« Un Essai de Libéralisme russe en Pologne » : différence entre les versions

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<center>Alexandre Ier et le prince Adam Czartoryski</center>
 
: ''Correspondance particulière de l’empereur Alexandre et du prince Adam Czartoryski'' <ref>(1) Cette correspondance jusqu’ici inédite doit paraître sous peu. </ref>.
 
C’est dans les scènes émouvantes d’une insurrection nationale que s’est relevé aujourd’hui le problème des destinées de la Pologne, comme il était hier dans le travail mystérieux d’un peuple se reprenant obscurément à la vie, comme il est toujours apparu depuis un siècle à travers tous les ébranlemens européens, variant avec les circonstances, changeant de forme sans changer de nature. Certes ces destinées encore si incertaines se sont jouées dans bien des épisodes dont l’explosion actuelle n’est que le sanglant couronnement. Elles ont passé déjà par bien des phases de guerre, de diplomatie, d’agitations pacifiques, de complots, par bien des crises morales et politiques. Elles ont été l’incessante et virile obsession de bien des esprits occupés à chercher une patrie par des voies différentes, les uns par l’épée et les désespoirs héroïques, d’autres par les transactions, par la toute-puissance de la raison et de la justice, — ceux-ci dévorés du.feu de l’action, ne comptant que sur un effort prodigieux et rompant avec toutes les considérations de politique régulière, ceux-là s’adressant à l’Europe, s’efforçant de réveiller le sentiment souverain d’un intérêt universel, bien souvent déçus, jamais désespérés et toujours prêts à reprendre cette grande négociation de la renaissance de leur pays. Tout a été essayé, rien n’a réussi, et le vieux problème n’a cessé de subsister, de grandir, de se dégager de toutes les expériences avec une netteté plus redoutable, retrouvant périodiquement à leur poste ceux qui n’ont cru qu’à l’action et ceux qui ont cru à la diplomatie, aux influences morales, — les uns et les autres finissant par se rejoindre dans la même pensée et plaçant leur foi, leur constance au-dessus des revers du moment.
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Qu’on ne s’y trompe donc pas, il y a aujourd’hui deux politiques en présence : l’une n’ayant sans doute nul parti-pris d’animosité contre la Russie, mais décidée à reprendre cette question de Pologne dans un intérêt de justice supérieure comme dans l’intérêt de la sécurité durable de l’Europe; l’autre, vague et impuissante, qui croit répondre à tout en se plaçant en équilibre entre ce qu’elle appelle les témérités et les défaillances, et qui, en remettant tout d’avance à la diplomatie, en se dérobant dans les subterfuges d’une importance affairée, ne cache au fond qu’une pensée d’abandon. C’est la pensée des mouches du coche diplomatique. Je ne dis pas que ce soit celle des puissances de l’Europe. Si elles devaient en rester là, si la question de Pologne n’était pour elles qu’une question d’humanité et d’attendrissement, elles ont trop fait : elles ont fait entendre à la Russie des paroles trop sévères, trop graves, et elles n’auraient réussi qu’à ménager à son orgueil une victoire dont elles paieraient le prix quelque jour dans des occasions moins favorables. Il n’aurait pas fallu dire au cabinet de Pétersbourg que sa politique risquait de créer une situation pénible, lui laisser entrevoir des conséquences, qui ont un nom, si déguisé qu’il soit sous les formes de la diplomatie. Il n’aurait pas fallu, comme l’a fait l’Angleterre, tant insister sur la vanité de ses garanties et les déceptions permanentes de son système. C’était trop pour s’arrêter. Si la pensée de l’Europe, de la France, est de résoudre cette grande et tragique question par une justice tardive rendue à l’indépendance d’un peuple, il n’y a pas trop d’illusions à garder sur ce que peut la diplomatie, quelque bonne volonté qu’elle ait de croire à ses œuvres et à la possibilité des transactions; seulement il ne faudrait pas attendre pour refaire une Pologne qu’il n’y eût plus de Polonais vivans !
 
 
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<small>(1) Cette correspondance jusqu’ici inédite doit paraître sous peu. </small><br />
 
 
CHARLES DE MAZADE.
 
<references/>