« La Religion des Celtes » : différence entre les versions

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Les bois sacrés des Gaulois dont, au temps de Pline, le chêne rouvre était le principal élément, sont mentionnés par les auteurs de l’antiquité [36] . Les Galates d’Asie Mineure avaient un sénat qui se réunissait pour juger les causes de meurtre dans un endroit appelé Drynémeton [37] ; or, le second terme de ce mot signifie en gaulois bois sacré. Ces bois sacrés tenaient-ils lieu de temples aux Gaulois transalpins ? On serait tenté de le croire, car César ne parle que de l’endroit consacré, in loco consecrato, où sur le territoire des Carnutes les druides s’assemblaient chaque année à époque fixe pour rendre la justice [38] . Il n’y a rien à conclure pour l’ancienne religion gauloise de l’existence de nombreux temples en Gaule à l’époque gallo-romaine. Tout au plus, peut-on remarquer qu’un grand nombre de ces temples sont consacrés à Mercure, quelques uns seulement à Apollon, et qu’il y a là une confirmation intéressante du texte de César : Deum maximum Mercurium colunt. Mais chez les Gaulois cisalpins, il n’est pas douteux qu’il y ait eu des temples. Tite-Live nous rapporte qu’en 216 avant J.-C, les dépouilles et la tête du consul désigné Postumius furent portées par les Boïens dans le temple le plus respecté de leur nation [39] . il y avait chez les Insubres un temple d’Athéna [40] .
 
Les temples étaient-ils ornés, comme chez les Romains, de statues de dieux auxquels on rendait un culte ? Sur ce point, les témoignages des anciens sont contradictoires. Les Galates, au dire de Strabon, avaient dans la ville de Tavium une statue colossale de Jupiter [41] . D’autre part, Diodore nous rapporte que Brennos rit beaucoup de l’idée qu’avaient les Grecs de faire des dieux de bois et de pierre [42] . Les mots employés pour désigner des représentations des divinités sont souvent très vagues. Polybe parle « des images d’or dites immeubles » [43] . Lucain décrit dans un bois sacré des troncs d’arbre grossièrement sculptés pour représenter les dieux : simulacra maesta deorum [44] . Enfin César nous fait connaître qu’il y a en Gaule d’assez nombreuses représentations de Mercure : cujus sunt plura simulacra [45] . Or, comme l’a fait remarquer M. Salomon Reinach, il n’est guère probable que simulacra signifie statues ; simulacra a le sens vague d’image, d’indication symbolique. S’il y avait eu des statues de dieux gaulois antérieurement à la conquête romaine, il serait inadmissible qu’on n’en eût pas découvert quelques-unes à Bibracte ou à Alésia. Or, on n’a point trouvé de représentations figurées appartenant à la période qui s’étend entre l’époque du renne et l’époque romaine. Les simulacra de César étaient-ils, comme le suggère M. S. Reinach, les accumulations de pierres, menhirs, galgals que l’on a trouvés sur tous les points du territoire de l’ancienne Gaule ? Cela est possible, sans qu’on puisse le démontrer. A l’époque gallo-romaine, les identifications de divinités gréco-romaines avec les divinités celtiques peuvent tenir, pour une bonne part, à ce qu’on acceptait comme représentation d’une divinité celtique un des types de statues romaines que l’on trouvait le plus facilement dans le commerce.
 
Il n’y a évidemment aucune conclusion à tirer pour l’époque ancienne des statues et des statuettes que l’on a de l’époque gallo-romaine. Il faut remarquer, toutefois, que les statues et les statuettes en bronze sont en général très rares, à l’exception cependant de celles qui représentent Mercure ; il y a au Musée de Saint-Germain trente et une statuettes de Mercure, quarante et une à Lyon.