« Chronique de la quinzaine - 14 septembre 1867 » : différence entre les versions

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Cette première quinzaine de septembre aura été peut-être le seul moment politique de l’année favorisé de quelque tranquillité. La circulaire pacifique de M. de Moustier a effacé avec un optimisme candide les « points noirs» et les « revers passagers » des dernières harangues impériales; il n’était pas possible de donner congé aux soucis politiques d’un air plus naïf et plus leste. Nous avons bien eu, pour continuer le fil du travail germanique vers l’unité, le discours sonore du grand-duc de Bade; mais en revanche le discours du roi Guillaume à l’ouverture du parlement fédéral a été d’une prudence et d’une modération exemplaires. Il est visible que le gouvernement prussien n’est point pressé d’absorber l’Allemagne méridionale : les traités d’alliance militaire et la reconstitution du Zollverein lui suffisent pour le présent; il veut digérer à loisir ses récentes annexions septentrionales. Les circonstances au milieu desquelles se produit cette halte marquée fournissent déjà aux politiques d’imagination les élémens d’une théorie souriante. Suivant ces médecins tant mieux, l’entrée des états du sud dans la confédération nouvelle serait un échec pour la suprématie prussienne. L’initiative semi-despotique de Berlin risquerait d’être annulée, si les Allemands du sud avec leur esprit libéral et démocratique faisaient irruption dans le ''reichstag'' fédéral. L’élément prussien serait alors noyé dans la grande nationalité germanique. Le peuple allemand se constituerait sur les principes du ''self-government''. Libéral, il serait nécessairement pacifique, et son union ne saurait plus donner d’inquiétude aux nations voisines. Toutes les perspectives de ce côté seraient donc rassurantes : si les choses restent dans l’état présent, la Prusse, pour conserver l’hégémonie, demeurera modérée; si le mouvement unitaire s’achève, l’Allemagne deviendra plus libérale, et s’occupera bien plus de ses progrès intérieurs que
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d’idées ambitieuses sur le dehors. On voit que, pour ce qui nous concerne, nous n’avons que le choix des vœux : quoi qu’il advienne, ceux qui ont le don de se consoler des mésaventures par des chansons pourront toujours dire ''e sempre bene''! Nous n’avons plus à songer qu’aux démarches de souverains qui doivent terminer pour l’année le cycle des courtoisies monarchiques, au voyage de l’empereur d’Autriche à Paris qu’on nous promet pour les derniers jours d’octobre, et peut-être-à une visite de l’empereur des Français au roi de Prusse, qui mettrait le comble au l’établissement de la confiance et de la sécurité générales.
 
S’il faut se conformer aux temps, s’il faut être frivole quand c’est le tour du jour, on doit convenir que cette règle est fidèlement observée par les naïfs esprits qui viennent de s’exercer dans la stérile agitation des congrès. Congrès catholique de Malines, congrès d’ouvriers de Lausanne, congrès de la paix de Genève, viennent d’ouvrir des jours curieux sur l’état lies esprits. Ces essais de manifestation de pensées collectives, ces efforts dont l’objet semble devoir être d’imprimer quelque unité au mouvement intellectuel de l’époque, ont avorté de la plus baroque façon. Il n’y a guère à parler du congrès de Lausanne si ce n’est pour avouer le regret que ceux qui prétendent à la direction des classes ouvrières se montrent si fermés aux enseignemens de la science économique. Le congrès de Malines, celui de Genève, faisant appel à un grand concours d’hommes éclairés, auraient dû mieux servir les intérêts qu’ils représentaient. Quoique le parti libéral ait la majorité en Belgique, on peut dire que c’est dans ce pays que le catholicisme politique a rencontré de notre temps son asile le plus honorable et le plus sûr. Sans doute les motifs de sérieuses ou mesquines querelles entre le parti catholique et le parti libéral ne manquent point en Belgique. Cependant on peut rendre au parti catholique belge cet hommage, qu’il s’est plusieurs fois montré capable de comprendre, d’aimer, de pratiquer la liberté. Bien des difficultés seraient aplanies dans les autres pays catholiques, si les intérêt religieux y avaient été défendus par des partis aussi intelligens et aussi consciencieux dans la pratique des institutions représentatives. Pourquoi faut-il que certains compatriotes à nous aillent chercher dans ce pays de bon seps des tribunes où faire entendre leurs vides, intempestives et maladroites déclamations? Pourquoi M. Dupanloup, qui perd la voix à Orléans, a-t-il l’idée, d’aller la retrouver à Malines pour fulminer ces vieilles injures, ampoulées, pour prononcer ces gros mots contre Luther, Calvin et Voltaire, qui font tourner les controverses en emportemens grossiers? En choisissant les Pays-Bas catholiques pour se livrer à ces violences, M. Dupanloup se trompe de lieu; le parti catholique belge a plus de sens politique, plus de mâle tolérance que son hôte fougueux ; n’observe-t-il pas qu’aucun prélat belge ne s’avise d’aller vociférer ainsi dans un congrès tenu en Belgique? Une velléité non moins maladroite a
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Entraîné Garibaldi à Genève, au congrès de la paix. Ce pauvre congrès de la paix a été sans contredit inspiré par une pensée honnête et généreuse, mais quelle représentation absurde il a donnée! Pourquoi Garibaldi, qui depuis plusieurs semaines rôdait aux frontières romaines, est-il venu prendre la première place où des penseurs politiques devaient rechercher avec conscience et simplicité quelles sont dans le système européen les causes immanentes de guerre, et quels sont les moyens par lesquels les peuples, se rendant maîtres de leurs destinées, pourraient extirper ce fléau? La paix permanente, dit-on, est une chimère. Dans l’état de l’Europe, la recherche des garanties d’une paix durable devrait cependant devenir une œuvre de jour en jour moins paradoxale. Les divers peuples européens sont liés entre eux par les mêmes idées générales. Ils sont régis par des constitutions sociales qui ne sont plus séparées par de notables divergences; les applications des sciences à l’industrie et les intérêts économiques les rapprochent et les mêlent de plus en plus. Ils ont tous le même objet politique, l’amélioration de leur gouvernement intérieur, c’est-à-dire l’accroissement de la participation équitable et raisonnable de l’universalité des citoyens aux affaires publiques.
 
La vie sociale, économique et politique ne nous montré que ce qui unit les peuples. N’y a-t-il donc pas lieu d’examiner ce qui les divise, ce qui est de nature à les soumettre encore à la calamité et à la honte dés luttes sanglantes, ce qu’on peut et doit faire pour anéantir le mal dans ses causes? Certes une pareille recherche est une de celles qui appartiennent le plus complètement à la compétence de l’esprit humain, au degré de culture intellectuelle et morale où il est arrivé. Le succès d’une pareille application et d’un pareil effort ne dépassé point la puissance de la bonne volonté et de la vertu humaines. L’objet que se proposait le congrès de Genève n’était donc point chimérique. Ce sont les hommes qui n’ont point été, sauf un très petit nombre, à la hauteur de la tâche. Garibaldi, ce naïf apôtre de paix politique, est venu prêcher la guerre de religion, celle dont la civilisation a déjà délivré l’Europe, dans un des foyers les plus ardens des passions religieuses. D’autres esprits indisciplinés et malhabiles ont renchéri par les professions philosophiques les plus déplacées sur l’étourderie du Pierre l’Ermite italien. Ces visiteurs contemplatifs et humanitaires de Genève ont montré une ignorance bien extraordinaire de l’esprit de cette vigoureuse et positive petite république. Ils n’ont pas su que la balance du pouvoir est à peu près tenue à Genève par la population catholique ; ils n’ont pas su que, sous l’influence soit d’un libéralisme positif et expérimenté, soit d’un calcul politique, les catholiques genevois sont de la part des deux partis l’objet de ménagemens particuliers; ils n’ont point su que, grâce au grand révolutionnaire, M. Fazy, il y a aujourd’hui un évêque dans la Genève de Calvin. Par une de ces contradictions bizarres, que créent les
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combinaisons les plus imprévues, la Genève de nos jours a vu l’alliance du parti radical et de l’intérêt catholique. Garibaldi et les matérialistes ont eu bonne grâce à venir troubler par leurs prédications à la fois mystiques et impies une population tout imprégnée, d’un sentiment que l’on pourrait appeler l’amour-propre religieux, et où les prétentions religieuses sont le principal ressort d’un gouvernement radical et démocratique! La bévue ne pouvait être plus énorme, et les Genevois l’ont fait sentir sans ménagement à leurs hôtes infortunés.
 
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Les lois naturelles, reprennent toujours leur empire sur les efforts
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capricieux des esprits mal faits qui cherchent à les éluder. Or c’est une loi naturelle que des nations honnêtes et laborieuses ne soient point, malgré elles et à leur insu, entraînées dans des guerres redoutables, les violations de cette loi naturelle trouveront à un jour donné leur limite infranchissable et leur expiation méritée. Que des accidens passagers, et par exemple la ridicule déconvenue du congrès de Genève, n’ébranlent donc point notre foi dans les principes. Dans toutes les voies de la politique, les erreurs et les fautes rencontrent leurs peines; il n’en est pas autrement dans le terrible chemin qui mène les gouvernemens absolus à la guerre.
 
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La Compagnie immobilière s’est trompée et dans ses espérances sur la prompte réalisation de son actif et dans ses calculs sur le concours qu’elle pouvait attendre du crédit. Elle n’a point obtenu l’écoulement rapide de ses terrains ou de ses immeubles; le crédit facile et courant, venant du public, lui a fait défaut. Elle a été obligée de contracter une dette de 70 millions auprès du Crédit foncier et une dette d’une importance égale en comptes courans auprès du Crédit mobilier. Elle s’est trouvée arrêtée dans une impasse. On estime que, pour reprendre la
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liberté de ses mouvemens et pour arriver à liquider son actif sans le déprécie, elle aurait besoin d’un accroissement de ressources d’une centaine de millions. Directement et seule, il lui est absolument impossible d’obtenir du public un concours de cette importance. Ce ne serait qu’avec une garantie de revenu donnée par l’état ou par l’administration municipale de Paris, dont elle a été d’abord l’actif auxiliaire et qui lui a suscité ensuite des concurrences ruineuses par l’ubiquité et l’impatience de ses entreprises, qu’elle pourrait obtenir 100 millions par l’émission de nouveaux titres. Or, en admettant que l’état ou la ville fût amené à donner une pareille garantie en considération du retentissement que la ruine de la compagnie aurait il Paris et à Marseille sur la situation générale de la propriété immobilière, une pareille mesure ne peut être prise par une résolution immédiate, il y faudrait la sanction des chambres. La situation était pressante. De prêteur trop confiant et trop complaisant à l’origine, le Crédit mobilier était devenu prêteur besoigneux lui-même. Un établissement de banque ne peut pas immobiliser longtemps plus de la moitié de son capital en des avances qui prennent le caractère de la permanence. La paralysie de la Compagnie immobilière devenait contagieuse pour le Crédit mobilier. Toutefois on ne pouvait sortir de difficulté par une solution actuelle et définitive.
 
On ne nous contredira certes point si nous disons que cet embarras simultané de deux grandes compagnies autour desquelles gravitent tant d’opérations et tant de capitaux engagés constituait une grave question politique. Tout ce mouvement imprimé dans Paris à la transformation de la richesse foncière pouvait-il aboutir à un éclat sinistre? La solution définitive n’étant point à portée, on a pris des arrangemens provisoires. On s’est adressé à la Banque de France pour un emprunt temporaire, Les membres du conseil du Crédit mobilier ont joint leurs engagemens personnels à ceux de la compagnie pour un emprunt de 37 millions et demi renouvelable pendant trois années. La Banque de France, retenue dans la limite de ses statuts, n’aurait pu consentir à prêter une somme supérieure, les titres que les emprunteurs avaient à lui offrir au-delà de leurs engagemens personnels n’étant point de ceux sur le dépôt desquels elle est autorisée à faire des avances. Ce prêt de 37 millions détendra la situation de la Compagnie immobilière et du Crédit mobilier, et permettra d’attendre le moment où une combinaison plus complète sera possible. Nous ne croyons pas que, dans des circonstances si critiques, il fût convenable de troubler par des récriminations sur les fautes commises dans la direction passée de ces deux compagnies les efforts réparateurs qui sont tentés pour prévenir une perturbation profonde. On ne peut cependant oublier la différence de système qui séparait la direction du Crédit mobilier de celle de la Banque. Quelle véhémence de polémique n’eurent point à subir les principes et les hommes de la Banque quand
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on tenta de lui susciter pour rivale la Banque de Savoie, et quand l’enquête fut engagée! C’est aujourd’hui à la Banque qu’on demande et qu’on trouve le salut, tant il est vrai que la vérité reprend toujours ses droits sur l’erreur. Nous-mêmes, il y a douze années, quand le Crédit mobilier était encore un essai nouveau, nous prîmes la liberté de signaler et de combattre longuement dans la ''Revue'' la conception erronée de cette institution de crédit : l’expérience nous a donné raison, les lois économiques ont été plus fortes que le talent des hommes et leurs immenses ressources, et leur situation privilégiée, et la faveur constante du gouvernement. C’est le gouvernement surtout qu’il faut exhorter à faire son profit de l’histoire de la Compagnie immobilière. L’échec de cette entreprise est la preuve saisissante qu’on surmène la France avec les travaux de Paris et des grandes villes. Les mêmes avortemens, de plus graves peut-être, seront la conséquence et la punition de ce système anti-économique et artificiel. Après avoir usé une compagnie, on aura beau avoir recours à d’autres expédiens, comme celui qu’on a exploité l’an dernier avec une témérité incroyable en prenant au Crédit foncier des millions par centaines sous la forme d’obligations communales; on ne donne pas à une branche de l’industrie et du travail un développement aussi exagéré et aussi arbitraire sans préparer de formidables perturbations économiques.
 
Il n’est point d’une bonne politique financière d’engager aux satisfactions actuelles, par caprice personnel, les produits imaginaires de l’avenir escomptés d’avance, d’entretenir le luxe égoïste et imprévoyant du présent aux frais des générations qui nous suivront, et à qui nous en imposons la charge permanente. Voilà une vérité qui est bien établie aujourd’hui dans tous les esprits politiques anglais. Pour un homme d’état anglais, la gloire n’est point de charger par des œuvres d’apparat l’avenir financier de son pays. Son devoir et son honneur sont de saisir toutes les occasions de diminuer la taxation ou d’entendre l’action plus facile au pays. Il n’y a pas de rêveurs en Angleterre tels que M. de Persigny (par parenthèse, le créateur politique du Crédit mobilier), qui se grisent de la splendeur d’un colossal emprunt de la paix en perspective. A ce point de vue, M. Disraeli ne trouvera peut-être point l’année prochaine la faculté d’alléger l’impôt, cette prouesse recherchée des chanceliers, de l’échiquier britannique. Le contre-temps de l’expédition d’Abyssinie pour la délivrance des captifs du roi Théodoros lui imposera des dépenses extraordinaires qui lui interdiront d’ouvrir la chance aux diminutions de recettes. C’est une question dont on se préoccupe déjà en Angleterre que de savoir quel sera le thème principal de la prochaine session, et la contenance que prendront les partis. On a voulu voir ces jours passés, un symptôme de la conduite future des partis dans deux lettres écrites par lord Russell et M. Gladstone au
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président d’une association réformiste. Malgré la mauvaise humeur des whigs, il est évident que le parti populaire, et avancé attache un grand prix au bill de réforme qui vient d’être voté. Les vsates, associations formées part le radicalisme et les classes ouvrières croient avoir remporté une victoire positive, et leurs chefs trouvent habile et opportun de célébrer ce succès par des manifestations publiques. Une de ces associations se propose de donner en l’honneur de la réforme obtenue un banquet public à Sydenham, au palais de cristal. Le président a envoyé à lord Russell et à M. Gladstone des invitations auxquelles ces hommes d’état ont répondu. Les invitations sont déclinées, mais les lettres sont curieuses. La plus amusante est celle de lord Russell. Elle est bien d’un vieillard acariâtre qui entend dire son mot jusqu’à la fin. Le vieux chef whig traditionnel paraît surpris qu’on fasse fête au nom du peuple à un bill de réforme qui n’est point son œuvre. Il prétexte dédaigneusement qu’il ne sait pas quelle est la valeur de cette soi-disant réforme, et il ne cache point qu’il n’en tire aucun bon augure; mais il ne laisse pas échapper l’occasion de tracer un nouveau programme de parti. La réforme, suivant lui, ne pourra être jugée utile que si elle est suivie de mesures qu’il énumère. Parmi ces mesures, il place en première ligne des réformes religieuses et sociales en Irlande, l’abolition de l’établissement temporel de l’église anglicane d’Irlande et le changement de la loi qui régit les rapports des propriétaires avec leurs tenanciers. Comme l’Angleterre ne procède que par réformes successives et progressives, on y voit longtemps d’avance les abus qu’il faudra faire disparaître quand leur tour sera venu. Que cela soit le cas pour les affaires irlandaises, dont par le lord Russell, nous ne le contesterons point; mais nous ne croyons pas que la solution de ces réformes soit interdite à aucun des deux partis qui se disputant le pouvoir, et que les whigs aient à cet égard un brevet de priorité. La réponse de M. Gladstone restait dans les généralités et ne portait aucune trace de défiance à l’égard du bill de réforme; le grand orateur ne donnait aucun signe de l’humeur querelleuse dont lord Russell était animé. En lisant ces deux lettres, les esprits impartiaux ont manifesté des doutes sur la direction qui serait imprimée l’an prochain au parti libéral. Ce parti n’est plus discipliné et guidé par une influence unique et incontestée. A y bien regarder, c’était une coalition de partis plutôt qu’un parti homogène; il avait des élémens très aristocratiques et très conservateurs et des élémens radicaux. Il est naturel que ces sections diverses, n’étant contenues ni par la grandeur d’un intérêt ou d’un principe dont il y aurait à poursuivre le triomphe prochain, ni par l’influence personnelle d’un chef incontesté, tendent à se disjoindre. Le parti libéral a donné depuis deux ans deux preuves d’indocilité à ses chefs : la première a été l’opposition des ''adulamites'' au bill de M. Gladstone; la seconde a été la scission du ''tea-room'' (une section
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d’une cinquantaine de dissidens libéraux se réunissant dans un salon de la chambre), qui a refusé de concourir aux amendemens décisifs que M. Gladstone voulait opposer au bill de M. Disraeli. Le parti libéral est donc en travail de décomposition. Ce sont là les bucoliques de la politique anglaise; la chose sérieuse, c’est l’enquête sur les coalitions d’ouvriers, les ''trades’unions''. L’opinion publique s’applique avec bon sens et vigueur à cette curieuse étude sociale.
 
Les mœurs politiques sont plus rudes aux États-Unis; il faut admirer cependant comment dans cette jeune et brutale république on fait des efforts souvent heureux pour arriver à des résultats de bon sens à travers la violence des procédés. C’était de la part du président Johnson un acte grave et difficile que de révoquer le ministre de la guerre, M. Stanton. Par-delà M. Stanton, le président voulait surtout atteindre le général Sheridan, qui exerçait, suivant lui, avec trop de rigueur son commandement de la Nouvelle-Orléans. Parmi les renommées créées par les vicissitudes de la guerre civile, il n’en est point de plus populaire que celle de Sheridan. Quoique n’ayant point exercé le commandement en chef, Sheridan a été un inventeur militaire dans ces gigantesques campagnes. C’est lui qui avait organisé et qui a commandé dans les mouvemens et les actions les plus vives cette cavalerie qui n’était au fond qu’une infanterie montée, et qui remplissait avec tant de célérité et de vigueur les services des deux armes. Les dernières journées de la lutte où il harassa l’intéressant général Lee et les héroïques débris de l’armée du sud en les tournant dans tous leurs mouvemens ont attaché à son nom un lustre militaire qui est arrivé jusqu’en Europe. On dit que, comme candidat républicain à la présidence, il aurait peut-être plus de chances que Grant ou Sherman. Une sympathie énergique unit ces trois grands soldats américains. Cependant, pour faire exécuter le déplacement de Sheridan, Johnson n’a pas craint de placer le général Grant à la tête du ministère de la guerre. Que Grant n’ait accepté qu’avec répugnance des fonctions ministérielles qui établissaient entre le président et lui aux yeux du public une solidarité désagréable, cela n’est point douteux. Le général Grant a donné une curieuse justification de son acceptation. Le président étant le chef des armées de terre et de mer de la république, Grant a allégué l’obligation de l’obéissance militaire pour entrer au ministère; mais les anomalies ne se sont point arrêtées là. Devenu ministre, Grant s’est refusé énergiquement au déplacement de Sheridan; puis après y avoir consenti, sans doute pour épargner au pays une dissolution de l’administration et une crise générale, il a interdit au successeur de Sheridan de changer aucun, des fonctionnaires nommés par ce général. Tout en signant la translation de son camarade de la Nouvelle-Orléans au Missouri, Grant a donc sanctionné son système. Au fond de ces contradictions apparentes, il doit y avoir des ménagemens délicats
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observés envers les personnes dans des vues élevées de patriotisme. Les chefs de l’administration américaine doivent faire des sacrifices de ce genre à cet excentrique entêté qu’un mauvais destin leur a suscité comme président. Quant à Johnson, on rapportait récemment qu’il songeait à renvoyer tous ses ministres et à former un nouveau cabinet. Les lubies présidentielles ont le champ libre quand le congrès est en vacances; mais en Amérique le remède n’est pas loin du mal. en face du congrès réuni, le président perdra tout pouvoir de mal faire. Au surplus; la situation personnelle du président Johnson, malgré la hauteur de la fonction républicaine qu’il exerce, devient de jour en jour plus isolée. Il n’obtient pas même faveur auprès du parti démocratique. Il trouble et fatigue le mouvement des affaires. Ses dernières frasques ont alarmé le commerce et fait baisser le prix de l’or.
 
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A la suite des négociations qui ont eu lieu entre les ministres d’Autriche et de Hongrie sur le partage des charges financières de l’ancienne monarchie antérieure au présent dualisme, on a vu plus clair dans l’état des finances de l’Autriche. Ces finances sont loin d’être prospères. Quelle que soit la fierté de ses traditions, un empire ainsi
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appauvri n’est point capable de se livrer de nouveau aux aventures romanesques et ruineuses de la politique étrangère. On est en présence d’un service de dette publique qui dépasse 300 millions de francs par année, de dépenses militaires qui, si étroitement limitées qu’elles soient, sont supérieures à 200 millions. Le système des impôts tarit la richesse, Le système douanier est bien maladroit et arriéré, puisque dans un pays peuplé et grandement producteur il ne rapporte guère au trésor qu’une quarantaine de millions. Les premiers soins du gouvernement autrichien sont donc dus à ses finances. La gêne et la détresse financières sont la calamité commune de la plupart des gouvernemens actuels de l’Europe. Russie, Autriche, Italie, Espagne, peuvent se donner la main dans cette cour des miracles d’un autre genre où la mendicité des gouvernemens ne laisse aucune trêve au marché des capitaux. Avec des régimes politiques probes et libéraux et une paix forte, claire et placée par la volonté résolue des peuples hors des atteintes des potentats, on finirait par panser ces blessures, et par répandre sur la surface de la grande Europe l’honnête prospérité du travail assuré de sa rémunération légitime et croissante.
 
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Monsieur, On vient d’appeler mon attention sur une lettre de son altesse impériale le prince Napoléon, en date du 27 juin dernier et insérée dans la livraison du 1er juillet de la ''Revue des Deux Mondes''. Le principal but de cette lettre est d’éclairer l’histoire du mariage conclu dans l’année 1803 en
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Amérique par M. Jérôme Bonaparte, alors mineur, et de prouver la nullité de cette union, nullité résultant du défaut de consentement maternel ; mais la discussion de ce point historique a en même temps fourni au prince Napoléon l’occasion de parler en termes on ne peut plus blessans pour l’auteur et pour l’éditeur d’un livre qui a paru en 1858 sous le titre de ''Mémoires du comte Miot de Melito'', et qui, selon lui, a été publié sous une inspiration notoirement hostile. Voici, monsieur, ce que j’ai à répondre aux attaques trop peu mesurées que le prince Napoléon a dirigées contre feu mon beau-père et contre moi.
 
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En 1831, le comte Miot retourna en France emportant avec lui le manuscrit de ses ''Mémoires'', et en 1838, nommé moi-même ministre plénipotentiaire de Wurtemberg à Paris, je vins l’y rejoindre avec ma famille. M. Miot mourut en janvier 1841, et, la révolution de 1848 ayant mis fin à ma mission auprès du gouvernement français, je retournai à Stuttgart.
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A Paris déjà, quelques personnes à qui j’avais communiqué des fragmens des ''Mémoires'' du comte Miot et qui les trouvaient aussi intéressans que précieux pour l’histoire de l’époque mémorable qu’ils embrassent m’avaient encouragé à les livrer à la publicité. Je me déterminai donc à en faire une édition lorsque la tourmente des années 1848 et 1849 eut commencé à se calmer. J’en ai retranché tout ce qui pouvait ne pas offrir un intérêt historique, mais dans les trois volumes de cet ouvrage il n’y a pas un mot de mon crû. Les ''Mémoires'' du comte Miot devaient paraître en 1856, ils n’ont paru qu’en 1858 par suite de circonstances indépendantes de ma volonté. J’ai cru devoir entrer dans ces détails pour expliquer pourquoi le livre n’a vu le jour que dix-sept ans après la mort de l’auteur.
 
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Quant à la supposition du prince Napoléon, qui avance que je me suis inspiré des ennemis de l’empire, je ne puis que répéter ce que j’ai déclaré dans une autre occasion : mes opinions sont parfaitement indépendantes, elles ne sont inspirées par personne ni par aucun parti, et ne reposent que sur mes sentimens et mes convictions individuels.
 
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Après tout ce qui précède, je crois pouvoir à mon tour laisser à chacun le soin d’apprécier la valeur des doutes que son altesse impériale le prince Napoléon a cherché à jeter sur l’authenticité et la véracité des ''Mémoires du comte Miot de Melito''.
 
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M. F. Barré a intitulé son recueil ''Rimes d’escolier''. pourquoi ''escolier''? Vous pensez à Villon, aux franches repues et aux cyniques joyeusetés du ''Testament''; vous ouvrez le livre, et vous y trouvez des poésies bien sages, faites par un enfant bien rangé et bonnes à lire, le soir à la veillée, pendant que la petite sœur brode, que le grand-père sommeille et que la bouilloire chante au coin du feu. Il est vrai qu’on y trouve aussi des chansons d’après Béranger et des stances d’après Musset, car M. Barré
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imite un peu tout le monde; mais l’élégie sentimentale domine, ainsi que la petite romance pleine d’azur et de papillons bleus. Quand viendront les vacances, la grande sœur sortie du couvent chantera sur le piano les couplets du grand frère :
 
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L’auteur de la ''Légende rustique'', M. Robinot-Bertrand, est aussi un poète triste; mais, sa mélancolie douce et inoffensive ne va pas jusqu’à l’hypocondrie. Il aime le soleil, les champs, les oiseaux; il ne doute pas, il ne déteste pas les femmes, Son poème est une élégie encadrée dans une idylle. — Un jeune paysan qui à fait ses classes devient amoureux d’une riche et noble héritière. Pour la mériter, il court chercher à Paris la gloire et la fortune et, pendant qu’il travaille, celle qu’il aime se marie. Accablé par ce dénoûment, qu’il aurait bien dû prévoir, il se jette dans la débauche, le grand remède des poètes qui ont souffert par les
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femmes, — revient malade au village, y écrit son journal et meurt de désespoir. La fable, comme on voit, est assez puérile, et le héros ne brille pas par le bon sens; mais on trouve dans le récit des tableaux réussis des quatre saisons et quelques descriptions bien détaillées. La marche d’un convoi de chemin de fer pendant la nuit, par exemple, est un morceau qui aurait fait envie à Delille. Il y a du Delille en effet dans les poésies de M. Robinot, et parfois comme mi écho lointain de Lamartine.
 
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Le nom de M. Theuriet n’est pas celui d’un inconnu pour les lecteurs de la ''Revue'', et ce n’est pas sans plaisir que j’ai revu ''le Chemin des bois''. Une pièce entre autres, ''le Retour au bois'', m’a charmé. Il y a là du mouvement, de la passion et je ne sais quel amour sauvage de la nature. Les strophes courent agiles et lancées d’un seul jet, la pièce se retient à la lecture. ''La Veillée'' est un petit drame en soixante vers, bien conçu et bien composé; nulle part peut-être l’auteur n’a mieux révélé ce qu’il est capable de faire un jour. Toute cette poésie est saine, elle a l’embonpoint des filles des champs et la sève généreuse des pousses d’avril. Le lui dirai-je cependant? il se mêle à mon plaisir une inquiétude. Je crains que M. Theuriet, ne soit de l’école de ceux qui confondent la poésie et la peinture au point d’écrire avec un pinceau. Il me semble qu’il sacrifie trop au détail, à la nuance, au plaisir d’étaler ses couleurs. Comme ce défaut est celui de notre temps, ce serait être original que de n’y pas tomber. Je trouve dans ses plus jolies pièces tel vers, telle strophe qui doivent faire la joie des coloristes, et que je supprimerais impitoyablement. Prenons un exemple :
 
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::La lampe au lumignon tremblant
::Faiblement éclaire une joue,
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Cette manie de tout décrire qui s’est emparée des écrivains de notre temps a gâté les meilleurs et gâtera M. Theuriet, s’il n’y prend garde. Je lui reprochais tout à l’heure une tache légère dans une œuvre charmante; il y a dans son recueil d’autres pièces où la tache s’étend et envahit tout. Ainsi ''l’Alouette, les Chercheuses de muguet'', sont des descriptions riches de détail, pauvres de sentiment. Rivarol aurait désiré voir un loup, rien qu’un petit loup dans les bergeries de Florian; dans les paysages de M. Theuriet, je voudrais voir l’homme plus souvent. La nature en effet sans l’homme est matière inerte et inanimée. Lui seul la vivifie en lui donnant son âme. Les plus belles choses ne sont belles à nos yeux que par les rapports mystérieux qu’elles ont avec nos pensées et nos sensations. Nous aimons les merveilles de la terre en égoïstes. Ainsi, quand les poètes et les amoureux s’arrêtent émus à la voix du rossignol, c’est que ses notes sont le rhythme de leurs pensées et l’accompagnement de leurs rêveries. Un rustre qui aurait sommeil ne ferait pas de différence entre la voix du divin chantre et le coassement de la grenouille. Ah! que les anciens, nos maîtres en tout, connaissaient bien le rapport intime qui existe entre les hommes et les choses, eux qui faisaient bouillonner les sources aux ébats des naïades et palpiter les nymphes sous l’écorce des aulnes ! Ces réflexions me sont inspirées surtout par la lecture du ''Charbonnier'', une des jolies pages du recueil de M. Theuriet. Ce tableau est d’une exécution finie : on y voit la hutte du sombre travailleur, son pauvre ménage, les lits de mousse de ses enfans; on assiste à tous les détails de la fabrication du charbon; la description est d’un homme qui a vu, qui a bien observé, qui n’a rien voulu omettre : elle est complète, elle est exacte, et cependant elle est froide. Pourquoi? Parce que le sentiment est noyé dans le détail. M. Michelet, dans ''l’Oiseau'', traite un sujet semblable avec moins d’art apparent, mais avec, plus de science réelle. Le pauvre bûcheron est assiégé par l’hiver, autour de sa cabane isolée le vent hurle, la neige s’amoncelle, les arbres gémissent; mais voilà qu’au milieu de la tourmente un bruit léger se fait entendre à sa fenêtre. C’est un ami qui vient le visiter, un
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ami exilé comme lui au fond des bois, c’est le rouge-gorge, son compagnon de misère, qui vient lui apporter des nouvelles du printemps désiré : patience, frère, patience, la saison approche! Quand vous accumuleriez les détails, toutes vos descriptions m’en diraient moins sur la vie du pauvre coupeur de bois que ce simple rapprochement de deux existences unies par la communauté de la souffrance et de1 l’espoir. Cette esquisse, tracée en deux coups de crayon, est d’un poète; le tableau de M. Theuriet est d’un excellent peintre de nature morte.
 
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Ce qui a fait la vraie force, la vraie et irrésistible puissance de la révolution française, c’est qu’elle est sortie réellement des entrailles du pays. Des idées abstraites sont venues s’y mêler; des fureurs patriotiques excitées par l’es menaces extérieures en ont fait le torrent de feu qui s’est déchaîné sur l’Europe. Dans le principe ce n’était ni une utopie sortie de la tête des philosophes, ni une explosion de passions guerrières;
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c’était tout simplement une grande pensée de réforme intérieure née tout à la fois de la décadence des vieilles institutions, du travail des esprits agités de besoins nouveaux, du mouvement des intérêts cherchant des garanties nouvelles. De là le double aspect sous lequel apparaît la révolution française. D’un côté c’est une succession de scènes dramatiques et sanglantes; de l’autre c’est une œuvre toute pratique mise à nu dans les états-généraux de 1789, préparés eux-mêmes par une des plus vastes enquêtes qui aient jamais été faites dans un pays. Les quarante mille communautés de France se réunissant en assemblées primaires pour exprimer leurs plaintes et leurs doléances, six millions de Français appelés à manifester leurs opinions et leurs vœux, les trois ordres convoqués solennellement pour recueillir tous ces vœux et ces plaintes émanant à la fois de toutes les provinces, c’est là le prologue de la révolution. Déjà bien des publications partielles se sont appliquées à ramener l’attention sur ces origines. M. de Lajonquière à son tour publie aujourd’hui les cahiers de la sénéchaussée de Castres, en Languedoc, en les faisant précéder d’une étude bien pensée et simplement écrite. Ce qui double l’intérêt de la publication de M. de Lajonquière, c’est qu’aux cahiers des trois ordres il ajoute ceux des assemblées primaires elles-mêmes. Petit-fils du secrétaire d’un des ordres de la sénéchaussée de Castres en 1789, il met un zèle pieux à exhumer ces vieux titres de sa contrée natale.