos monarchies et nos républiques ont
la même origine il
Toute la science des Richesses est là trouver des va-nu-pieds, les payer
trois francs et leur en faire produire dix. Amasser ainsi une fortune.
ensuite par quelque grand coup avec le secours de
Faut-il encore parler des petites fortunes attribuées par les économistes
à
ne
employés à exploiter les meurt-de-faim.
Voici un cordonnier. Admettons que son travail soit bien payé,
ait une bonne clientèle et
à mettre de côté deux francs par jour, cinquante francs
par mois !
Admettons que notre cordonnier ne soit jamais malade ;
sa faim, malgré sa rage pour
ou
ce que vous voudrez !
Eh bien, à
quinze mille francs ; et il
les fortunes.
Mais voici un autre cordonnier. Dès
côté, il les portera soigneusement à la caisse
et celle-ci les prêtera au bourgeois qui est en train de monter une exploitation
de va-nu-pieds. Puis, il prendra
qui
et parvient à gagner sa vie.
clientèle, il
élève. Plus tard, il aura deux ou trois ouvriers, - des misérables,
heureux de toucher trois francs par jour pour un travail qui en vaut six. Et
si notre cordonnier
ses ouvriers et ses apprentis lui rapporteront une vingtaine de francs par jour
en plus de son propre travail. il pourra agrandir son entreprise, il
peu à peu et
Il laissera à son fils un petit magot.
Voilà ce
de sobriété
Le commerce semble faire exception à la règle.
dira-t-on, achète du thé en Chine,
un bénéfice de trente pour cent sur son argent. Il
personne.
Et cependant, le cas est analogue. Si notre homme avait transporté le
thé sur son dos, à la bonne heure ! jadis, aux origines du Moyen
Age,
commerce. Aussi ne parvenait-on
de nos jours : à peine si le marchand
quelques écus après un voyage pénible et dangereux.
moins la soif du gain que le goût des voyages et des aventures qui le
poussait à faire le commerce.
un capital
à un commissionnaire
affrète un navire ; et en quelques semaines, en trois mois, si
un voilier, - le navire lui aura porté sa cargaison. Il ne court même
pas les risques de la traversée, puisque son thé et son navire
sont assurés. Et
touchera cent trente, - à moins
quelque marchandise nouvelle, auquel cas il risque, soit de doubler sa fortune,
soit de la perdre entièrement.
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à faire la traversée, aller en Chine et en revenir, travailler
dur, supporter des fatigues, risquer leur vie pour un maigre salaire ? Comment
a-t-il pu trouver dans les docks des chargeurs et des déchargeurs,
payait juste de quoi ne pas les laisser mourir de faim pendant
visitez les cafés sur la plage, observez ces hommes qui viennent se faire
embaucher, se battant aux portes des docks
marins, heureux
des semaines et des mois
navire en navire et
périssent un jour dans les flots.
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Multipliez les exemples, choisissez-les où bon vous semblera ; méditez
sur
du commerce, de la banque, de
que la richesse des uns est faite de la misère des autres. Une société
anarchiste
à coup
sait
tous les plaisirs que procure la civilisation, aux jouissances profondes que
la Science et
force de travail pour une maigre pitance ; personne ne
le Rothschild en question. Ses écus seront des pièces de métal,
utiles pour divers usages, mais incapables de faire des petits.
En répondant à
en même temps déterminé les limites de
- banquier, industriel,
La formule est simple et compréhensible.
Nous ne voulons pas dépouiller chacun de son paletot ; mais nous voulons
rendre aux travailleurs
les exploiter : et nous ferons tous nos efforts pour que, personne ne manquant
de rien, il
vendre ses bras pour exister, lui et ses enfants.
Voilà comment nous entendons
la Révolution, dont nous espérons
deux cents ans
===III===
particulier trouvent beaucoup plus de sympathies
hommes indépendants de caractère et ceux pour lesquels
amis, " gardez-vous
pas en un jour, ne marchez pas trop vite dans vos projets
Eh bien, ce que nous craignons, en fait
sur une échelle trop petite pour être durable que
tout en produisant un bouleversement formidable dans la société
et un arrêt de ses fonctions, ne seraient cependant pas viables, sèmeraient
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Il y a, en effet, dans nos sociétés, des rapports établis
en partie. Les divers rouages de notre organisation économique sont si
intimement liés entre eux
dans leur ensemble ; on
que ce soit.
Supposons, en effet, que dans une région quelconque il se fasse une
expropriation limitée :
les grands seigneurs fonciers, sans toucher aux usines, comme le demandait naguère
Henry Georges ; que dans telle ville on exproprie les maisons, sans mettre en
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Le résultat sera toujours le même. Bouleversement immense de la
vie économique, sans les moyens de réorganiser cette vie économique
sur des bases nouvelles. Arrêt de
sans le retour aux principes de justice ; impossibilité pour la société
de reconstituer un tout harmonique.
Si
du banquier - il
non seulement
mais il pâtit de
de
payer trois francs une bêche ne valant - comparée au travail de
qui ne peut exister sans une formidable hiérarchie de fonctionnaires ; des frais
industriels de toutes les nations sont en lutte perpétuelle pour les
marchés, et que chaque jour, la guerre peut éclater à la
suite
ou de
dont la jeunesse est entraînée vers les manufactures des grandes
villes, soit par
temporairement par les producteurs des objets de luxe, soit par les agréments
de
de la difficulté
etc. Bref,
des conditions de nos sociétés basées sur
la terre et de la faire valoir sans payer de rentes à personne,
- lors même
pas encore prouvé, retomberait bientôt dans le marasme où
elle se trouve
difficultés en plus.
De même pour
faites ce que
du sol. Supprimez le patron, mais laissez la terre au seigneur,
banquier, la Bourse au commerçant ; conservez dans la société
cette masse
intermédiaires,
ne marchera pas. Ne trouvant pas
pauvres ; ne possédant pas la matière première et ne pouvant
exporter ses produits, en partie à cause de
et surtout par
pourra que végéter, en abandonnant les ouvriers sur le pavé,
et ces bataillons
au premier intrigant venu, ou même à retourner vers
pourvu
Ou bien, enfin, expropriez les seigneurs de la terre et rendez
travailleurs, mais sans toucher à ces nuées
qui spéculent
viande et les épices dans les grands centres, en même temps
écoulent les produits de nos manufactures. Eh bien, lorsque
de pain et que Lyon ne trouvera pas
reviendra terrible, marchant sur les cadavres, promenant la mitrailleuse dans
les villes et les campagnes, faisant des orgies
comme elle
Tout se tient dans nos sociétés, et il est impossible de réformer
quoi que ce soit sans ébranler
Du jour où
une de ses formes, - foncière ou industrielle, - on sera forcé
de la frapper sous toutes les autres. Le succès même de la Révolution
l’imposera.
partielle. Une fois que le
sera ébranlé, les théoriciens
soit détruite, ici par les serfs de la glèbe, et là par
les serfs de
Si une grande ville - Paris, par exemple, - met seulement la main sur les maisons
ou sur les usines, elle sera amenée par la force même des choses
à ne plus reconnaître aux banquiers le droit de prélever
sur la Commune cinquante millions
pour des prêts antérieurs. Elle sera obligée de se mettre
en rapport avec des cultivateurs, et forcément elle les poussera à
faudra exproprier les chemins de fer ; enfin, pour éviter le gaspillage
des denrées, pour ne pas rester, comme la Commune de 1793, à la
merci des accapareurs de blé, elle remettra aux citoyens mêmes
le soin
les produits.
Cependant quelques socialistes ont encore cherché à établir
une distinction. -
- nous le voulons bien
et il serait juste
a, outre cela, les objets de consommation : la nourriture, le vêtement,
Le bons sens populaire a eu raison de cette distinction subtile. En effet,
nous ne sommes pas des sauvages pour vivre dans la forêt sous un abri
de branches. Il faut une chambre, une maison, un lit,
Le lit, la chambre, la maison sont des lieux de fainéantise pour celui
qui ne produit rien. Mais pour le travailleur, une chambre chauffée et
éclairée est aussi bien un instrument de production que la machine
ou
de la machine.
dont nous parlons ne se sont jamais avisés de dire que le charbon brûlé
dans une machine ne doive pas être rangé parmi les objets aussi
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de toile, de cotonnade et de laine dont le producteur ne peut se passer pour
produire. La blouse et les souliers, sans lesquels un travailleur serait gêné
de se rendre à son travail ; la veste
finie ; sa casquette, lui sont aussi nécessaires que le marteau et
la révolution. Dès
il cherchera avant tout à
suffisante et le vêtement, sans payer tribut.
Et le peuple aura raison. Sa manière
à la
entre
que
commencer, et il jettera les fondements de la seule science économique
qui puisse réclamer le titre de science et
de les satisfaire''.
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