« La Périchole » : différence entre les versions

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{{réplique|CHŒUR.}}
:Cher seigneur, revenez à vous ;
:Ah ! rouvrez par pitié pour nous,
:Cet œil rempli d’intelligence !
:Ça nous met sens dessus dessous
:De vous voir là sans connaissance !
:Cher seigneur, revenez à vous !
 
{{réplique|NINETTA}}{{didascalie|, tirant un flacon de sa poche.}}
:Vite, des sels… Tenez, comtesse,
:J’en ai sur moi fort à propos.
 
{{didascalie|Elle fait respirer le flacon à Tarapote.}}
 
{{réplique|FRASQUINELLA}}{{didascalie|, à une autre dame.}}
:Avez-vous une clef, duchesse,
:Pour la lui fourrer dans le dos ?
 
{{réplique|BRAMBILLA.}}
:Voyez : il rouvre la prunelle,
:Il en rouvrira bientôt deux.
 
{{réplique|MANUELITA}}{{didascalie|, regardant Tarapote.}}
:Cette grimace n’est pas belle,
:Mais elle prouve qu’il va mieux.
 
{{réplique|TOUTES.}}
::Il va mieux !
:Cher seigneur, revenez à vous ! etc.
 
{{didascalie|Pendant le chœur, Tarapote revient tout à fait à lui.}}
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{{réplique|TARAPOTE}}{{didascalie|, chantant.}}
:Il grandira…
 
{{réplique|TOUTES}}{{didascalie|, de même.}}
:Il grandira…
 
{{réplique|TARAPOTE}}{{didascalie|, de même.}}
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===SCÈNE II===
''Les mêmes, PIQUILLO, magnifiquement habillé.''
 
{{réplique|PIQUILLO}}{{didascalie|, voyant les dames.}}
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{{réplique|NINETTA.}}
:::''COUPLETS.''
::::''I''
I
:On vante partout son sourire,
:Son pied, sa taille et son maintien ;
:Est-ce à tort ? — Veuillez nous le dire…
:Peut-être n’en savez vous rien ?
 
{{réplique|FRASQUINELLA.}}
:On la dit d’humeur douce et tendre,
:Et rêveuse quand vient le soir.
:Est-ce vrai ? — Mais pour nous l’apprendre,
:Il faudrait d’abord le savoir.
 
{{réplique|PIQUILLO}}{{didascalie|, à part.}}
:Que de cancans ! que de sornettes !
:Ah ! les petites malhonnêtes !
 
{{réplique|ENSEMBLE.}}
:Eh ! bonjour, monsieur le mari !
:Qu’avez-vous fait de votre femme ?
:Si vous la voyez aujourd’hui,
:Bien des compliments à madame !
 
{{didascalie|Pendant cet ensemble, Brambilla et Manuelita ont passé près de Piquillo.}}
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Ça n’est pas tout.
 
::::''II''
II
:On dit encor bien autre chose ;
:Mais demander, même tout bas,
:Si c’est exact, monsieur, je n’ose…
:D’ailleurs, vous ne le savez pas.
 
{{réplique|MANUELITA.}}
:Tout ça, le diable vous emporte,
:Monsieur, si vous n’en savez rien ;
:Mais ce que l’hymen vous rapporte,
:Pour cela, vous le savez bien.
 
{{réplique|PIQUILLO}}{{didascalie|, à part.}}
:Que de cancans ! que de sornettes !
:Ah ! les petites malhonnêtes !
 
{{réplique|ENSEMBLE.}}
:Eh ! bonjour, monsieur le mari !
:Qu’avez-vous fait de votre femme ?
:Si vous la voyez aujourd’hui,
:Bien des compliments à madame !
 
{{didascalie|Les dames sortent, moitié par la droite, moitié par la gauche, en faisant à Piquillo de grandes révérences ironiques.}}
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===SCÈNE IV===
''PIQUILLO, LES COURTISANS.''
 
{{réplique|PIQUILLO}}{{didascalie|, à lui-même.}}
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{{réplique|LES COURTISANS.}}
:Quel marché de bassesse !
:C’est trop fort, sur ma foi,
:D’épouser la maîtresse,
:La maîtresse du roi !
 
{{réplique|PIQUILLO}}{{didascalie|, à lui-même.}}
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{{réplique|LES COURTISANS}}
:Faut pas tant de finesse
:Pour deviner pourquoi…
:Épouser la maîtresse,
:La maîtresse du roi !
 
{{réplique|PIQUILLO}}
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{{réplique|LES COURTISANS}}
:Quelle indélicatesse !
:Elle échappe à la loi…
:Épouser la maîtresse,
:La maîtresse du roi !
 
{{réplique|PIQUILLO}}{{didascalie|, hors de lui.}}
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===SCÈNE V===
''DON PEDRO, PIQUILLO, PANATELLAS, LES COURTISANS.''
 
{{réplique|PANATELLAS}}{{didascalie|, aux courtisans.}}
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{{réplique|PIQUILLO.}}
:::''COUPLETS.''
::::''I''
I
:Et là, maintenant que nous sommes
:Seuls et tranquilles tous les trois,
:Pourquoi, messieurs les gentilshommes,
:Dirions-nous pas à pleine voix :
:Les femmes, il n’y a que ça,
:Tant que le monde durera,
:Tant que la terre tournera !
 
{{réplique|ENSEMBLE.}}
:Les femmes, il n’y a que ça !
:Tant que la terre tournera,
::Il n’y aura que ça !
 
{{réplique|PIQUILLO.}}
::::''II''
II
:Voyez, messieurs, comme ils sont tristes,
:Les gens qui rêvent le pouvoir !
:Nous sommes gais, nous, les artistes,
:Et c’est ce qui nous fait avoir
:Des femmes !… il n’y a que ça,
:Tant que le monde durera,
:Tant que la terre tournera !
 
{{réplique|ENSEMBLE.}}
:Les femmes, il n’y a que ça !
:Tant que la terre tournera,
::Il n’y aura que ça !
 
{{réplique|PIQUILLO.}}
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===SCÈNE VI===
''Les mêmes, LES DAMES DE LA COUR, LES COURTISANS, UN HUISSIER, puis DON ANDRÈS DE RIBEIRA, MANUELITA, BRAMBILLA, NINETTA, FRASQUINELLA, GARDES, ensuite LA PÉRICHOLE, TARAPOTE.''
 
{{réplique|CHŒUR.}}
:Nous allons donc voir un mari
:Présenter sa femme à la cour !
:Cette fête revient ici
:Un peu plus souvent qu’à son tour.
 
{{didascalie|Entre par le fond, à gauche, Don Andrès, à qui font cortège Manuelita, Brambilla, Ninetta et Frasquinella. — Des gardes suivent et se rangent au fond. — Panatellas et Don Pedro précèdent le vice-roi.}}
 
{{réplique|DON ANDRÈS}}{{didascalie|, à Piquillo.}}
:Comte, bonjour.
 
{{réplique|PIQUILLO.}}
::Bonjour, Altesse.
 
{{réplique|DON ANDRÈS.}}
:Donc vous allez, monsieur, présenter la comtesse ?
 
{{réplique|LE CHŒUR}}{{didascalie|, goguenard.}}
::Ah ! la comtesse !
 
{{réplique|DON ANDRÈS.}}
::Oui, la comtesse.
 
{{réplique|LE CHŒUR.}}
::Ha ! ha ! ha ! ha ! ha ! ha !
:Elle est bien bonne, celle-là !
 
{{réplique|DON ANDRÈS}}{{didascalie|, tristement, à Panatellas et à Don Pedro.}}
:Mes amis, le respect s’en va.
 
{{réplique|DON PEDRO et PANATELLAS}}{{didascalie|, les bras au ciel.}}
:Que pouvons-nous faire à cela !
 
{{didascalie|Don Pedro et Panatellas remontent et sortent par le fond, à gauche.}}
 
{{réplique|LE CHŒUR.}}
::Ha ! ha ! ha ! ha ! ha ! ha !
:Elle est bien bonne, celle-là !
 
{{réplique|DON ANDRÈS}}{{didascalie|, offensé, à lui-même. Parlé.}}
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{{réplique|CHŒUR}}{{didascalie|, pendant l’entrée de la Périchole.}}
:Nous allons donc voir un mari
:Présenter sa femme à la cour !
:Cette fête revient ici
:Un peu plus souvent qu’à son tour.
 
{{réplique|PANATELLAS}}{{didascalie|, à Piquillo.}}
:De tout ce que j’ai dit ous souvenez-vous bien ?
 
{{réplique|PIQUILLO.}}
::Je m’en souviens.
 
{{réplique|PANATELLAS.}}
:Allez donc, et n’oubliez rien.
 
{{réplique|PIQUILLO.}}
:Vous allez voir.
 
{{didascalie|Il s’approche de la Périchole.}}
 
::Venez, madame.
 
{{didascalie|Panatellas et Don Pedro vont s’asseoir sur des tabourets, au bas des marches du trône, l’un à droite, l’autre à gauche. — Tarapote descend à droite.}}
 
{{réplique|LA PÉRICHOLE}}{{didascalie|, à Piquillo.}}
:Je viens, monsieur…
 
{{réplique|PIQUILLO}}{{didascalie|, frappé, à part.}}
::Dieu ! cette voix !…
 
{{didascalie|La reconnaissant et à mi-voix.}}
 
:La Périchole !
 
{{réplique|LA PÉRICHOLE}}{{didascalie|, bas.}}
::Eh ! oui !
 
{{réplique|PIQUILLO}}{{didascalie|, bas.}}
:::Comment ! c’est toi ma femme ?
 
{{réplique|LA PÉRICHOLE}}{{didascalie|, bas.}}
:Eh ! oui, c’est moi !
 
{{réplique|PIQUILLO}}{{didascalie|, élevant la voix.}}
::Qu’est-ce que j’entrevois ?
 
{{réplique|LA PÉRICHOLE}}{{didascalie|, bas.}}
:Tais-toi, tu sauras tout !
 
{{réplique|PIQUILLO.}}
:::Ah ! j’en sais bien assez !
::Car je sais,
::Coquine, que c’est vous la maîtresse du roi,
ET:Et qu’alors, je suis, moi…
 
{{réplique|LA PÉRICHOLE}}{{didascalie|, bas, à Piquillo, qui l’a prise par le bras.}}
:Tais-toi ! tais-toi ! tais-toi ! tais-toi !
 
{{réplique|LE CHŒUR.}}
::Ha ! ha ! ha ! ha ! ha ! ha !
:Elle est bien bonne, celle-là !
 
{{réplique|DON ANDRÈS}}{{didascalie|, qui est descendu du trône, à Panatellas et à Don Pedro, qui se sont levés.}}
:Vous attendiez-vous à cela ?
 
{{réplique|PANATELLAS.}}
:Faut voir ce que ça deviendra.
 
{{réplique|LE CHŒUR.}}
::Ha ! ha ! ha ! ha ! ha ! ha !
:Elle est bien bonne, celle-là !
 
{{réplique|LA PÉRICHOLE}}{{didascalie|, bas, à Don Andrès.}}
:C’est un malentendu… Mais je vais le calmer ;
::Ne craignez rien, je saurai l’apaiser.
 
{{didascalie|Don Andrès va se rasseoir sur le trône. — Don Pedro et Panatellas se rasseyent aussi. — À Piquillo.}}
 
::Écoute un peu,
:Et ne bouge pas, de par Dieu !
 
::::''I''
I
::Que veulent dire ces colères
::Et ces gestes de mauvais ton ?
::Sont-ce là, monsieur, les manières
::Qu’on doit avoir dans un salon ?
::Troubler ainsi l’éclat des fêtes
::Dont je prends ma part pour ton bien !
:Nigaud, nigaud, tu ne comprends donc rien ?
::Mon Dieu ! que les hommes sont bêtes !
 
{{didascalie|Piquillo fait vivement quelques pas vers Don Andrès ; la Périchole le rattrape par le bras et le ramène au milieu de la scène.}}
 
::::''II''
II
::Comment ! tu vois, que j’ai la chance,
::Et tu veux tout brouiller ici !
::Manquerais-tu de confiance ?
::C’est un défaut chez un mari.
::Laisse-les donc finir, ces fêtes,
::Et puis après tu verras bien…
:Nigaud, nigaud, tu ne comprends donc rien ?
::Mon Dieu ! que les hommes sont bêtes !
 
{{réplique|PIQUILLO.}}
:C’est vrai, j’ai tort de m’emporter :
:Venez, je vais vous présenter !
 
{{didascalie|Mouvement général d’attention. — Piquillo prend la Périchole par la main et s’adresse à Don Andrès.}}
 
:Écoute, ô roi, je te présente,
:À la face de tous ces gens,
:La femme la plus séduisante…
:Et la plus fausse en même temps !
:Prends garde à sa câlinerie
:De sa voix et de son regard !
:En elle tout est menterie…
:Je m’en aperçois… mais trop tard !
:Elle te dira qu’elle t’aime,
:Pauvre vieux, et tu la croiras,
:Comme je la croyais moi-même !…
:Voyez, qui ne croirait pas ?
:Puisque tu la veux pour maîtresse,
:Garde-la… mais veille dessus !
:Garde-la bien, je te la laisse,
:Et m’en vais car je n’en veux plus !
 
{{réplique|À la fin du morceau, Piquillo jette la Périchole sur les marches }}du trône. Don Andrès aide la Périchole à se relever. Grand mouvement d’indignation.
 
{{réplique|DON ANDRÈS}}{{didascalie|, furieux et désignant Piquillo.}}
::Sautez dessus !
::Sautez dessus !
 
{{didascalie|Don Pedro et Panatellas vont se placer derrière Piquillo, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche.}}
 
{{réplique|LES COURTISANS}}{{didascalie|, menaçant Piquillo.}}
::Sautons dessus !
::Sautons dessus !
 
{{réplique|LA PÉRICHOLE}}{{didascalie|, exaspérée, allant à Piquillo, tenu par Don Pedro et Panatellas. }}
:Ah ! ma foi, oui, sautez dessus !
::Gens de la fête,
::Sautez dessus !
:Car moi non plus, je n’en veux plus !
::Il est trop bête…
::Sautez dessus !
 
{{réplique|LE CHŒUR.}}
::Sautons dessus !
::Sautons dessus !
 
{{didascalie|Pendant ce chœur Piquillo passe à droite et fait le tour de la scène ; Panatellas, Don Pedro et Tarapote le poursuivent.}}
 
{{réplique|PANATELLAS et DON PEDRO}}{{didascalie|, sautant sur Piquillo.}}
:Nous le tenons !
 
{{réplique|PIQUILLO.}}
::Ah ! les brigands !
 
{{réplique|TARAPOTE, PANATELLAS et DON PEDRO.}}
:Nous le tenons !
 
{{réplique|PIQUILLO.}}
::Les mécréants !
 
{{réplique|TARAPOTE, PANATELLAS et DON PEDRO}}{{didascalie|, à Don Andrès qui est debout sur les marches du trône. }}
:Et maintenant, pour vous plaire,
::Qu’en faut-il faire ?
:Grand roi, que faut-il faire ?
 
{{réplique|DON ANDRÈS.}}
:Conduisez-le, bons courtisans,
::Et que cet exemple serve,
::Dans le cachot, qu’on réserve
:::Aux maris ré…
:::Aux maris cal…
:::Aux maris ci…
:::Aux maris trants,
::Aux maris récalcitrants !
 
ENSEMBLE.
{{réplique|LE CHŒUR.}}
:Conduisez-le, bons courtisans, etc.
 
{{réplique|PIQUILLO.}}
:Conduisez-moi donc, courtisans, etc.
 
{{réplique|PIQUILLO, à la Périchole.}}
:Dans son palais ton roi t’appelle,
:Pour te couvrir de honte et d’or !
:Son amour te rendra plus belle,
:Plus belle et plus infâme encor !
 
{{réplique|REPRISE EN CHŒUR.}}
<table border="0" cellspacing="0" cellpadding="0">
- Conduisez-le, bons courtisans,
<tr>
- Conduisons-le, bons courtisans,
<td><dd>Conduisez-le,</dd></td>
Et que cet exemple serve,
<td rowspan="2">&nbsp;}&nbsp;</td>
Dans le cachot, qu’on réserve
<td rowspan="2">bons courtisans,</td>
Aux maris ré…
</tr>
Aux maris cal…
<tr>
Aux maris ci…
<td><dd>Conduisons-le,</dd></td>
Aux maris trants,
</tr>
Aux maris récalcitrants !
</table>
::Et que cet exemple serve,
::Dans le cachot, qu’on réserve
:::Aux maris ré…
:::Aux maris cal…
:::Aux maris ci…
:::Aux maris trants,
:Aux maris récalcitrants !
 
{{didascalie|Panatellas, Don Pedro et Tarapote entraînent Piquillo par le fond, à gauche.}}
 
==ACTE TROISIÈME - PREMIER TABLEAU==