« L’Art de péter/Définition du pet » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Somerset (discussion | contributions)
Nouvelle page : <div class="text"> <pages index="Hurtaut - L’Art de péter.djvu" from=13 to=17 header=1/> <references />
(Aucune différence)

Version du 19 juin 2010 à 20:04

Florent-Q., rue Pet-en-Gueule, au Soufflet (p. 13-17).

DÉFINITION
DU PET.



LE Pet que les Grecs nomment πόρδη, en ancien Saxon Purten ou Furten, en haut Allemand Fartzen, en Anglois Fart, est un compoſé de Vents qui ſortent tantôt avec bruit & tantôt ſans en faire[1].

Il y a néanmoins des Auteurs aſſez téméraires pour ſoutenir avec une arrogante opiniatreté que le mot Pet proprement pris, c. à. d. dans ſon ſens naturel, ne s’entend que de celui qu’on lâche avec bruit, fondés en cela ſur ce vers d’Horace :

Nam diſplosa ſonat quantum veſica pepedi.
Saty. 8.

J’ai peté, dit-il, avec autant de tintammare que pourroit en faire une veſſie bien tendue.

Mais qui ne ſent pas qu’Horace dans ce vers a pris le mot pedere, peter, dans un ſens générique ? Autrement il faudroit imputer à ce Poéte excellent & concis un défaut de Tautologie[2] & de ſuperfluité ; défaut dans lequel ce grand homme naſo donatus adunco, n’avoit garde de tomber. En effet qu’étoit-il beſoin pour faire entendre que le mot pedere ſignifioit un ſon clair, de ſe reſtraindre à expliquer l’eſpéce du Pet qui éclate en ſortant.

Le Pet eſt donc en général un vent renfermé dans le bas ventre, cauſé, comme les Médecins le prétendent, par le débordement d’une pituite attiédie qu’une chaleur foible a détachée ſans la diſſoudre ; ou produite, ſelon les payſans & le vulgaire, par l’uſage de quelques ingrédiens venteux & d’alimens de même nature. Cet être se manifeſte ordinairement par l’anus, ſoit par un éclat ou ſans éclat : tantôt la nature le chaſſe ſans efforts, & tantôt l’on invoque le ſecours de l’art, qui, à l’aide de cette même nature, lui procure une naiſſance aisée, cauſe de la délectation, & ſouvent même de la volupté ; c’eſt ce qui a donné lieu au proverbe, que

Pour vivre ſain & longuement
Il faut donner à ſon Cû vent.


Petit Corollaire

IL n’y a point de doute, que ſuivant les régles les plus ſaines de la Philosophie la plus austére, cette définition ne ſoit parfaite. En effet consſtat genere, materiâ & differentiâ. Or avant de mettre le nés dans ſes eſpéces, il eſt néceſſaire de prouver que les vents ſont engendrés par la pituite & les alimens flatueux, qui ne ſont qu’un peu atténués. C’eſt ce que nous allons faire.


  1. Calepin & tous les autres Dictionnaires qu’on a faits & qu’on fera.
  2. Répétition de la même choſe en d’autres termes.