« Des Révolutions dans les sociétés nouvelles » : différence entre les versions
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{{journal|Les révolutions dans les sociétés nouvelles <ref> M. de Tocqueville, qui va publier le complément de son remarquable ouvrage ''sur la Démocratie en Amérique'', a bien voulu nous communiquer ce fragment de son travail.</ref>|[[Auteur:Alexis de Tocqueville|Alexis de Tocqueville]]|[[Revue des Deux Mondes]] T.22, 1840}}
Un peuple qui a vécu pendant des siècles sous le régime des castes et des classes, ne parvient à un état social démocratique
Alors même que cette grande révolution est terminée,
Comme tout ceci se passe au moment où les conditions
Sur ce point, le raisonnement semble
Chez un peuple où les rangs sont à peu près égaux, aucun lien apparent ne réunit les hommes et ne les tient fermes à leur place. Nul
Les mêmes causes qui rendent les citoyens indépendans les uns des autres, les poussent chaque jour vers de nouveaux et inquiets désirs, et les aiguillonnent sans cesse.
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Il semble donc naturel de croire que, dans une société démocratique, les idées, les choses et les hommes doivent éternellement changer de formes et de places, et que les siècles démocratiques seront des temps de transformations rapides et incessantes.
Cela est-il en effet ?
Presque toutes les révolutions qui ont changé la face des peuples ont été faites pour consacrer ou pour détruire
Je
Les riches, de leur côté, sont clairsemés et impuissans ; ils
Ceux-là sont naturellement ennemis des mouvemens violens ; leur immobilité maintient en repos tout ce qui se trouve au-dessus et au-dessous
Ce
Non-seulement les hommes des démocraties ne désirent pas naturellement les révolutions, mais ils les craignent.
Il
Si
Souvent les pauvres ne se soucient guère de ce
Mais les hommes qui vivent dans une aisance également éloignée de
Ainsi, dans les sociétés démocratiques, la majorité des citoyens ne voit pas clairement ce
Il peut se faire que par son résultat final une révolution serve
Je ne sache rien
Dans une révolution, les possesseurs de biens mobiliers ont plus à craindre que tous les autres, car,
Les peuples sont donc moins disposés aux révolutions à mesure que, chez eux, les biens mobiliers se multiplient et se diversifient, et que le nombre de ceux qui les possèdent devient plus grand.
Quelle que soit
Nul
Cela ne les empêche pas seulement de faire des révolutions, mais les détourne de le vouloir. Les violentes passions politiques ont peu de prise sur des hommes qui ont ainsi attaché toute leur ame à la poursuite du bien-être.
Il
On ne lutte point avec avantage contre
Ce
Je ne prétends point que les hommes qui vivent dans les sociétés démocratiques soient naturellement immobiles ; je pense, au contraire,
Quoique les Américains modifient ou abrogent sans cesse quelques-unes de leurs lois, ils sont bien loin de faire voir des passions révolutionnaires. Il est facile de découvrir, à la promptitude avec laquelle ils
Je ne crains pas de dire que la plupart des maximes
Si
Lorsque les conditions sont égales, chacun
Dans les sociétés démocratiques, il
Je ne dis donc point que les nations démocratiques soient à
Je sais bien
Ce que je viens de dire des faits
Deux choses étonnent aux États-Unis ; la grande mobilité de la plupart des actions humaines, et la fixité singulière de certains principes. Les hommes remuent sans cesse,
Cela étonne au premier abord ; un examen plus attentif
Je ne crois pas qu’il soit aussi facile
Des hommes égaux en droits, en éducation, en fortune, et, pour tout dire en un mot, de condition pareille, ont nécessairement des besoins, des habitudes et des goûts peu dissemblables. Comme ils aperçoivent les objets sous le même aspect, leur esprit incline naturellement vers des idées analogues, et, quoique chacun
Plus je considère attentivement les effets de
Je crois
Lorsque les conditions sont presque pareilles, un homme ne se laisse pas aisément persuader par un autre. Comme tous se voient de très près,
Ce
A mesure que les hommes se ressemblent davantage, le dogme de
Remarquez
Ce
Sous le régime des castes, les générations se succèdent sans que les hommes changent de place ; les uns
Quand les classes ont été abolies et que les conditions sont devenues presque égales, tous les hommes
Mais entre ces deux extrémités de
Il se rencontre, en effet, peu
Je pense
Ainsi, les peuples démocratiques
Il y a
Si, dans le sein
Dans les aristocraties, les hommes ont souvent une grandeur et une force qui leur sont propres.
Toutes les fois que les conditions sont égales,
De quelque manière
Ceci favorise merveilleusement la stabilité des croyances.
Il est vrai que quand la majorité
Il arrive quelquefois que le temps, les évènemens, ou
En cet état elle règne encore.
Comme ses ennemis continuent à se taire, ou ne se communiquent
Nous vivons à une époque qui a vu les plus rapides changemens
A mesure que
Parce que les hommes des démocraties paraissent toujours émus, incertains, haletans, prêts à changer de volonté et de place, on se figure
Oserais-je le dire au milieu des ruines qui nous environnent ? Ce que je redoute le plus pour les générations à venir, ce ne sont pas les révolutions.
Si les citoyens continuent à se renfermer de plus en plus étroitement dans le cercle des petits intérêts domestiques, et à
On croit que les sociétés nouvelles vont chaque jour changer de face, et moi
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