« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Architecture militaire » : différence entre les versions

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fort par les soldats romains. Les fantassins, pour pouvoir s'approcher du
rempart, se couvrent de leurs boucliers et forment ce que l'on appelait la
<i>''tortue</i>'': appuyant le sommet de ces boucliers contre le rempart, ils pouvaient
saper sa base ou y mettre le feu à l'abri des projectiles<span id="note2"></span>[[#footnote2|<sup>2</sup>]]. Les assiégés
jettent des pierres, des roues, des épées, des torches, des pots à feu sur la
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<br>
deux sortes: il y avait les camps d'été, <i>''castra æstiva</i>'', logis purement provisoires, que l'on
élevait pour protéger les haltes pendant le cours de la campagne, et qui ne
se composaient que d'un fossé peu profond et d'un rang de palissade
plantées sur une petite escarpe; puis les camps d'hiver ou fixes, <i>castra
hiberna</i>, <i>''castra stativa</i>'', qui étaient défendus par un fossé large et profond,
par un rempart de terre gazonnée ou de pierre flanqué de tours; le tout
était couronné de parapets crénelés ou de pieux reliés entre eux par des
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Les camps fixes des Romains étaient généralement quadrangulaires, avec
quatre portes percées dans le milieu de chacune des faces; la porte principale
avait nom prétorienne, parce qu'elle s'ouvrait en face du <i>''prætorium</i>'',
demeure du général en chef; celle en face s'appelait décumane; les deux
latérales étaient désignées ainsi: <i>principalis
dextra</i> et <i>''principalis sinistra</i>''. Des ouvrages
avancés, appelés <i>''antemuralia</i>'', <i>''procastria</i>'',
défendaient ces portes<span id="note3"></span>[[#footnote3|<sup>3</sup>]]. Les officiers et
soldats logeaient dans des huttes en terre,
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La station militaire de Famars, en Belgique
(<i>''Fanum Martis</i>''), donnée dans l'<i>Histoire
de l'architecture en Belgique</i>, et dont
nous reproduisons ici le plan (4), présente
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sont établies sur des souches romaines. Dans les villes antiques, comme
dans la plupart de celles élevées pendant le moyen âge, et comme aujourd'hui
encore, le château, <i>''castellum</i>''<span id="note10"></span>[[#footnote10|<sup>10</sup>]], était bâti non-seulement sur le point
le plus élevé, mais encore touchait toujours à une partie de l'enceinte, afin
de ménager à la garnison les moyens de recevoir des secours du dehors si
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de fossés, l'une du côté de la place, pour se prémunir contre les sorties des
assiégés et leur ôter toute communication avec le dehors, qui est la ligne
de <i>''contre-vallation</i>''; l'autre du côté de la campagne, pour se garder
contre les secours extérieurs, qui est la ligne de <i>''circonvallation</i>''; on
opposa aux tours des remparts attaqués, des tours mobiles en bois plus
élevées, qui commandaient les remparts des assiégés, et qui permettaient
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engins propres à battre les murailles; dès lors l'attaque l'emporta sur la
défense. Des machines de guerre des Romains, les armées des premiers
siècles du moyen âge avaient conservé le bélier (<i>''mouton</i>'' en langue d'oil,
<i>''bosson</i>'' en langue d'oc). Ce fait a quelquefois été révoqué en doute, mais
nous possédons les preuves de l'emploi, pendant les X<sup>e</sup>, XI<sup>e</sup>, XII<sup>e</sup>, XIV<sup>e</sup>, XV<sup>e</sup> et
même XVI<sup>e</sup> siècles, de cet engin propre à battre les murailles. Voici les
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qui ne peuvent laisser la moindre incertitude sur l'emploi du bélier. La première
(9 <i>''bis</i>'') représente l'attaque des palissades ou des lices entourant une
fortification de pierre<span id="note11"></span>[[#footnote11|<sup>11</sup>]]; on y distingue parfaitement le bélier, porté sur
deux roues et poussé par trois hommes qui se couvrent de leurs targes;
un quatrième assaillant tient une arbalète à <i>''pied-de-biche</i>''. La seconde (9 <i>''ter</i>'')
représente l'une des visions d'Ézéchiel<span id="note12"></span>[[#footnote12|<sup>12</sup>]]; trois béliers munis de roues entourent
le prophète<span id="note13"></span>[[#footnote13|<sup>13</sup>]]. Dans
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<br>
le siège du château de Beaucaire par les habitants de cette ville, le <i>''bosson</i>'' est employé (voir plus loin le passage dans
lequel il est question de cet engin). Enfin, dans les Chroniques de Froissard,
et, plus tard encore, au siège de Pavie, sous François I<sup>er</sup>, il est
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des feux de l'assiégeant lui donne la supériorité sur la divergence
des feux de l'assiégé; mais, avant l'invention des bouches à feu, l'attaque
ne pouvait être que très-rapprochée, et toujours <i>''perpendiculaire</i>'' au <i>dispositif
défensif</i>; il y avait donc avantage pour l'assiégé à opposer à l'assaillant
des points isolés ne se commandant pas les uns les autres, mais
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des XII<sup>e</sup> et XIII<sup>e</sup> siècles, et ils avaient des machines puissantes<span id="note14"></span>[[#footnote14|<sup>14</sup>]] qui différaient
de celles des Occidentaux, puisque ceux-ci les adoptèrent en conservant
leurs noms d'origine d'<i>''engins turcs</i>'', de <i>''pierrières turques</i>''.
 
On ne peut douter que les croisades, pendant lesquelles on fit tant de
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d'attaque et de défense, comme nous l'avons dit, se perfectionnaient, et
étaient surtout conduits avec plus de méthode. On voit alors, dans les
armées et dans les places, des ingénieurs (<i>''engegneors</i>'') spécialement chargés
de la construction des engins destinés à l'attaque ou à la défense. Parmi
ces engins, les uns étaient défensifs et offensifs en même temps, c'est-à-dire
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portes étaient trop bien armées de défenses pour être forcées, il fallait entreprendre
un siège en règle; c'est alors que l'assiégeant construisait des
beffrois roulants en bois (<i>''baffraiz</i>''), que l'on s'efforçait de faire plus hauts
que les murailles de l'assiégé, établissait des <i>''chats</i>'', <i>''gats</i>'' ou <i>''gates</i>'', sortes
de galeries en bois, couvertes de mairins, de fer et de peaux, que l'on approchait
du pied des murs, et qui permettaient aux assaillants de faire agir le
<i>''mouton</i>'', le <i>''bosson</i>'' (bélier des anciens), ou de saper les tours ou courtines
au moyen du pic-hoyau, ou encore d'apporter de la terre et des fascines
pour combler les fossés.
 
Dans le poëme de la croisade contre les Albigeois, Simon de Montfort
emploie souvent la <i>''gate</i>'', qui non-seulement semble destinée à permettre
de saper le pied des murs à couvert, mais aussi à remplir l'office du beffroi,
en amenant au niveau des parapets un corps de troupes.--«Le comte de
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flancs si bien, aux portes, aux planchers, aux arcs entaillés (dans le bois),
que les éclats volent de tous côtés, et que de ceux qui la poussent beaucoup
sont renversés. Et par toute la ville il s'élève un cri: <i>''Par Dieu!</i>''
<i>''dame fausse gate, jamais ne prendrez rats</i>''<span id="note15"></span>[[#footnote15|<sup>15</sup>]].»
 
Guillaume Guiart, à propos du siége de Boves par Philipe Auguste, parle
ainsi des <i>''chats</i>'':
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ils avoient seize tout droiz, dont ils faisoient merveilles<span id="note16"></span>[[#footnote16|<sup>16</sup>]].» L'assaillant
appuyait ses beffrois et chats par des batteries de machines de jet, trébuchets
(<i>''tribuquiaux</i>''), mangonnaux (<i>''mangoniaux</i>''), calabres, pierriers, et par
des arbalétriers protégés par des boulevards ou palis terrassés de claies et
de terre, ou encore par des tranchées, des fascines et mantelets. Ces divers
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aimé la fièvre, ou une bataille rangée...» Cependant le comte de
Montfort est obligé d'entreprendre un siége en règle après de nouvelles
attaques infructueuses. «Il poste ses <i>''batailles</i>'' dans les jardins, il munit les
murs du château et les vergers d'arbalètes à rouet<span id="note35"></span>[[#footnote35|<sup>35</sup>]] et de flèches aiguës.
De leur Côté les hommes de la ville, avec leur légitime seigneur, renforcent
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postés les hommes les plus vaillants, les plus braves et les plus sûrs,
armés de perches ferrées, et de pierres à faire tomber sur l'ennemi. En
bas, à terre, d'autres sont restés, portant des lances et <i>''dartz porcarissals</i>'',
pour défendre les lices, afin qu'aucun assaillant ne s'approche des palis.
Aux archères et aux créneaux (<i>''fenestrals</i>'') les archers défendent les ambons
et les courtines, avec des arcs de différentes sortes et des arbalètes de
main. De carreaux et de sagettes des comportes<span id="note38"></span>[[#footnote38|<sup>38</sup>]] sont remplies. Partout
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les Toulousains renforcent leurs défenses «...Dedans et dehors on ne voit
qu'ouvriers qui garnissent la ville, les portes et les boulevards, les murs,
les bretèches et les hourds doubles (<i>''cadafales dobliers</i>''), les fossés, les
lices, les ponts, les escaliers. Ce ne sont, dans Toulouse, que charpentiers,
qui font des trébuchets doubles, agiles et battants, qui, dans le château
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constructions furent complétées et restaurées sous saint Louis. La grosse
barbacane de l'Aude avait deux étages de meurtrières et un chemin de ronde
supérieur crénelé et pouvait être muni de <i>''hourds</i>''<span id="note43"></span>[[#footnote43|<sup>43</sup>]]. Voici (13) une vue cavalière de ce château et de sa barbacane, qui viendra compléter la description
que nous venons d'en faire avec le plan (fig. 12); il est facile de retrouver la
position de chaque partie de la défense. Nous avons supposé les fortifications
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de la cité de Carcassonne nous en donnent un exemple), lorsqu'on
voulait de bonnes défenses, on avait le soin de conserver partout au-dessus
du sol servant d'assiette au pied des murs et tours, un <i>''minimum</i>'' de hauteur,
afin de les mettre également à l'abri des escalades sur tout leur développement.
Ce <i>''minimum</i>'' de hauteur n'est pas le même pour les deux
enceintes extérieure et intérieure, les courtines de la première défense
sont maintenues à 10 mètres environ du fond du fossé ou de la crête de
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Avec le système de créneaux et d'archères ou meurtrières pratiquées dans
les parapets en pierre, on ne pouvait empêcher des assaillants nombreux
et hardis protégés par des <i>''chats</i>'' recouverts de peaux ou de matelas, de
saper le pied des tours ou courtines, puisque par les meurtrières, malgré
l'inclinaison de leur coupe, il est impossible de voir le pied des fortifications,
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de tours avec fossé plein d'eau, afin de rendre intelligibles les divers
moyens de défense et d'attaque dont nous avons parlé ci-dessus. Sur le
premier plan est un <i>''chat</i>'' A; il sert à combler le fossé, et s'avance vers le
pied de la muraille sur les amas de fascines et de matériaux de toutes
sortes que les assaillants jettent sans cesse par son ouverture antérieure;
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courbes brisées (24 <i>''bis</i>''); à la porte de Jouy de la même ville (24 <i>''ter</i>''), ou aux portes de Villeneuve-le-Roi, la forme d'ouvrages rectangulaires
posés en pointe, de manière à battre obliquement l'entrée et les
deux courtines voisines. On avait donc reconnu dès le XIII<sup>e</sup> siècle l'inconvénient
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faibles (26); et lorsque l'assaillant avait pu se loger en A, il était complètement masqué pour les défenses rapprochées.
Il fallait donc que les <i>''tours du coin</i>'', comme on les appelait généralement
alors, fussent très-fortes par elles-mêmes. On les bâtissait sur une
circonférence plus grande que les autres, on les tenait plus haute, on
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becs saillants, on les isolait des courtines voisines, on avait le soin de bien
munir les deux tours en retour<span id="note52"></span>[[#footnote52|<sup>52</sup>]], et parfois de réunir ces tours par un
second rempart intérieur (26 <i>''bis</i>'')<span id="note53"></span>[[#footnote53|<sup>53</sup>]]. On évitait d'ailleurs autant que possible
ces angles saillants dans les places bien fortifiées, et lorsqu'ils existaient,
c'est qu'ils avaient été imposés par la configuration du terrain, afin de
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se relevant, le tablier fermait (comme il ferme encore dans nos forteresses)
l'entrée du passage. Mais on employait pendant les XII<sup>e</sup>, XIII<sup>e</sup> et XIV<sup>e</sup> siècles,
d'autres genres de fermetures à bascule; on avait le <i>''tapecu</i>'', spécialement
adapté aux poternes, et qui roulant sur un axe placé
</div>
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moitiés servant de contre-poids à l'autre. Dans le beau manuscrit des <i>''Chroniques de Froissart</i>'' de la bibliothèque
Impériale<span id="note55"></span>[[#footnote55|<sup>55</sup>]], on trouve une vignette qui représente l'attaque des
barrières de la ville d'Aubenton par le comte de Hainaut, la porte de la barrière
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de Froissart que nous donnons en note tout au long, fait comprendre ce
qu'était pendant la première moitié du XIV<sup>e</sup> siècle une armée française, et
quel peu de cas la noblesse faisait de ces troupes de <i>''bidauds</i>'', de <i>''brigands</i>''<span id="note63"></span>[[#footnote63|<sup>63</sup>]]
d'arbalétriers génois, de l'infanterie enfin. Les Anglais commencèrent à
cette époque à mettre en ligne une infanterie nombreuse, disciplinée, exercée
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qui se rendaient à l'appel du suzerain avec les hommes qu'ils étaient
tenus de fournir; ces hommes composaient une brillante gendarmerie d'élite
suivie de <i>''bidauds</i>'', de <i>''valets</i>'', de <i>''brigands</i>'', formant plutôt un troupeau embarrassant
qu'une infanterie solide. Le roi prenait à solde, pour combler
cette lacune, des arbalétriers génois, brabançons, des corporations des
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paraissait invincible, voyant la fleur de la noblesse française détruite par des
archers anglais et des coutilliers gallois, par de simples fantassins, s'armèrent à leur tour; que leur restait-il d'ailleurs! et formèrent les terribles
compagnies des Jacques. Ces troupes de soldats <i>''brigands</i>'', licenciées, abandonnées
à elles-mêmes après les défaites, se ruaient sur les villes et les
châteaux: «Et toujours gagnoient povres brigands, dit Froissart, à dérober
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Pour conquérir une partie des provinces françaises, les Anglais n'avaient
eu à lutter que contre la noblesse féodale; après avoir pris ses châteaux et
domaines, et ne trouvant pas de <i>''peuple</i>'' sous les armes, ils ne laissèrent
dans leurs places fortes que des garnisons isolées, peu nombreuses, quelques
armures de fer soutenues d'un petit nombre d'archers; les Anglais
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la culasse et contenant la charge de poudre avec le boulet<span id="note86"></span>[[#footnote86|<sup>86</sup>]]. À côté de la
pièce sont d'autres boîtes de rechange et le calibre C avec son anse pour
mesurer la charge de poudre; (43 <i>''bis</i>'') le dessin d'un canon à boîte monté
sur un affût à crémaillères, permettant de pointer la pièce. Les boulets de ce
dernier canon sont de pierre, tandis que ceux des canons doubles sont en
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<br>
<i>''cranequin</i>'' (47) à son arme après chaque coup, pour bander l'arc, non-seulement
il perdait beaucoup de temps, mais il perdait de vue les mouvements
de l'ennemi et était obligé, une fois l'arme bandée, de chercher son
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et ne causaient pas un dommage sérieux à l'assiégeant. Laissant donc subsister
le vieux système défensif pour y loger des archers, arbalétriers et
arquebusiers, on éleva en avant de <i>''fausses braies</i>'' dans lesquelles on pouvait
établir des batteries à tir rasant, qui remplaçaient les lices dont nous
avons parlé dans le cours de cet article. On commença dès lors à s'affranchir
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maçonnerie ou en charpente avec terrassements et premier fossé extérieur;
cet ouvrage, qui remplaçait les anciennes lices, conserva le nom de
<i>''braie</i>'' (56). On établit en dehors des portes, des poternes et des saillants,
des ouvrages en terre soutenus par des pièces de bois qu'on nommait encore
<i>''boulevert</i>'', <i>''bastille</i>'' ou <i>''bastide</i>''. La description de la fortification de Nuys,
que Charles le Téméraire assiégea en 1474, explique parfaitement la méthode
employée pour résister aux attaques<span id="note94"></span>[[#footnote94|<sup>94</sup>]]. «Pareillement estoit Nuysse
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portes principales de pareille sorte ensemble, et aulcunes poternes et
saillies embellissoient et fortifioient grantement ladite closture; car chascune
d'elles avoit en front son <i>''boluvert</i>'' à manière de <i>''bastillon</i>'', grant,
fort et deffendable, garni de tout instrument de guerre, et souverainement
de traicts à poudre à planté.» On voit dans cette description le
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bouts, et y mettre à chacun quatre ou cinq grosses pièces d'artillerie,
chargées de grosses chaînes et de gros clous et pièces de fer. Derrière la
<i>''retirade</i>'' je déliberay mettre tous les mousquets de la ville ensemble l'arquebuserie,
et, comme ils seroient dedans, faire tirer l'artillerie et l'arquebuserie
tout à un coup; et nous, qui serions aux deux bouts, venir
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pour mettre les murailles en état de résister au canon, soit pour présenter
un nouvel obstacle à l'assaillant lorsqu'il était parvenu à les renverser, on
<i>''remparait</i>'' les places, c'est-à-dire, que l'on établissait en dehors des fossés
au sommet de la contrescarpe, ou même comme garde du mur pour amortir
le boulet, ou en dedans, à une certaine distance, des remparts de bois et
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le rempart était formé de deux rangs de forts pieux plantés verticalement
reliés avec des branches flexibles et des entre-toises appelées
<i>''clefs</i>'' posées
</div>
[[Image:Rempart.de.pieux.png|center]]
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Quant aux bastilles de Lubeck, elles étaient isolées ou reliées à la terre ferme
par des jetées et formaient ainsi des saillants très-considérables entourés
d'eau de toutes parts (66 <i>''ter</i>'')<span id="note104"></span>[[#footnote104|<sup>104</sup>]]. Ces dernières bastilles paraissent avoir été construites en charpentes, clayonnages et terre.
</div>
[[Image:Bastilles.Lubeck.png|center]]
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La méthode de défendre les portes par des bastions ou boulevards circulaires
était appliquée en France du temps de Charles VIII. Machiavel, dans
son <i>''Traité de l'art de la guerre</i>'', I. VII, s'exprime ainsi: «... Mais... que si
nous avons quelque chose de supportable (en fait d'institutions militaires),
nous le devons tout entier aux ultramontains. Vous savez, et vos amis
peuvent se le rappeler, quel était l'<i>''état de faiblesse de nos places fortes</i>''
avant l'invasion de Charles VIII en Italie, dans l'an 1494.» Et dans son
procès-verbal de visite d'inspection des fortifications de Florence, en 1526,
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ou carrés, pour battre les bastilles terrassées des assiégeants. Cet
ouvrage fut fréquemment employé pendant le XVI<sup>e</sup> siècle et depuis, et prit
le nom de <i>''cavalier</i>'' ou <i>''plate-forme</i>''; il devint d'une grande ressource pour la
défense des places, soit qu'il fût permanent soit qu'il fût élevé pendant le siége
même, pour découvrir les boyaux de tranchées, pour prendre en écharpe les
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inconvénients graves attachés aux gorges étroites, et au lieu de conserver
pour les bastions la forme circulaire, on leur donna (70) une face B et deux
cylindres C qu'on désigna sous le noms d'<i>''orillons</i>''<span id="note111"></span>[[#footnote111|<sup>111</sup>]]. Ces bastions enfilaient les
fossés au moyen des pièces
</div>
Ligne 2 932 :
<br>
figure que nous donnons ici (72 bis), où se trouve représentée cette action, on reconnaîtra l'utilité des flancs
masqués par des <i>''orillons</i>'': une des faces du bastion A a été détruite pour
permettre l'établissement de la batterie de brèche en B; mais les pièces qui
garnissent le flanc couvert de ce bastion restent encore intactes et peuvent
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devinrent d'une grande utilité pour la défense, et qui furent souvent employés
pour empêcher les approches devant des fronts faibles ou de vieilles
murailles; on leur donna le nom de <i>''ravelins</i>'' ou de <i>''demi-lunes</i>'' lorsque
ces ouvrages ne présentaient que la forme d'un petit bastion, et de <i>''tenailles</i>''
si deux de ces ouvrages étaient réunis par un front (72 ter). A est
un ravelin et B une tenaille. Ces ouvrages étaient déjà en usage à la fin du
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Machiavel, avec le sens pratique qui le caractérise, avait déjà de son
temps prévu les dangers de ces complications dans la construction des
ouvrages de défense, car dans son <i>''Traité de l'art de la guerre</i>'', liv. VII, il
dit: «Et ici je dois donner un avis: 1° à ceux qui sont chargés de
défendre une ville, c'est de ne jamais élever de bastions détachés des
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<span id="footnote1">[[#note1|1]] : Cæs. <i>''Bell. gall.</i>'' lib. VII, cap. XXIII.
 
<span id="footnote2">[[#note2|2]] : Ces boucliers, en forme de portion de cylindre, étaient réservés pour ce genre d'attaque.
 
<span id="footnote3">[[#note3|3]] : Godesc. Stewechii <i>''Conject. ad Sexti Jul. Frontini lib. Stratagem</i>''. Lugd. Batav. 1592, in-12, p. 465.
 
<span id="footnote4">[[#note4|4]] : Voy. <i>''Hist de l'archit. en Belgique</i>'', par A. G, B. Schayes, t. 1, p. 203 (Bruxelles).
 
<span id="footnote5">[[#note5|5]] : Végèce, lib. IV. cap. III, tit. <i>''Quemadmodunt muris terra jungatur egesta</i>''.
 
<span id="footnote6">[[#note6|6]] : <i>''Annales de la ville de Toulouse</i>'', Paris, 1771, t. 1, p. 436.
 
<span id="footnote7">[[#note7|7]] : Ces tours ont été dénaturées en partie au commencement du XII<sup>e</sup> siècle et après
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<span id="footnote9">[[#note9|9]] : Voir le plan de Rome.
 
<span id="footnote10">[[#note10|10]] : <i>''Capdhol</i>'', <i>''capitol</i>'', en langue d'oc.
 
<span id="footnote11">[[#note11|11]] : Haimonis <i>''Comment. in Ezech.</i>'', Bibl. Imp., manusc. du X<sup>e</sup> siècle, F. de Saint-Germain, latin, 303.
 
<span id="footnote12">[[#note12|12]] : Bible, n°6, t. III, Bibl. Imp., anc. F. latin, manusc. du X<sup>e</sup> au XI<sup>e</sup> siècle. Nous
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de saint Louys</i>, édit. Du Cauge, 1668.)
 
<span id="footnote15">[[#note15|15]] : <i>''Hist. de la croisade contre les hérétiques albigeois</i>'', écrite en vers provençaux,
publ. par M. C. Fauriel. Coll. de docum. inéd. sur l'Hist. de France, 1<sup>re</sup> série, et le
manusc. de la Bibl. Imp. (fonds La Vallière, n°91). Ce manuscrit est d'un auteur contemporain,
témoin oculaire de la plupart des faits qu'il raconte; l'exactitude des
détails donne à cet ouvrage un grand intérêt; nous signalons à l'attention de nos lecteurs
la description de la <i>''gate</i>'' et de sa marche par <i>''petits sauts</i>'' «entrel mur el castel
ela venc de sautetz,» qui peint avec énergie le trajet de ces lourdes charpentes
roulantes s'avançant par soubresauts. Pour insister sur ces détails, il faut avoir vu.
 
<span id="footnote16">[[#note16|16]] : Le sire de Joinville, <i>''Hist. du roi saint Louys</i>'', édit. 1668. Du Cange, p. 37,
Dans ses observations, p. 69, Du Cange explique ainsi ce passage: «Le roy
saint Louys fit donc faire deux beffrois, ou tours de bois pour garder ceux qui travailloient
à la chaussée: et ces beffrois étoient appellés <i>''chats-chateils</i>'', c'est-à-dire
<i>''cati castellati</i>'', parce qu'au dessus de ces chats, il y avoit des espèces de châteaux.
Car ce n'étoit pas de simples galeries, telles qu'estoient les chats, mais des galeries
qui étoient défendues par des tours et des beffrois. Saint Louys en l'épistre de sa
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eumdem, cunquassata lapidibus et confracta cumbusserunt totaliter igne græco...</i>"
Et je crois que l'étage inférieur de ces tours (chateils) estoit à usage de chats et
galeries, à cause de quoy les chats de cette sorte estoient appellés <i>''chas chatels</i>'',
c'est-à-dire comme je viens de le remarquer, chats fortifiés de châteaux. L'auteur
qui a décrit le siége qui fut mis devant Zara par les Vénitiens en l'an 1346,
lib. II, c. VI <i>''apud Joan. Lucium de regno Dalmat.</i>'', nous représente ainsi cette
espèce de chat: <i>aliud erat hoc ingenium, unus cattus ligneus satis debilis erat
confectionis, quem machinæ jadræ sæpius jactando penetrabant, in quo erat
constructa quædam eminens turris duorum propugnaculorum. Ipsam duæ maximæ
carrucæ supportabant</i>. Et parce que ces machines n'estoient pas de simples chats,
elles furent nommées <i>''chats-faux</i>'', qui avoient figure de beffrois et de tours, et
néanmoins estoient à usage de chats. Et c'est ainsi que l'on doit entendre ce passage
de Froissard. <i>Le lendemain vindrent deux maistres engigneurs au duc de Normandie,
qui dirent que s'on leur vouloit livrer du bois et ouvriers, ils feroient quatre
chaffaux</i> (quelques exemplaires ont <i>''chats</i>'') <i>que l'on meneroit aus murs du chastel,
et seroient si hauts qu'ils surmonteroient les murs</i>. D'où vient le mot d'<i>''Eschaffaux</i>'',
parmi nous, pour signifier un plancher haut élevé.» Voy. le Recueil de Bourgogne,
de M. Perard, p. 395.
 
<span id="footnote17">[[#note17|17]] : Voy. <i>''Études sur le passé et l'avenir de l'artillerie</i>'', par le prince Louis-Napoléon
Bonaparte, présid. de la Républ., t. II. Cet ouvrage, plein de recherches savantes, est
certainement le plus complet de tous ceux qui s'occupent de l'artillerie ancienne;
voici la description que donne du <i>''trébuchet</i>'' l'illustre auteur: «Il consistait en une
poutre appelée <i>''verge</i>'' ou <i>''flèche</i>'', tournant autour d'un axe horizontal porté sur des
montants. À l'une des extrémités de la verge on fixait un contre-poids, et à l'autre une
fronde qui contenait le projectile. Pour bander la machine, c'est-à-dire pour abaisser
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adressé au ministre de la guerre par le capitaine Favé, t. II, p. 38 et suiv,)
 
<span id="footnote18">[[#note18|18]] : Voy. <i>''Biblioth. de l'école des Chartes</i>'', t. VII, p. 363, rapport publié par
M. Douët d'Arcq. Ce texte est reproduit dans les <i>''Études sur l'artillerie</i>'', par le prince
Louis-Napoléon Bonaparte, présid. de la Républ., ouvrage déjà cité plus haut, et
auquel nous empruntons la traduction fidèle que nous donnons ici.
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<span id="footnote19">[[#note19|19]] : Saint Louis et Philippe le Hardi exécutèrent d'immenses travaux de fortification à Carcassonne, sur lesquels nous aurons à revenir.
 
<span id="footnote20">[[#note20|20]] : C'était <i>''Le moulin du roi</i>'' probablement, situé entre la barbacane du château et l'Aude
 
<span id="footnote21">[[#note21|21]] : À l'ouest, voy. fig.9.
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<span id="footnote23">[[#note23|23]] : À l'est, voy. fig. 9.
 
<span id="footnote24">[[#note24|24]] : Au sud, voy. fig. 9. On appelait <i>''lices</i>'' une muraille extérieure ou une palissade
de bois que l'on établissait en dehors des murailles et qui formait une sorte de chemin
couvert: presque toujours un fossé peu profond protégeait les lices, et quelquefois
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enceintes extérieures même lorsqu'elles furent plus tard construites en maçonnerie et
flanquées de tours. On appelait encore lices les palissades dont on entourait les camps:
«Liciæ, castrorum aut urbium repagula.» <i>''Epist. anonymi de capta urbe CP.</i>''
Ann. 1204, apud Marten., t. I Anecd., col. 786: «Exercitum nostrum grossis palis
circumcinximus et liciis.» Will. Guiart ms.:
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</center>
<div class=prose>
Le Roman de <i>''Garin</i>'':
</div>
<center>
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</center>
<div class=prose>
<i>''Guill. archiep. Tyr. continuata Hist. gallico idiomate</i>'', t. V. Ampliss. Collect.
Marten., col. 620: «Car quant li chrestiens vindrent devant Alixandre, le baillif les
fist herbergier, et faire bones lices entor eux,» etc. (Du Cange, <i>''Gloss.</i>'')
 
<span id="footnote25">[[#note25|25]] : À l'angle sud-ouest, voy. fig. 9.
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<span id="footnote26">[[#note26|26]] : Quelque ouvrage avancé de la fortification des Visigoths probablement.
 
<span id="footnote27">[[#note27|27]] : «<i>''Bretachiæ</i>'', castella lignea, quibus castra et oppida muniebantur, gallice <i>''bretesques</i>'',
<i>''breteques</i>'', <i>''breteches</i>''.» (Du Cange, <i>''Gloss.</i>'')
</div>
<center>
La ville fit mult richement garnir,<br>
Les fossés fere, et les murs enforcir,<br>
Les bretesches drecier et esbaudir. (Le Roman de <i>''Garin</i>''.)<br>
<br>
-As breteches monterent, et au mur quernelé...<br>
-Les breteches garnir, et les pertus garder.<br>
-Entour ont bretesches levées,<br>
Bien planchiées et quernelés. (Le Roman de <i>''Vacces</i>'')<br>
</center>
<div class=prose>
...(Voy. [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 2, Bretèche|Bretèche]].) Les bretèches étaient souvent entendues comme <i>''[[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6, Hourd|hourds]]</i>''
(Voy. ce mot). Les bretèches dont parle le sénéchal Guillaume des Ormes dans son
rapport adressé à la reine Blanche, étaient des ouvrages provisoires que l'on élevait
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avons exprimé (figure 10) l'action dont parle le sénéchal de Carcassonne.
 
<span id="footnote28">[[#note28|28]] : <i>''Archières</i>'', fentes étroites et longues pratiquées dans les maçonneries des tours et
courtines, ou dans les hourds et palissades pour envoyer des flèches ou carreaux aux
assaillants (voy. [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6, Meurtrière|Meurtrière]]).
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.........<br>
Pero ilh de la vila lor an tals gens tendutz<br>
Quel capdolh el miracle (<i>''mirador, tour du guet</i>'') son aisi combatutz<br>
Que lo fust e la peira e lo ploms nes fondutz<br>
E a la santa Pasca es lo bossos tendutz<br>
Ligne 3 483 :
</center>
<div class=prose>
(<i>''Hist. de la croisade contre les Albigeois</i>'', docum. inéd. sur l'Hist. de France,
I<sup>re</sup> série, vers 1184 et suiv.)
 
<span id="footnote35">[[#note35|35]] : <i>''Balestas tornissus</i>'' (vers 6343 et suiv.). Probablement des arbalètes à rouet.
 
<span id="footnote36">[[#note36|36]] : <i>''Cadafuls</i>''. C'étaient probablement des bretèches (voir fig. 10.)
 
<span id="footnote37">[[#note37|37]] : <i>''Corseras</i>''. Hourds probablement, chemins de ronde, coursières.
 
<span id="footnote38">[[#note38|38]] : <i>''Semals</i>''. Les baquets de bois dans lesquels on transporte le raisin en temps de
vendange se nomment encore aujourd'hui <i>''semals</i>'', mais plus fréquemment <i>''comporte</i>''.
Ce sont des cuves ovales munies de manches de bois, sous lesquels on fait passer deux
bâtons en guise de brancard.
 
<span id="footnote39">[[#note39|39]] : <i>''Bocals</i>'': Entrée des lices.
 
<span id="footnote40">[[#note40|40]] : Les faubourgs qui entouraient la cité de Carcassonne étaient clos de murs et de
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dans la partie voisine du château qui est la plus intéressante.
 
<span id="footnote43">[[#note43|43]] : <i>''[[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6, Hourd|Hourd, hour]]</i>''. (Voy. Ce mot pour les détails de la construction de ce genre de défense.)
 
<span id="footnote44">[[#note44|44]] : Le château de la cité de Carcassonne est du commencement du XII<sup>e</sup> siècle, et
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puissants de l'artillerie, il n'en est pas de même dans son esprit et dans son principe.
 
<span id="footnote47">[[#note47|47]] : <i>''Histoire de la civilisation en France</i>'', par M. Guizot. 2<sup>e</sup> part. 1<sup>re</sup> leçon.
 
<span id="footnote48">[[#note48|48]] : En I était la maison de Saint-Lazare. En K la maladrerie. En M et N les halles.
En O le grand Châtelet qui défendait l'entrée de la cité au nord, en P le petit Châtelet
qui gardait le Petit-Pont, au sud. En E Notre-Dame et l'évêché. En D l'ancien Palais. En
F Sainte-Geneviève et le palais de Clovis, sur la montagne (<i>''Descript. de Paris</i>'', par N. de Fer. 1724. <i>''Diss. archéol. sur les anciennes enceintes de Paris</i>'', par Bonnardot. 1853).
 
<span id="footnote49">[[#note49|49]] : Le nombre des châteaux qui couvraient le sol de la France, surtout sur les frontières
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petite ville qui n'en possédât au moins un, sans compter les châteaux isolés, les
postes et les tours qui, de distance en distance, se rencontraient sur les cours des
rivières, dans les vallées servant de passages, et dans les <i>''marches</i>''. Dès les premiers
temps de l'organisation féodale, les seigneurs, les villes, les évêques, les abbés avaient
dû dans maintes circonstances recourir à l'autorité suzeraine des rois de France pour
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qu'on lèverait, outre le denier pour livre déjà établi, un quarantième sur toutes les
marchandises qui entreraient à Aigues-Mortes par terre ou par mer» (<i>Hist. géner.
du Languedoc</i>. Reg. 30 du trésor des chartes, n° 441, <i>''Hist. d'Aigues-Mortes</i>'', par F. Em. di Pietro, 1849.)
 
<span id="footnote52">[[#note52|52]] : Le plan que nous donnons ici est celui de l'angle ouest de la double enceinte de la cité de Carcassonne, bâti par Philippe le Hardi.
 
<span id="footnote53">[[#note53|53]] : Cet angle saillant (26 <i>''bis</i>''), qui présente clairement la disposition signalée ici, est une des défenses du XIII<sup>e</sup> siècle dépendant du château de Falaise (voy. [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 3, Château|Château]]).
 
<span id="footnote54">[[#note54|54]] : Entrée du château de Montargis du côté de la route de Paris à Orléans. (Ducerceau, <i>''Chateaux royaux de France</i>''.)
 
<span id="footnote55">[[#note55|55]] : Manusc. 8320, t. I, in-fol., commencement du XV<sup>e</sup> siècle. Cette vignette, dont
nous donnons ici une partie, accompagne le chap. XLVI de ce manuscrit intitulé:
<i>''Comment le conte de Haynault print et detruit Aubenton en terasse</i>''. C'est le chap. CII
de l'édit. des <i>''Chroniques de Froissart</i>'' du <i>''Panthéon littéraire</i>''. «...Si commença
l'assaut grand et fort durement, et s'employèrent arbalétriers de dedans et dehors
à traire moult vigoureusement; par lequel trait il y en eut moult de blessés des
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chéoient et trébuchoient à grand meschef, et ne pouvoient être relevés, si ce n'était
par force et grand'aide de gens. Ainsi se commença la bataille entre Broye et Crécy
en Ponthieu, ce samedi à heure de vespres.» (Froissart, <i>''Bataille de Crecy</i>'', ch. 287.
 
<span id="footnote63">[[#note63|63]] : Ainsi nommés parce qu'ils portaient une casaque de maille appelée <i>''brigantine</i>''.
 
<span id="footnote64">[[#note64|64]] : Voy. <i>''Étud. sur le passé et l'avenir de l'artillerie</i>'', par le P. Napoléon-Louis Bonaparte, t. I<sup>er</sup>, p. 16 et suiv.
 
<span id="footnote65">[[#note65|65]] : À Crécy.
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<span id="footnote66">[[#note66|66]] : Fils de Philippe de Valois, le roi Jean, pris à Poitiers.
 
<span id="footnote67">[[#note67|67]] : La suite de la narration indique que ces <i>''kas</i>'' étaient des beffrois ou chas-chateils.
 
<span id="footnote68">[[#note68|68]] : Conformément au projet.
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</center>
<div class=prose>
(<i>''Chronique de Bertrand du Guesclin</i>'', vers 3149 et suiv.</i>)
 
Du Guesclin n'employait pas ces tours mobiles, ces moyens lents, dispendieux et
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</center>
<div class=prose>
(<i>''Chronique de Bertrand du Guesclin</i>''. vers 3956 et suiv.)
 
 
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poine d'une amende de six sols.»
 
L'article 2 porte: «Le roi retient ces arbalestriers à <i>''son service</i>'', et il les met sous
sa sauve-garde.»--Suivent des articles qui établissent certains priviléges en faveur
de la compagnie, tels que l'exemption de tous impôts et tailles, à l'exception «de
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spécialement chargée de garder la personne du roi et de la défense de la ville de Paris...
 
Charles VII, par lettres patentes du 22 avril 1448, institua les <i>''francs-archers</i>'' pour
servir en temps de guerre. Pour la formation de ce corps privilégié on choisit dans
chaque paroisse des hommes robustes et adroits, et parmi les habitants aisés, parce
que ces francs-archers étaient obligés de s'équiper à leurs frais ou, à défaut, aux dépens
de la paroisse. Le chiffre du contingent était à peu près d'un homme par cinquante
feux. (<i>''Recherches hist. sur les corpor. des archers, des arbalétriers et des arquebusiers</i>'',
par Victor Fouque, 1852, Paris.)
 
<span id="footnote78">[[#note78|78]] : L'armée anglaise avait du canon à la bataille de Crécy. Dès 1326, la ville de Florence
faisait faire des canons de fer et de métal. (<i>''Bibl. de l'école des Chartes</i>'', t. VI, p. 50.)
En 1339, deux chevaliers, les sires de Cardilhac et de Bieule, reçoivent du maître des
arbalétriers de la ville de Cambrai «dis canons, chinq de fer et chinq de métal»
(probablement de fer forgé et de métal fondu), «liquel sont tout fait don commandement
dondit maistre des arbalestriers par nostre main et par nos gens, et qui sont en la garde et en la deffense de la ville de Cambray.» <i>Original parchemin, parmi
les titres scellés de Clairambault</i>, vol. XXV, fol. 1825. <i>''Bibl. de l'école des Chartes</i>'', t. VI,
p. 51. « ...Pour salpêtre et suffre viz et sec achetez pour les canons qui sont à Cambray,
onze livres quatre soolz. III. den. tournois.» <i>''Ibid.</i>'' voy. <i>''l'article de M. Lacabane</i>'', même vol. p. 28.
 
<span id="footnote79">[[#note79|79]] : <i>''Étud. sur le passé et l'avenir de l'artillerie</i>'', par L. Napoléon Bonaparte, présid. de la Républ., t. II, p. 96.
 
<span id="footnote80">[[#note80|80]] : Déposition du duc d'Alençon. Michelet, <i>''Hist. de France</i>'', t V, p. 99.
 
<span id="footnote81">[[#note81|81]] : Les trébuchets, pierriers, mangonneaux lançaient des boulets de pierre; il était
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<span id="footnote85">[[#note85|85]] : «Durant les festes et service de Noël, jettèrent d'une partie et d'autre, très-fort
et horriblement, de bombardes et canons; mais surtout faisoit moult de mal un coulevrinier
natif de Lorraine, estant lors de la garnison d'Orléans, nommé <i>''maistre</i>''
<i>''Jean</i>'', qu'on disoit estre le meilleur maistre qui fust lors d'iceluy mestier, et bien
le montra: car il avoit une grosse coulevrine dont il jettoit souvent, estant dedans
les piliers du pont, près du boulevert de la Belle-Croix, tellement qu'il en tua et
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lors assortie à la croche des moulins de la poterne Chesnau, pour tirer contre les
tournelles, tira tant terriblement contre elles, qu'elle en abbatit un grand pan de
mur.» <i>''Ibid.</i>''
 
«Les François conclurent ledit chastel de Harecourt d'engin et du premier coup
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fondus en fer ou en cuivre (voy. [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 5, Engin|Engin]]).
 
<span id="footnote87">[[#note87|87]] : Ces figures sont tirées du manuscrit de Froissart, déjà cité. Un des arbalétriers (46) est <i>''pavaisé</i>'', c'est-à-dire qu'il porte, sur son dos, un large pavois attaché
à une courroie; en se retournant pour bander son arbalète, il se trouvait ainsi garanti
contre les traits ennemis. L'anneau en fer, adapté à l'extrémité de l'arbalète, servait
à passer le pied lorsqu'on faisait agir le cranequin pour bander l'arc.
 
<span id="footnote88">[[#note88|88]] : Ce plan est tiré de la <i>''Topographie de la Gaule</i>'', éd. de Francfort; Mérian, 1655. La majeure partie de ces fortifications existent encore.
 
<span id="footnote89">[[#note89|89]] : L'ouvrage avancé indiqué sur ce plan a été remplacé par une défense moderne importante, à cheval sur la route venant de Dijon.
 
<span id="footnote90">[[#note90|90]] : Cette tour s'appelle aujourd'hui <i>''tour du Marché</i>''. Nous donnons le seul étage qui soit conservé, c'est l'étage inférieur. Le plan est à l'échelle de 0,00175 p. m.
 
<span id="footnote91">[[#note91|91]] : Nous devons à M. Millet, architecte attaché à la Commission des monuments historiques, les dessins de cet ouvrage de défense.
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<span id="footnote94">[[#note94|94]] : Nous empruntons ce passage au <i>Précis historique de l'influence des armes à
feu sur l'art de la guerre</i>, par le prince Louis-Napoléon Bonaparte, présid. de la
Républ., p. 103. (Ext. de la <i>''Chronique</i>'' de Molinet, t. V, ch. CCLXXXIII, p. 42.)
 
<span id="footnote95">[[#note95|95]] : C'est le nom qu'on donne aux parties du parapet comprises entre les créneaux ou embrasures.
 
<span id="footnote96">[[#note96|96]] : <i>''Comment.</i>'' du maréc. de Montluc; édit. Buchon, p. 142.
 
<span id="footnote97">[[#note97|97]] : Dès la fin du XVI<sup>e</sup> siècle, l'artillerie française avait adopté six calibres de bouches à feu: le canon, dont la longueur était de dix pieds, et dont le boulet pesait 33 liv. 1/3;
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pesait 2 liv. 3/4; le faucon, dont la longueur était de sept pieds, et dont le boulet pesait
1 liv. 1/2; le fauconneau, dont la longueur était de cinq pieds quatre pouces, et dont le
boulet pesait 14 onces. (<i>''La Fortification</i>'', par Errard de Bar-le-Duc. Paris, 1620.)
 
<span id="footnote98">[[#note98|98]] : Voy. <i>''le Roi sage. Récit des actions de l'empereur Maximilien I<sup>er</sup></i>'', par Marc
Treitzsaurwen, avec les gravures de Hannsen Burgmair. Publ. en 1775; Vienne. (Les
gravures en bois de cet ouvrage datent du commencement du XVI<sup>e</sup> siècle.)
 
<span id="footnote99">[[#note99|99]] : <i>''Ibid.</i>''
 
<span id="footnote100">[[#note100|100]] : Voir la note, à la page précédente.
 
<span id="footnote101">[[#note101|101]] : <i>''Porte à Mazelle, à Metz</i>''. Topog. de la Gaule, Mérian. 1655.
 
<span id="footnote102">[[#note102|102]] : <i>''Porte de Lectoure</i>'', Ibid.
 
<span id="footnote103">[[#note103|103]] : Some account of domest. archit. in England from Edward I to Richard II; Oxford, .J. H. Parker, 1853. Le château de Kingston sur Hull fut fondé par le roi Édouard I<sup>er</sup> après la bataille de Dunbar, mais les fortifications qui sont reproduites ici sont certainement
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<span id="footnote105">[[#note105|105]] : Gravure allemande du XVI<sup>e</sup> siècle, tirée du cabinet de M. Alfred Gérente.
 
<span id="footnote106">[[#note106|106]] : <i>''Vue de la ville de Marseille</i>''. Topog. de la Gaule, Mérian.
 
<span id="footnote107">[[#note107|107]] : <i>''Défenses de la ville de Blaye</i>''. Topog. de la Gaule, Mérian.
 
<span id="footnote108">[[#note108|108]] : Voy. [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 2, Bastide, bastille|Bastille]], [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 2, Bastion|Bastion]], [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 2, Boulevard|Boulevard]].
 
<span id="footnote109">[[#note109|109]] : <i>''Della Cosmog. universale</i>'', Sebast. Munstero, 1558, pet. in-folio. <i>La città
d'Augusta</i>, p. 676. Le bastion que nous donnons ici dépend d'un ouvrage avancé
fort important qui protégeait un ancien front de vieilles murailles bâties en arrière
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appliquer avec assez de méthode le principe: <i>Les dedans doivent commander les
dehors</i>, et l'assaillant devenu maître du bastion se trouvait exposé aux feux d'un
front très-étendu (voy. 68 <i>''bis</i>''). A est le front des vieilles murailles remparées,
B un large cours d'eau, C un chemin couvert avec barrière, terrassé contre l'ouvrage
avancé; D un petit cours d'eau, E des traverses, F des ponts, G un rempart traversant
Ligne 4 005 :
vieilles défenses terrassées, P les chemins couverts de l'ouvrage avancé. (Voir le plan
de la ville d'Ausbourg, qui présente une suite de bastions construits suivant la forme
adoptée pour les fausses-braies des bastions d'Augusta.--Introd. à la <i>''Fortification</i>'',
dédiée à monseigneur le duc de Bourgogne. Paris, 1722; in-f° ital.)
 
<span id="footnote110">[[#note110|110]] : <i>''Della Cosmog. universale</i>'', Sebast. Munstero, 1558, petit in-folio. <i>Sito et fig. di
Francofordia città, come è nel anno 1546</i>. Le bastion figuré dans cette vue commande
la rivière (le Mein) et tout un front des remparts de la ville. Cet angle
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faces formant un angle obtus; et ce plan ne peut être postérieur à 1530 (voy. [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 2, Bastion|Bastion]]).
 
<span id="footnote113">[[#note113|113]] : <i>''Delle fortif. di Giov. Scala</i>'', al christ°. re di Francia di Navarra, Henrico IV. Roma, 1596. La figure reproduite ici est intitulée «Piatta forma fortissima difesa et sicura con una gagliarda retirata diefro o altorno della gola.» A, rempart, dit la
légende, d'arrière défense, épais de 50 pieds. B, parapet épais de 15 pieds et haut
de 4 pieds. C, escarpement de la retirade, 14 pieds de haut. D, espace plein qui
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de pieds romains 0,297,896.)
 
<span id="footnote114">[[#note114|114]] : <i>''Ibid.</i>'' Planche intitulée: «D'un buon modo da fabricare una piatta forma gagliarda
et sicura, quantunque la sia disunita della cortina.» X, rempart derrière
la courtine, dit la légende. C, pont qui communique de la ville à la plate-forme
(bastion). D, terre-plein. E, épaules. I, flancs qui seront faits assez bas pour être
couverts par les épaules E... Scala donne, dans son <i>''Traité des fortifications</i>'', un
grand nombre de combinaisons de bastions; quelques-unes sont remarquables pour
l'époque.
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<span id="footnote116">[[#note116|116]] : Topog. de la Gaule. Mérian. Topog. de la France. Bib. Imp.
 
<span id="footnote117">[[#note117|117]] : <i>''Della fortif. delle città</i>'' di M. Girol. Maggi, e del cap. Jacom. Castriotto ingeniero del christ°. re di Francia, 1583.
 
<span id="footnote118">[[#note118|118]] : <i>Les fortifications du chevalier Antoine De Ville. 1640. Chap. VIII.