« Shakespeare - Œuvres complètes, Hugo, tome 1 - Préface » : différence entre les versions

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{{Titre|Préface de la nouvelle traduction des œuvres de Shakespeare <ref>Ce texte fut écrit pour servir de préface à la nouvelle traduction de Shakespeare par François-Victor Hugo. Daté de mai 1864, il ne parut qu'avec le tome XV et dernier en 1865. <small>(Note Wikisource)</small></ref>|[[Victor Hugo]]|<small>1865</small>}}
 
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semblent sans équivalents possibles ; ainsi ''green'' ''girl'', ''fille'' ''verte'', n’a
aucun sens en français. On pourrait dire de certains mots qu’ils sont
imprenables. Shakespeare a un ''sunt'' ''lacrymœ'' ''rerum''. Dans le ''we'' ''hâvehave''
''kissed'' ''away'' ''kingdoms'' ''and'' ''provinces'', aussi bien que dans le profond
soupir de Virgile, l’indicible est dit. Cette gigantesque dépense d’avenir
faite dans un htlit, ces provinces s’en allant en baisers, ces royaumes
possibles s’évanouissant sur les bouches jointes d’Antoine et de
Cléopâtre, ces empires dissous en caresses et ajoutant inexprimablement
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La langue anglaise a en elle une si dangereuse force isolante que
l’Angleterre, instinctivement, et pour faciliter ses communications avec
l’Europe, a pris ses termes de guerre aux françaisFrançais, ses termes de
navigation aux hollandaisHollandais, et ses termes de musique aux italiensItaliens. Charles
Duret écrivait en 1613, à propos de la langue anglaise : « Peu
d’étrangers veulent se peiner de l’apprendre. » A l’heure qu’il est, elle
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Il y a des problèmes dans la Bible ; il y en a dans Homère ; on connaît
ceux de Dante ; il existe en Italie des chaires publiques d’interprétation
de la ''Divine'' ''comédieComédie''. Les obscurités propres à Shakespeare, aux divers
points de vue que nous venons d’indiquer, ne sont pas moins abstruses.
Comme la question biblique, comme la question homérique, comme
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romans, chroniques, drames, comédies, ouvrages en toutes langues,
documents de toutes sortes, pièces justificatives de ce génie. On l’a fort
accusé ; il importe d’examiner son dossier. Au British- Museum, un
compartiment est exclusivement réservé aux ouvrages qui ont un
rapport quelconque avec Shakespeare. Ces ouvrages veulent être les
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est plaidé. Ces trente-six introductions aux trente-six drames de
Shakespeare, divisés en quinze livres portant chacun un titre spécial,
sont dans leur ensemble une oeuvreœuvre considérable. Œuvre de critique,
oeuvreœuvre de philologie, oeuvreœuvre de philosophie, oeuvreœuvre d’histoire, qui côtoie
et corrobore la traduction ; quant à la traduction en elle-même, elle
est fidèle, sincère, opiniâtre dans la résolution d’obéir au texte ; elle
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Le peu que vaut notre approbation, nous le donnons sans réserve
à cet ouvrage, traduction au point de vue philologique, création au point
de vue critique et historique. C’est une oeuvreœuvre de solitude. Ces œuvres-là
sont consciencieuses et saines. La vie sévère conseille le travail austère.
Le traducteur actuel sera, nous le croyons et toute la haute critique
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l’heure auguste de l’embrassement des peuples, c’est presque un acte,
et c’est plus qu’un fait littéraire. Il y a quelque chose de pieux et de
touchant dans ce don qu’un françaisFrançais offre à la patrie, d’où nous sommes
absents, lui et moi, par notre volonté et avec douleur.