« L’Espagne depuis le ministère O’Donnell » : différence entre les versions
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L’antipathie entre le ministère et l’opposition conservatrice était surtout très vive et arrivait à un degré d’irritation extrême; c’était au fond une vieille et implacable querelle. Les modérés poursuivaient toujours dans le général O’Donnell le chef de la révolte militaire du 28 juin 1854, et le comte de Lucena à son tour, sans vouloir rentrer dans la discussion du passé, ne résistait pas à la tentation de réveiller des souvenirs irritans, comme pour créer à sa prise d’armes une sorte de légitimité rétrospective par l’indignité des administrations modérées qui avaient précédé la révolution. De là un épisode qui surgissait tout à coup, et où, sous l’apparence d’une question de moralité, se déguisaient assez peu les haines personnelles. Le mot de moralité joue un grand rôle dans les affaires de l’Espagne depuis dix ans ; il a été un programme de gouvernement, il est devenu le prétexte d’une révolution. Les cortès constituantes, issues de cette révolution, allaient fouiller tous les actes des cabinets conservateurs depuis 1843 pour y découvrir des traces d’improbité et de vénalité. Cet orage d’accusations avait semblé s’apaiser, lorsque le général O’Donnell, cédant à un dangereux désir de représailles, le laissait éclater de nouveau par deux procès engagés coup sur coup contre un membre du sénat et contre un ancien ministre; puis, par une coïncidence au moins malheureuse, le ministère prenait l’initiative de la première de ces poursuites trois jours après une discussion où le sénateur mis en cause, M. Manuel Lopez Santaella, avait fait acte d’hostilité par son vote.
Deux fois ainsi en peu de temps le sénat se trouvait transforme en cour de justice. M. Lopez Santaella était accusé comme ancien commissaire de la ''cruzada'', et le sénat se déclarait incompétent
Un certain accord ne s’était manifesté entre les partis durant cette longue session que dans les questions qui intéressaient et mettaient en jeu le sentiment national, dans quelques affaires extérieures. Lorsqu’au commencement de 1859 on connut à Madrid le message présidentiel des États-Unis, où M. Buchanan, avec la tranquille hardiesse d’un spéculateur accoutumé aux opérations heureuses, proposait de tenter de nouveau des négociations pour acheter l’île de Cuba, et laissait entrevoir dans le lointain la possibilité d’un appel à la loi omnipotente de la force, l’instinct espagnol se soulevait d’un élan spontané et unanime dans le sénat et dans le congrès; toutes les opinions, toutes les fractions d’opinions se serraient autour du gouvernement pour opposer le faisceau de tous les patriotismes aux audacieux calculs de la république américaine. C’était aux premiers jours de janvier 1859. Lorsque la guerre d’Italie commençait et obligeait les peuples les plus désintéressés dans la lutte à augmenter leurs forces, à prendre une attitude d’observation et d’attente, tous les partis se rallièrent aussi à la politique du cabinet, qui consistait dans une neutralité appuyée sur un accroissement du matériel de guerre et de l’armée jusqu’au chiffre de cent mille hommes.
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CHARLES DE MAZADE.▼
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▲CHARLES DE MAZADE.
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