« La marine militaire de la France en 1845 » : différence entre les versions
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{{journal|La marine militaire de la France en 1845|[[Jurien de la Gravière]]|[[Revue des Deux Mondes]] T.10 1845}}
La suprématie maritime de l'Angleterre ne date réellement que des guerres désastreuses de la république et de l'empire. Jusque-là, elle avait plutôt été une prétention opiniâtrement contestée qu'un fait établi. La marine française venait en effet de soutenir une guerre glorieuse et de contribuer puissamment à fonder l'indépendance des colonies américaines, quand s'engagea cette lutte à mort qui ne devait se terminer qu'en 1815. A cette époque, notre matériel naval se composait de 80 vaisseaux, dont 36 prêts à prendre la mer, 78 frégates et 47 corvettes. L'Espagne et les Provinces-Unies, que nous devions entraîner bientôt dans notre sphère d'action et dans nos désastres, étaient aussi, en 1792, de grandes puissances maritimes. L'Espagne possédait 74
La marine espagnole ne se releva point de ce coup terrible; la France supporta mieux ce revers, et bien que, dans les quinze dernières années de la guerre, de 1800 à 1815, elle eût perdu 43 vaisseaux, 82 frégates, 26 corvettes et 50 bricks, dont la valeur était évaluée à environ 202 millions de francs, l'empire, au moment de sa chute, avait à peu près réparé ces pertes, et s'il ne transmit point intact à la France l'héritage de Louis XVI, s'il ne put lui restituer ses magnifiques colonies, pépinières de sa marine, sources de prospérité et de grandeur à jamais fermées, il lui laissa du moins une flotte à peu près égale à celle qu'il avait reçue de l'ancienne monarchie.
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