« Monologue du Franc Archier de Baignollet » : différence entre les versions
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{{Titre|Monologue du Franc Archier de Baignollet|Anonyme|XV<sup>e</sup> siècle|Monologue du Franc archier de Baignollet}}▼
▲{{Titre|Monologue du Franc Archier de Baignollet|Anonyme|XV<sup>e</sup> siècle}}
▲<div style="text-align:center;">S'ENSUIT LE MONOLOGUE DU <br />FRANC ARCHIER DE BAIGNOLLET <br />AVEC SON EPITAPHE</div>
<poem>
C’est à meshuy !
Or ça, il
Maulgré ses dentz, en sa maison
Si ne vis-je pieça saison
Où j’eusse si hardy couraige
Que
Que je
Y a-il homme qui à quatre,
Dy-je, y a-il quatre qui vueillent
Combatre à moy ? Se tost recueillent
Mon gantelet ; vela pour gaige !
Par le sang bieu ! je ne crains paige,
Dieu Mercy ! et gaigné le prix
Contre cinq Angloys que je pris,
Povres prisonniers desnuez,
Si tost que je les euz ruez.
Ce fust au siège
Les troys se misrent à rançon,
Et le quatriesme
Incontinent que
Ce bruit, il me print à la gorge.
Se je
Combien que je suys bon Françoys,
Sang bieu ! il
Que personne
Et quand je me senty feru
Sur ma teste : « Venez ça, ça !
Dis-je lors. Que chascun
Je ne quiers point faire de noise,
Ventre bieu ! et buvons ensemble.
Posé soit ores que je tremble,
Sang bieu ! je ne vous crains pas maille. »
''Cy dit ung quidem, par derrière les gens : ''
: Coquericoq.
Chanter chez quelque bonne vieille ;
Il convient que je la resveille.
Poullaille font icy leurs nidz !
Par ma foy ! ou du Champ-
Helas ! que je me vis coursé
De la mort
Qui me vint cheoir tout droit en barbe ;
Mais je
Vueille-moy ayder à ce coup,
Et je
Adonc le canon
Et vint ceste fortune-là
Quand nous eusmes le fort conquis.
Le Baronnet et le Marquis,
Craon, Cures,
Accoururent pour veoir
La Rochefouquault,
Aussi Beuil et son attirail,
Pontièvre, tous les capitaines,
Y deschaussèrent leurs mitaines
De fer, de paour de
Et si me vindrent acoler
A terre, où
De paour de dire : « Il
Combien que je fusse malade,
Je mis la main à la salade,
Car el
« Ha ! dist le Marquis, ton oultraige
Te fera une foys mourir ! »
Car il
Oultre
Hélas !
Car je cuidoye
Que ce fust
Et moy tantost de pietonner,
Car, quand on oyt clarons sonner,
Il
Tout aussitost : « Où esse ? Où esse ? »
Et, à brief parler, je
Ne plus ne moins
Si ce
Du costé devers la prairie,
De nos gens, qui crioient trestous,
Disant : « Pierre, que faictes-vous ?
Tout seul ! » je
Certes ; mais
Et se ce
Qui nous vint trencher le chemin,
Mon frère
Et moy, Dieu lui pardoint, pourtant !
Car, quoy ? il nous en pend autant
A
Frappé au travers la bataille
Des Bretons ; mais nous apaisames
Nos couraiges et
Que dy-je ? non pas reculer,
Chose dont on ne doibt
Ung rien, jusque au Lyon
Je ne craignoye que les dangiers,
Moy ; je n avoye paour
Et quand la bataille fut close,
Vous eussez ouy, pesle-mesle :
''Tip, tap, sip, sap'', à la barrière,
Aux esles, devant et derrière.
Les dames
Si ne craignoyent que le couillart.
Certes,
Se je
De mettre le feu en la pouldre,
Tout
Il porte deux pierres jumelles,
Mon couillart : jamais
Et dames de joindre les mains,
Quand ilz virent donner
Les ungs se servoyent du courtault
Si dru, si net, si sec que terre.
Et puis, quoy ? parmy ce tonnerre,
Eussez ouy sonner trompilles,
Pour faire dancer jeunes filles
Au son du courtault, haultement.
Quand
Veu
Ilz auroyent le ventre bien dur,
Se
Mesmes ces pehons de villaige,
Ne se fussent point esbahis
De leur mal faire ; mais nous sommes
Tousjours, entre nous gentilz hommes,
Au guet dessus la villenaille.
Tousjours la lance ou la bouteille
Sur la cuisse :
Merveille de me regarder.
Il vint ung Breton estrader,
Qui faisoit rage
Mais il avoit, de jeune enfance,
Les reins rompus ;
Il vint tout seul, par son oultraige,
Estrader par mont et par val ;
Pour bien pourbondir ung cheval
Il faisoit feu et voire flambe.
Mais je lui trenchay une jambe,
Et fis ce coup-là ung dimenche,
Que dy-je ? ung lundy matin.
Il ne
Tant craignoit à grever ses reins.
Voulentiers frappoit aux chanfrains
Ou droit à la queue, sans doubte.
Point il ne frappoit son roussin,
Pource
Que
Dessus sa teste et ses cheveulx,
De paour de le faire clocher.
Aussi, de paour de tresbucher,
Il alloit son beau pas, ''tric, trac'',
Et ung grant panon de bissac
Voulentiers portoit sur sa teste.
Autant que
Gens
Je
Je fus gros vallet, et puis page,
Archier, et puis je pris la lance,
Et la vous portoye sur la panse,
Tousjours troussé comme une poche.
Et puis, monseigneur de la Roche,
Que Dieu pardoint, me print pour paige.
Je chantoye et brouilloye des flustes,
Et si tiroye entre deux butes.
A brief parler,
Mignon comme cest enfant-cy ;
Je
Or ça, ça, par où assauldray-je
Ce cocq que
A peu besongner bien vanter ;
Il fault assaillir cest hostel.
''Adonc apperçoit le Franc Archier un espoventail de''
''chenevière, faict en façon
''croix blanche devant et croix noire''
''derrière, en sa main tenant''
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(A part.)
Ha ! le Sacrement de
Je suis affoibly !
(A
Ha ! Monseigneur, pour Dieu, mercy !
Hault le trait,
Je voy bien, à vostre croix blanche,
Que nous sommes tout
(A part.)
Tout seul et ainsi effroyé ?
(A
Comment ! Estes-vous desvoyé ?
Mettez jus, je gage
Et, pour Dieu, mon amy, desbende
Au hault ou au loing ton baston !
''Adonc il advise sa croix noire.''
Par le sang bieu !
Et je dy que je suis Françoys !
Il est fait de toy, ceste fois,
Perrenet ;
(A
Hen, Dieu ! et où voulez-vous traire ?
Vous ne sçavez pas que vous faictes.
Dea ! je suis Breton, si vous
Vive sainct Denis ou sainct Yve !
Ne
Par ma foi ! Monseigneur mon maistre,
Se vous voulez sçavoir mon estre,
Ma mère fut née
Et mon père je ne sçay
Sinon que
Comment sçauray-je vostre nom ?
Monseigneur Rollant, ou Yvon,
Mort seray quand il vous plaira !
(A part.)
Et comment ! il ne cessera
Meshuy de me persecuter,
Et si ne me veult escouter !
(A
En
De Dieu, que
Car je me sens jà fort malade !
Or, tenez, vela ma salade,
Qui
Je la vous rens, et mon espée,
Et faictes prier Dieu pour moy.
Je vous laisse, sur vostre foy,
Ung vœu que je doibs à sainct Jacques.
Pour le faire, prendrez mon jacques,
Et ma ceinture et mon cornet.
(A part.)
Tu meurs bien maulgré toy, Pernet,
Voire maulgré toi et à force !
(Au public.)
Puis
Priez pour
Du Franc Archier de Baignolet,
Et
Sur moy ce petit epitaphe :
''Cy gist Pernet le Franc Archier, ''
''Qui cy mourut sans desmarcher, ''
''Car de fuyr
''Lequel Dieu, par sa saincte grace, ''
''Mette ès cieulx, avecques les ames''
''Des francs archiers et des gens
''Arrière des arbalestriers.''
''Je les hay tous : ce sont meurdriers ! ''
''Je les congnois bien de pieça.''
''Et mourut
Velà tout ; les mots sont très beaux.
Or, vous me lairrez mes houseaulx,
Car, se
A cheval, comme fist jadis
Sainct Martin, et aussi sainct George,
Vous laisse gantelet et dague :
Car, au surplus, je
De quoy je me puisse deffendre.
(A
Attendez ! me voulez-vous prendre
En desaroy ? Je me confesse
A Dieu, tandis
A la Vierge et à tous sainctz.
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Or meurs-je les membres tous sains
Et tout en bon point, ce me semble.
Je
De paour et de malle froidure,
Et de mes cinq sens de
Cinq cens ! Où prins, qui ne les emble ?
Je
Par ma foy !
Pour néant
Oncques ensemble
Et de mes sept pechez morteux
Il fault bien que
Sur moy je les ay trop portez ;
Je les metz jus, avec mon jacques.
Mais vecy ung advancement.
Et du premier commendement
De la Loy, qui dit
(Non pas
Cela
Jamais ne me trouvay en lieu
Où
Mais
(A
Ne desbendez ? Je ne me fuys !
(A part.)
Hélas ! je suis mort où je suis.
Je suis aussi simple, aussi coy
Comme une pucelle ; car, quoy
Dit le second commendement ?
Non ay-je en vain, mais très ferme,
Ainsi que fait ung bon genderme,
Car il
Le tiers nous enjoingt et procure,
Et advertist et admoneste,
Que
Autant en hyver qu en esté :
De ce ne mentiray-je point ;
Et le quatriesme nous enjoint
En moy congnoissant gentilhomme
De son costé, combien
Sois villain et de villenaille.
(A
Et, pour Dieu, mon amy, que
Jusques amen ; miséricorde !
Relevez ung peu vostre corde ;
Ferez que le traict ne me blesse.
(A part.)
Item, morbieu ! je me confesse
Du cinquiesme, sequentement :
Deffend-il pas expressément
Que nul si ne soit point meurtrier ?
(A
Las ! Monseigneur
Gardez bien ce commendement ;
Quant est à moy, par mon serment,
Meurdre ne fis onc
(A part.)
Car en lieu
Je
En ce point ; je
Car, se
Dieu scet comme il me fust mescheu !
''Cy lusse tomber à terre
(A
Las ! monseigneur ! vous estes cheu !
Jésus ! et qui vous a bouté,
Dictes ? Ce
Vrayement, ou diable ne
Au cas, dictes ? Je
A tous ceulx qui sont cy, beau sire,
Affin que ne vueillez pas dire
Que
Au fort, baillez-moy vostre main,
Je vous ayderay à lever.
Mais ne me vueillez pas grever :
''Cy apperçoyt le Franc Archier, de
Par le corps bieu !
Il
Par le corps bieu !
Plaine, de quoy ? charbieu ! de paille !
Ce cuiday-je, des gens de
Que la fièvre quartaine serre
Celluy qui vous a mis icy !
Je le feray le plus marry,
Par la vertu bieu !
Se mocque on de moy quelconques ?
Et ce
Que le vent a cy abatu !
La mort bieu ! vous serez batu,
Tout au travers, de ceste
Quand la robbe seroit couppée,
Ce seroit ung très grand dommaige.
Je vous emporteray pour gaige,
Toutesfoys, après tout hutin.
Au fort, ce sera mon butin,
Que je rapporte de la guerre.
On
La charbieu saincte et beniste !
Vous eussiez eu
Se
Vous eussiez tost eu la renverse,
Voir, quelque paour que
Or pleust à Jésus que je fusse,
A tout cecy, en ma maison !
De paille : elle chiet par derrière.
De la porter hors de ce lieu.
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Seigneurs, je vous commande à Dieu ;
Et se l’on vous vient demander
Dictes
Et
Et reviendra par cy de brief.
Adieu ; je
</poem>
▲<div style="text-align:center;">FIN DU MONOLOGUE <br />DU FRANC ARCHIER DE BAIGNOLLET.</div>
[[Catégorie:Monologue]]
[[Catégorie:XVe siècle]]
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