« Une Académie de province au XVIIIe siècle - l’Académie de Lyon » : différence entre les versions

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Déjà nous avons fait voir, par un grand nombre de témoignages, de faits et d’exemples, l’importance des académies de province au XVIIIe siècle <ref> Voyez la ''Revue'' du 1er janvier.</ref>. Émanées pour ainsi dire de l’Académie française ou de l’Académie des sciences, elles gardent des liens multiples avec l’académie mère. Quelques-unes même n’ont pas seulement avec elle des rapports de déférence, de respectueuse confraternité ou d’une sorte de piété filiale, mais de véritables pactes d’affiliation ou d’alliance et même de complète incorporation, comme on l’a vu pour la société de Montpellier. Ces pactes sont des titres d’honneur inscrits dans leurs lettres patentes, dans les actes officiels de leur fondation. La plupart des académiciens de Paris se montrent flattés d’appartenir en même temps à des académies de province; ils ne dédaignent pas de venir y siéger et même, nous en avons cité plus d’un exemple, de prendre part à leurs travaux. A l’imitation du modèle sur lequel elles tournent sans cesse les yeux pour se régler, les académies provinciales sont animées du plus vif amour des lettres et des sciences, de l’esprit du siècle dans ce qu’il a de meilleur, et elles travaillent, non sans succès, à le répandre autour d’elles dans tout leur diocèse académique. Ce sont comme autant de foyers secondaires qui reçoivent et renvoient la lumière du grand foyer des académies de Paris.
 
Mais pour mieux faire apprécier leur rôle et leur influence, la part qu’elles ont eue au mouvement des esprits, au progrès des sciences et des lettres, il est bon d’exposer plus en détail l’histoire d’une
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d’entre elles, que nous choisirons parmi les plus considérables, et de faire un tableau plus complet de sa vie intérieure, de ses sentimens, de ses travaux, de ses relations au dehors. L’académie de Lyon est celle que nous prendrons pour exemple; non pas que d’autres académies, comme celles de Bordeaux, de Marseille ou de Montpellier, ne pussent donner lieu à quelque étude également intéressante, mais parce que, membre de celle de Lyon depuis bien des années, nous la connaissons mieux que les autres.
 
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Il faut suivre dans les lettres de Brossette à Boileau les commencemens de la compagnie. Comme l’Académie française, comme la plupart des autres académies, elle a pris naissance dans la libre et familière réunion de quelques amis des lettres. Ces premiers académiciens, ces pères de l’académie de Lyon, n’étaient qu’au nombre de sept; mais tous ont mérité que la postérité n’oubliât pas leurs noms <ref> Nous avons consulté, outre les lettres de Brossette, ''l’Histoire littéraire de la ville de Lyon'' par le père Colonia, ''les Lyonnais dignes de mémoire'' par l’abbé Pernetti, la ''Correspondance de Brossette'' et surtout l’''Histoire de l’Académie de Lyon'' par M. Dumas, 2 vol. in-8°, 1840. </ref>. C’est d’abord Brossette, le premier secrétaire de la
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société naissante, et dont le nom ne se sépare pas de celui de Boileau. Le premier lieu de leurs réunions fut le riche cabinet de Falconnet, au milieu de volumes non moins nombreux, selon Brossette, que bien choisis. Falconnet, que personne, dit encore Brossette, n’égale en science, en livres et en mérite, a été, avec Fontenelle et Mairan, un des derniers, comme aussi des plus habiles défenseurs de la physique de Descartes. C’est lui qui a publié, en y ajoutant une préface, la ''Théorie des tourbillons cartésiens'' de Fontenelle. Mars bientôt l’Académie des inscriptions et belles-lettres devait l’enlever à la ville de Lyon. Ce fut une perte qui dut être vivement sentie par ses anciens confrères, comme on en peut juger, non-seulement d’après Brossette, mais d’après l’éloge qu’en fait Grimm dans sa correspondance : « Homme charmant qui, à l’âge de quatre-vingts ans, a le feu, la force, les agrémens, la gaîté, les grâces de la jeunesse. Ce vieillard, unique en son genre, joint à une érudition fort vaste les vertus et les qualités les plus respectables. Il est regardé par les gens de lettres comme un père. » A côté de Falconnet, nous trouvons un autre cartésien, non moins habile, Villemot, curé de la Guillotière, auteur d’une ''Nouvelle explication des planètes'' qui, d’après l’''Encyclopédie'', serait le meilleur ouvrage en faveur de Descartes" <ref> Article ''Cartésianisme''.</ref>.
 
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Le second jésuite, le père Fellon, était un poète latin, comme il y
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en avait tant alors, surtout dans son ordre; mais tous n’ont pas eu l’honneur d’être loués par Boileau, qui fait un grand éloge de deux de ses poèmes, l’un sur le café et l’autre sur l’aimant.
 
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Quoique la fable de Puget, citée tout entière par Brossette dans
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une lettre à Boileau du 21 décembre 1706, soit loin d’égaler elle du grand fabuliste, elle n’est pas sans quelque mérite; c’est déjà une assez grand honneur que d’avoir eu La Fontaine pour imitateur, et de lui avoir inspiré cette charmante fable. Boileau, en parlant de Puget dont il loue à la fois les vers, les Mémoires et les machines, écrit à Brossette : « J’admire combien vous êtes d’hommes merveilleux à Lyon. » Les lettres et les éloges de Boileau doivent sauver aussi de l’oubli deux autres académiciens de la même époque, les deux Dugas, le père et le fils, qui tous deux, présidens de la cour des monnaies, ont allié aux plus hautes fonctions de la magistrature le goût et la culture des lettres.
 
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Si les lettres de Boileau sont flatteuses pour l’académie, elles ne le sont pas moins pour la ville de Lyon, qu’il l’appelle, par allusion à une rente viagère sur son hôtel de ville, la mère nourrice de ses muses naissantes. Nous savons, par Cizeron Rival, que cette rente était de 1,500 francs pour un capital de 12,000 ou de 13,000 francs, le tiers à peu près du patrimoine de Boileau, placé à fonds perdus <ref> ''Mémoire historique sur la vie et les ouvrages de Brossette'', par Cizeron Rival.</ref>. Lyon devait se montrer aussi une bonne mère pour ces mêmes muses dans leur vieillesse. Sans plus de scrupule que l’hôtel de ville de Paris, ou que l’état lui-même, l’hôtel de ville de Lyon s’avisa un jour de diminuer sa dette en retranchant à ses rentiers un
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quart de leurs rentes. On se rappelle comment Boileau lui-même s’est plu à décrire, dans sa deuxième satire, la figure d’un rentier triste victime d’un pareil retranchement :
 
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Cependant l’académie, que nous avons vu prendre naissance dans cette petite société d’amis, se réunissant une fois par semaine dans le
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cabinet de Falconnet, a grandi et s’est développée. Elle a maintenant des lettres patentes, des statuts approuvés, un lieu officiel pour ses réunions, d’abord à l’archevêché, puis à l’hôtel de ville. Elle ne sera mise en possession de la belle salle du palais Saint-Pierre, où elle tient actuellement ses séances, qu’en 1828. Au lieu de sept membres, elle en eut bientôt vingt-cinq, puis en 1758, le nombre consacré de quarante, lors de sa réunion avec la Société des beaux-arts, A partir de cette réunion, elle prend le nom qu’elle porte aujourd’hui, d’Académie des sciences, belles-lettres et arts. La voilà devenue une institution publique ayant une grande place dans la cité et désormais liée à son histoire.
 
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Le plus célèbre de ces jésuites académiciens est le père Colonia, érudit et archéologue, auteur de l’''Histoire littéraire de Lyon''. Après
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le célèbre père Menestrier qui, au XVIIe siècle, a publié une savante histoire de la ville de Lyon, le père Colonia est un de ceux qui ont jeté le plus de lumière sur l’histoire d’un pays si riche en antiquités et ou se sont successivement amoncelés tant de précieux restes de la domination impériale, du christianisme naissant et du moyen âge, où ont été recueillies toutes ces inscriptions qu’on voit réunies, avec les tables claudiennes, dans le magnifique musée lapidaire de Lyon. Aussi, depuis Spon et le père Menestrier jusqu’au père Colonia, depuis le père Colonia jusqu’à François Artaud, qui est de la fin du XVIIIe et du commencement du XIXe siècle, depuis Artaud jusqu’à nos jours, l’archéologie a toujours été en honneur à Lyon. Lyon souterrain, tel est le titre du grand ouvrage de François Artaud sur les antiquités lyonnaises. Il y a en effet un ''Lyon souterrain'', comme il y a une Rome souterraine, qui tous deux ont eu également d’habiles et de savans explorateurs.
 
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Voyageur intrépide, savant naturaliste, Patrin mérite une place à côté de Poivre. Pendant huit ans, à travers tous les dangers, il a exploré les montagnes de l’Asie boréale jusqu’au-delà du méridien de Pékin, Nommé membre de la convention, il résista avec non moins
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de danger et de courage aux violences de la Montagne. Il est mort dans les premières années du XIXe siècle, membre de l’académie de Saint-Pétersbourg et correspondant de l’Institut. Un autre membre de l’académie, Gabriel Jars, mort, comme Patrin, correspondant de l’Institut, au commencement du siècle, s’est fait un nom dans la science par ses explorations, en Suède et en Norvège et par ses travaux métallurgiques.
 
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Parlons d’abord des poètes. Il y en avait beaucoup au XVIIIe siècle, surtout dans les académies. Quel académicien ne se croyait pas obligé d’être un peu poète? Magistrats, médecins, jésuites, physiciens, et même mathématiciens, tournaient des vers, les uns en français, les autres en latin; presque tout le monde faisait des distiques ou des quatrains. Sourions un peu, je le veux bien, mais ne soyons pas trop sévères pour cette innocente manie des académiciens nos aïeux; parmi tant de petits vers, s’il en est qui sont fades et médiocres, d’autres, en bon nombre, sont jolis, ingénieux, bien tournés, et faisaient sans doute une diversion agréable au milieu de matières arides, entre de graves lectures ou de savans mémoires. L’esprit un peu maniéré, le bel esprit lui-même n’est-il pas préférable aux goûts moins délicats, à l’indifférence aux choses de l’esprit dont il semble que la mode ait succédé dans bien des sociétés ou
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des salons d’aujourd’hui? Mais, s’il y a eu partout, au XVIIIe siècle, beaucoup de poètes plus ou moins oubliés, l’académie de Lyon en a possédé un certain nombre dont le nom n’est pas tout à fait perdu dans l’histoire des lettres.
 
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Les artistes n’ont été ni moins nombreux ni moins célèbres que les savans, les littérateurs et les poètes. Si nous ne mettons pas au premier rang les Stella, les Coysevox, les Coustou, toutes ces grandes
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familles d’artistes dont Lyon fut le berceau, c’est que les uns ont vécu au XVIIe siècle et que les autres l’ont de bonne heure quitté pour la capitale. Néanmoins l’académie du XVIIIe siècle peut encore se vanter d’avoir eu parmi ses membres des artistes en tout genre, architectes, peintres, sculpteurs, de grande renommée. La patrie de Philibert Delorme et l’académie ont aussi le droit de revendiquer Soufflet. Soufflot a passé plus de vingt années à Lyon, il était associé de l’académie et il a lu devant elle plusieurs mémoires où il exposait les plans et les dessins de grands monumens qu’il faisait construire, l’église de Sainte-Geneviève à Paris, l’Hôtel-Dieu à Lyon.
 
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Il n’est pas possible de séparer les sciences et les lettres en retraçant le rôle académique d’illustres familles lyonnaises dont les membres, se succédant de père en fils dans l’académie, les ont cultivées à la fois avec le même goût et se sont transmis, les uns aux autres, ce double héritage, plus précieux pour elles que les honneurs et les dignités. Tels furent les Dugas, dont nous avons déjà parlé, tels furent les Mathon de La Cour et surtout les de Fleurieu. Pendant près d’un siècle, les de Fleurieu sont l’ornement de l’académie et contribuent à étendre sa renommée au dehors. Ils entretiennent au loin des relations avec tous les plus savans hommes de l’Europe; ils sont les correspondans, les hôtes, les amis de Voltaire et de Rousseau. Leurs salons ouverts à tous les gens de lettres rivalisent avec les salons littéraires de Paris. Ils fondent des prix nouveaux ou ils augmentent la valeur des prix anciens ; ils attirent de loin les concurrens par leurs encouragemens et leurs largesses. Parcourez les lettres de Voltaire, que de grâces, de prévenances, d’amabilités de toute sorte pour cette famille des de Fleurieu ! Le père, président de la
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cour des monnaies, trois fois prévôt des marchands, a été secrétaire perpétuel de la classe des lettres, et son fils aîné, Antoine de La Tourrette, a été secrétaire de la classe des sciences jusqu’en 1798.
 
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Les Mathon de La Cour ne sont pas moins dignes de mémoire et d’éloge que les de Fleurieu. Le père, Jacques Mathon de La Cour, à
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la fois mathématicien, philosophe et philologue, partagea l’accessit avec Euler dans un concours de l’académie de Berlin, où le prix était décerné à Bernouilli. L’académie, à cette seconde période de son existence, avait cessé d’être cartésienne; Mathon de La Cour travaillait à répandre le système de Newton et non plus, comme Puget, à défendre les hypothèses de Descartes. En même temps que de mathématiques, il s’occupait de grammaire générale, étudiant les rapports des langues les unes avec les autres, et avec l’esprit humain. Son fils, Joseph de La Cour, est l’auteur d’un mémoire sur la législation de Lycurgue couronné par l’Académie des inscriptions et belles-lettres, et de divers écrits sur les beaux-arts, sur diverses questions d’utilité et de bienfaisance publiques. A l’imitation de l’Athénée de Paris, il fonda à Lyon des cours publics pour les sciences et les lettres; il aidait de ses conseils et de sa bourse les jeunes gens qui montraient des dispositions pour le dessin. La plus grande partie de son temps et de sa fortune fut consacrée à des institutions philanthropiques qui étaient l’application de ses théories sur l’assistance publique et qui témoignaient de la générosité de ses sentimens. Après le siège, cet ami de la philosophie et des lettres, ce bienfaiteur du peuple, périt sur l’échafaud; ce fut une des plus nobles victimes dont l’académie de Lyon paya le sanglant tribut à la terreur.
 
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Non-seulement le consulat honorait et dotait l’académie dont il se faisait gloire, mais il prenait son avis sur un certain nombre de questions; il lui avait même conféré une sorte de juridiction et d’autorité dans les questions d’art et de goût. En effet, un acte consulaire du 30 janvier 1733 charge la compagnie de la rédaction de toutes les inscriptions, auxquelles on attachait alors une si grande importance,
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sur les monumens, les statues et dans les décorations des fêtes publiques afin, dit ce même décret, qu’elles soient faites avec le goût, la décence et la dignité convenables.
 
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Bientôt l’académie présidait à une expérience encore plus éclatante,
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sinon plus féconde. Au premier rang de ses travaux collectifs, on doit placer l’expérience aérostatique de Montgolfier, jointe au rapport sur les aérostats publié au nom de l’académie. L’expérience qui se fit à Lyon, le 19 janvier 1784, n’était pas la première; déjà, quelques mois auparavant, l’intrépide Pilâtre du Rozier avait osé à Paris monter dans un ballon et s’élever dans les airs; mais nulle ascension n’avait encore eu lieu sur d’aussi vastes proportions et emportant avec elle un si grand nombre de voyageurs. A Lyon comme à Paris, les esprits étaient dans une attente fiévreuse ; jamais peut-être la science n’avait excité plus d’enthousiasme, jamais les imaginations transportées n’avaient conçu une idée plus haute de ses progrès et de ses destinées. Une commission, à la demande de Montgolfier, avait été nommée par l’académie; lui-même avait d’abord expliqué son invention dans une séance où assistaient Pilâtre du Rozier, son compagnon, et De Saussure, associé de l’académie. Sept voyageurs, parmi lesquels le comte de Laurencin, membre de l’académie, le prince de Ligne, le comte de Dampierre, le comte de la Porte d’Anglefert, Fontaine, montèrent dans la nacelle, mille fois plus hardis que les anciens Argonautes.
 
Le lendemain, l’intendant Flesselle les présenta à l’académie, qui offrit à chacun d’eux un jeton aux armes de la ville et de la compagnie en souvenir de leur courage et de leur dévoûment à la science. Elle avait déjà nommé Montgolfier associé; Pilâtre du Rozier avait reçu l’acte d’association au moment même où il entrait dans la nacelle. Le ballon s’éleva dans les airs à midi et tomba sans accident le soir même à peu de distance de Lyon. L’académie proposa immédiatement un prix de 1,200 francs pour celui qui trouverait les meilleurs moyens de diriger les ballons. Cent mémoires répondirent à son appel, mais aucun ne fut jugé digne du prix; le problème n’est pas encore résolu aujourd’hui. En quittant Lyon, Montgolfier allait entretenir la Société de Montpellier de sa découverte, puis il répétait à Dijon les mêmes expériences avec Guyton de Morveau, qui monta dans le ballon. Le comte de Laurencin dirigea quelques mois plus tard une autre ascension à Lyon en présence du roi de Suède. C’est à peu près au même temps qu’un magistrat, Romas, correspondant de l’Académie des sciences, lisait devant l’académie de Bordeaux ses mémoires sur l’électricité de l’atmosphère et l’associait à ses expériences du cerf-volant électrique, qui plaçaient son nom à côté de celui de Franklin. De même aussi l’académie de Dijon prenait-elle part aux expériences de Guyon de Morveau sur la désinfection de l’air. Ainsi les académies de province donnaient partout, en prenant pour modèles les académies de Paris, l’impulsion au mouvement scientifique, comme au mouvement littéraire et philosophique.
 
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A mesure que s’étendait en France la renommée de l’académie de la seconde ville du royaume, les hommes de lettres et les savans, même les illustres, ambitionnaient l’honneur de lui être associés. Nul n’obtenait ce titre d’associé sans en avoir fait la demande; c’était la règle de l’académie, dont Voltaire lui-même n’avait pas été excepté. Il y eut cependant une exception en faveur de Buffon; mais l’académie de Lyon ne faisait en cela que suivre l’exemple de l’Académie française, comme Buffon lui-même le rappelle, non sans quelque fierté, dans la lettre à Mathon de La Cour, où il remercie la compagnie : « Il est très vrai, dit-il, que je n’ai jamais demandé aucune place académique et que j’ai été nommé à l’Académie française sans avoir fait de visites et même sans y penser, car j’étais absent. Ce ne fut que quatre mois après ma nomination que je retournai à Paris pour la réception. J’entre dans ce détail pour que votre illustre compagnie ait moins de regret d’avoir changé son usage en ma faveur. »
 
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Le fils du grand Racine ayant été nommé directeur des gabelles à Lyon, où il se maria et résida quelques années, l’académie s’empressa de se l’associer. On lira avec intérêt quelques passages de son discours de remercîment : « Qu’avez-vous à attendre de moi et que vous puis-je apporter, si ce n’est un nom illustre à la vérité, mais dont la gloire fait ma honte lorsque je considère combien je suis éloigné de le soutenir?.. Fatigué justement de ces occupations stériles à l’esprit auxquelles je suis contraint de me livrer tous les jours, je pourrai du moins, une fois la semaine, venir me reposer parmi vous, c’est-à-dire dans le sein des muses, et leur rendre cette légère partie d’un temps qui leur fut consacré dès ma naissance, et qui leur serait entièrement dévoué, si j’avais eu la liberté d’en disposer. La fortune n’a point voulu m’accorder cette heureuse liberté... » Il finit en remerciant l’académie de le rapprocher de ces muses « qu’il avait presque perdues de vue, quoique son cœur n’en fût jamais séparé. » Comme complément de ce discours, qu’on nous permette d’ajouter quelques lignes tirées d’une lettre qu’il écrivait à J.-B. Rousseau en 1731 : « Vous avez raison de me regarder comme un déserteur des muses et d’être surpris d’apprendre que j’ai fait un poème sur la religion, moi qui suis dans la carrière de la finance. Comme ce n’est point la passion de la fortune qui m’y a
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conduit, j’y conserve toujours ma première passion à la poésie, mon ancienne maîtresse. J’ai peu de temps à lui donner. Il faut que je me dérobe à des occupations fatigantes et continuelles pour goûter avec elle quelques momens agréables, mais très courts, et dont je dois faire un mystère, parce qu’on pourrait m’en faire un très grand crime<ref> Lettres de J.-B. Rousseau sur divers sujets.</ref>... » Quel charme mélancolique dans ce langage, quel amour sincère des muses, quelle admiration pieuse et filiale pour le génie de son père, mais aussi quel peu d’amour pour la gabelle! Plaignons ce poète égaré dans la finance qui soupire en secret pour la poésie, son ancienne maîtresse, de peur qu’on lui en fasse un crime. Racine fils acheva à Lyon son poème sur ''la Religion'', et fit plusieurs lectures à l’académie, parmi lesquelles un parallèle de l’''Andromaque'' de son père avec l’''Andromaque'' d’Euripide.
 
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Venu à Lyon seulement quelques années plus tard, en 1754, après avoir quitté Berlin, aussitôt il demanda à prendre place parmi ses confrères. Une séance publique eut lieu en son honneur, le 6 décembre, à l’hôtel de ville. D’abord Voltaire témoigna en quelques paroles ses sentimens d’estime et de reconnaissance pour la compagnie ; puis Bordes, qui, avec l’abbé Pernetti, lui avait fait les honneurs de la ville, le complimenta, au nom de l’académie, dans un discours où il appréciait, avec un vif sentiment d’admiration, les diverses
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qualités de son génie dans les divers genres où il avait brillé : « C’est avec transport, dit l’orateur de l’académie, que nous voyons assis parmi nous cet homme unique, en qui les connaissances et les talens les plus opposés se rapprochent, s’entr’aident et se confondent : poète, il réunit le sentiment et la pensée, l’image et le précepte ; philosophe, il pare la vérité du voile des grâces, il l’embellit sans la cacher ; historien, il choisit dans la poussière obscure des compilateurs le petit nombre de faits dignes de mémoire. Il parle plutôt des lois qui ont affermi les états que des combats qui les ont ébranlés, des révolutions des mœurs que de celles des trônes, des talens rares que des crimes illustres... Faible interprète des sentimens de cette compagnie, disait-il en terminant, je finis, l’admiration publique parle pour moi <ref> Voyez, sur le séjour de Voltaire à Lyon, l’''Histoire'' de Dumas, tome Ier, p. 41. Voyez aussi, dans les ''Archives du Rhône'', tome III, p. 345 : Extrait de mon séjour à Lyon avec Voltaire, par Colini.</ref>. »
 
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Du fond de sa retraite de Ferney, il n’oublia pas l’académie de
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Lyon, avec laquelle il ne cessa jusqu’à la fin d’entretenir de bons rapporte de voisinage. Il lui écrivait de temps à autre, toujours de la façon la plus aimable, soit pour lui faire hommage de ses principaux ouvrages, soit pour lui recommander quelques candidats à ses places d’honoraires et d’associés. Indépendamment de ces relations en quelque sorte officielles, il entretenait avec plusieurs de ses membres, avec Bordes, Vasselier, avec les de Fleurieu, la correspondance la plus intime et la plus amicale.
 
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Près de Lyon, dans la petite église du village d’Oullins, est le tombeau de l’auteur des éloges de Marc-Aurèle et de Descartes. Thomas, âgé et souffrant, s’était arrêté à Lyon, à son retour de Nice, en 1785, et avait loué dans ce village la même maison qui depuis fut habitée par Jacquard. Voici qu’une horrible nouvelle vient bientôt l’arracher à cette douce retraite. Il apprend que Ducis, son ami, celui-là même qui seul, disait-il, manquait à son bonheur, a fait une chute affreuse,
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en se rendant auprès de lui, dans les montagnes de la Savoie. Aussitôt, oubliant son âge et ses infirmités, Thomas part avec un médecin, avec une berline où un lit était disposé. Grâce aux soins de Thomas et de sa sœur, Ducis fut promptement hors de danger. Quel ne fut pas le bonheur de deux amis si tendres réunis, pendant tout un été, dans cette ravissante campagne d’Oullins et dans le sein de l’académie ! L’académie eut la bonne fortune de les posséder quelque temps tous les deux à la fois, de les entendre l’un et l’autre et d’assister aux doux épanchemens d’une amitié que la mort de Thomas devait bientôt rompre si cruellement.
 
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« Quelles vérités et quels sentimens importe-t-il le plus d’inculquer aux hommes pour leur bonheur? » Tel fut, en 1791, le sujet du prix Raynal, approuvé et sans doute suggéré par lui. C’est là un grand sujet, c’est même le plus grand et le plus vaste de tous, mais il prête singulièrement par là même à toutes les déclamations comme à toutes les divagations. Il n’y eut pas moins de seize concurrens, parmi lesquels un lieutenant d’artillerie de vingt ans. Quel était ce jeune officier employant les loisirs d’une garnison à méditer sur le bonheur et les destinées de l’humanité? C’était Bonaparte, non moins ignorant alors de ses hautes destinées que l’académie elle-même qui allait le juger.
 
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Bonaparte connaissait Raynal, qui l’avait accueilli avec une bienveillance toute particulière dans un voyage qu’il fit à Paris et qui lui avait même donné des conseils pour une histoire de la Corse qu’il composa sous forme de lettres <ref> Voyez les Mémoires de Lucien Bonaparte, Paris 1836, et l’''Histoire de Napoléon'' de Norvins.</ref>. De là cette apostrophe qu’il lui adresse, dans le goût du temps, et surtout dans le goût de Raynal lui-même : « Illustre Raynal, si dans le courant d’une vie agitée par les préjugés et les grands que tu as démasqués, tu fus toujours inébranlable dans ton zèle pour l’humanité souffrante et opprimée, daigne aujourd’hui, au milieu des applaudissemens d’un peuple immense qui, appelé par toi à la liberté, t’en fait le premier hommage, daigne sourire aux efforts d’un zélé disciple dont tu voulus quelquefois encourager les essais ! »
 
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Ce mémoire, tel qu’il est, a pour nous un intérêt qu’il ne pouvait avoir pour ses juges d’alors. C’est un des rares et curieux monumens de cette période peu connue de sept années, à partir de l’école militaire jusqu’au siège de Toulon, pendant lesquelles dans d’obscures garnisons s’est formé ce génie extraordinaire qui bientôt allait dominer la France et le monde. Sans vouloir en faire ici l’analyse ni le justifier entièrement des dures critiques des examinateurs, nous devons au moins louer l’auteur d’élever bien haut les plaisirs de l’esprit et du cœur au-dessus des plaisirs des sens, alors que tant de philosophes affectaient de les confondre; nous devons le louer de suivre les traces de Rousseau plutôt que celles d’Helvétius : « C’est, dit-il, dans leur entier développement que consiste vraiment le bonheur. Sentir et raisonner, voilà proprement le fait de l’homme, voilà ses titres à la suprématie qu’il a acquise, qu’il conserve et qu’il conservera toujours. Le sentiment nous révolte contre la gêne, nous rend amis du beau, du juste, ennemis de l’oppresseur et du méchant. C’est dans le sentiment que gît la conscience, dès lors la moralité. Malheur à celui à qui ces vérités ne sont pas démontrées, il ne connaît des plaisirs que les jouissances des sens !» Il a dit de même ailleurs, dans
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un morceau qui appartient à la même époque de sa vie : « Sentir est le besoin du cœur comme manger est celui du corps; sentir, c’est s’attacher, c’est aimer; l’homme dut connaître la pitié, l’amitié et l’amour, dès lors la reconnaissance, la vénération et le respect, etc. <ref> Voyez dans la ''Revue'' de 1842 l’étude de Libri intitulée : ''Souvenirs de la jeunesse de Napoléon''. Libri n’a pas connu le mémoire adressé à l’académie de Lyon.</ref>. » Dans le style déclamatoire et saccadé de cette composition bizarre, on pourrait cependant apercevoir déjà quelques germes de l’éloquence du général Bonaparte. Partout respire cet enthousiasme pour Paoli qui enflamma sa jeunesse et l’excita aux grandes choses qui devaient l’immortaliser. Enfin, au milieu d’idées empruntées à Rousseau et à Mably, d’idées que la raison ou la politique doit bientôt changer, il y a quelques sentimens qui persisteront, il y a comme un germe d’idées napoléoniennes, un germe, si l’on veut, de césarisme.
 
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Avec ce concours, nous voici arrivés aux derniers jours de l’académie et à la révolution. La dernière séance, à laquelle n’assistaient qu’un bien petit nombre de membres, l’effroi étant déjà dans tous les cœurs, à la veille du siège, à la veille de tant de ruines et de massacres, eut lieu le 6 août 1793, le lendemain même du jour où l’Académie française s’était elle-même réunie pour la dernière fois. Le 8 août, sur le rapport de Grégoire, la convention supprimait toutes les académies de Paris et de la province comme d’origine monarchique et entachées d’aristocratie; puis, par un autre décret, qui était la conséquence du premier, elle déclara tous leurs biens la propriété de la nation. Avec les académies, les sciences et les lettres, jusqu’à des jours meilleurs, étaient proscrites par le
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vandalisme révolutionnaire de tout le territoire de la république. Où mieux mettre à sa place ce mot de vandalisme, consacré par la terreur des populations vaincues, pour marquer la barbarie à son plus haut degré? Aussi le prenons-nous bien à la lettre, d’accord avec Lakanal, d’accord avec tous ceux qui ont vu à l’œuvre les destructeurs de 93, et non par antiphrase et par une sorte d’ironie contre d’aveugles ennemis de la révolution, comme il a plu à l’auteur du ''Vandalisme révolutionnaire''. Sans doute c’est la convention à son dernier jour qui a commencé à rouvrir les académies; mais c’était la convention renouvelée, adoucie, j’allais presque dire réactionnaire, et non plus celle qui avait fait les ruines.
 
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Plusieurs de leurs confrères n’eurent pas un meilleur sort. Joseph Mathon de La Cour mourut sur l’échafaud. Il en fut de même de Millanais, ancien magistrat et député à l’assemblée constituante. Quelques autres, comme Deschamps, qui, avec Millanais, avait fait partie de la constituante, succombèrent, plus heureux, les armes à la main pendant le siège. Quand, au retour du calme et de toutes les espérances, quand, sous l’autorité même d’un de ceux qui avaient pris part à son dernier concours, l’académie, reconstituée sous le nom d’Athénée, se rassembla pour la première fois le 13 juillet 1800, quels ne durent pas être les sentimens de joie et d’attendrissement de ceux qui avaient survécu et qui se trouvaient réunis de nouveau après tant de périls, après tant de terribles épreuves ! Combien sont mélancoliques et touchantes les lettres par lesquelles d’anciens associés, Servan, Ducis, La Harpe, répondent à l’annonce de cette résurrection de l’académie de Lyon et du renouvellement de leur association! « Sur le bord de mon tombeau, écrit Servan, je ne m’attendais guère à être rappelé dans un nouveau temple des arts et des sciences. Honneur à celui qui l’a relevé de ses ruines ! Honneur aussi à qui pourra l’habiter dignement et qui pourra s’y
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faire entendre avec l’applaudissement public... Il me reste encore assez de vie pour goûter, estimer et chérir les talens. » La réponse de La Harpe, désillusionné des principes révolutionnaires, est plus triste et plus découragée. Les honneurs littéraires sont désormais, dit-il, bien loin de sa pensée et de ses désirs, néanmoins il est sensible à la lettre dont il vient d’être honoré. Il attribue cette faveur au souvenir de ses anciens confrères de l’académie de Lyon et il ne l’accepte qu’à titre de vétérance. « Je suis dans un âge où les travaux passés sont du moins une dispense pour le présent. Mais si je ne suis plus à portée de coopérer aux efforts que vous faites pour la restauration des sciences et des lettres, je me ferai toujours un devoir et un plaisir de leur applaudir. La religion et les lettres ont été en tout temps la seule barrière contre la barbarie. » La rénovation de cette association académique rappelle à Ducis de tendres et touchans souvenirs. « La paix me donne l’espérance d’aller voir mes illustres confrères, qui regretteront sans doute avec moi de ne plus lire sur leur liste le nom si cher et si justement fameux de Thomas, mon tendre et fidèle ami, dont j’ai laissé les cendres à Oullins. Mais une idée me console; ces cendres, si respectables au génie, à la vertu et au patriotisme, sont sous la garde de l’Athénée, c’est-à-dire dans le sanctuaire des sciences et de la liberté. » C’est encore, on le voit, le langage d’avant la révolution, après la révolution.
 
L’académie reprit deux ans plus tard son ancien nom. Sans vouloir faire l’histoire de cette académie du XIXe siècle, nous pouvons bien dire que, par l’illustration de quelques-uns de ses membres, comme par ses travaux et ses publications, par l’éclat des séances publiques, par ses concours et ses lauréats, elle peut rivaliser avec l’ancienne académie dont elle était la continuation. L’ancienne académie n’a pas eu de séances publiques plus mémorables que celles où assistaient tous les savans italiens de la consulte cisalpine, où Volta et Ampère lurent tous deux des mémoires et firent des expériences sur l’électricité, où Lalande fit part de ses travaux et de ses calculs en astronomie. Les prix et les concours du XIXe siècle n’ont pas été non plus sans quelque utilité et quelque éclat. Il y a aussi des noms devenus célèbres parmi les lauréats de cette période : citons ceux de Jacquard, de Millevoye, de De Gérando, de Moreau de Jonnès, de Léon Faucher. Pour laisser de côté les vivans, ou du moins pour n’y toucher qu’avec la plus grande discrétion, à tous les noms de l’académie du XVIIIe siècle l’académie nouvelle peut opposer ceux d’Ampère dans la science ; dans la médecine, ceux de Marc-Antoine Petit, l’auteur de ''la Médecine du cœur'', de Bonnet, dont la statue est dans la cour de l’Hôtel-Dieu, et de bien d’autres encore, leurs
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dignes successeurs. Dans les lettres et la poésie, elle se fait gloire des noms de Dugas Montbel, de Ballanche et de Victor de Laprade; de ceux de Camille Jordan, de Sauzet, de Gilardin dans l’éloquence de la tribune et du barreau ; dans l’archéologie, elle a les noms d’Artaud et d’Alphonse de Boissieu, pour ne nommer que les plus connus.