« Brest à deux époques » : différence entre les versions
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{{journal|Brest à deux époques <ref>
|[[Auteur:Émile Souvestre|Emile Souvestre]]|[[Revue des Deux Mondes]] T.6, 1836}}
Quoique située à
Non pourtant
===Brest avant la Révolution – Le grand Corps - Les Gardes de Marine===
Du reste, ce
Et
Si la conduite des officiers était telle, on conçoit quelle devait être celle des matelots. La licence des chefs servait de modèle et
Comme je
Et ne croyez pas que la haine des officiers du ''grand corps'' contre les intrus
Ce nom est peu connu, et,
===Charles Cornic – Messe du peuple Breton===
Charles Cornic était né à Morlaix <ref> Ces détails authentiques ont été recueillis par nous sur des papiers de famille et des notes fournies par M. Jamin de Morlaix,
Un joyeux ''hourra''
Le capitaine
Ce cri se répète dans la batterie, et les canonniers français jettent leurs mèches à la mer. De leur côté, les Anglais, qui
Les marins obéissent avec un ''hourra'', et le combat recommence plus acharné et plus terrible ; mais il dura peu de temps. Las
En récompense de ce merveilleux combat, Cornic fut nommé lieutenant de vaisseau, malgré les réclamations des officiers de marine, qui, pour se venger de ses succès, le ''mirent en quarantaine'' <ref> Mettre un officier en quarantaine, dans le langage maritime,
Vers cette époque,
Ce nouveau succès devait faire espérer à Cornic quelque récompense : elle ne se fit pas attendre. Il apprit, huit jours après que le commandement de sa frégate lui était retiré. Aigri et indigné, il revint dans son pays en jurant de ne plus mettre le pied sur un vaisseau du roi. Cependant il était trop jeune pour interrompre une carrière si brillamment commencée. Les négocians de la Bretagne voulurent le dédommager des injustices du gouvernement ; ils firent construire et armer à leurs frais le vaisseau ''le Prométhée'', dont ils lui donnèrent le commandement. Cornic part pour
Cette fierté amère indigna les compagnons de M. de Bussy, et ils en gardèrent un ressentiment profond.
Leur arrivée à Brest produisit une grande sensation. Le peuple, si bon appréciateur des actions
Ils avaient eu trop de torts envers cet homme pour ne pas le haïr mortellement ; ils résolurent de
Cependant le capitaine du ''Prométhée''
Encore plus irrités de cette audace, les officiers déclarent au jeune marin
Soit ! répond Cornic, et il les conduit lui-même dans une des carrières voisines du cours
Les fers se croisent, et le capitaine du ''Prométhée'' renverse son adversaire.
Un autre se présente, et tombe également ; un troisième, un quatrième, un cinquième, ne sont pas plus heureux. Il
Et il attaque les deux derniers officiers,
Cette affaire mit le comble à sa popularité ; mais elle porta
La carrière militaire de Charles Cornic se termina à cette époque. Un amour partagé, son mariage avec la femme
Mais cet évènement avait réchauffé le sang de
A Brest même, comme je
Je fus témoin, avant de quitter Brest,
Je
Je prêtai
« Ce fut, pour les ignobles vaincus, un jour de ténèbres,
« Les humbles furent élevés, et ils dévorèrent les superbes.
« Ils ont dû être confus, ces ignobles, pour avoir tenu une conduite abominable ; ou plutôt la confusion
« Ils ont mis le poignard aux mains de leurs serviteurs, et ils les ont payés pour répandre le sang du peuple.
« Loin
« Un des leurs est tombé mort à leurs pieds <ref> De Boishue. </ref>.
« La mère qui
« Partout battu et terrassé, le noble honteux exprime ainsi ses regrets : Ah ! le peuple
« Je suis devenu le sujet de ses chansons ; je suis
« Il
Puis vint ''la prose'', traduite presque entièrement du livre de ''la Sagesse et de
« La nature nous fit tous égaux. Je suis un homme mortel semblable à tous les autres, de la race de cet homme fait de terre ; chair revêtue
« Je suis né et
«
« Car il
Le jeune homme lut ensuite ''
« Gloire à vous, père des êtres.
« Dès le commencement du monde, dit le Seigneur,
Vint après le ''credo'' patriotique et le ''pater'' national.
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CREDO.
« Je crois à la puissance du souverain ;
« Ainsi soit-il. »
Ligne 142 :
PATER.
« Notre père qui êtes assis sur le trône des Français, que cette révolution soit heureuse, pour le raffermir, pour la gloire de votre nom, pour la durée de votre règne, pour
« Ainsi soit-il. »
Cette étrange messe, presque littéralement traduite de fragmens des livres saints, continua ainsi sur un ton de gravité plutôt menaçant que grotesque ; la foule écoutait avec des sourires sombres, de brèves exclamations de colère et des applaudissemens rapidement comprimés. Quant à moi, je suivais, surpris et intéressé tout à la fois, ce pamphlet moitié chrétien et moitié philosophique ; véritable table œuvre
MESSE DU PEUPLE BRETON
Ligne 154 :
En latin et en français, suivant le texte des Écritures,
''Par un patriote mal costumé'' <ref> Cette brochure, que
Triste et pensif je demeurai en silence, les yeux attachés sur ce titre. Il était plein
===Voyage à Brest en 94 – Aspect du pays – Causerie en voiture===
Cinq années seulement
Le commencement du voyage fut silencieux. Le postillon,
Un peu : mais ça
Le voiturier cligna des yeux et se mit à sourire
En ce moment, nous passions devant
Il descendit et entra dans
Je me sentis soulagé. La politesse de cet homme venait de me dire son opinion. En ne me tutoyant pas, il avait fait une profession de foi et un acte de courage. Je me tins moins sur mes gardes, et
Cependant nous avancions toujours, et le pays que nous traversions offrait un aspect de plus en plus désolé. Ces campagnes que
Comme il achevait de parler, nous aperçûmes des charrettes chargées de marins blessés qui venaient de Brest. Les malades étaient étendus sur un peu de paille sanglante, brûlés par la fièvre, par un soleil dévorant, et manquaient de tout. Quelques uns, qui avaient déjà succombé, étaient couchés en travers dans les charrettes, la tête et les pieds pendans, et servaient
CITOYENS,
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« Il est un préalable sans lequel les choses resteraient dans la plus grande morosité.
« Depuis fort long-temps vous agissez difformément à ma volonté. Je sais que avez des droits terrogatifs ; mais je sais aussi
« Vive la république une, indivisible et impérissable <ref> Historique. </ref> ! »
===Brest en 94 – Une exécution===
Brest était en effet devant nous. Le léger dôme de vapeur qui couvre toujours les villes, paraissait
Comme il achevait de parler, nous passâmes les portes. Je fus frappé tout
Je me rejetai au fond de la voiture, en poussant un cri.
Mon compagnon de route avait aussi tout vu ; il haussa les épaules en soupirant.
Mais je
Cependant le tombereau était arrivé presque vis-à-vis de nous. Un embarras suspendit sa marche : il
Le premier était un vieillard dont les cheveux blancs étaient séparés avec soin sur le front, et dont la toilette annonçait une élégance presque coquette. Ses traits
Le vieillard se retourna en souriant.
La femme répondit un nom que je
Pendant cette scène impossible à rendre,
Cependant des cris et un tumulte dans la foule me forcèrent à détourner les yeux ;
La voiture fatale, débarrassée des obstacles qui
Regardez la nonne ! la nonne ! criait-on de toutes parts ; la nonne se déshabille, la nonne est toute nue !
Mais
Mon compagnon me saisit vivement la main.
Je me rejetai dans le fond de la voiture, épouvanté.
Quelques minutes plus tard, nous nous arrêtâmes dans la maison où
Je le lui dis ; il me tendit la main.
Il me fit encore un signe de la main, et la voiture partit.
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