« Les Œuvres poétiques de M. Bertaut » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
match
ThomasBot (discussion | contributions)
m Zyephyrus: match
Ligne 1 :
 
==__MATCH__:[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/73]]==
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/73]]==
 
<poem>
Ligne 15 ⟶ 16 :
jettez des cris de joye, et chantez qu’aujourd’huy
la mort de vostre mort daigne naistre sur terre.
Aujourd’
Aujourd’huy le monarque et sauveur des humains
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/74]]==
<poem>
huy le monarque et sauveur des humains
fait son entree au monde, apportant en ses mains
les sainctes clefs du ciel pour en ouvrir les portes :
Ligne 47 ⟶ 52 :
car il ne cesse pas d’estre ce qu’il estoit,
mais ce qu’il n’estoit point il commence de l’estre.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/75]]==
<poem>
Il commence d’estre homme, et reste tousjours Dieu,
cachant pour nostre bien dedans ce pauvre lieu
Ligne 87 ⟶ 95 :
aussi sont tes conseils un abysme infiny,
que ne sçauroit sonder nulle humaine prudence.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/76]]==
<poem>
Bien semble-il convenable aux loix de la raison,
que celuy qui nous vient affranchir de prison,
Ligne 114 ⟶ 125 :
et que tout icy bas s’encline à ses genoux :
allumant ses desirs d’une flamme si sainte,
qu’
qu’espris de ton amour, et guidé par ta crainte,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/77]]==
<poem>
espris de ton amour, et guidé par ta crainte,
il regne sur soy-mesme en regnant dessus nous.
Fay que prenant pitié du pauvre qui souspire,
Ligne 144 ⟶ 159 :
Las ! Seigneur, sois sa garde entre tant d’adversaires :
son royaume à jamais fameux par ses miseres
aux
aux traicts de ton courroux a trop servy de blanc.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/78]]==
<poem>
traicts de ton courroux a trop servy de blanc.
Prens pitié de nos maux : esteins les vives flames
de ce feu qui s’embrase, et qui semble à nos ames
Ligne 184 ⟶ 203 :
faisant voir leurs pourtraits couchez sous son
image
dans
dans les arcs triomphaux à sa gloire construits :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/79]]==
<poem>
les arcs triomphaux à sa gloire construits :
estens son pied vainqueur sur leurs testes captives :
puis fay que ses lauriers se changent en olives,
Ligne 222 ⟶ 245 :
Useray-je ma vie en ces tristes allarmes ?
N’esteindras-tu jamais ton courroux en mes larmes ?
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/80]]==
<poem>
Flambera-t’il sans cesse au milieu de ton cœur ?
Veux-tu rendre ma mort aux vivants effroyable ?
Ligne 256 ⟶ 282 :
n’arme plus ta rigueur contre sa mauvaistié.
Si ma cause n’est juste, ô seigneur rends la telle :
ou
ou m’absous par ta grace, ou permets que j’appelle
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/81]]==
<poem>
m’absous par ta grace, ou permets que j’appelle
de toy plein de vengeance à toy plein de pitié.
Mais que dy-je impudent ? Auroy-je bien l’audace
Ligne 287 ⟶ 317 :
Grand soleil de justice, inaccessible flame,
verse avec tes rayons ta lumiere en mon ame,
meslant
meslant de quelques jours ses eternelles nuits :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/82]]==
<poem>
de quelques jours ses eternelles nuits :
et calmant de mon cœur les civiles discordes,
rens moy l’un des vaisseaux de tes misericordes,
Ligne 311 ⟶ 345 :
se plaindre de sentir des ennuis et des peines,
c’est se plaindre d’estre homme et non arbre ou rocher.
Un
Un cœur qui magnanime à soy-mesme commande
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/83]]==
<poem>
cœur qui magnanime à soy-mesme commande
souvent fait que son mal en bien se convertit :
une douleur n’estant ny petite ny grande,
Ligne 348 ⟶ 386 :
Vueilles tant seulement, toy vers qui je souspire,
croistre ma patience au tourment qui me poind,
a fin
a fin que de ce mal quelque bien je retire,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/84]]==
<poem>
que de ce mal quelque bien je retire,
et que ce qui te plaist ne me desplaise point.
p14
Ligne 379 ⟶ 421 :
d’un volontaire oubly noye en sa souvenance
les torts qu’il a receus, et les biens qu’il a faits.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/85]]==
<poem>
Qui ne pouvant du corps s’esloigner de la pompe
des folles vanitez dont le lustre nous trompe,
Ligne 413 ⟶ 458 :
il voit à tous moments l’espouventable image
de l’eternelle mort errer devant son oeil.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/86]]==
<poem>
Ny pompe, ny grandeur, ny gloire, ny puissance
ne sçauroient destourner le glaive de vengeance
Ligne 446 ⟶ 494 :
comme en l’unique autheur de sa saincte allegresse,
car toy seul en ses maux as esté son support,
et
et toy seul le sauvant l’as conduit dans le port
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/87]]==
<poem>
toy seul le sauvant l’as conduit dans le port
ou nul ne peut surgir s’il ne t’a pour adresse.
La voix de sa requeste a le ciel penetré,
Ligne 478 ⟶ 530 :
sans attendre d’ailleurs son salut ny sa gloire :
elle seule es perils luy monstre ton secours :
le
le remplit d’asseurance, et fait qu’il est tousjours
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/88]]==
<poem>
remplit d’asseurance, et fait qu’il est tousjours
moins certain du combat, qu’il n’est de la victoire.
Puisse eternellement, ainsi qu’il s’est promis,
Ligne 513 ⟶ 569 :
ton amour dans le cœur, et ton los en la bouche.
 
CANTIQUE PSEAUME 143
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/89]]==
<poem>
PSEAUME 143
 
p20
Ligne 546 ⟶ 606 :
Seigneur, baisse ton ciel, et tout ceint de tonnerres
descends en ta fureur sur ces maudites terres.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/90]]==
<poem>
Où mille impietez provoquent ton courroux :
frape les plus hauts monts des armes de ton ire,
Ligne 582 ⟶ 645 :
que la paix de mon sceptre appartient à ta gloire,
comme un nouveau miracle où reluit ton pouvoir.
Persevere, seigneur, ne baille point ma vie
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/91]]==
<poem>
ne baille point ma vie
en pillage au tyran qui l’a tant poursuivie :
mais, comme il nous a faict, le faisant souspirer,
Ligne 614 ⟶ 681 :
les dames en tout temps superbement parees
s’enflent d’un doux orgueil regardant le miroir.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/92]]==
<poem>
L’abondance y demeure et ses douces compagnes :
mille et mille troupeaux en couvrent les campagnes
Ligne 645 ⟶ 715 :
rendans nos plus saincts lieux deserts et desolez.
p25
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/93]]==
<poem>
 
Nos cantiques de joye où Dieu daignoit se plaire,
Ligne 684 ⟶ 757 :
de ceux qui sans pitié nous tiennent en servage,
les faisant de nos maux nous mesmes triompher ?
ô
ô Sion, ô sainct temple autrefois nostre gloire,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/94]]==
<poem>
Sion, ô sainct temple autrefois nostre gloire,
maintenant la douleur dont ma triste memoire
va, comme d’un cousteau, mon ame outreperçant,
Ligne 718 ⟶ 795 :
Et toy, fiere Badel, superbe vainqueresse,
bien-heureux soit celuy dont la main vengeresse,
ainsi
ainsi que tu nous fais, te faisant lamenter,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/95]]==
<poem>
que tu nous fais, te faisant lamenter,
baillera tes corps morts aux corbeaux pour pasture
brisera tes enfans contre la pierre dure,
Ligne 743 ⟶ 824 :
et tout ce qui s’enferme en l’une et l’autre sphere
est l’œuvre d’un seul mot que sa bouche anima.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/96]]==
<poem>
Il a prescrit des loix à la nature mesme,
qu’en tremblant elle observe et craint d’outrepasser :
Ligne 783 ⟶ 867 :
Animaux qui paissez la plaine verdoyante,
et vous que l’air supporte, et vous qui serpentans
vous trainez apres vous d’une échine ondoyante,é
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/97]]==
<poem>
chine ondoyante,
naissez, vivez, mourez, sa loüange exaltans.
Chantez-la d’une voix, que nul soin n’interrompe,
Ligne 819 ⟶ 907 :
Soit à jamais sa gloire en nostre ame adoree,
soit à jamais son nom par nos chants celebré :
soit
soit l’honneur de son loz d’eternelle duree,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/98]]==
<poem>
l’honneur de son loz d’eternelle duree,
mesme apres l’univers en pieces demembré.
Que le sceptre eternel dont si sainct et si juste
Ligne 844 ⟶ 936 :
Voy, seigneur, voy du ciel mon esprit qui se pasme
sous l’horreur du tourment :
regarde
regarde moy malade et du corps et de l’ame,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/99]]==
<poem>
moy malade et du corps et de l’ame,
pour me donner santé plustost que chastiment :
et te daignant en fin souvenir qui nous sommes,
Ligne 874 ⟶ 970 :
une image de mort, un fantosme de cendre
qui suis au lieu d’esprit de douleur animé :
ma
ma bouche incessamment ouverte aux tristes plaintes
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/100]]==
<poem>
bouche incessamment ouverte aux tristes plaintes
ne fait que souspirer :
et de mes pauvres yeux les prunelles esteintes
Ligne 905 ⟶ 1 005 :
le pecheur justifie et le prend à mercy.
 
CANTIQUE FORME DE CONFESSION
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/101]]==
<poem>
FORME DE CONFESSION
 
L’ennuy qui rend mes yeux si fertiles en larmes
Ligne 936 ⟶ 1 040 :
De venimeux serpents j’en ay faict un repaire,
d’un impudique feu j’ay bruslé ses parvis :
mis
mis l’idole de Baal dedans son sanctuaire,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/102]]==
<poem>
l’idole de Baal dedans son sanctuaire,
et tout ses saincts vaisseaux prophanez et ravis.
J’ay faict mourir mon ame, encore qu’immortelle,
Ligne 974 ⟶ 1 082 :
et tant d’iniquitez accompagnent ma vie,
qu’on peut dire, qu’en moy vivre c’est t’offenser.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/103]]==
<poem>
Et je vy cependant, moy dont l’ingrate audace
devroit pour chastiment mille morts recevoir :
Ligne 1 005 ⟶ 1 116 :
et que le cœur des rois est vrayment en sa main,
comme le gouvernail en celle du pilote.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/104]]==
<poem>
C’est luy seul qui touchant l’esprit d’un si grand
roy,
Ligne 1 042 ⟶ 1 156 :
apres l’illusion qu’elle a trente ans suivie,
par l’ombre de la mort laissant errer ses pas
sans
sans la guide qui seule aux mortels d’icy bas
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/105]]==
<poem>
la guide qui seule aux mortels d’icy bas
enseigne et la lumiere, et la voye, et la vie !
J’estois comme celuy qui du haut d’un rocher
Ligne 1 078 ⟶ 1 196 :
delivrant son esprit de ses charmes passez,
et du champ de son ame arrachant ceste yvraye.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/106]]==
<poem>
Puissent mille succés parfaitement heureux
desormais témoigner à ce cœur genereux
Ligne 1 111 ⟶ 1 232 :
seul merite icy bas l’honneur de l’entreprendre :
n’appartenant à nul d’entre tous les humains,
sinon à
sinon à quelque Apelle, et non à d’autres mains,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/107]]==
<poem>
quelque Apelle, et non à d’autres mains,
d’oser pourtraire au vif un second Alexandre.
Car quand bien j’oserois vos vertus raconter,
Ligne 1 149 ⟶ 1 274 :
et ces autres rayons de vertu plus commune :
je tais mesme ces traits d’invincible bon-heur,
comme
comme fruits ou non moins au succés qu’en l’honneur,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/108]]==
<poem>
fruits ou non moins au succés qu’en l’honneur,
vostre vertu partage avec vostre fortune.
Mais soit que l’on souhaitte un prince valeureux,
Ligne 1 187 ⟶ 1 316 :
gaignant tout, charmant tout, et conjoignant en vous
à l’Hercule des grecs celuy mesme des gaules.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/109]]==
<poem>
Mais premier que mes chants mes ans s’acheveroient,
si les vers de cet hymne en chantant honoroient
Ligne 1 226 ⟶ 1 358 :
celuy qui vous fait vaincre au milieu des batailles.
 
AU
AU ROY CONVIER REVENIR A PARIS
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/110]]==
<poem>
ROY CONVIER REVENIR A PARIS
 
Vous qui comme Persee, avec la sage ruse
Ligne 1 261 ⟶ 1 397 :
p48
 
et
et bien doit-elle aimer l’honneur de voir reluire
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/111]]==
<poem>
bien doit-elle aimer l’honneur de voir reluire
l’astre qui luy faisant sa douceur esprouver,
aima mieux la sauver et la pouvoir destruire,
Ligne 1 299 ⟶ 1 439 :
certain que qui sçait bien se vaincre en sa victoire,
est vrayment invincible, et doublement vainqueur ?
Je
Je ne sçaurois plus voir la pompe de mes temples,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/112]]==
<poem>
ne sçaurois plus voir la pompe de mes temples,
ny l’aise de mon peuple en mon sein fourmillant,
sans voir luire à mes yeux cent glorieux exemples
Ligne 1 340 ⟶ 1 484 :
arment d’ingrats desseins leurs desirs insensez.
p51
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/113]]==
<poem>
 
Ayez escrit au cœur d’une encre perdurable,
Ligne 1 380 ⟶ 1 527 :
ces malheurs fourniront d’ailes à vostre gloire
pour s’élever de terre et voller dans les cieux.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/114]]==
<poem>
 
SUR LA REDUCTION D’AMIENS
Ligne 1 414 ⟶ 1 564 :
Et que ceste valeur qui contre tout effort
nous remplissoit d’espoir, nous a remplis de creinte !
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/115]]==
<poem>
Qu’on nous a veus souvent pallir au moindre bruit
qui d’un sanglant combat nous depeignoit l’image,
Ligne 1 452 ⟶ 1 605 :
vous touchoit comme sœur aimante et bien aimee.
p55
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/116]]==
<poem>
 
C’est pourquoy maintenant qu’il retourne vainqueur,
Ligne 1 487 ⟶ 1 643 :
et qu’à fin de tromper les sacrileges mains
nul Namure icy bas n’a rien fait de semblable :
remply
remply pour luy le ciel d’oraisons et de vœux,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/117]]==
<poem>
pour luy le ciel d’oraisons et de vœux,
puis qu’avec le devoir le besoin t’y convie,
les dieux ayant conjoint d’indissolubles nœuds
Ligne 1 517 ⟶ 1 677 :
seul entre tous les grands a remporté la gloire
de soubmettre à l’amour cet esprit genereux :
l’
l’arc que revere és bois la plus fiere napee
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/118]]==
<poem>
arc que revere és bois la plus fiere napee
ne se pouvant courber sous l’amoureuse loy,
que par la plus fameuse et plus vaillante espee
Ligne 1 554 ⟶ 1 718 :
p59
 
son
son estre estant tissu d’une si rare trame,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/119]]==
<poem>
estre estant tissu d’une si rare trame,
qu’on doute qui des deux a des charmes plus forts,
ou l’extréme beauté des vertus de son ame,
Ligne 1 589 ⟶ 1 757 :
faites qu’ainsi vos cœurs atteints de mesmes fleches
unissent à jamais leurs saincts et chastes feux.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/120]]==
<poem>
Soyez, en bien aymant, l’exemple qui l’incite
à faire que le sien croisse de jour en jour :
Ligne 1 628 ⟶ 1 799 :
et c’est plus qu’à bon droict, qu’apres tant de
hazards,
où l’Amour fut armé, Junon est triomphante :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/121]]==
<poem>
l’Amour fut armé, Junon est triomphante :
ainsi devoit Diane estre conjointe à Mars.
Face la loy du ciel que ce soit un presage
Ligne 1 667 ⟶ 1 842 :
sinon un successeur du tout semblable à luy.
 
SUR
SUR NAISSANCE DAUPHIN
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/122]]==
<poem>
NAISSANCE DAUPHIN
 
Nos vœux sont exaucez, la France est satisfaite :
Ligne 1 697 ⟶ 1 876 :
Aussi bien ta naissance et la voix des oracles
obligent ton espee à d’estranges miracles,
imitant
imitant ce grand roy ta gloire et nostre appuy :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/123]]==
<poem>
ce grand roy ta gloire et nostre appuy :
car sa rare valeur n’ayant point de pareille,
tu serois bien toy-mesme une estrange merveille,
Ligne 1 735 ⟶ 1 918 :
Ainsi sembles-tu dire en ton muet langage :
et tout ce grand royaume, à qui tu sers de gage
du
du repos que le ciel luy promet desormais,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/124]]==
<poem>
repos que le ciel luy promet desormais,
secondant de ses vœux la fin de tes paroles,
monstre en des cris de joye atteignans jusqu’aux
Ligne 1 773 ⟶ 1 960 :
ce royal enfançon apporte quand et soy ?
Il fait qu’en doux repos ton estat se maintienne :
dés qu’il reçoit la vie il asseure la tienne,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/125]]==
<poem>
s qu’il reçoit la vie il asseure la tienne,
et te rend en naissant le bien qu’il a de toy.
De nombrer les lauriers que le ciel luy destine,
Ligne 1 809 ⟶ 2 000 :
Qu’en escoutant les cris des ames les plus viles,
beny, chery de tous il se rende inutiles
les
les gardes dont ses flancs seront ceints nuit et
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/126]]==
<poem>
gardes dont ses flancs seront ceints nuit et
jour :
lisant és accidents dont la vie est feconde
Ligne 1 851 ⟶ 2 046 :
p70
 
font
font maintenant sous toy reposer tant d’esprits :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/127]]==
<poem>
maintenant sous toy reposer tant d’esprits :
et que ce doux sommeil dont apres la victoire
Alexandre dormoit au giron de la gloire,
Ligne 1 883 ⟶ 2 082 :
pour regle et pour exemple aux soings de nostre roy :
fay que l’heur de ton regne en son regne fleurisse :
et
et donne au fils du roy pour guide ta justice,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/128]]==
<poem>
donne au fils du roy pour guide ta justice,
afin que tous ses pas cheminent en ta loy.
Ceste rare vertu conseillant ses pensees,
Ligne 1 921 ⟶ 2 124 :
des immortelles fleurs dont la paix est le fruit :
et le feras regner, que la lune argentee
ne
ne versant plus ça bas sa lumiere empruntee,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/129]]==
<poem>
versant plus ça bas sa lumiere empruntee,
cessera d’estre au ciel le soleil de la nuit.
Il plantera ses loix sur toute l’estenduë
Ligne 1 958 ⟶ 2 165 :
tellement que leur bien naissant de leur misere,
ce sera leur bon-heur que manquer de support.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/130]]==
<poem>
Il bannira de luy le traistre et le perfide :
vengera sans pitié sur la dextre homicide
Ligne 1 990 ⟶ 2 200 :
car mesme, quand l’ingrat ou la taist, ou l’oublie,
sa propre ingratitude éleve ta bonté.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/131]]==
<poem>
 
PARAPHRASE PSEAUME 43
Ligne 2 021 ⟶ 2 234 :
D’autres roys, dont la pompe enrichit les habits,
flambent de diamants alliez aux rubis,
d’
d’or, et de broderie en cent lieux parsemee :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/132]]==
<poem>
or, et de broderie en cent lieux parsemee :
mais ce qui n’est point d’eux est seul prisable en
eux :
Ligne 2 060 ⟶ 2 277 :
Qui t’approche sans craindre, ignore ta grandeur ;
mais qui t’approche en crainte, ignore ta clemence.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/133]]==
<poem>
Aussi, Dieu t’élizant entre les plus grands rois
comme l’appuy futur des vertus et des loix,
Ligne 2 099 ⟶ 2 319 :
elle ayme ta valeur, toy son cœur genereux :
sa grandeur est en toy, ta richesse est en elle.
ô
ô belle et chaste royne, exemple de nos jours,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/134]]==
<poem>
belle et chaste royne, exemple de nos jours,
preste un peu maintenant l’oreille à mes discours,
et la sage faveur de ceste ame royale,
Ligne 2 135 ⟶ 2 359 :
p81
 
ny
ny les plus riches dons qu’en leurs bords on amasse,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/135]]==
<poem>
les plus riches dons qu’en leurs bords on amasse,
ne te manqueront point des princes plus fameux,
qui de tous les thresors de l’empire écumeux,
Ligne 2 172 ⟶ 2 400 :
tu te donnas à luy, tu le ravis à soy ;
t’en trouvant conquerante, aussi bien que conquise.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/136]]==
<poem>
Mais l’heur qui rendoit lors ton esprit plus content
n’estoit qu’un avant-jeu de celuy qui t’attend,
Ligne 2 200 ⟶ 2 431 :
loüanges.
 
HYMNE
HYMNE DU ROY A DUC DE MONPENSIER
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/137]]==
<poem>
DU ROY A DUC DE MONPENSIER
 
p84
Ligne 2 232 ⟶ 2 467 :
vestu,
pour monstrer aux mortels les pas de la vertu :
m’émerveillant de voir que parmy tant de vices
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/138]]==
<poem>
de voir que parmy tant de vices
de qui les grandes courts sont fatales nourrices,
parmy des voluptez qui de leur doux appas
Ligne 2 268 ⟶ 2 507 :
que la main tout-puissante épandant sur leur face
une douce terreur qui les vices menace,
et
et comblant de bon-heur leurs villes et leurs champs,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/139]]==
<poem>
comblant de bon-heur leurs villes et leurs champs,
les bons craignent pour eux, et sont craints des
méchans.
Ligne 2 309 ⟶ 2 552 :
à ceux dont les rameaux ont maint lustre conté :
l’air qui rit à l’entour, et les astres propices
monstrans
monstrans que Dieu reçoit et benit leurs premices :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/140]]==
<poem>
que Dieu reçoit et benit leurs premices :
p88
 
Ligne 2 351 ⟶ 2 598 :
Il le fit bien paroistre à ces princes mutins,
qui faisans peu de cas de ses ans enfantins,
et jugeans ses pensers pareils à ses annees,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/141]]==
<poem>
ses pensers pareils à ses annees,
troubloient tout son estat de rebelles menees,
munissoient contre luy ses villes et ses forts,
Ligne 2 393 ⟶ 2 644 :
rechercher et trouver en la bonté royale
ce que merite mal une ame desloyale.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/142]]==
<poem>
Quel effect de valeur, quel mépris des dangers
ce prince fit-il voir aux peuples estrangers
Ligne 2 427 ⟶ 2 681 :
cependant que son camp imitant son courage
gaigne avecques le fer le reste du passage.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/143]]==
<poem>
L’ennemy s’estonnant d’un trait si valeureux,
prévoit bien que ce jour luy sera malheureux :
Ligne 2 466 ⟶ 2 723 :
Qui pourroit raconter, qui pourroit taire aussi
les illustres vertus dont son los éclaircy
fist
fist par tout l’univers resplendir sa lumiere,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/144]]==
<poem>
par tout l’univers resplendir sa lumiere,
apres que les broüillas de la saison premiere
furent tous dissipez par les rayons luisans
Ligne 2 503 ⟶ 2 764 :
et sur l’idolatrie à jamais estoufee
dresser un triomphant et glorieux trophee.
Bruslant
Bruslant de ce desir il planta par deux fois
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/145]]==
<poem>
de ce desir il planta par deux fois
sur les bords africains l’estendart de la croix :
donna sa vie en proye aux hazards de la guerre :
Ligne 2 539 ⟶ 2 804 :
il faudroit que la main d’un plus divin esprit
avec un fil tout d’or cet ouvrage entreprit.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/146]]==
<poem>
Quant à moy, rejettant l’orgueilleuse esperance
qui nous vient d’ignorer nostre propre ignorance,
Ligne 2 581 ⟶ 2 849 :
des jugemens divins, le vice et l’ignorance
de ceux qu’il choisiroit dans les parcs de la France,
pour
pour bergers des troupeaux soubmis à son pouvoir :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/147]]==
<poem>
bergers des troupeaux soubmis à son pouvoir :
quand son devoir royal l’obligeoit d’y pourvoir,
avec un soin extréme il épluchoit leur vie,
Ligne 2 617 ⟶ 2 889 :
avec l’heureux succez que doivent desirer
ceux qui cherchent à voir la gloire en prosperer.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/148]]==
<poem>
Il faut qu’à la vertu le scavoir se marie
pour dignement regir sa saincte bergerie.
Ligne 2 653 ⟶ 2 928 :
mais la seule faveur, sous une robbe feinte,
regner és jugemens sur la raison esteinte :
la justice au palais sa balance employer
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/149]]==
<poem>
au palais sa balance employer
a peser, non le droit, mais l’argent du loyer :
l’ignorance eslevee aux dignitez suprêmes
Ligne 2 694 ⟶ 2 973 :
Par luy l’integrité vivoit dans les esprits :
et par luy les arrests cessans lors d’estre à prix,
au
au lieu que maintenant la faveur les prophane,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/150]]==
<poem>
lieu que maintenant la faveur les prophane,
c’estoient des voix de Dieu dont l’homme estoit
l’organe.
Ligne 2 734 ⟶ 3 017 :
dont sa vie attaquee avoit esté contrainte
d’opposer à la mort une mortelle attainte :
l’
l’autre estoit chastié par un fer rougissant
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/151]]==
<poem>
autre estoit chastié par un fer rougissant
qui du blasphemateur la langue outre-perçant,
apprenoit pour jamais à la bouche coulpable
Ligne 2 775 ⟶ 3 062 :
ô cœurs de diamant, ce roy plein de bonté
eloignoit bien ses pas de vostre cruauté :
car souvent descendant du plus haut de son thrône
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/152]]==
<poem>
descendant du plus haut de son thrône
pour semer et cueillir les saincts fruicts de
l’aumône,
Ligne 2 815 ⟶ 3 106 :
Car quant à la despense ornant la dignité
qui d’un estat royal soustient la majesté,
il
il ne la puisoit point dans une autre fontaine
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/153]]==
<poem>
ne la puisoit point dans une autre fontaine
qu’au surgeon eternel de son juste domaine :
detestant l’impitié des autres potentats
Ligne 2 859 ⟶ 3 154 :
pressans lors de tributs leurs esclaves provinces,
prononçoit en courroux ce prince des bons princes ?
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/154]]==
<poem>
Reprenons, reprenons le fil de nostre chant :
laissons à part le vice, et plustost le cachant
Ligne 2 897 ⟶ 3 195 :
que les rois furent faits pour les peuples du monde,
non les peuples pour eux : et si la terre et l’onde
adore
adore leur grandeur, des loix l’unique appuy :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/155]]==
<poem>
leur grandeur, des loix l’unique appuy :
que l’oreille d’un roy n’est point vrayment à luy,
mais à la voix du peuple, et des ames qui vivent
Ligne 2 937 ⟶ 3 239 :
des tyrans plus fameux, qui par fieres menaces,
et par tout ce qu’au monde a jamais inventé
d’
d’effroyable aux humains l’humaine cruauté,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/156]]==
<poem>
effroyable aux humains l’humaine cruauté,
retenoient leurs sujets de reprendre leur vie,
bien qu’en ostant l’audace ils en creussent l’envie.
Ligne 2 977 ⟶ 3 283 :
où d’un si liberal et si juste partage
Dieu distribue aux siens le celeste heritage !
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/157]]==
<poem>
Ce qu’on dit d’Alexandre honorant les beaux vers
dont les graces d’Homere ont charmé l’univers,
Ligne 3 018 ⟶ 3 327 :
Or est-ce d’un monarque et si juste et si bon
qu’est derivé le sang des princes de Bourbon,
ceste
ceste illustre famille, aux vertus si bien nee,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/158]]==
<poem>
illustre famille, aux vertus si bien nee,
qui depuis deux cens ans de lauriers couronnee,
levant plus haut son chef le ceint à ceste fois
Ligne 3 054 ⟶ 3 367 :
qui comme deux soleils luisent entre les princes,
sont cogneus pour leur gloire és estranges provinces.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/159]]==
<poem>
Bon roy, premier autheur d’un si genereux sang,
qu’une heureuse victoire assied au noble rang
Ligne 3 076 ⟶ 3 392 :
afin qu’à l’advenir les plus grands de la terre
les reverent en paix et les craignent en guerre.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/160]]==
<poem>
C’est la faveur d’un bien que tu peux obtenir
de ce bien souverain d’où tout bien doit venir,
Ligne 3 117 ⟶ 3 436 :
Mais quand pour le respect du publique bon-heur
je ne concevrois point ces vœux en son honneur,
l’eternel souvenir des bien-faits que ma vie
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/161]]==
<poem>
bien-faits que ma vie
reçoit de sa grandeur, jour et nuict me convie
p115
Ligne 3 155 ⟶ 3 478 :
par le plus vaillant roy qui vestit onc les armes,
decorant leur ruine en console les larmes.
J’
J’aurois le cœur de marbre et l’estomach de fer,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/162]]==
<poem>
aurois le cœur de marbre et l’estomach de fer,
si l’ingrate oubliance y pouvoit estoufer
le vivant souvenir de la faveur extréme
Ligne 3 192 ⟶ 3 519 :
d’un brutal assassin osa percer le flanc
d’une lame trempee en l’infernal estang :
lors que je m’abysmois dans la fureur de l’onde :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/163]]==
<poem>
m’abysmois dans la fureur de l’onde :
que nul astre pour moy n’éclairoit plus au monde,
et que le fier destin m’estoit plus qu’inhumain :
Ligne 3 229 ⟶ 3 560 :
par le rare bienfait dont juste et favorable
tu t’es rendu ma vie à jamais redevable ?
ô genereux esprits ; je crain que m’en taisant,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/164]]==
<poem>
crain que m’en taisant,
pour me voir sans espoir d’orner en bien-disant
ceste extreme bonté d’une loüange égale,
Ligne 3 269 ⟶ 3 604 :
et n’eternisois point, autant qu’il est en moy,
les royales vertus qui florissent en toy :
afin
afin de témoigner qu’un si digne Mecene
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/165]]==
<poem>
de témoigner qu’un si digne Mecene
n’a point semé du bien dans une ingrate arene,
puis que le petit champ d’où germe tout mon heur
Ligne 3 309 ⟶ 3 648 :
qui brusle d’un desir plus fidelle à son roy :
qui mieux prouve aux esprits se fians en sa foy
que
que peut l’integrité de prudence ennoblie :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/166]]==
<poem>
peut l’integrité de prudence ennoblie :
qui ses propres bien-faits plus promptement oublie :
et qui daigne en son cœur plus long temps retenir
Ligne 3 347 ⟶ 3 690 :
il fait qu’elle est au ciel en lettres d’or escrite,
et moins il la desire, et plus il la merite.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/167]]==
<poem>
Mais j’allongerois trop le fil de ce discours,
et pour finir mon chant mes ans seroient trop cours,
Ligne 3 391 ⟶ 3 737 :
autant qu’un homme peut la vertu reverer,
et sans idolatrie un autre homme adorer.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/168]]==
<poem>
 
A MONSEIGNEUR CARDINAL BOURBON
Ligne 3 422 ⟶ 3 771 :
du reste de la France horriblement chassee
par le sanglant foüet de la guerre insensee.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/169]]==
<poem>
Icy ces bruits menteurs qui des plus advisez
remplissent tous les jours les esprits abusez
Ligne 3 463 ⟶ 3 815 :
ains sont allez trouver les scythes et les turcs,
où ce petit enclos les loge entre ses murs.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/170]]==
<poem>
Car comme la demeure en est douce et tranquille,
la terre en est de mesme heureusement fertile
Ligne 3 495 ⟶ 3 850 :
du soleil se couchant tombent en la marine,
maints troupeaux retourner de la plaine voisine :
bref,
bref, ne nous donnant point pour butin aux voleurs,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/171]]==
<poem>
ne nous donnant point pour butin aux voleurs,
et cachant à nos yeux l’image des malheurs
qui saccagent la France et la trempent de larmes,
Ligne 3 530 ⟶ 3 889 :
qu’on les peut comparer aux tristes champs de Troye
fumans encor du feu dont ils furent la proye :
et
et ne peut maintenant d’un miserable pain
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/172]]==
<poem>
ne peut maintenant d’un miserable pain
le soldat qui les passe y repaistre sa faim,
p129
Ligne 3 568 ⟶ 3 931 :
Il a contre leur chef son poignard aguisé,
si du mal d’estre riche il se trouve accusé :
ses
ses malheureux moyens luy tenans lieu d’offence,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/173]]==
<poem>
malheureux moyens luy tenans lieu d’offence,
et sa seule rançon estant son innocence.
D’esperer attendrir ces cœurs de diamant,
Ligne 3 610 ⟶ 3 977 :
qu’icy le laboureur, exempt de toute injure,
exerce avec les champs son innocente usure :
qu’
qu’en heureuse franchise, et sans crainte de rien,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/174]]==
<poem>
en heureuse franchise, et sans crainte de rien,
chacun y vit paisible et maistre de son bien :
bref, que sous vostre nom qui defend ceste terre,
Ligne 3 648 ⟶ 4 019 :
font la mesme requeste en leur muette voix.
 
DISCOURS ROY ALLANT PICARDIE
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/175]]==
<poem>
ROY ALLANT PICARDIE
 
p133
Ligne 3 682 ⟶ 4 057 :
vous sauvant d’un orage et d’un peril extrême
au travers du peril et de l’orage mesme ?
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/176]]==
<poem>
Ce traict-là de vaillance estonna nos esprits.
Et depuis les destins à vos mains ont appris
Ligne 3 721 ⟶ 4 099 :
et vous en ceste flamme aux coups vous exposant
ne voir point le peril ou l’aller mesprisant,
comme si
comme si le trespas estant lors vostre envie,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/177]]==
<poem>
le trespas estant lors vostre envie,
vous eussiez eu querelle à vostre propre vie.
Ah dieu ! (ce dismes nous troublez d’un tel
Ligne 3 758 ⟶ 4 140 :
Et bien que nous douloir de ce brave courage
qui pour nous garantir d’un indigne servage,
aux
aux plus mortels perils s’expose incessamment,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/178]]==
<poem>
plus mortels perils s’expose incessamment,
ce soit ingratitude, ou peu de sentiment :
si semble-il que l’horreur des maux inévitables
Ligne 3 794 ⟶ 4 180 :
Entre ces vieux romains qui veirent la rondeur
de l’univers entier adorer leur grandeur,
et
et de qui la vertu surmontant la fortune,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/179]]==
<poem>
de qui la vertu surmontant la fortune,
ne trouva rien d’égal sous le rond de la lune,
p138
Ligne 3 833 ⟶ 4 223 :
nous sçaurions que sur luy la cruelle insolence
des hazards de la guerre auroit tant de licence :
ains
ains dirions comme Aenee alors qu’il veit en l’air
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/180]]==
<poem>
dirions comme Aenee alors qu’il veit en l’air
de son fatal escu le lustre estinceller,
ô combien de douleurs et de morts asseurees
Ligne 3 870 ⟶ 4 264 :
prions le tout-puissant qu’au plus fort des allarmes
sa faveur vous defende, et sauve en vous sauvant,
cet estat
cet estat dont l’espoir en vous seul est vivant.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/181]]==
<poem>
dont l’espoir en vous seul est vivant.
Entens ceste requeste, ô monarque suprême
des peuples, des seigneurs, des rois, et des dieux
Ligne 3 910 ⟶ 4 308 :
Quel honneur si fameux, quels lauriers si prisez
cherchez-vous ès hazards où vous vous exposez,
dont
dont le gain se peust dire égal à nostre perte,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/182]]==
<poem>
le gain se peust dire égal à nostre perte,
si pour rendre la France à tout jamais deserte
la mort trenchoit vos jours par vengeance de voir
Ligne 3 948 ⟶ 4 350 :
du royaume et des loix dedans son thrône assise,
il ne faut plus donner au malheur tant de prise
dessus
dessus vostre vertu : c’est assez maintenant
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/183]]==
<poem>
vostre vertu : c’est assez maintenant
si par art et conseil vos troupes ordonnant
vous rendez au peril leur vaillance allumee,
Ligne 3 989 ⟶ 4 395 :
conservez vostre vie en qui seule est compris
tout ce qu’on voit d’espoir consoler nos esprits.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/184]]==
<poem>
Ne la hazardez plus au peril volontaire :
obligez de ce bien la France vostre mere
Ligne 4 029 ⟶ 4 438 :
J’y pense avec horreur, et le dy souspirant,
mais quant à moy chetif, je m’y vois preparant :
et
et ne puis sans fremir peindre dans ma pensée
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/185]]==
<poem>
ne puis sans fremir peindre dans ma pensée
le peril dont la France est en vous menacee
par le fier ennemy que les armes au poing
Ligne 4 070 ⟶ 4 483 :
de ses fiers regiments en pieces détranchez
fourniront aux corbeaux de mets espouventables
rendus
rendus par sa deffaitte à jamais memorables.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/186]]==
<poem>
par sa deffaitte à jamais memorables.
J’oy dés ceste heure mesme, ou bien je pense oüir,
et Somme, et Sainct Quentin bruyans s’en esjoüir,
Ligne 4 105 ⟶ 4 522 :
le tragique eschaffaut des sanglans jeux de Mars.
 
DISCOURS CONF. FONTAINE-BLEAU
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/187]]==
<poem>
FONTAINE-BLEAU
 
Si jamais mon esprit conceut quelque esperance
Ligne 4 143 ⟶ 4 564 :
par l’effort des tourments, par la rage des flames,
par ce qui fait trembler les plus constantes ames :
et la preuve a monstré qu’il falloit comme vous
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/188]]==
<poem>
a monstré qu’il falloit comme vous
apporter à ces maux des remedes plus doux,
et purger la fureur qui tant d’esprits affole,
Ligne 4 179 ⟶ 4 604 :
plus vive et plus feconde : et par un mauvais sort,
plus ces nouveaux croyans affamez de la mort
en
en souffrant ont rendu la poussiere sanglante,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/189]]==
<poem>
souffrant ont rendu la poussiere sanglante,
plus ils ont arrousé ceste fatale plante,
p151
Ligne 4 222 ⟶ 4 651 :
à qui ne parut point l’ardeur de ceste flame
qu’un zele tout celeste allumoit en vostre ame.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/190]]==
<poem>
Quand ce docte prelat, en qui luit le pouvoir
qu’a l’extréme eloquence et l’extreme sçavoir,
Ligne 4 259 ⟶ 4 691 :
au milieu des frayeurs qu’on me donnoit de toy,
sans autre gage humain que celuy de ta foy,
de qui la renommee est par tout florissante,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/191]]==
<poem>
est par tout florissante,
j’estendy dessus toy ma dextre benissante,
et conseillé de Dieu durant mon oraison
Ligne 4 299 ⟶ 4 735 :
p155
 
Persevere grand prince, et du courage mesme
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/192]]==
<poem>
grand prince, et du courage mesme
qui t’a si vaillamment sauvé ton diadême,
defens celuy de Christ, secondant des effets
Ligne 4 336 ⟶ 4 776 :
et Jupiter luy-mesme et les destins amis,
lors qu’autour du berceau qui receut son enfance
les
les trois fatales sœurs chanterent sa naissance,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/193]]==
<poem>
trois fatales sœurs chanterent sa naissance,
et bruslant du laurier prédirent d’un accord
que l’enfant nouveau né surmonteroit la mort :
Ligne 4 374 ⟶ 4 818 :
tant d’animaux divers, ny vivans, ny taillez,
y semblent ou vivans ou par art émaillez,
ramper
ramper sur les parois richement variees,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/194]]==
<poem>
sur les parois richement variees,
de coquilles de nacre à l’ambre mariees.
Mille et mille coraux de la roche naissants,
Ligne 4 412 ⟶ 4 860 :
et ja les demy-dieux alloient lever la table,
quand portant en son ame un dueil insupportable,
voicy
voicy la France entrer qui triste, se jettant
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/195]]==
<poem>
la France entrer qui triste, se jettant
aux pieds de sa grandeur luy dit en sanglottant :
pere, Ronsard est mort : où sont tant de promesses,
Ligne 4 451 ⟶ 4 903 :
il s’acquiere en la terre une immortelle vie :
et que les seules fins de ce grand univers
bornent avec son nom la gloire de ses vers :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/196]]==
<poem>
son nom la gloire de ses vers :
et pource appaise toy, consolant par l’attente
de ce bien avenir l’infortune presente.
Ligne 4 484 ⟶ 4 940 :
Là je me promettois de voir sa docte plume
vanger de ce vieillard qui tout ronge et consume,
le
le renom des grands rois qui m’ont fait triompher
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/197]]==
<poem>
renom des grands rois qui m’ont fait triompher
de cent peuples divers par la gloire du fer,
forçant les plus fameux en guerriere vaillance,
Ligne 4 526 ⟶ 4 986 :
encor que ta faveur m’accordant des autels,
me daigne faire assoir au rang des immortels :
faveur
faveur qui maintenant m’est en peine tournee,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/198]]==
<poem>
qui maintenant m’est en peine tournee,
puis que de tant d’ennuis à toute heure gesnee,
mon immortalité ne me sert seulement
Ligne 4 564 ⟶ 5 028 :
mais encor ce grand tout, ce grand tout que tu vois
qui ne sçait ou tomber, tombera quelquefois.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/199]]==
<poem>
Va, plains toy maintenant que par le mesme orage
qui doit tout submerger, quelqu’homme ait fait
Ligne 4 598 ⟶ 5 065 :
il n’est pas mort ainsi, sa vive renommee
survivante à sa mort rend sa gloire animee,
et
et s’il ne vit du corps, il vit de ceste part
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/200]]==
<poem>
s’il ne vit du corps, il vit de ceste part
qui parmy l’univers l’a fait estre un Ronsard.
Et puis, si les honneurs payez à ceux qui meurent,
Ligne 4 632 ⟶ 5 103 :
consacre sa memoire, et comme aux immortels
luy face en mille esprits eriger mille autels.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/201]]==
<poem>
L’assistance ravie et pleine de merveille,
ressentant bien qu’un dieu charmera son oreille,
Ligne 4 672 ⟶ 5 146 :
et de qui nous pouvons justement prononcer,
sans que les plus sçavans s’en puissent offenser,
qu’
qu’au jour où ton trespas frauda nostre esperance,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/202]]==
<poem>
au jour où ton trespas frauda nostre esperance,
à ce jour-là mourut la mort de l’ignorance :
lumiere de cet âge eclipsee à nos yeux,
Ligne 4 711 ⟶ 5 189 :
n’a rien si difficile à se voir exprimer,
que la facilité qui le fait estimer.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/203]]==
<poem>
Lors à toy revenant, et croyant que la peine
de t’oser imiter ne seroit pas si vaine,
Ligne 4 745 ⟶ 5 226 :
me disant que Clion m’apperceut d’un bon oeil,
lors que mon premier jour veit les rais du soleil :
qu’
qu’il me falloit oser : que pour longuement vivre,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/204]]==
<poem>
il me falloit oser : que pour longuement vivre,
il falloit longuement mourir dessus le livre :
et que j’aurois du nom, si sans estre estonné
Ligne 4 773 ⟶ 5 258 :
Les ombres de la nuict qui suivit la journee
où le vaillant Lysis finit sa destinee,
couvroient
couvroient encor la terre, et se voyoient en l’air
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/205]]==
<poem>
encor la terre, et se voyoient en l’air
les celestes flambeaux encor étinceler,
bien que ja le retour de la prochaine aurore
Ligne 4 809 ⟶ 5 298 :
encor que la valeur du chef des ennemis
presque contre son gré ce carnage est permis.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/206]]==
<poem>
Mais il n’a jamais peu d’une si forte bride
retenir la fureur de l’espee homicide,
Ligne 4 844 ⟶ 5 336 :
s’immolans pour leur roy sont descendus là bas.
Doncques adieu Daphnis ma richesse et ma gloire,
et
et le plus cher object qui vive en ma memoire.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/207]]==
<poem>
le plus cher object qui vive en ma memoire.
p174
 
Ligne 4 886 ⟶ 5 382 :
lors qu’il fit seulement cognoistre à sa pensee
que de ceste advanture à son ame annoncee,
les
les fantosmes d’un songe estoient les messagers,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/208]]==
<poem>
fantosmes d’un songe estoient les messagers,
qui sont le plus souvent trompeurs et mensongers.
Mais si ne peut son cœur plein d’un funebre augure,
Ligne 4 927 ⟶ 5 427 :
Qui pourroit exprimer d’assez vives couleurs
les violents effets des extrémes douleurs
qui
qui vindrent tout d’un coup assaillir son courage,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/209]]==
<poem>
vindrent tout d’un coup assaillir son courage,
foudroyant sa vertu par ce mortel orage ?
Il en fut terrassé comme on voit sur les monts
Ligne 4 970 ⟶ 5 474 :
qui luy perçoient le cœur luy permissent les
plaintes :
mais
mais vaincu du tourment qui gesnoit ses esprits,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/210]]==
<poem>
vaincu du tourment qui gesnoit ses esprits,
il ne peut tant forcer ses lamentables cris,
qu’en monstrant ce que peut une douleur extréme
Ligne 5 011 ⟶ 5 519 :
qui jamais n’as daigné te laisser émouvoir
aux vœux que ces perils me faisoient concevoir :
que
que vous avez destruit une amitié fidelle
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/211]]==
<poem>
vous avez destruit une amitié fidelle
rompant une union digne d’estre eternelle !
Et toy-mesme Lysis, las ! Que tu t’es rendu
Ligne 5 051 ⟶ 5 563 :
que tu m’allois donner une preuve asseuree
de l’immortelle foy que tu m’avois juree,
et
et par un certain gage au monde témoigner
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/212]]==
<poem>
par un certain gage au monde témoigner
que rien ne la pourroit de ton ame éloigner.
p181
Ligne 5 091 ⟶ 5 607 :
tu t’exposas toy-mesme à la fiere tempeste
du coup qui sans pitié t’a foudroyé la teste.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/213]]==
<poem>
Ah Lysis ! Quel penser vivoit lors en ton cœur ?
Cruel, desplaisoit-il à ta jeune rigueur
Ligne 5 125 ⟶ 5 644 :
Et partant, toy qui sçais que d’une mesme trame
le destin a tissu ton ame avec mon ame,
si
si ce n’est pour ton bien et pour l’amour de toy,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/214]]==
<poem>
ce n’est pour ton bien et pour l’amour de toy,
à tout le moins, Lysis, vy pour l’amour de moy :
de moy de qui la vie, apres la tienne esteinte,
Ligne 5 165 ⟶ 5 688 :
fleuve
qui sous un nouveau ciel baigne une terre neuve,
dont
dont qui gouste une fois ne voit jamais tarir
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/215]]==
<poem>
qui gouste une fois ne voit jamais tarir
les ruisseaux de ses pleurs qu’au seul point de
mourir.
Ligne 5 205 ⟶ 5 732 :
à tes derniers souspirs mes souspirs confondant,
dans ton sang épandu mes larmes épandant :
et
et peut estre ce coup de douleur nompareille
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/216]]==
<poem>
peut estre ce coup de douleur nompareille
qui ne m’a point tué me blessant par l’oreille,
m’eust alors fait mourir me blessant par les yeux,
Ligne 5 246 ⟶ 5 777 :
nul paisible sommeil n’enchantera mes peines,
que ton sang malheureux épuisé de tes veines,
et
et tes membres en proye aux corbeaux exposez
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/217]]==
<poem>
tes membres en proye aux corbeaux exposez
ne rendent au tombeau ses manes appaisez :
et cache où tu voudras ta sacrilege teste,
Ligne 5 287 ⟶ 5 822 :
maintenant qu’il n’est ame entendant son trespas
qui n’estime un peché de ne le plaindre pas :
trop
trop sensible est le coup qui ta poitrine entame,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/218]]==
<poem>
sensible est le coup qui ta poitrine entame,
et trop de sentiment vid dedans ta belle ame :
p189
Ligne 5 329 ⟶ 5 868 :
ces deux fleuves fameux qui sortans de leurs couches
vomissent jour et nuit par sept diverses bouches
l’
l’orgueil de leurs grands flots dans le sein
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/219]]==
<poem>
orgueil de leurs grands flots dans le sein
escumeux
où mille se vont perdre et s’abysmer comme eux.
Ligne 5 368 ⟶ 5 911 :
et pour l’amour de ceux dont ton ame a pitié,
fay quelque violence aux loix de l’amitié.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/220]]==
<poem>
Les dieux qui de grandeur avec toy symbolisent
ne pleurent point la mort de ceux qu’ils favorisent :
Ligne 5 400 ⟶ 5 946 :
et derechef aux mains luy remirent les armes,
pour respandre à Lysis autre humeur que des larmes.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/221]]==
<poem>
 
SUR LA MORT MERE FEU ROY HENRY 3
Ligne 5 437 ⟶ 5 986 :
ô peuples, elle est morte, et semble qu’avec elle
soit morte en mesme lict la paix universelle,
qui
qui calmant ceste Europe enchainoit de ses fers
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/222]]==
<poem>
calmant ceste Europe enchainoit de ses fers
la rage de la guerre au profond des enfers.
Maintenant ce grand monstre, effroyable aux cieux
Ligne 5 474 ⟶ 6 027 :
vous qui depuis le cours de vingt ou de trente ans
avec nos propres mains nostre gloire abattans,
fournissez d’aliment aux flammes de la guerre,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/223]]==
<poem>
d’aliment aux flammes de la guerre,
par qui tout est destruit en ceste pauvre terre,
si de vos fiers esprits soulans l’inimitié
Ligne 5 517 ⟶ 6 074 :
Et voila de nouveau, les plus sanglans outrages
qui puissent des mortels ulcerer les courages,
receus
receus de part et d’autre en des coups mutuels,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/224]]==
<poem>
de part et d’autre en des coups mutuels,
viennent de ranimer aux meurtres plus cruels
que la haine conseille à l’esprit qu’elle attise,
Ligne 5 555 ⟶ 6 116 :
Le frere des deux morts, à qui parmy les larmes
la crainte et la douleur ont fait prendre les armes,
tient
tient la campagne ouverte : et comme aux pieds des
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/225]]==
<poem>
la campagne ouverte : et comme aux pieds des
monts
où parmy des coustaux détranchez en vallons,
Ligne 5 593 ⟶ 6 158 :
Vous donc qui dépeignez nos malheurs en vos fronts,
vous qui compatissez aux maux que nous souffrons,
pitoyables esprits, dont l’heur soit perdurable
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/226]]==
<poem>
esprits, dont l’heur soit perdurable
puis que vous deplorez nostre estat miserable,
p200
Ligne 5 635 ⟶ 6 204 :
que sa vie excedant sa borne naturelle,
fust non seulement longue, ains du tout immortelle.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/227]]==
<poem>
Pleine d’un grand esprit dont jamais le penser
vers de petits soucis ne daigna s’abaisser,
Ligne 5 675 ⟶ 6 247 :
sa foy, sa pieté, son zele nonpareil,
et son renom qui voit l’un et l’autre soleil.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/228]]==
<poem>
Ains le sort l’a ravie à nostre vaine attente,
comme on voit quelquefois au fort de la tourmente
Ligne 5 715 ⟶ 6 290 :
est semblable à ces mers craintes des matelots,
dont tant plus un destroit reserre les grands flots,
plus
plus leur contrainte émeut de tempeste és rivages,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/229]]==
<poem>
leur contrainte émeut de tempeste és rivages,
et rend ces costes-là fameuses de naufrages.
Dieu ! Quel trait de douleur par la mort élancé
Ligne 5 753 ⟶ 6 332 :
et voit-on bien aux maux qui nous donnent la loy,
que c’est trop peu pour nous, si c’est assez pour toy.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/230]]==
<poem>
Car à qui plus pourray-je avec tant d’asseurance
bailler à soustenir le grand sceptre de France,
Ligne 5 794 ⟶ 6 376 :
les liens odieux dont leurs ames gesnees
sont contre leur vouloir à leurs corps enchainees :
tu
tu n’aurois, ô belle ame, en allant au trespas,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/231]]==
<poem>
n’aurois, ô belle ame, en allant au trespas,
devancé que d’un peu la suitte de mes pas :
p207
Ligne 5 834 ⟶ 6 420 :
d’espoir de reconfort, qu’est privé de remede
le mal d’où le ruisseau maintenant en procede :
et
et que quand leur humeur à mes yeux defaudra,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/232]]==
<poem>
que quand leur humeur à mes yeux defaudra,
mon cœur, où le surgeon à jamais en sourdra,
ne verra pas pourtant leur riviere seichee,
Ligne 5 867 ⟶ 6 457 :
Helas ! Si du destin l’impitoyable cours
eust fait couler ta vie en ces malheureux jours,
nos
nos prodiges d’erreur, nos traistres felonnies,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/233]]==
<poem>
prodiges d’erreur, nos traistres felonnies,
nos rebelles discords, et nos fieres manies
forceroient maintenant ta plume à confesser
Ligne 5 903 ⟶ 6 497 :
l’estonnement conjoint à l’ennuy qui me touche
interdit la parole aux souspirs de ma bouche.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/234]]==
<poem>
Car quel meurtre de prince à cestui-cy pareil
veirent onc icy bas les grands yeux du soleil ?
Ligne 5 943 ⟶ 6 540 :
trouvoit-elle en celuy que ta brute ignorance
voüoit pour successeur au sceptre de la France,
plus de desir de voir son empire fleurir
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/235]]==
<poem>
de voir son empire fleurir
qu’en celuy que ton bras alloit faire mourir,
prince qui constamment l’avoit tousjours suivie,
Ligne 5 983 ⟶ 6 584 :
mourons (dis-tu cruel) et fuyons au tombeau
l’odieuse clarté du celeste flambeau :
mais
mais voulons-nous mourir d’une mort incogneuë ?
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/236]]==
<poem>
voulons-nous mourir d’une mort incogneuë ?
Non, non, que tout esprit habitant sous la nuë,
que le ciel, que l’enfer en cruauté vaincu
Ligne 6 025 ⟶ 6 630 :
le ciel, le juste ciel, protecteur des couronnes,
le sçait pour le malheur de ces ames felonnes,
qu’
qu’on croit avoir forgé sur la tienne de fer
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/237]]==
<poem>
on croit avoir forgé sur la tienne de fer
ce traistre assassinat des marteaux de l’enfer :
p215
Ligne 6 063 ⟶ 6 672 :
aux cruelles fureurs qu’il evoque d’enfer,
puis comme d’un bel œuvre en ose triompher :
au
au lieu que le remords de sa cruelle audace
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/238]]==
<poem>
lieu que le remords de sa cruelle audace
deust espandre à jamais du pourpre sur sa face.
Mais mon ame s’abuse, un françois n’a point fait
Ligne 6 103 ⟶ 6 716 :
m’estant tousjours advis qu’au milieu de nos pleurs
je voy ce pauvre prince estouffé de douleurs,
d’une
d’une voix que la mort rendoit foible et cassee,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/239]]==
<poem>
voix que la mort rendoit foible et cassee,
et d’un piteux regard dont l’ame estoit percee,
tantost jetté sur terre, et tantost vers les cieux,
Ligne 6 143 ⟶ 6 760 :
formoit la triste chambre où la fatale marque
des fourriers de la mort logeoit ce grand monarque.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/240]]==
<poem>
Et lors ramentevant que celuy dont les os
dormoient entre les vers dedans ce plomb enclos,
Ligne 6 183 ⟶ 6 803 :
Je l’ay servy treize ans, dont mon attente morte,
apres tant d’esperance, autre fruit ne rapporte
que ces
que ces cuisans souspirs, que cet honneur amer
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/241]]==
<poem>
cuisans souspirs, que cet honneur amer
de pouvoir maintenant au cercueil l’enfermer :
et si, j’estimeray la fatale inclemence
Ligne 6 223 ⟶ 6 847 :
et n’en vit pas un d’eux si craint ne si puissant,
qui luy mesme de crainte en son lict palissant
ne doive apprehender qu’au milieu de sa garde
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/242]]==
<poem>
qu’au milieu de sa garde
le moindre de son peuple un jour ne le poignarde,
si ses faits, si ses dits injustement pesez
Ligne 6 261 ⟶ 6 889 :
ayant barbarement cet estat desolé,
par un tel sacrilege en fin a violé
ce
ce que le protecteur des justes diadêmes
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/243]]==
<poem>
que le protecteur des justes diadêmes
rend venerable et saint au cœur des bestes mesmes.
Et toy, valeureux roy, la terreur des mutins,
Ligne 6 303 ⟶ 6 935 :
qui pour te voir l’esprit touché de ceste envie,
d’un zele plus ardant te consacrent leur vie.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/244]]==
<poem>
Mais, helas ! J’ay grand’peur que ce juste desir
dont maintenant tu sens la flamme te saisir,
Ligne 6 338 ⟶ 6 973 :
et de combien n’avoir point eu
est plus doux que d’avoir perdu.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/245]]==
<poem>
Mes plaisirs s’en sont envolez,
cedans au malheur qui m’outrage :
Ligne 6 376 ⟶ 7 014 :
et m’est maintenant douloureux
d’avoir veu mes jours bien-heureux.
ô
ô ma seule gloire et mon bien
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/246]]==
<poem>
ma seule gloire et mon bien
qui n’es plus qu’un petit de poudre,
p227
Ligne 6 411 ⟶ 7 053 :
d’avoir vescu trop longuement.
 
SUR
SUR LA MORT DE CALERYME
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/247]]==
<poem>
LA MORT DE CALERYME
 
Six jours s’estoient passez depuis l’heure funeste
Ligne 6 445 ⟶ 7 091 :
Si tost donc qu’Anaxandre apperceut sa figure
sombrement éclairer parmy la nuict obscure,
et
et veit ainsi languir les flammes de son oeil :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/248]]==
<poem>
veit ainsi languir les flammes de son oeil :
ô mon cœur (luy dit-il) reviens-tu du cercueil,
fantosme desirable à mon ame affligee,
Ligne 6 482 ⟶ 7 132 :
et cause les souspirs au tombeau me suivans,
que toy, mon seul espoir, et les gages vivans
qui te
qui te restans de moy sont pour marque asseuree
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/249]]==
<poem>
restans de moy sont pour marque asseuree
de la parfaicte amour dont tu m’as honoree.
Vous seuls je vous lamente au milieu du repos
Ligne 6 525 ⟶ 7 179 :
par nos feux qui brusloient d’une flame si pure,
et par ta propre foy, je te prie et conjure
de
de ne plus engager la saincte liberté
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/250]]==
<poem>
ne plus engager la saincte liberté
que ma mort t’a renduë, à nulle autre beauté,
qu’à celle que les dieux t’ont desja destinee
Ligne 6 565 ⟶ 7 223 :
que jamais elle puisse ailleurs se renchainer,
puis qu’il faut estre à soy pour se pouvoir donner.
Je
Je suis et seray tien jusqu’aux fins de mon âge,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/251]]==
<poem>
suis et seray tien jusqu’aux fins de mon âge,
sois-tu cendre et poussiere : et seulement l’image
de ton oeil, bien qu’esteint et vaincu du trespas,
Ligne 6 599 ⟶ 7 261 :
tu sçavois mes desirs, tu sçavois mes desseins :
mon cœur ne respiroit qu’entre tes seules mains,
et
et n’eust sçeu le destin rendre mon ame hostesse
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/252]]==
<poem>
n’eust sçeu le destin rendre mon ame hostesse
ny de tant de plaisir, ny de tant de tristesse,
qu’encor je ne sentisse et ma joye augmenter
Ligne 6 642 ⟶ 7 308 :
me poursuit maintenant, et sur ma triste vie
darde ainsi tous ses traits de courroux et d’envie ?
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/253]]==
<poem>
Faisant d’entre mes bras par la mort arracher
tout ce que mon esprit eust jamais de plus cher,
Ligne 6 680 ⟶ 7 349 :
car estant icy bas ses vertus sans pareilles,
et desja ses beautez ayant de leurs merveilles
parmy
parmy toute la terre espandu leur renom,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/254]]==
<poem>
toute la terre espandu leur renom,
l’ornement d’Italie est son juste surnom.
C’est de ces chaines-là dont les astres ordonnent
Ligne 6 721 ⟶ 7 394 :
Là, je leu qu’il estoit de long temps arresté,
que pour n’empescher point un heur tant souhaitté
d’arriver à la France, il falloit que ma vie
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/255]]==
<poem>
la France, il falloit que ma vie
me fust loin de tes yeux avant l’âge ravie :
p239
Ligne 6 762 ⟶ 7 439 :
dont l’un m’affligeroit plus que ma propre mort,
et tous deux paroistroient te condamner à tort.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/256]]==
<poem>
Mais en cedant aux loix de ta douleur extréme,
souvien-toy de la France, et de ton diadéme,
Ligne 6 797 ⟶ 7 477 :
n’a plus d’yeux pour les voir si ce n’est par ton
oeil :
ne
ne peut plus les baiser si ce n’est par ta bouche :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/257]]==
<poem>
peut plus les baiser si ce n’est par ta bouche :
seul et dernier regret dont l’attainte me touche,
apres l’extréme ennuy qui me fait lamenter
Ligne 6 828 ⟶ 7 512 :
Las ! Si n’estoit-ce pas un funeste cercueil,
ny des regrets sans fin, ny des habits de dueil,
mais un
mais un heureux berceau, mais des chants d’allegresse,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/258]]==
<poem>
heureux berceau, mais des chants d’allegresse,
à quoy nous preparoit l’espoir de la grossesse
dont ta blesme langueur trompoit nostre desir,
Ligne 6 872 ⟶ 7 560 :
blasphemes :
accusons le destin : nous accusons nous mesmes :
et
et sans fin maudissons l’erreur de ce penser
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/259]]==
<poem>
sans fin maudissons l’erreur de ce penser
qui faisoit loin de toy les remedes chasser,
et tant choyer en vain la vie encor à naistre,
Ligne 6 913 ⟶ 7 605 :
et tantost ta faveur donnoit vie à leur gloire,
presque les allaitant comme une autre memoire :
tantost
tantost toy-mesme assise entre les lauriers verds,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/260]]==
<poem>
toy-mesme assise entre les lauriers verds,
et de ton propre stile y gravant de beaux vers,
tu te faisois paroistre une nouvelle muse
Ligne 6 953 ⟶ 7 649 :
p247
 
des
des douleurs dont un cœur peut estre tourmenté,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/261]]==
<poem>
douleurs dont un cœur peut estre tourmenté,
que l’oubly n’en seroit marqué d’impieté.
Cependant, genereuse et royalle princesse,
Ligne 6 994 ⟶ 7 694 :
qui forceroient la Parque à te rendre le jour,
si la mort entendoit le langage d’amour.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/262]]==
<poem>
Et lors le piteux son de ses plaintes ameres
qui mesle à ses regrets ceux des princes ses freres,
Ligne 7 034 ⟶ 7 737 :
Advienne quelque jour que nos pleurs nous acquittent
de ce que tes bontez et ta grace en meritent :
advienne
advienne que le ciel nous empesche de voir,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/263]]==
<poem>
que le ciel nous empesche de voir,
ces gemissants regrets, ces larmes de devoir,
enfants d’une douleur mortellement amere,
Ligne 7 048 ⟶ 7 755 :
fors celuy qui pressé d’un ennuy perdurable
croit la deplorer moins qu’elle n’est deplorable.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/264]]==
<poem>
 
EPITAPHE CHRISTOPHLE DE THOU
Ligne 7 067 ⟶ 7 777 :
ou pour mourir heureux une aussi sainte vie,
ou pour revivre au ciel une aussi belle mort.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/265]]==
<poem>
 
ELEGIE TRESPAS M. DE NOAILLES
Ligne 7 100 ⟶ 7 813 :
Ce qu’il eust bien fait voir és dernieres allarmes
où la France a versé tant de sang et de larmes,
estant
estant donné pour chef à cent chevaux legers
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/266]]==
<poem>
donné pour chef à cent chevaux legers
resolus de le suivre au plus fort des dangers :
mais comme la fureur de ces flammes civiles
Ligne 7 139 ⟶ 7 856 :
et l’homme fayneant qui sans l’avoir suivie
voit par le cours des ans tout son poil argenté,
n’
n’a pas long temps vescu, mais longuement esté.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/267]]==
<poem>
a pas long temps vescu, mais longuement esté.
Ainsi vit quelque chesne à qui l’honneur de l’âge
acquiert la primauté des arbres d’un bocage :
Ligne 7 180 ⟶ 7 901 :
p256
 
mais
mais moy qui de nature, et par un long usage,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/268]]==
<poem>
moy qui de nature, et par un long usage,
des souspirs amoureux entens bien le langage,
j’apprens d’eux qu’un amant, en ce siecle si faint,
Ligne 7 218 ⟶ 7 943 :
non à ce bel esprit qui d’un vol plus dispos
est entré par la mort au celeste repos,
où maintenant il vit, si de son corps delivre
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/269]]==
<poem>
maintenant il vit, si de son corps delivre
jamais belle ame et sainte y merita de vivre.
Or toy qui plains sa mort, ne sois point estonné
Ligne 7 246 ⟶ 7 975 :
sa vie en combattant que de la demander,
ayma mieux rester mort que vivre par priere.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/270]]==
<poem>
 
DE M. DE CLERMONT D’ANTRAGUES
Ligne 7 286 ⟶ 8 018 :
ayant conjoint les feux, en conjoindra la cendre.
 
DE MME ET MLLE DE BOURBON
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/271]]==
<poem>
ET MLLE DE BOURBON
 
p260
Ligne 7 313 ⟶ 8 049 :
p261
 
Devotieux passant qui vois combien peu durent
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/272]]==
<poem>
qui vois combien peu durent
les dons que l’univers tient pour souverain bien :
qui vois ce qu’elles sont, qui sçais ce qu’elles
Ligne 7 344 ⟶ 8 084 :
et non pas le porphyre ou les marbres gravez
qu’on voit superbement sur leur cendre eslevez :
le
le corps que ce tombeau dans son giron enserre,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/273]]==
<poem>
corps que ce tombeau dans son giron enserre,
tout converty qu’il est en insensible terre,
ornant ce que l’on croit luy servir d’ornement,
Ligne 7 382 ⟶ 8 126 :
a veu la destinee exercer sa vertu,
sans voir d’aucun malheur son courage abbatu :
tesmoins
tesmoins les champs de Dreux où sa jeune vaillance
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/274]]==
<poem>
les champs de Dreux où sa jeune vaillance
offrit ses premiers fruits sur l’autel de la France :
tesmoins ceux de Hongrie où le brave germain
Ligne 7 414 ⟶ 8 162 :
dans la trace d’honneur qu’il a tousjours suivie,
ne pleure point sa mort, mais imite sa vie.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/275]]==
<poem>
 
POUR ESCRIRE TOMBEAU M. DE GIVRY
Ligne 7 440 ⟶ 8 191 :
tous trois morts en trois ans en trois actes de
guerre,
tous
tous trois pareils en sort, et tous trois differens :
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/276]]==
<poem>
trois pareils en sort, et tous trois differens :
car l’un perdit la vie au fort d’une bataille,
noyé dedans son sang coulant de toutes parts :
Ligne 7 472 ⟶ 8 227 :
Qui jamais veit éclorre en l’avril de l’enfance
tant de fleurs de bonté, de douceur, de constance,
d’
d’humilité, d’honneur, d’esprit, de pieté,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/277]]==
<poem>
humilité, d’honneur, d’esprit, de pieté,
de libre modestie, et de sage gayeté,
comme tes douces mœurs avant l’âge polies
Ligne 7 515 ⟶ 8 274 :
que veirent onc du ciel les grands yeux du soleil,
unique sœur d’un roy qui n’a point son pareil,
et
et qui vit elle-mesme icy bas sans égale,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/278]]==
<poem>
qui vit elle-mesme icy bas sans égale,
accusant la rigueur de ton heure fatale,
te souspire et regrette, et par l’extréme soin
Ligne 7 540 ⟶ 8 303 :
ains vivent d’une vie à la mort non sujette,
et la font elle-mesme encor vivre icy bas.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/279]]==
<poem>
Pour le moins leur memoire incessamment vivante
la maintient immortelle au cœur de son espoux,
Ligne 7 570 ⟶ 8 336 :
nos pleurs luy feroient tort en luy faisant honneur.
 
SUR
SUR MORT MME DE PASSERAT
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/280]]==
<poem>
MORT MME DE PASSERAT
 
S’il s’est fait un triste naufrage
Ligne 7 592 ⟶ 8 362 :
p271
 
L’
L’effect des changemens que la fuite des jours
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/281]]==
<poem>
effect des changemens que la fuite des jours
apporte d’heure en heure aux plus fermes amours
parmy ceux dont la vie est sans cesse agitee,
Ligne 7 622 ⟶ 8 396 :
ny ces doux entretiens pleins d’appas et de charmes
n’eussent rien en son cœur engendré que des larmes,
quand
quand tout bruslant encor du desir de ce bien,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/282]]==
<poem>
tout bruslant encor du desir de ce bien,
il se fust souvenu qu’il avoit esté sien :
et qu’au malheur present sa dolente memoire
Ligne 7 662 ⟶ 8 440 :
quel bien peut consoler ce triste éloignement,
puis que mesme la voir me seroit un tourment ?
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/283]]==
<poem>
Ah rigoureux amour, que ma triste pensee
de contraires douleurs est par toy traversee !
Ligne 7 704 ⟶ 8 485 :
pourquoy t’affliges-tu ? Luy dit son cher Aemile
voyant sa passion en souspirs trop fertile :
si
si voir ton ennemie est l’unique dessein
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/284]]==
<poem>
voir ton ennemie est l’unique dessein
de qui l’ardeur boüillonne au milieu de ton sein,
avant que le soleil en la mer se replonge,
Ligne 7 746 ⟶ 8 531 :
et s’ils ne dorment point au silence des morts,
en la mesme action qui les occupe alors.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/285]]==
<poem>
Quand au combat naval où les flots de Lepante
veirent du sang des turcs leur onde rougissante,
Ligne 7 780 ⟶ 8 568 :
car il n’est point d’object sous la voûte des cieux
qui la representant ne contentast mes yeux :
mais helas ! Qu’il est dur, qu’il est dur à mon ameQu’
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/286]]==
<poem>
il est dur, qu’il est dur à mon ame
de recevoir ce change, et pour la vive flame
d’un soleil animé que j’allois rechercher,
Ligne 7 820 ⟶ 8 612 :
Quelle fut la merveille, et quel fut le plaisir
dont un si doux object vint son ame saisir,
le
le seul fidele amant le peut dire à soy-mesme,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/287]]==
<poem>
seul fidele amant le peut dire à soy-mesme,
car l’un et l’autre d’eux en son cœur fut extréme :
sur tout quand il advint qu’en regardant de pres
Ligne 7 856 ⟶ 8 652 :
puis soudain disparut, comme on voit qu’une idole
venuë avec le songe avec luy s’en revole.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/288]]==
<poem>
Ah ! Qu’avec grand regret il se sentit ravir
un object dont son oeil ne pouvoit s’assouvir,
Ligne 7 897 ⟶ 8 696 :
mais s’il te plaist sçavoir le veritable cours
de l’estre où maintenant elle coule ses jours,
ne recognois-tu point l’erreur où tu te plonges
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/289]]==
<poem>
tu point l’erreur où tu te plonges
t’en allant enquerir au pere des mensonges ?
Les demons sont trompeurs, le vray leur sert d’appas,
Ligne 7 938 ⟶ 8 741 :
Contre ceste beauté s’armoit secretement
des poignans eguillons d’un fier ressentiment
la jalouse fureur d’une dame gottique
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/290]]==
<poem>
fureur d’une dame gottique
plus qu’autre de son temps sçavante en l’art magique,
et pour ses vains effects, impostures des yeux,
Ligne 7 976 ⟶ 8 783 :
aux fureurs de son ame, et par elle appaiser
les cendres de l’amour qui souloit l’embraser.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/291]]==
<poem>
Bien qu’avec un silence en tels maux non vulgaire,
elle dissimulast ce desir sanguinaire,
Ligne 8 016 ⟶ 8 826 :
Et si, quoy que tous deux égallement aymables
fussent et de beautez et de graces semblables,
l’
l’amour n’allumoit point en leurs libres esprits
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/292]]==
<poem>
amour n’allumoit point en leurs libres esprits
les desirs violents dont ils estoient épris :
mais la seule amitié qu’avec ses pures flames
Ligne 8 057 ⟶ 8 871 :
p287
 
avec
avec la mesme peur dont se voit empescher
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/293]]==
<poem>
la mesme peur dont se voit empescher
l’homme qui sent son mal et qui n’oze y toucher.
Car l’ayant exhortee à conserver la gloire
Ligne 8 093 ⟶ 8 911 :
Mais ne respondant rien, et prouvant sa douleur
par mille changements de geste et de couleur
pareils à
pareils à ceux d’une ame à qui l’amour commande,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/294]]==
<poem>
ceux d’une ame à qui l’amour commande,
elle en donna racine aux soupçons de Gernande,
qui ne rapporta point ces changements de teint,
Ligne 8 132 ⟶ 8 954 :
qu’il se ravit aux siens, leur donne un rendé-vous,
et seul avec un seul luy tenant lieu de tous,
s’
s’en va chez son Ogiere à l’heure retiree
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/295]]==
<poem>
en va chez son Ogiere à l’heure retiree
au sein d’une maison du peuple separee,
ou seule il la trouva qui loin de la clarté,
Ligne 8 174 ⟶ 9 000 :
bien que la chasteté cogneuë en mon espouse
m’ait long temps deffendu d’avoir l’ame jalouse,
et que je
et que je sache assez combien les nœuds estroits
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/296]]==
<poem>
sache assez combien les nœuds estroits
dont le sang les conjoint leur ont acquis de droits :
mais qui sçait si leur ame ose point d’avantage
Ligne 8 211 ⟶ 9 041 :
Ainsi par la Gernande, et tandy qu’il parloit
le jaloux cœur d’Ogiere en soy-mesme voloit
d’
d’aise de voir le ciel presenter à sa rage
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/297]]==
<poem>
aise de voir le ciel presenter à sa rage
un moyen preparé pour venger son outrage :
mais le tenant couvert sous un geste rusé
Ligne 8 250 ⟶ 9 084 :
ne s’yroit en sa face exposant à tes yeux :
mais encor, si par sort la volonté des cieux
confirmant tes soupçons permettoit le contraire,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/298]]==
<poem>
tes soupçons permettoit le contraire,
quel tourment se peut voir rendre la vie amere
qui ne devint ton hoste, et forçant ta raison
Ligne 8 288 ⟶ 9 126 :
qui luy porte la main au poignard impiteux,
exposant à son oeil l’acte le plus honteux
dont
dont le cœur d’un mary, mesme une ame jalouse,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/299]]==
<poem>
le cœur d’un mary, mesme une ame jalouse,
puisse estre son honneur blessé par son épouse.
p295
Ligne 8 329 ⟶ 9 171 :
Tout le sang aussi tost luy fremit dans les veines :
son poil se herissa : cent griffes inhumaines
de
de honte, de fureur, de haine, et de depit
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/300]]==
<poem>
honte, de fureur, de haine, et de depit
déchirerent ses flancs : et l’outrage rompit
tous les plus saints liens dont l’amitié passee
Ligne 8 371 ⟶ 9 217 :
en te donnant la mort t’en suis juste donneur :
j’oste à bon droit la vie à qui m’oste l’honneur.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/301]]==
<poem>
Il vouloit redoubler, mais la trouppe arrivee
retint sa main sanglante au coup desja levee,
Ligne 8 407 ⟶ 9 256 :
luy doucement severe apres mainte demande
à quoy seul respondoit l’infortuné Gernande,
ayant
ayant en fin appris et la cause et l’autheur
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/302]]==
<poem>
en fin appris et la cause et l’autheur
du meurtre dont luy-mesme il estoit spectateur,
ô Gernande, dit-il, puis que ta bouche atteste
Ligne 8 450 ⟶ 9 303 :
car du surplus, j’atteste et la terre, et les cieux,
et le dernier moment qui va clorre mes yeux,
que
que sans jamais soüiller ta couche nuptiale,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/303]]==
<poem>
sans jamais soüiller ta couche nuptiale,
je t’ay gardé la foy d’une épouse loyale :
ainsi me soit propice ou severe la loy
Ligne 8 490 ⟶ 9 347 :
ramentoy quant et quant l’autheur de ta naissance :
et puis que du destin l’eternelle ordonnance
rend
rend ta vie et ma fin l’œuvre d’un mesme ouvrier,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/304]]==
<poem>
ta vie et ma fin l’œuvre d’un mesme ouvrier,
en regrettant la mort, honore le meurtrier.
Adieu, la mort s’assied en ma froide prunelle :
Ligne 8 533 ⟶ 9 394 :
p303
 
il
il le vit en sortir superbe encor du gage
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/305]]==
<poem>
le vit en sortir superbe encor du gage
ravy sur son honneur par un recent outrage.
Quels furent les propos que presqu’avec horreur
Ligne 8 573 ⟶ 9 438 :
dés qu’elle oüit tonner contre son imposture
l’impitoyable mot de gesne et de torture,
elle advoüa la fraude, et la conta d’alors
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/306]]==
<poem>
la fraude, et la conta d’alors
que ses jaloux torments luy donnans mille morts,
pour le regret d’Adee affranchy de sa chaine,
Ligne 8 613 ⟶ 9 482 :
elle se trouva morte au sein de la prison,
sans marque de cordeau, de fer, ny de poison :
et
et croit-on que son ame avoit esté ravie
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/307]]==
<poem>
croit-on que son ame avoit esté ravie
de ceux qu’elle advoüoit l’avoir long temps servie,
pour les foudres, les vents, la tempeste et le bruit
Ligne 8 653 ⟶ 9 526 :
mon bras encor soüillé des marques de la mort
que je sens, malheureux, t’avoir donnee à tort,
repugne à ceste grace, et ne veut que j’espere
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/308]]==
<poem>
et ne veut que j’espere
rien de toy qu’impiteux et sanglamment severe.
Mais sçaches que si plaindre et hair son peché,
Ligne 8 690 ⟶ 9 567 :
mais ainsi l’a voulu ce monarque supréme
contre qui murmurer ce seroit un blaspheme.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/309]]==
<poem>
Aussi ne viens-je pas l’accusant m’excuser :
l’horreur de mon forfaict ne se peut déguiser :
Ligne 8 726 ⟶ 9 606 :
qu’elle me rend douteux le bien inesperé
de qui desja mon cœur vivoit comme asseuré.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/310]]==
<poem>
Mais soit-il faux ou non : il me plaist de le croire,
quelque obstacle nouveau qu’y mette ceste histoire.
Ligne 8 766 ⟶ 9 649 :
avoit fait recourir ses miserables yeux,
comme un remede impie et condamné des cieux.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/311]]==
<poem>
Mais jugeant qu’un conseil en un jeune courage
est tant plus amoureux que moins il paroist sage :
Ligne 8 779 ⟶ 9 665 :
desormais l’un de l’autre ouvertement épris.
 
TRAD. DEUXIESME LIVRE AENEIDE
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/312]]==
<poem>
LIVRE AENEIDE
 
p312
Ligne 8 801 ⟶ 9 691 :
fust-il un myrmidon ou dolope inhumain,
ou des soldats qu’Ulysse avoit lors sous sa main ?
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/313]]==
<poem>
Desja l’humide nuict du ciel se precipite,
et maint astre tombant au sommeil nous invite :
Ligne 8 842 ⟶ 9 735 :
les portes de la ville aussi tost sont ouvertes :
on se plaist d’aller voir et les places desertes
des
des champs où l’ennemy souloit estre campé,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/314]]==
<poem>
champs où l’ennemy souloit estre campé,
et le rivage ondeux non plus lors occupé.
Là logeoit le Dolope, icy le grand Pelide :
Ligne 8 883 ⟶ 9 780 :
ou ce corps de machine ainsi haut se dressant
regarde nos ramparts et les va menaçant,
construict
construict pour découvrir jusques dedans nos portes,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/315]]==
<poem>
pour découvrir jusques dedans nos portes,
et de là commander aux places les plus fortes :
ou quelque dol caché sans doute s’y conjoint.
Ligne 8 926 ⟶ 9 827 :
Or escoute des grecs l’artifice funeste,
et par un crime seul juge de tout le reste.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/316]]==
<poem>
Si tost que ce trompeur devant nous arresté
monstrant la face triste, et l’oeil espouvanté,
Ligne 8 967 ⟶ 9 871 :
mon pere m’envoya dés mes plus tendres ans,
en guerre apprendre icy le mestier des vaillants.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/317]]==
<poem>
Aussi, tandis que l’heur qui suivoit sa sagesse
a fait florir son regne en puissance et richesse,
Ligne 9 008 ⟶ 9 915 :
p320
 
ne
ne scachants rien encor de ses meschantes trames,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/318]]==
<poem>
scachants rien encor de ses meschantes trames,
ny de l’art abuseur qui regne és grecques ames :
luy donc poursuit ainsi, pipant les escoutans
Ligne 9 048 ⟶ 9 959 :
et desja, descouvrants son cruel artifice,
plusieurs voyoient sur moy tomber ce sacrifice.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/319]]==
<poem>
Calchas se taist dix jours, et caché ne veut pas
que sa response envoye un pauvre homme au trespas.
Ligne 9 088 ⟶ 10 002 :
et Priam le premier fait delivrer ses mains
des liens dont les nerfs sont durement estreints :
l’
l’honore d’une amie et courtoise parole,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/320]]==
<poem>
honore d’une amie et courtoise parole,
et de ces doux propos luy-mesme le console :
p323
Ligne 9 130 ⟶ 10 048 :
sa fatale effigie, avec ces mains cruelles
qui venoient d’en meurtrir les gardes plus fidelles,
et
et toucher de leurs doigts de sang encor tachez
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/321]]==
<poem>
toucher de leurs doigts de sang encor tachez
les rubans virginaux à son front attachez :
depuis ceste heure-là, leur attente premiere
Ligne 9 170 ⟶ 10 092 :
les oracles secrets leur ayants revelé,
que si de vostre main vous aviez violé
ce present de Minerve, une infortune extrême
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/322]]==
<poem>
infortune extrême
(que Dieu vueille plustost destourner sur luy-mesme)
iroit de fonds en comble à la fin renversant
Ligne 9 213 ⟶ 10 139 :
dont leur dos écaillé voûte sa fiere échine,
et fait en écumant bruire l’onde marine.
Ja
Ja tenoient-ils les champs sous leurs ventres
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/323]]==
<poem>
tenoient-ils les champs sous leurs ventres
baveux,
leurs yeux ensanglantez ardoient de mille feux :
Ligne 9 256 ⟶ 10 186 :
tous disent qu’un supplice à bon droit merité
du fier Laocoon poursuit l’impieté,
de qui,
de qui, sans nul respect, la sacrilege atteinte
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/324]]==
<poem>
sans nul respect, la sacrilege atteinte
avoit blessé les flancs de la figure sainte :
criants qu’il faut sur l’heure en son siege poser
Ligne 9 292 ⟶ 10 226 :
En fin nous malheureux, nous à qui la lumiere
d’un si funeste jour luisoit pour la derniere,
avec joye
avec joye embrassants les causes de nos pleurs,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/325]]==
<poem>
embrassants les causes de nos pleurs,
nous voilons les autels de rameaux et de fleurs.
p330
Ligne 9 334 ⟶ 10 272 :
Or estoit-ce sur l’heure où l’on sent le sommeil
commencer à coller les paupieres de l’oeil,
et
et comme un don celeste enchanteur de nos peines,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/326]]==
<poem>
comme un don celeste enchanteur de nos peines,
avec plus de douceur ramper dedans les veines :
quand me tenant lié ce doux charme des dieux,
Ligne 9 374 ⟶ 10 316 :
Luy ne respondant rien à ces vaines parolles,
comme les estimant des demandes frivolles,
mais
mais tirant un souspir du centre de son cœur,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/327]]==
<poem>
tirant un souspir du centre de son cœur,
las ! Fuy-t’en, me dit-il, tranche toute longueur,
fuy-t’en, fils de deesse, et quittant nos pergames,
Ligne 9 406 ⟶ 10 352 :
je tends l’oreille au bruit, au bruit à qui l’ardeur
de tant de feux mesloit son horrible splendeur.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/328]]==
<poem>
Comme quand il advient que la flamme devore
les blondissants tresors dont la plaine se dore :
Ligne 9 449 ⟶ 10 398 :
Le dernier jour prefix aux murs de Dardanie
est en fin arrivé, leur duree est finie :
il
il n’est plus d’Ilion, les troyens ont esté,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/329]]==
<poem>
n’est plus d’Ilion, les troyens ont esté,
le ciel en a l’empire en Argos transporté.
Les grecs regnent vainqueurs en la ville enflammee,
Ligne 9 487 ⟶ 10 440 :
heureux, s’il eust ouy mieux que nous insensez
les mots par sa maistresse en fureur prononcez.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/330]]==
<poem>
Enceint de ces guerriers, et voyant leur courage
les porter au combat, il leur tiens ce langage :
Ligne 9 525 ⟶ 10 481 :
Un estat qui superbe avoit tant dominé,
tombe à l’heure par terre à jamais ruiné :
infinis
infinis hommes morts, infinis que l’on tuë,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/331]]==
<poem>
hommes morts, infinis que l’on tuë,
tous sanglants, tous bruslez, gisent emmy la ruë :
p338
Ligne 9 569 ⟶ 10 529 :
que de tous les costez l’ayant enveloppee,
nous la faisons tomber sous les coups de l’épee,
ignorante des lieux, et surprise de peur.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/332]]==
<poem>
des lieux, et surprise de peur.
Le sort est favorable à ce premier labeur !
Dequoy tressautant d’aise et boüillant de courage,
Ligne 9 603 ⟶ 10 567 :
et pour se recacher, derechef se retirent
dans le ventre cogneu d’où naguere ils sortirent.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/333]]==
<poem>
Mais helas ! On ne doit en nul bien s’asseurer
que la faveur des dieux ne fait point prosperer.
Ligne 9 643 ⟶ 10 610 :
agite jusqu’aux bas des mers les plus profondes
le tempesteux orgueil de ses mobiles ondes.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/334]]==
<poem>
Ceux aussi que par l’ombre et l’horreur de la nuit,
es destours où le feu moins clairement reluit,
Ligne 9 688 ⟶ 10 658 :
fait plouvoir tant de morts, fait voller tant de
dards,
qu’
qu’ailleurs, au prix de là, cessent tous traits de
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/335]]==
<poem>
ailleurs, au prix de là, cessent tous traits de
guerre,
et nul par la cité n’ensanglante la terre :
Ligne 9 729 ⟶ 10 703 :
Coulé dedans par là, je monte au plus haut feste,
d’où les pauvres troyens espandoient sur la teste
des
des cruels assiegeans force fléches en vain,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/336]]==
<poem>
cruels assiegeans force fléches en vain,
et qui sans nul effect leur voloient de la main.
Là s’élevoit en l’air le mal-joinct edifice
Ligne 9 771 ⟶ 10 749 :
et comme un ruineux et tempesteux ravage,
tout le jeune escadron de Scyre au verd rivage,
abordez
abordez quant et luy lancent de toutes parts
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/337]]==
<poem>
quant et luy lancent de toutes parts
des feux au haut du toict, vollans entre les dards.
Luy mesme des premiers empoignant une hache
Ligne 9 809 ⟶ 10 791 :
un fleuve dont les flots renversans leurs chaussees,
furieux du surcroist des ondes amassees,
et
et noyans tous les prez d’un deluge écumeux,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/338]]==
<poem>
noyans tous les prez d’un deluge écumeux,
cassines et troupeaux entrainent avec eux.
Je vy Neoptoleme, et tous les deux Atrides
Ligne 9 845 ⟶ 10 831 :
Icy, la triste Hecube en pleurs et hors de soy,
et ses filles encor s’assemblant en effroy,
environnoient l’autel, et se serroient entre-elles
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/339]]==
<poem>
l’autel, et se serroient entre-elles
comme font en fuyant les promptes colombelles,
p349
Ligne 9 883 ⟶ 10 873 :
Icy le pauvre pere, encor mesme qu’il voye
qu’à la mort asseuree il va servir de proye,
ne
ne se peut contenir, ains hastant son malheur
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/340]]==
<poem>
se peut contenir, ains hastant son malheur
il lasche ainsi la bride à sa juste douleur :
homicide inhumain, si les mortels outrages
Ligne 9 920 ⟶ 10 914 :
tout tremblant de trop d’âge, et sans cesse glissant
dans le sang de son fils le pavé rougissant,
contre
contre les autels mesme, où cruel il empestre
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/341]]==
<poem>
les autels mesme, où cruel il empestre
dedans ses cheveux blancs les doigts de la senestre,
et tenant son poignard flambant en l’autre main,
Ligne 9 956 ⟶ 10 954 :
Elle qui des troyens ayant destruit l’empire
tremble que leur douleur ne s’en vange en son ire,
qui des grecs apprehende un rude chastiment,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/342]]==
<poem>
rude chastiment,
et qui craint son époux laissé si méchamment,
la commune furie, et l’erinne fatale
Ligne 10 000 ⟶ 11 002 :
telle en gloire et grandeur qu’elle se monstre aux
dieux,
m’
m’arreste par la dextre, et dedans mon oreille
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/343]]==
<poem>
arreste par la dextre, et dedans mon oreille
fait couler ce propos de sa bouche vermeille.
Mon fils, quelle douleur allume en tes esprits
Ligne 10 040 ⟶ 11 046 :
Icy Junon s’assied sur les portes de Scaee
toute ceinte d’acier, et de haine insensee :
encourage les grecs, et leur prestant la main,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/344]]==
<poem>
et leur prestant la main,
les appelle du havre à ce sac inhumain.
Là, Pallas secoüant son horrible Gorgonne
Ligne 10 074 ⟶ 11 084 :
Je descens, et conduit du soin de la deesse,
sans malheur je traverse et les feux et la presse
des
des plus fiers ennemis entre mille trespas,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/345]]==
<poem>
plus fiers ennemis entre mille trespas,
les flammes et les dards faisants place à mes pas.
Mais quand en cheminant j’euz attaint le portique
Ligne 10 117 ⟶ 11 131 :
le prions au contraire, et de ne vouloir point
en se perdant ainsi nous perdre de tout point,
et
et par une fureur d’ame desesperee,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/346]]==
<poem>
par une fureur d’ame desesperee,
ne se point eslancer à la mort asseuree :
il nous refuse encor, sans se vouloir laisser
Ligne 10 154 ⟶ 11 172 :
Nous aurons pour le moins cette vaine allegeance
de ne mourir point tous aujourd’huy sans vengeance.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/347]]==
<poem>
Cela dit, je receins mon coutelas trenchant :
et derechef ma dextre au pavois attachant,
Ligne 10 195 ⟶ 11 216 :
coule du ciel en bas, à sa queuë entrainant
la flamme d’un brandon vivement rayonnant.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/348]]==
<poem>
Nous la voyons passer, comme un trait débandee,
par dessus nostre toict en la forest Idee,
Ligne 10 237 ⟶ 11 261 :
là, soit le rendez-vous : là, dessous l’ombre coye,
que de divers endroits chacun tourne sa voye.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/349]]==
<poem>
Toy, mon pere, avant tout, prens en tes pures mains
les reliques de Troye, et ses penates saints :
Ligne 10 276 ⟶ 11 303 :
car tandis qu’en courant je fuy les advenuës
des chemins plus batus, et des sentes cognuës,
pour
pour gaigner un destour loing des pas s’écartant,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/350]]==
<poem>
gaigner un destour loing des pas s’écartant,
je ne sçay si Creüse en chemin s’arrestant
servit à mes malheurs d’une fatale proye,
Ligne 10 318 ⟶ 11 349 :
mais un esquadron grec qui l’avoit assiegé,
s’y ruant en fureur, l’a desja saccagé :
le
le feu tout devorant monte jusqu’à la cime,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/351]]==
<poem>
feu tout devorant monte jusqu’à la cime,
poussé de sa furie, et du vent qui l’anime :
on voit haut par dessus les flammes en voller,
Ligne 10 356 ⟶ 11 391 :
ny ne l’accorde point l’arrest de ce grand roy
de qui le clair Olympe escoute et suit la loy.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/352]]==
<poem>
Il faut qu’un long exil tes erreurs accompagne :
il te faut sillonner une vaste campagne
Ligne 10 396 ⟶ 11 434 :
piteuse colonie, et peuple miserable,
recueilly pour souffrir un exil perdurable.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/353]]==
<poem>
Là de tous les costez ils alloient accourant,
et leur bien et leur vie aux hazards preparant :
Ligne 10 429 ⟶ 11 470 :
plus religieusement obligé. Mais il y a mille lieux,
où l’on ne sçauroit se monstrer fort exact
interprete, qu’on ne soit en danger de se monstrer
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/354]]==
<poem>
en danger de se monstrer
fort mauvais poëte, en ce qui regarde la grace, la
douceur, le son, et l’ornement des vers : comme
l’esprouveront les meilleurs ouvriers qui le voudront
essayer. (…).
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/355]]==
<poem>
 
A LA PIETE
Ligne 10 453 ⟶ 11 501 :
s’il te plaist d’accepter l’effect de ma promesse,
je la paye et m’acquitte en t’offrant ce portrait.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/356]]==
<poem>
 
AU MESME SEIGNEUR CARDINAL
Ligne 10 485 ⟶ 11 536 :
à toute heure un effroy pallir nostre couleur,
et nostre bien servir de rapine eternelle.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/357]]==
<poem>
Aussi voulans monstrer que tout nous vous devons,
nous offrons pour ce tout, ce rien que nous pouvons,
Ligne 10 517 ⟶ 11 571 :
d’estre exempt de douleur ? N’avoit-il cognoissance
que le soleil est beau, mais qu’il blesse les yeux ?
Avoit-
Avoit-il oublié ce que peuvent les dieux
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/358]]==
<poem>
il oublié ce que peuvent les dieux
sur l’orgueil des mortels ? Si de ceste oubliance
aveuglé il en fait ores la penitence,
Ligne 10 547 ⟶ 11 605 :
vous face pardonner à l’offence des yeux.
 
A
A M. PHELIPEAUX
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/359]]==
<poem>
M. PHELIPEAUX
 
Aime la pour Phenix.
Ligne 10 573 ⟶ 11 635 :
ames qui reverez les esprits genereux,
honorez ce portrait et luy faites hommage.
La bonté mesme est peinte és traits de ce visage
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/360]]==
<poem>
traits de ce visage
sous le nom emprunté d’un prince valeureux,
qui constant, magnanime, et de gloire amoureux,
Ligne 10 596 ⟶ 11 662 :
si mon esprit rencontre un succez plus heureux,
je n’en sçauray nul gré qu’à vostre bien-vueillance.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/361]]==
<poem>
Non, à d’autres qu’à vous je ne veux point devoir
le bien que par vos mains j’espere recevoir,
Ligne 10 628 ⟶ 11 697 :
qu’il nous est de vous voir apres tant de douleur
assis dedans le vostre au cœur de cet empire.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/362]]==
<poem>
On croyoit (et le ciel nous le sembloit prédire)
que vous y monteriez, triomphant du malheur,
Ligne 10 657 ⟶ 11 729 :
et mettant tout en feu, ne lairront plus douter
si c’est par flamme ou non que doit perir le monde.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/363]]==
<poem>
 
A L’AME DE PLUTARCHE
Ligne 10 683 ⟶ 11 758 :
surmontant la vertu du cheval empenné,
font naistre tous les ans mille douces fontaines,
non fecondes en eau coulante emmy les plaines,
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/364]]==
<poem>
en eau coulante emmy les plaines,
mais en vin qu’on diroit pour les dieux estre né,
qui par les bras d’un cep de pampre couronné
Ligne 10 710 ⟶ 11 789 :
que pour de bas sujets tous les jours t’importune,
forcé de mon malheur qui la prophane en vain :
mais
mais l’assidu tourment des humaines tempestes
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/365]]==
<poem>
l’assidu tourment des humaines tempestes
fait que sous cet abry si souvent je recours,
usant de vos bontez à mon ayde si prestes,
Ligne 10 741 ⟶ 11 824 :
dans le sang espagnol tes chevaux fait nager,
et des plus grands Cesars obscurcy la memoire :
il
il ne restoit plus rien au comble de ta gloire
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/366]]==
<poem>
ne restoit plus rien au comble de ta gloire
grand roy, que de vouloir ton peuple soulager,
et chargeant sur son dos un fardeau plus leger,
Ligne 10 771 ⟶ 11 858 :
pour ne les loüer pas il faut estre un rocher,
et pour les bien loüer il faudroit estre un ange.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/367]]==
<poem>
 
A MONSEIGNEUR MARQUIS DE ROSNY
Ligne 10 798 ⟶ 11 888 :
bien que vostre valeur semble en avoir receu
ce qui peut à jamais honorer sa memoire.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/368]]==
<poem>
Assez vous ont acquis dequoy vivre en l’histoire.
Les monts de ce duché superbement bossu,
Ligne 10 827 ⟶ 11 920 :
mais au contraire icy, vous aymer ardamment
nous fait avec ardeur souhaitter vostre absence.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/369]]==
<poem>
 
SUR TRAD. DIANE DE MONTEMAJOR
Ligne 10 854 ⟶ 11 950 :
qu’il semble qu’y trouvant de l’aise et des delices,
la gloire d’obliger soit ton propre élement :
bien
bien monstres-tu de croire, aymant incessamment
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/370]]==
<poem>
monstres-tu de croire, aymant incessamment
à lier tant de cœurs du nœud des bons offices,
qu’aux hommes bien-faicteurs les astres sont propices,
Ligne 10 883 ⟶ 11 983 :
encore que la preuve à la fin ait monstré,
de tous ces deux pensers le mien seul veritable.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/371]]==
<poem>
 
SUR FIGURES JARDIN FONTAINEBLEAU
Ligne 10 914 ⟶ 12 017 :
y pourroient renflamer ceux de qui cent hyvers
rendroyent le corps perclus et les veines glacees.
ô
ô que ne regne encor dessus mon horizon
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/372]]==
<poem>
que ne regne encor dessus mon horizon
ceste verte, animee, et boüillante saison
qui rend le sang plus chaud, et le corps plus
Ligne 10 947 ⟶ 12 054 :
et de qui l’on peut dire, en lisant tes escrits,
qu’égal aux plus âgez tes égaux tu surpasses :
si
si ferme en ton dessein jamais tu ne te lasses
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/373]]==
<poem>
ferme en ton dessein jamais tu ne te lasses
de suivre le chemin que tes vertus ont pris,
un renom immortel sera ton juste prix,
Ligne 10 957 ⟶ 12 068 :
que ce soit nous prouvant qu’en nos premiers augures
nous ne nous estions pas assez promis de toy.
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/374]]==
<poem>
 
</poem>
==[[Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/375]]==
<poem>
 
=== no match ===
 
 
PANNARETTE