« La Politique européenne en Chine » : différence entre les versions
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{{journal|La politique européenne en Chine|[[C. Lavollée]]|[[Revue des Deux Mondes]]T.9, 1851}}
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/738]]==
<center>Relations de l’Angleterre et de la France avec le céleste empire</center>
On se préoccupe médiocrement
Ce
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/739]]== nos yeux, son ancien type de curiosité, de chose étrange ; nous en sommes encore aux boîtes à thé, aux tours en porcelaine, aux petits pieds des dames chinoises, aux grandes queues des mandarins et aux magots. Singulière indifférence ! Ignorance coupable chez un peuple qui a de tout temps porté si haut la prétention Si la France ne veut pas ou ne peut pas
<center>I</center>
Trois nations européennes,
Le vaste espace compris entre le détroit de la Sonde ; la pointe de Sumatra, le nord de Luçon et
Dès que ces premiers établissemens furent créé,
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/740]]== du continent asiatique ; et, laissant à l’Angleterre l’initiative que le Portugal avait désertée, elle se disposa à attaquer de front le Céleste Empire. On sait comment, vers le milieu du XVIIe siècle, la compagnie des Indes De ce traité (26 août 1842) date pour la Chine et pour la situation de
Ainsi, dès à présent, le rideau est déchiré ; la grande muraille a reçu en 1842 une rude atteinte. Dès que
On a dit cependant, à plusieurs reprises, que la guerre entre la Chine et
En examinant avec attention les faits qui se sont produits pendant ces dernières années, nous croyons que les craintes ou les espérances qu’inspire la perspective
Au point de vue du droit des gens, la Grande-Bretagne, après avoir exécuté, en ce qui la concerne, toutes les clauses du traité de Nankin, et surtout après
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/741]]== complète des conditions qui liaient solennellement envers elle le gouvernement du Céleste Empire. Par exemple, le traité stipule que les portes de la ville intérieure de Canton seront ouvertes aux étrangers. Cependant aujourd’hui encore les étrangers sont confinés dans un faubourg de Canton, et, En 1847, sir John Davis, alors gouverneur de la colonie de Hong-kong et plénipotentiaire de sa majesté britannique, en Chine, remonta le Che-kiang, fit une démonstration vigoureuse contre les forts du Bogue, et adressa au vice-roi Ky-ing les représentations les plus énergiques contre la violation du traité. Ky-ing prit de nouveaux engagement, mais à quoi bon ?
En présence de ces naïfs et lâches aveux, quelle attitude
Ainsi il y a quelques mois à peine, le gouverneur de Hong-kong, M. Bonham, a tenté auprès de la cour de Pékin une démarche plus directe : un bateau à vapeur, ''le Reynard'' ; a été envoyé à
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/742]]== faire remettre au jeune empereur une lettre de la reine Victoria. Quel état le contenu de cette royale dépêche ? que réclamait Quant au Céleste Empire, serai-t-il- animé
« Lorsque les pauvres fous qui habitent au-delà de la frontière occidentale eurent été châtiés par nos troupes, nous avons pu espérer que, pendant de nombreuses années, nous
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/743]]== Telle fut la cause qui nous fit oublier notre propre chagrin et conclure un important traité. Voulant donner la prospérité à notre empire, nous montrâmes de la tendresse à ceux qui étaient venus des pays lointains, et par suite, depuis dix ans, la flamme dévorante Telles furent les dernières paroles, ''novissima verba'', de
Que le vaincu représente comme un acte de clémence et de tendresse envers les barbares le traité qui lui a été imposé sous le feu des canons anglais, libre à lui : nous
Comment en effet
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/744]]== vapeur, ''l’Archimède'', aux étranges scènes qui précédèrent la signature du traité conclu à Whampoa, le 24 octobre 1844, entre la France et la Chine. Pour la troisième fois, Ky-ing se trouvait en présence La paix, et même la paix à tout prix, telle a dû être, dès ce moment, la politique de Ky-ing, politique d’autant plus rationnelle que le gouvernement chinois doit avoir
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/745]]== lieu à une correspondance dont il nous paraît utile, à divers titres, de reproduire ici quelques extraits. :M. BONHAM AU COMMISSAIRE IMPÉRIAL SEU.
:Hong-kong, 8 mars 1850.
« J’informe votre excellence que, le 3 du courant, Wan, commandant de Tapang, a annoncé au principal magistrat de cette colonie la présence de pirates sur la côte-
« Nous avons expédié un bateau à vapeur qui, après avoir pris à bord un certain nombre
« Le bateau à vapeur, après avoir accompli sa mission, sans éprouver de pertes, est revenu à Hong-kong avec plusieurs
« Quant à la dépense de charbon ; je ne saurais acceptés la proposition de remboursement qui a été faite par le commandant Wan. Un tel procédé serait contraire aux usages de ma nation ; mais je puis, à cette occasion, vous faire remarquer que le charbon est un article dont nous avons constamment besoin et que nous sommes obligés
« Nous serons toujours heureux de venir a votre aide ; je
Voici la réponse du commissaire impérial.
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:SEU, HAUT COMMISSAIRE IMPÉRIAL, GOUVERNEUR-GÉNÉRAL. DES DEUX KWANG, A SON EXCELLENCE M. BONHAM.
«
« Cette preuve de la bonne entente que le gouvernement de votre excellence désire entretenir avec le mien
« Relativement à Formose, lorsque votre excellence nous a marqué tant
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/746]]== usuelle : on peut se le procurer dans les cinq ports, et dès-lors rien « Les offres de remboursement faites par le commandant Wan
«
« Voici la liste des présens : huit boeufs, huit moutons, huit boîtes de thé ; huit barils de sucre candi, huit barils de farine, huit barils de ''lung-ngan'' secs ; huit barils de ''li-tchi'', huit paniers
Ce
Nous ne devons pas, assurément, souhaiter
Lorsque sir Henry Pottinger dicta les conditions du traité de Nankin, il dut se trouver fort embarrassé pour le choix de la colonie destinée à recevoir le pavillon anglais dans les mers de la Chine et pour la désignation des quatre ports qui, indépendamment de Canton, allaient être ouverts au commerce étranger. Hong-kong
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/747]]== proximité de Canton et sa situation à l’embouchure du fleuve Ché-kiang semblaient lui assurer un grand avenir politique et commercial. Quant aux quatre ports, sir Henry Pottinger a choisi ceux qui, en raison de leurs anciennes relations avec
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/748]]== toutes les îles de On
Reste cependant une question qui a occupé une grande place dans les événemens des dernières années, et qui ne se trouve point encore définitivement tranchée, la vente de
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/749]]== du palais impérial. Il est difficile
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!
! RECETTES
! BÉNÉFICES NETS
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Ces chiffres de recettes ne représentent que la valeur de
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/750]]== de Il
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Nul autre peuple ne saurait lui susciter de concurrence. Les Hollandais, rejetés au sud de
<center>II</center>
Pendant les guerres de la révolution et de
Lorsque la guerre éclata entre la Grande-Bretagne et le Céleste Empire, le gouvernement français établit sur la côte de Chine une station permanente pour suivre de près les événemens et préparer les voies à une intervention plus directe dans les affaires de ce vieux monde qui allait devenir pour
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/752]]== leur tour avec la Chine, ce fut alors Notre traité a été signé à Whampoa le 24 octobre 1844. Il reproduit, sous une forme plus précise, les principales clauses du traité de Nankin ; il abaisse le tarif des vins et des girofles, mais il ne pouvait, en aucun cas, nous garantir de faveurs particulières, puisque les Anglais avaient stipulé
Si nous consultons les statistiques commerciales, nous sommes obligés de reconnaître que le traité n’a pas sensiblement amélioré la condition de nos échanges dans les mers orientales. Voici, en effet, le chiffre total du commerce et de la navigation de la France en Chine et en Cochinchine, de 1831 à 1849 :
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!
! navires
! tonneaux
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Ces chiffres sont, on le voit, insignifians. Doit-on
Plusieurs délégués, présentés au choix du gouvernement par les principales chambres de commerce, avaient été adjoints à l’ambassade de 1844. Ils ont publié leurs rapports :
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/753]]== C’est pour cela qu’il importe de ne pas séparer la question de valeur de celle de volume, Ainsi,
La cherté de notre navigation paralyse non-seulement dans les mers de
Il y aurait également profit pour nous à reparaître dans la baie de Tourane, non plus pour y couler les innocentes jonques de
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/754]]== au bruit de nos canons les paisibles échos des montagnes de marbre, mais pour y renouer, s’il en est temps encore, les anciennes relations que la France, au commencement de ce siècle, Pour réussir, ou tout au moins pour sortir de la situation misérable qui nous est faite dans les mers de
Le commerce, plus directement intéressé aux résultats de l’entreprise, a-t-il, de son côté, déployé
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/755]]== ville, que les armateurs Il est pénible de se trouver constamment en face de cet écrasant parallèle et de dénoncera le rôle subalterne auquel la France semble se résigner dans cette grande lutte commerciale dont
<center>III</center>
Nous pourrions cependant, pour notre politique et notre commerce, imiter la conduite, à la fois prudente et intrépide, des missions catholiques, qui depuis plus de deux cents ans ont tenté de si nobles efforts pour la cause de la religion. Tour à tour protégés et proscrits, honorés et persécutés, appelés un jour aux dignités de la cour impériale pour être le lendemain jetés dans les cachots ou conduits au supplice, les missionnaires ont poursuivi leur glorieuse tâche sans se laisser un seul moment exalter par les perspectives
La France a de tout temps tenu à honneur de figurer, au premier rang des nations chrétiennes : en Chine, elle n’a point faillit aux devoirs que lui imposent ses traditions et que lui conseillerait au besoin sa politique Que ce soit du moins une compensation du rang inférieur qui nous est échu dans
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/756]]== des services éclatans que les missions catholiques de la France ont rendus à la civilisation et à la foi. Les diverses sectes de la communion protestante possèdent, également des prédicateurs qui ont entrepris la conversion des Chinois. Ces missionnaires, ou plutôt ces agens, ne quittent point les ports légalement ouverts à
Aussi, lorsque,
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/757]]== et notre diplomatie pouvait se féliciter du résultat Cette proclamation ne laisse subsister aucune équivoque : elle nous est acquise. Dans la lutte engagée, au nom de la liberté des cultes, contre les préjugés traditionnels du Céleste Empire, à nous seuls revient
Il convient désormais que la proclamation de Ky-ing ne demeure pas lettre morte. En la provoquant, nous avons pris envers les missions catholiques et envers nous-mêmes l’engagement
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/758]]== mœurs de tout un peuple ne sauraient se modifier d’un jour à C. LAVOLLEE.
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