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La forêt de sapins qui croit à la même hauteur
La forêt de sapins qui croit à la même hauteur que les hêtres sur le versant des monts, mais à une exposition différente, est bien autrement sombre et redoutable d’aspect. Elle semble garder un secret terrible ; de sourdes rumeurs sortent de ses branches, puis s’éteignent pour renaître encore comme le murmure lointain des vagues. Mais c’est en haut, dans les ramures, que se propage le bruit ; en bas, tout est calme, impassible, sinistre ; les rameaux, chargés de leur noir feuillage, s’abaissent presque jusqu’au sol ; on frémit en passant sous ces voûtes sombres. Que l’hiver charge de neige ces robustes branches, elles ne faibliront point et ne laisseront tomber sur le gazon qu’une poussière argentée. On dirait que ces arbres ont une volonté tenace, d’autant plus puissante qu’ils sont tous unis dans une même pensée. En gravissant par la forêt vers le sommet de la montagne, on s’aperçoit que les arbres ont de plus en plus à lutter pour maintenir leur existence dans l’atmosphère refroidie. Leur écorce est plus rugueuse, leur tronc moins droit, leurs branches plus noueuses, leur feuillage plus dur et
que les hêtres sur le versant des monts,
mais à une exposition différente, est bien autrement
sombre et redoutable d’aspect. Elle
semble garder un secret terrible ; de sourdes
rumeurs sortent de ses branches, puis s’éteignent
pour renaître encore comme le murmure
lointain des vagues. Mais c’est en haut,
dans les ramures, que se propage le bruit ; en
bas, tout est calme, impassible, sinistre ; les
rameaux, chargés de leur noir feuillage, s’abaissent
presque jusqu’au sol ; on frémit en
passant sous ces voûtes sombres. Que l’hiver
charge de neige ces robustes branches, elles
ne faibliront point et ne laisseront tomber sur
le gazon qu’une poussière argentée. On dirait
que ces arbres ont une volonté tenace, d’autant
plus puissante qu’ils sont tous unis dans
une même pensée. En gravissant par la forêt
vers le sommet de la montagne, on s’aperçoit
que les arbres ont de plus en plus à lutter
pour maintenir leur existence dans l’atmosphère
refroidie. Leur écorce est plus rugueuse,
leur tronc moins droit, leurs branches
plus noueuses, leur feuillage plus dur et