« Œuvres complètes de Theophile (Jannet)/La Solitude » : différence entre les versions
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S'amuse à regarder son ombre.
De cette source une Naïade
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Et nous chante une sérénade.
Les Nymphes que la chasse attire
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Loin de l'embûche du Satyre.
Jadis au pied de ce grand chêne,
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Firent la fosse de Silène.
Un froid et ténébreux silence
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D'une amoureuse violence.
L'esprit plus retenu s'engage
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Renouvelle un piteux langage.
L'orfraie et le hibou s'y perche,
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Ici de criminels ne cherche.
Ici l'Amour fait ses études,
Vénus y dresse des autels,
Et les visites des mortels
Ne troublent point ces solitudes.
Cette forêt n'est point profane,
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Le berger qu'enseignait Diane.
Amour pouvait par innocence,
Comme enfant, tendre ici des rets ;
Et comme reine des forêts,
Diane avait cette licence.
Cupidon, d'une douce flamme
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Le garçon qu'il avait dans l'âme.
A l'ombrage de ce bois sombre
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Qu'il serait ennemi de l'ombre.
Tout auprès le jaloux Borée,
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Encore par lui soupirée.
Sainte forêt, ma confidente,
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Qui ne te soit toute évidente.
Mon ange ira par cet ombrage :
Le Soleil, le voyant venir,
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L'accès de sa première rage.
Corinne, je te prie, approche ;
Couchons-nous sur ce tapis vert ;
Et pour être mieux à couvert
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Entrons au creux de cette roche.
Ouvre tes yeux, je te supplie ;
Mille Amours logent là-dedans,
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Ta prunelle est toute remplie.
Amour de tes regards soupire,
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Dans les liens de son empire.
O beauté sans doute immortelle,
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Par vos yeux je ne croyais pas
Que vous fussiez du tout si belle !
Qui voudrait faire une peinture
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Que ne fera jamais nature.
Tout un siècle les destinées
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Le temps n'a point assez d'années.
D'une fierté pleine d'amorce,
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Dont les Dieux aimeraient la force.
Que ton teint est de bonne grâce !
Qu'il est blanc et qu'il est vermeil !
Il est plus net que le Soleil
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Et plus uni que de la glace.
Mon Dieu, que tes cheveux me plaisent !
Ils s'ébattent dessus ton front,
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Je suis jaloux quand ils te baisent.
Belle bouche d'ambre et de rose,
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Qu'aimer est une belle chose.
D'un air plein d'amoureuse flamme,
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S'embraser comme a fait mon âme.
Si tu mouilles tes doigts d'ivoire
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Aimera s'il en ose boire.
Présente-lui ta face nue,
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Que Vénus est ici venue.
Si bien elle y sera dépeinte,
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Ne sauront découvrir la feinte.
Entends ce Dieu qui te convie
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Sa liberté déjà ravie.
Trouble-lui cette fantaisie,
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Et m'ôteras la jalousie.
Vois-tu ce tronc et cette pierre ?
Je crois qu'ils prennent garde à nous,
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De ce myrte et de ce lierre.
Sus, ma Corinne, que je cueille
Tes baisers du matin au soir !
Vois comment pour nous faire asseoir
Ce myrte a laissé choir sa feuille.
Ois le pinson et la linotte
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Ois comme ils ont changé de note.
Approche, approche, ma Dryade !
Ici murmureront les eaux,
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Chanteront une sérénade.
Prête-moi ton sein pour y boire
Des odeurs qui m'embaumeront ;
Ainsi mes sens se pâmeront
Dans les lacs de tes bras d'ivoire.
Je baignerai mes mains folâtres
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De mes oeillades idolâtres.
Ne crains rien, Cupidon nous garde.
Mon petit ange, es-tu pas mien ?
Ah ! Je vois que tu m'aimes bien :
Tu rougis quand je te regarde.
Dieux ! que cette façon timide
Est puissante sur mes esprits !
Renaud ne fut pas mieux épris
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Par les charmes de son Armide.
Ma Corinne, que je t'embrasse !
Personne ne nous voit qu'Amour ;
Vois que même les yeux du jour
Ne trouvent point ici de place.
Les vents qui ne se peuvent taire
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