« La Religion des Celtes » : différence entre les versions

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==CHAPITRE I LES SOURCES ==
 
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Auteurs grecs et latins. - Inscriptions. - Monuments figures. - Monnaies. - Noms de lieux. - Littérature irlandaise. Littérature galloise. - Néo-druidisme.
en Gaule par les marchands et les légionnaires romains ? Rien ne nous permet de le déterminer. Il faut prendre garde, aussi, que des statuettes artistiques peuvent ne pas avoir la signification religieuse que nous leur prêtons. Quand il s’agit de peuples anciens, nous sommes disposés à attacher une signification mystérieuse et symbolique à tous les objets d’art et à tous les détails d’ornementation. Personne ne s’aviserait aujourd’hui d’étudier les formes de nos bijoux, les dessins de nos vêtements et de nos meubles, les sculptures décoratives de nos maisons et d’en tirer des conclusions sur notre état religieux. Quand il s’agit de l’antiquité, au contraire, tout devient matière à hypothèse mystique, et l’histoire de l’art est absorbée par l’histoire des religions. Une statuette qui ne porte pas le nom d’un dieu peut fort bien n’avoir jamais été l’objet d’aucun culte.
 
Tous les renseignements directs que nous pouvons recueillir sur la religion des Celtes proviennent des écrivains de l’antiquité et des monuments épigraphiques.
 
Un grand nombre d’écrivains grecs et latins nous font connaître les divinités, les idées et les pratiques religieuses, les prêtres des peuples celtiques. Parmi les Grecs on peut citer Timée dans un passage conservé par Diodore de Sicile ; Callimaque ; Polybe ; Sotion d’Alexandrie cité par Diogène Laërce ; le voyageur syrien Poseidonios qui visita la Gaule au premier siècle avant notre ère et dont l’histoire a été analysée par Strabon ; Diodore de Sicile ; Timagène traduit par Ammien Marcellin ; Denys d’Halicarnasse ; Nicolas de Damas, cité par Stobée ; Strabon ; Plutarque dans la Vie de Marius et dans un traité, Des fleuves qui lui est à tort attribué ; Pausanias ; Lucien dans son Héraklès ; Dion Cassius. Quant aux principaux écrivains latins qui nous intéressent ici, ce sont : César, le seul auteur qui nous ait laissé un exposé quelque peu détaillé de la religion des Gaulois ; Cicéron dans le Pro Fonteio et le De Divinatione ; Tite-Live ; Trogue Pompée, de la tribu des Voconces, dont l’œuvre historique nous a été conservée sous forme d’un abrégé par Justin ; Valère Maxime ; Pomponius Méla ; Lucain ; Pline l’Ancien ; Silius Italicus ; Tacite ; Florus ; Suétone ; les historiens de l’histoire Auguste ; Ammien Marcellin.
 
Cette longue liste ne doit pas faire illusion. La plupart des écrivains que nous venons d’énumérer ne contribuent que par quelques mots ou quelques phrases à enrichir le fonds de nos connaissances sur la religion des Celtes. Les renseignements donnés incidemment sont souvent peu précis et on risque en les serrant de trop près d’en tirer un sens qu’ils n’ont point. De plus, les anciens indiquent rarement les sources auxquelles ils ont puisé, et les éléments essentiels de la critique historique nous font le plus souvent défaut. Quand les sources sont indiquées, nous ne pouvons déterminer dans quelle mesure et avec quelle probité l’écrivain s’en est servi ; les citations sont-elles faites de mémoire ou exactement copiées ; Enfin les notions que nous pouvons glaner chez les auteurs de l’antiquité se répartissent sur plusieurs siècles et s’étendent à toutes les contrées où les Celtes ont séjourné. Nul n’oserait affirmer que du troisième siècle avant J.-C., où vivait Timée, au temps d’Ammien Marcellin (Ive siècle après J.-C.), les pratiques religieuses des Gaulois fussent demeurées immuables. On ne pourrait avec plus de raison soutenir que les Galates d’Asie Mineure, les Celtibères d’Espagne, les Gaulois de la Cisalpine, les Celtes qui pillèrent Delphes et ceux qui prirent Rome, les Gaulois transalpins et les Celtes de Grande-Bretagne eussent professé les mêmes doctrines et adoré les mêmes dieux, sans que le contact avec des nations étrangères eût en rien altéré les vieilles croyances de la race. Les témoignages des anciens sur la religion des Celtes ne peuvent donc être utilisés qu’avec prudence ; dispersés dans l’espace et dans le temps, de valeur et d’importance variable, ils se prêtent malaisément à une construction d’ensemble.
 
Les inscriptions trouvées en pays celtique et contenant des dédicaces à des dieux se rencontrent en France, dans la province rhénane, en Alsace, dans les Pays-Bas [1] . Mais on ne peut être sûr d’avoir affaire à des divinités celtiques si l’on n’a d’autre raison de le supposer que la provenance de l’inscription. On peut fort bien rencontrer en pays celtique une dédicace à une divinité étrangère ou vice versa. La grammaire comparée seule permet de résoudre la question. Il faut que le nom de la divinité s’explique par les langues celtiques, ou soit apparenté à des noms dont la provenance celtique n’est pas douteuse, pour que ce nom ait droit de figurer dans une histoire de la religion des Celtes. Mais les langues celtiques, si l’on excepte les nombreux noms de personnes et de lieux que nous ont conservés les textes de l’antiquité et les inscriptions, n’offrent de textes suivis qu’à partir du VIIIe siècle. La comparaison n’est donc possible que si l’on restitue le vocabulaire des langues celtiques dans l’état où il se présentait à une époque contemporaine de l’inscription qu’il s’agit d’étudier. Cette étude minutieuse n’est pas possible si l’on n’a pas une sérieuse préparation philologique. Quant aux divinités dont le nom n’est pas celtique, en l’absence de textes historiques, il est impossible de décider si elles ont été ou non adorées par les peuples celtiques, en dehors des textes et des inscriptions, nous n’avons plus de documents qui nous permettent d’étudier directement la religion des Celtes. Comment déterminer l’origine des dieux anonymes dont on a trouvé de nombreuses et caractéristiques représentations figurées ? Un très petit nombre de ces monuments sont antérieurs à la conquête romaine. Sont-ils des vestiges des cultes locaux antérieurs à l’invasion des Celtes en Gaule, ou ont-ils été introduits en Gaule par les marchands et les légionnaires romains ? Rien ne nous permet de le déterminer. Il faut prendre garde, aussi, que des statuettes artistiques peuvent ne pas avoir la signification religieuse que nous leur prêtons. Quand il s’agit de peuples anciens, nous sommes disposés à attacher une signification mystérieuse et symbolique à tous les objets d’art et à tous les détails d’ornementation. Personne ne s’aviserait aujourd’hui d’étudier les formes de nos bijoux, les dessins de nos vêtements et de nos meubles, les sculptures décoratives de nos maisons et d’en tirer des conclusions sur notre état religieux. Quand il s’agit de l’antiquité, au contraire, tout devient matière à hypothèse mystique, et l’histoire de l’art est absorbée par l’histoire des religions. Une statuette qui ne porte pas le nom d’un dieu peut fort bien n’avoir jamais été l’objet d’aucun culte.
 
Les monnaies ou les médailles gauloises peuvent offrir des représentations de dieux ou de symboles religieux sans qu’il soit souvent possible d’attribuer avec sûreté ces représentations à la religion des Celtes.
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Les sources de l’histoire religieuse des Celtes, manifestement insuffisantes, ne pourront fournir les éléments d’un exposé suivi qu’à condition que l’on comble par l’interprétation et l’hypothèse les lacunes considérables qu’elles laissent dans nos connaissances. Tous les efforts du critique devront tendre à ne pas franchir la limite qui sépare une hypothèse scientifique d’une pure conception de l’esprit.
 
 
 
==CHAPITRE II. LES DIEUX==