« Le Salon de 1850 » : différence entre les versions
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Notre âge, a de grandes prétentions, il aime surtout à s'entendre dire qu'il résume tous ses devanciers et les surpasse quelque peu. C'est même un trait de notre caractère qu'on ne retrouve pas, je crois aussi saillant dans les époques antérieures jamais : on ne s'est montré moins qu'à présent ''laudator temporis acti''. Nous voyons force gens s'encenser à tour de bras dans la personne de leur siècle, si bien qu'à les ouïr, on se retrouve très étonné de n’être pas plus fier de vivre. Heureuse sérénité ! Après tout, c'est peut être une bonne précaution à prendre, au cas où la postérité n'y mettrait pas la même bienveillance.▼
▲Notre âge, a de grandes prétentions, il aime surtout à
En fait d'art, il serait injuste sans doute de se montrer absolument pessimiste. Il s'est produit depuis vingt ans, dans certains genres, des ouvrages très remarquables. Même au salon de cette année, en se montrant difficile, on pourrait faire un choix d'une dizaine de tableaux ou statues qui ne sont pas des chefs d'oeuvre, si l'on veut, mais qui feraient bonne figure dans les meilleures galeries. Dix ouvrages sur quatre mille, c'est peu, dira t on : c'est beaucoup au contraire, par le temps qui court et avec les symptômes qui se manifestent. Nous pourrions même borner notre désir à voir chaque salon maintenir un pareil chiffre; malheureusement ce petit nombres est noyé dans un torrent d'oeuvres sans nom où les plus déplorables fantaisies se révèlent, et, à voir ces tristes manies grandir d'année en année et s'imposer magistralement, il y a lieu, ce semble, de n'être plus si satisfait du présent et de s'inquiéter sérieusement de l'avenir. Abaissement ou absence de pensée, habileté de main tels sont les caractères généraux qu'on saisit au milieu de ce ''tohu bohu'' des manières les plus diverses: La grande peinture s'affaiblit chaque jour davantage, et le succès n'est guère que pour les ouvrages de petite dimension tableaux de genre, paysages, etc. Est ce là un progrès? Pour faire un tableau d'histoire, la tête doit être de moitié avec la main; le choix médité d'un sujet, l'ordonnance des lignes, l'expression des sentimens et la noblesse du dessin sont des conditions indispensables. Il est, des oeuvres, au contraire, où la nature vulgaire du sujet et l'exiguïté du cadre permettent quelquefois de se soustraire a ces règles, impérieuses, disons mieux, de les faire oublier. Ce n'est donc pas bon signe si, pour montrer du talent, il nous faut nous rapetisser et nous réfugier dans les natures mortes.▼
En fait d’art, il serait injuste sans doute de se montrer absolument pessimiste. Il s’est produit depuis vingt ans, dans certains genres, des ouvrages très remarquables. Même au salon de cette année, en se montrant difficile, on pourrait faire un choix d’une dizaine de tableaux ou statues qui ne sont pas des chefs d’œuvre, si l’on veut, mais qui feraient bonne figure dans les meilleures galeries. Dix ouvrages sur quatre mille, c’est peu, dira t on : c’est beaucoup au contraire, par le temps qui court et avec les symptômes qui se manifestent. Nous pourrions même borner notre désir à voir chaque salon maintenir un pareil chiffre ; malheureusement ce petit nombres est noyé dans un torrent d’œuvres sans nom où les plus déplorables fantaisies se révèlent, et, à voir ces tristes manies grandir d’année en année et s’imposer magistralement, il y a lieu, ce semble, de n’être plus si
Chaque année nous le savons revient avec persistance un paradoxe mais : que le choix du sujet importe peu, que le ''rendu'' est tout, et l'on vous jette aussitôt à la tête les flamands et les Espagnols. L'étrange argument que voilà ! Un des plus beaux tableaux de l'école flamande est, sans contredit, le ''Jour des Rois'' de Jordaens; quelle que soit pourtant la puissance vraiment extraordinaire de couleur qu'on admire dans ces compères en goguette, on nous permettra de garder notre préférence pour telle madone qu'on voudra de Raphaël, bien qu'il n'y en ait aucune qui soit aussi montée de ton. Il va sans dire que, si l'on nous donnait des Jordaens ou des Paul Potter, nous ne réclamerions pas; mais soyons francs, et ne prenons ces raisons que pour ce qu'elles valent, pour l'excuse de l'impuissance. Si nous dédaignons la composition, c'est que nous ne voulons pas nous donner la peine d'apprendre à composer; si nous offensons le dessin, c'est que nous ne savons pas dessiner. « Horace, mon ami, disait le vieux David, d’humeur narquoise, tu fais des épaulettes parce que tu ne sais pas faire des épaules. » A notre tour, nous faisons des maisons et des arbres, parce que c'est plus facile que de faire des hommes, et, quand nous peignons des hommes, nous leur passons un habit ou, une blouse, parce que c'est bien plus aisé à tout prendre que de les peindre nus. Pour dernier trait, si nous voyons des artistes (et ce n'est encore que demi mal) s'en tenir à la reproduction exacte des formes, sans souci du choix et de l'expression, le plus grand nombre n'admet même plus la forme définie par les contours, et se borne à rendre l'apparence des objets au moyen d'un certain ajustement de couleurs plaisant à l’oeil, où la dextérité de la main joue le principal rôle, de comte à demi avec le hasard. Et quand ces pochades informes se produisent, prétentieusement, sont applaudies et font école, comment ne pas crier à la décadence? En vérité; c'est un devoir, et des plus impérieux, car, pour peu qu'on n'y prenne garde, les arts plastiques en seraient réduits à n'exprimer plus des idées, mais seulement des sensations.▼
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▲Chaque année nous le savons revient avec persistance un paradoxe mais : que le choix du sujet importe peu, que le ''rendu'' est tout, et
Une femme d'esprit a dit néanmoins excellemment : « Le but de la peinture et de la sculpture doit être d'inspirer aux hommes de belles pensées la vue de belles images. » Voilà une noble définition qui peut servir de ''criterium'' dans l'appréciation des oeuvres d'art. On peut l'appliquer au salon de 1850, en y ajoutant comme corollaire que toute image qui éveille en l'esprit de celui qui la contemple une pensée vulgaire, un sentiment ignoble, est par cela même mauvaise, ou tout au moins défectueuse, quelle que soit d'ailleurs la vérité avec laquelle elle est rendue. Ceci met mal à l'aise les gens à système, les prôneurs de modes passagères, ceux. Qui confondent l'agréable avec le beau et ceux qui purement et simplement glorifient le laid.▼
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peu qu’on n’y prenne garde, les arts plastiques en seraient réduits à n’exprimer plus des idées, mais seulement des sensations.
▲Une femme
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M. Courbet
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/935]]== tout trouvé, et il copie les deux Voici venir ensuite une procession lugubre, un prêtre en chape noire, des bedeaux en robe rouge, enfans de
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/936]]== n’inspirent pas le plus faible intérêt. Si ce sont des portraits de famille, laissez-les à Ornus. Pour nous, qui ne sommes pas Par suite de ce système de peindre les objets tels qu’on les rencontre, et
Dans la section du laid, M. Antigna suit M. Courbet mais de bien loin. Il
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/937]]== inquiétantes, il importe aussi Il faut toute la volonté tenace de M. Courbet pour résister à ce correctif salutaire ; cela vient de ce que la figure humaine, presque toujours de grandeur naturelle dans, ses tableaux, y absorbe exclusivement
Après M. Courbet, chacun supposerait
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/938]]== celui de Mme *** en amazone est le plus complet échantillon de son talent. La soie de la robe est assez bien rendue ; mais nous croyons que Mme *** changerait bien volontiers son visage contre sa robe. Dans la grande peinture,
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/939]]== un prétexte à faire miroiter du satin ou à lutiner la mousseline qui couvre un beau sein. Enfin il réussit à détourner ==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/940]]== le petit minois crispé de ''Le dernier Banquet des Girondins'', de M. Philippoteaux, fait pendant, a u tableau de M. Müller. Cette composition est froide et compassée ;
''La Procession de la Ligue'', de M.. Alexandre Hesse, aurait elle été commandée pour le musée de Versailles ? Elle porte très marqué l’air de famille de cette collection chronologique. Il y a du style dans le tableau de M. Auguste Hesse, ''Jacob luttant avec
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/941]]== bon d’avertir M. Hesse que ses lutteurs ne connaissent pas très bien leur affaire. Le croc en jambe que Jacob cherche à donner à son adversaire est contre les règles de Donnez pour sujet de tableau un épisode de la Saint-Barthélemy à
En prenant pour thème ''le Jeune Malade''
::Tremble, et, sous ses tapis, il veut cacher sa tête.
Ce mouvement est naïvement rendu ; le vieillard assis au pied du lit, la vieille mère, sont
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M. Laemlein, ayant à figurer une vision apocalyptique où quatre génies aux ailes déployées conduisent chacun un attelage sur les abîmes de l’air, s’est appliqué à donner à ses chevaux l’aspect floconneux des nuages au milieu desquels ils galopent. Les génies, les draperies, sont à
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/943]]== de couleur, écoeuré des débauches de tout genre auxquelles on nous convie l’ascétisme reprendra peut-être faveur : ainsi va le monde en toutes choses. <center>II</center>
En attendant,
Ces allures et ces costumes des coloristes romantiques paraissent maintenant un peu vieillots. Du temps de ''Notre Dame de Paris'', les peintres donnaient beaucoup dans les pourpoints tailladés e les feutres à plumes. Les néo-coloristes exploitent en général plus volontiers la vie des champs, les intérieurs bourgeois et
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/944]]== leur jettent les vagues, nous nous sommes vivement rappelé les sauvages de Plougoff, les pointes sinistres de Penmarck, du Raz-de-Sein et de la Baie des Trépassés, sans cesse voilées dans un linceul de brume à travers lequel retentit la plainte éternelle de la mer et du vent. M. Dumaresq a une couleur tout aussi éclatante et un dessin bien plus soigné que M. Luminais. Son ''Boucher'' est une excellente étude, puisque M. Dumaresq a le bon sens de ne nous le donner que comme une étude. MM. Besson, Pezous, Tabar, Nègre, Vattier, sont moins modestes, et ils se tiennent pour très contens de leurs ''à-peu-près'' ; aussi tous se ressemblent. En quoi M. Pezous diffère-t-il de M. Tabar, et M. Tabar de M. Nègre ? La ''Salle de police'' du premier est moins empâtée que l’''Intérieur de basse-cour'' du second, et le troisième a peint dans un coin des halles une ''Marchande de haricots'' faisant manger la soupe à son poupon, qui possède les mêmes qualités chatoyantes. Il en est de même de la ''Rencontre'' de M. Besson, de ''la Lecture'' de M. Villain, et d’une foule
M. Adolphe Leleux, au contraire, a une touche des plus légères ; le grain de la toile apparaît sous sa couleur hardiment : posée et
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/945]]== leurs longs fusils les chiens furieux et hérissés qui Faut-il croire
M. Bonvin a fait un joli petit tableau représentant l’''Intérieur
Dans ces triomphes de la couleur, il est à remarquer que les coryphées du genre, M. Diaz entre autres, ont moins de succès cette année. Eh quoi ! nos vénitiens seraient-ils déjà sur le retour, et leur palette baisserait-elle ? Non vraiment. Les mêmes gens néanmoins qui battent des mains aux nouveaux venus commencent à passer plus froids devant ''les Bohémiens'' et ''la Résurrection du Lazare'', où il y a infiniment plus de talent, toute proportion gardée.
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/946]]== sa peinture éblouissante manque souvent de modelé, dans '' Les qualités de M. Delacroix sont de celles que les peintres et un petit nombre de gens exercés peuvent seuls apprécier. La composition chez lui accuse une sûreté de goût extrême, et, dans le maniement de pinceau, cet artiste rencontre fréquemment des effets de couleur
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/947]]== l’année dernière. M. Delacroix Nous louerons M. Chassériau pour sa ''Baigneuse endormie au bord d’une fontaine'', qui est
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Nul ne
La ''Fuite en
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/949]]== de nos ancêtres ; son tableau porte donc le cachet de nationalité le plus authentique. Et Le plus parfait morceau de l’exposition de M Decamps, et je dirais volontiers la perle du salon tout entier,
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/950]]== fusils au canon allongé portés en bandoulière. Ces têtes asiatiques à la peau bronzée au nez écrasé aux grosses lèvres et aux yeux obliques, sont Le procédé de M. Vetter ressemble à celui de M. Hébert. Sa touche est grasse, harmonieuse. M. Vetter a plusieurs portraits ; une ''Etude à la lampe'' et une petite figure intitulée ''Rabelais'', représentant un personnage
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/951]]== en robe longue, lisant, assis contre un mur sur lequel grimpe un cep de vigne. M. Vetter Oublierons-nous, parmi les coloristes M, Robert Fleury, dont la peinture fuligineuse et soufrée trouve aussi des contrefacteurs, notamment MM. Aze et Thollot, qui brosse à la suite des robes noires
Dans les grandes compositions, il faut encore citer la ''Jane Shore'' du même peintre, sujet peu intéressant que
M. Meissonier ne réussit pas toujours ; des cinq tableaux
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/952]]== menton. Cette main est un peu bosselée et bouffie, mais pourtant assez d’accord avec l’embonpoint raisonnable du personnage. Le désordre pittoresque Une rue déserte, les portes closes, les volets fermés, sur un tas de pavés remués gisent des cadavres sanglans : telle est la donnée
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/953]]== à peine visibles et se confondent avec les pavés. Avec une attention soutenue, on n’arrive pas à discerner une tête, un bras, une jambe. Il ne faut pas que, pour chercher des effets larges, M. Meissonier sacrifie la netteté et la précision ; sans cela, que lui restera-t-il ? En somme, nous
M. Fauvelet, le satellite de M. Meissonier, sera bientôt pour lui un sérieux concurrent Son ''Ciseleur'' accoudé sur un établi vaut bien le ''Joueur de luth'', et a moins de sécheresse. La tête est très fine ; on voudrait seulement des cuisses mieux dessinées et mieux posées. – Les précédens ouvrages de M. Penguilly faisaient mieux augurer de lui. Maintenant il tombe dans une manière dure qui semble emprunté aux Allemands et à la gravure sur bois. Il y a cependant toujours des qualités de dessin dans le ''Dimanche avant Vêpres'', le ''Lansquenet ivre'' et dans plusieurs petits thèmes fantastiques, qui montrent que
Aussi nous intéressons nous extrêmement à
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/954]]== ''de coqs'' ; mais, à coup sûr, les qualités ''
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M. Picou a moins de dessin et de science que M. Gérôme ; mais sa fantaisie nous entraîne après lui dans les rêveries
Parmi tous les artistes dont nous venons d’étudier les ouvrages, il en est peu qui ne peignent aussi accessoirement le portrait, qui
Nous avons donc des portraitistes dessinateurs et des portraitistes coloristes. MM. Amaury Duval, Hippolyte Flandrin et Lehmann se distinguent parmi les premiers. M. Amaury Duval procède par effets heurtés, sa couleur est sombre et lourde. M. Flandrin a fait autrefois des portraits bien supérieurs à celui de MM. D., bien
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/956]]== pinceau de M. Lehmann qui Avec une égale habileté
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/957]]==
Deux portraits de femmes de M. Chaplin, méritent une attention spéciale. Celle qui est assise en robe gris perle est
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En ce siècle « vide de tout, » combien sont tentés de prendrez pour devise le mélancolique sonnet de Michel Ange :
::Grato m’e’l sonno !
Les ames fières et délicates qui ne voudraient plus ''rien voir ni entendre'' se replient avec une sorte de passion vers la nature, à laquelle on ne songeait pas autant
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/958]]== s’explique le penchant toujours plus prononcé qui attire la foule vers les La méthode de
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/959]]== du zénith ! quelles valeurs de tons entre le ciel et le marais inondé de feu ! Comme ce petit tableau éclipse ses voisins, dont En copiant la nature telle
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/960]]== qui, sous prétexte de brouillard, est effacé gomme un pastel sur lequel on promènerait la manche de son habit. Il faut que M. Rousseau ait une bien haute opinion de Il y a dans la jeune école en ce moment-ci plus d’un paysagiste dont le nom
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/961]]== steppe de la France. Nous pourrions encore citer ''la Rivière de Safsaf au soleil levant'', e M. Frère, ressouvenir de Marilhat, les ''Vues de la forêt de Compiègne'' de M. Labbé, les paysage de Provence de M. Imer, ceux de MM. Hubert, Brissot de Warville, Grenet, Chaigneau, Hanoteau, Anastasi, Louis Leroy et Pascal, qui tous composent plus ou moins, dessinent ou ne dessinent pas, mais expriment en général un sentiment vrai des hamonies rustiques qu’ils communiquent au spectateur. Dans cette même forêt de Fontainebleau, où M Rousseau pose les confins de son univers, M. Paul Huet a choisi deux motifs : ''la Butte-aux-Aires'', et ''les Enfans dans les bois'', devant lesquels
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/962]]== disposition originale. Un rideau Il faut laisser cette population hétéroclite de faunes,
Au milieu du mouvement si caractérisé où se trouvent entraînés les peintres de paysage, on est frappé de voir
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/963]]== d’eux-mêmes. Nous ne retrouvons pas par exemple, dans la ''Vue prise à Saint-Denis'', le moelleux accoutumé de M. Flers. M. Thuillier développe les défauts dont sa manière portait le germe ; il devient dur par trop de finesse et de netteté comme dans ses deux ''Vues'' de Hollande ; celle prise aux environs de Montoirs est meilleure et M. Pron tient ses promesses de
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/964]]== volontiers quelque jupon ou tablier rose dont le ton Décidément M. Troyon monte
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<center>IV</center>
La sculpture ne présente pas les mêmes inégalités que la peinture. Depuis plusieurs années, chaque exposition constate dans cette branche de l’art un degré de perfection soutenu et assez uniforme. Les tentatives excentriques y sont plus rares, parce que la matière et
M. Préault a coulé en bronze son fameux ''Christ'' de
Une statuette en bronze de la ''Misère'', représentant un vieillard pelotonné dans une méchante draperie, nous a paru si ressemblante aux
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/966]]== de voir un jeune sculpteur plein de verve et de fougue, M. Christophe se jeter dans cette voie fatale. M. Christophe connaît son métier d’une façon surprenante ; il modèle avec une sûreté de main et un aplomb Il existe dans
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/967]]== ''fait palpiter la chair''. A-t-on bien pourtant étudié de près et sérieusement l’exécution de ses figures ? Sans parler de la ''Pietà'', qui est taillé dans la pierre, nous trouvons autre bustes en marbre de M. Clesinger, qui nous permettront peut-être d’apprécier la souplesse de ce ciseau si vanté. De ces quatre bustes, deux représentent Mlle Rachel dans le rôle de Phèdre et dans celui de Lesbie. ==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/968]]== simplicité sied mieux, et quand par hasard cette exagération est calculée, la supercherie ne tarde pas à se découvrir. Dans la statuaire encore plus que dans la peinture, un portait n’a de valeur que par l’expression du caractère et le rendu des détails, et le mot d’Apelles sera toujours applicable à ceux qui se réfugient dans de petites charlatanerie : « Ne pouvant la faire belle, tu l’as faite riche. » M. Gruyère, pour modeler son buste de Greuze, s’est inspiré du portrait de ce peintre, et montre à M. Préault ce qu’il aurait dû faire pour celui de Poussin. Le marbre de M. Gruyère est des mieux étudiée ; on y retrouve la même vie, la même animation que dans la toile qui est au Louvre ; Il y a deux bustes gracieux et finement travaillés, l’un de ''Mme la comtesse de Gleose'' par M. Demi, l’autre de ''la Reine de Hollande'' par M. Oliva ; une bien charmante statuette de
Le ''Faune dansant'' de la Tribune de Florence, si admirablement rajusté par Michel-Ange, a inspiré bien des artistes. M. Lequesne, sur cette donnée connue, a pourtant réussi à faire une
C’est une rencontre assez rare dans les
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/969]]== fût aussi populaire, s’il avait fait, toujours avec la même habileté, des faunes et des Apollons, au lieu de faire des Vénus ? L’habileté de M. Pradier est extrême, personne ne la lui conteste ; il en donne encore aujourd’hui une preuve dans sa ''Toilette d’Atalante''. Rien de plus souple que ce corps ployé ; rien de plus délicat que ces bras et ces mains qui se portent en avant pour rajuster la chaussure ; la délicatesse en est même exagérée pour la robuste antagoniste d’Hippomène, et il me semble que M. Pradier n’a guère songé au caractère et au nom à donner à sa statue, qui représente plutôt une Parisienne sortant du bain. En regardant d’un peu près aux statues de M. Pradier, on les trouve bien plus françaises qu’athéniennes, quel que soit le soin qu’il met à les baptiser à la grecque, car il faut bien un prétexte pour promener des femmes toutes nues, et l’on n’en trouve de plausible que dans le dictionnaire de Chompré. Il n’y a pas grand mal à cela, et si nous démêlons un cachet particulier et national aux nombreuses reproductions que M. Pradier édite du même modèle, pourquoi blâmerions-nous chez lui une originalité qui nous charme chez les artistes de la renaissance ? Le grand, le véritable tort de M. Pradier, c’est le tour provoquant qu’il se plaît à donner à ses statues, l’impudeur calculée de toutes ses nudités. La pruderie britannique ne trouvera-t-elle rien de ''shocking'' dans l’ajustement de draperies d’une statuette de ''Médée'' faite pour la reine Victoria ? Sans être obligé de recourir au moindre voile, M. Pradier eût pu également disposer son ''Atalante'' d’une façon plus convenable. Telle qu’elle est, sa place est plutôt dans un boudoir que dans un musée. M. Jouffroy comprend bien mieux que M. Pradier la dignité de son art. Il a poétisé l’égarement de l’ivesse dans son ''Erigone'', qui, à demi renversée, les bras levés au-dessus de sa tête, presse une grappe suspendue à un cep, et en fait couler le jus dans sa bouche. Ce mouvement, bien saisi et vivement rendu, développe une fière et svelte cambrure et de grandes délicatesses dans le torse ; les attaches des membres sont minces et dégagées, ce qui engendre une grande distinction. On ne comprend pas bien la raison d’un bout de draperie qui enroule la jambe droite. Cette draperie, du reste, est bien traitée ainsi que tous les accessoires, les fleurs, les instrumens de musique posés à terre, et le cep de vigne dont les lignes viennent se raccorder avec les bras et la chevelure flottante.
Le goût distingué et la manière noble de M. Jouffroy se retrouvent à des degrés divers chez MM. Pollet, Loison, Jaley. La ''Jeune Fille'' de M. Jaley est pensive, le coude appuyé sur ses genoux, les yeux à demi fermés ; la tête est pleine de grace, et les draperies, d’un bon style, font bien sentir le nu. M. Loison a donné à sa statue d’''Héro'' un caractère tout-à-fait original. Le corps à peine adolescent n’est aucunement voilé
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/970]]== par la draperie de lin transparente à travers laquelle se dessinent de suaves contours ; l’enfant Il nous semble, au contraire,
M. Maindron a eu une fois dans sa vie une inspiration
Les animaux et les bêtes fauves nous envahissent de plus en plus ; bientôt ils seront en nombre, et nous ne sommes pas sans quelque inquiétude de les voir se rendre maîtres de la place. Ce genre de sculpture se développe, parce
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/971]]== à l’ornement Ainsi, au dernier terme de cette revue, nous constatons, une fois de plus, le caractère matérialiste que nous a révélé
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