« Poètes et romanciers modernes de la France/Charles-Hubert Millevoye » : différence entre les versions

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{{journal|Poètes et romanciers modernes de France - Charles-Hubert Millevoye|[[Auteur:Charles Augustin Sainte-Beuve|Sainte-Beuve]]|[[Revue des Deux Mondes]] T.10, 1837}}
 
Quand on cherche, dans la poésie de la fin du XVIIIe siècle et dans celle de l'empire, des talens qui annoncent à quelque degré ceux de notre temps et qui y préparent, on trouve Le Brun et André Chénier, comme visant déjà, l'un à l'élévation et au grandiose lyrique, l'autre à l'exquis de l'art; on trouve aussi (pour ne parler que des poètes. en vers), dans les tons, encore timides, de, l'élégie mélancolique et de la méditation rêveuse, Fontanes et Millevoye. Le poète du ''Jour des Morts'' et celui de ''la Chute des Feuilles'' sont des précurseurs de Lamartine, comme Le Brun l'est pour Victor Hugo dans l'ode, comme l'est André Chénier pour tout un côté de l'école de l'art. Ce rôle de précurseur, en relevant par la précocité ce que le talent peut avoir eu de hasardeux ou d'incomplet, offre toujours, dans l'histoire littéraire, quelque chose qui attache. S'il se rencontre surtout dans une nature aimable, facile, qui n'a en rien l'ambition de ce rôle et qui ignore absolument qu'elle le remplit; s'il se produit en œuvres légères, courtes, inachevées, mais sorties et senties du cœur; s'il se termine en une brève jeunesse, il devient tout-à-fait intéressant. C'est là le sort de Millevoye; c'est la pensée que son nom harmonieux suggère. Entre Delille qui finit et Lamartine qui préludes entre ces deux grands règnes de poètes, dans l'intervalle, une pâle et douce étoile un moment a brillé; c'est lui.