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d’hommes près de leurs chétives complices, enceintes des fruits misérables avec lesquels périra la terre. Dans le silence inquiet de tous les yeux suppliant là-bas le soleil qui, sous l’eau, s’enfonce avec le désespoir d’un cri, voici le simple boniment : « Nulle enseigne ne vous régale du spectacle intérieur, car il n’est pas maintenant un peintre capable d’en donner une ombre triste. J’apporte, vivante (et préservée à travers les ans par la science souveraine), une Femme d’autrefois. Quelque folie, originelle et naïve, une extase d’or, — je ne sais quoi ! — par elle nommée sa chevelure se ploie avec la grâce des étoffes autour d’un visage qu’éclaire la nudité sanglante de ses lèvres. À la place du vêtement vain, elle a un corps ; et les yeux, — semblables aux pierres rares ! — ne voilent pas ce regard qui sort de sa chair heureuse : des seins levés comme s’ils étaient pleins d’un lait éternel, la pointe vers le ciel, les jambes lisses qui gardent le sel de la mer première. » Se rappelant leurs pauvres épouses, chauves, morbides et pleines d’horreur, les maris se pressent : elles aussi, par curiosité, mélancoliques, veulent voir.
DU TRADUCTEUR IX


Quand tous auront contemplé la noble créature, vestige de quelque époque déjà maudite, les uns indifférents , car ils n’auront pas eu la force de comprendre ; mais d’autres, navrés et la paupière humide de larmes résignées, se regarderont ; tandis que les poètes de ces temps, sentant se rallumer leurs yeux éteints, s’achemineront vers leur lampe, le cerveau ivre un instant d’une gloire confuse, hantés du Rythme, et dans l’oubli d’exister à une époque qui survit à la beauté.
d'hommes près de leurs chétives complices, enceintes des
fruits misérables avec lesquels périra la terre. Dans le
silence inquiet de' tous les yeux suppliant là-bas le soleil
qui, sous l'eau, s'enfonce avec le désespoir d'un cri, voici
le simple boniment : « Nulle enseigne ne vous régale du
spectacle intérieur, car il n'est pas maintenant un peintre
capable d'en donner une ombre triste. J'apporte, vivante
(et préservée à travers les ans par la science souveraine), une
Femme d'autrefois. Quelque folie, originelle et naïve, une
extase d'or, — je ne sais quoi! — par elle nommée sa chevelure
se ploie avec la grâce desétoflfes autour d'un yisage qu'éclaire
la nudité sanglante de ses lèvres. A la place du vêtement
vain, elle a un corps; et les yeux, — semblables aux pierres
rares! — ne voilent pas ce regard qui sort de sa chair heureu-
se : des seins levés comme s'ils étaient pleins d'un lait éter-
nel, la pointe vers le ciel, les jambes lisses qui gardent le sel
de la mer première. » Se rappelant leurs pauvres épouses,
chauves, morbides et pleines d'horreur, les maris se pres-
sent : elles aussi, par curiosité, mélancoliques, veulent voir.
Quand tous auront contemplé la noble créature, vestige
de quelque époque déjà maudite, les uns indifférents , car ils
n'auront pas eu la force de comprendre ; mais d'autres, na-
vrés et la paupière humide de larmes résignées, se regarde-
ront; tandis que les poètes de ces temps, sentant se rallu-
mer leurs yeux éteints, s'achemineront vers leur lampe, le
cerveau ivre un instant d'une gloire confuse, hantés du
Rythme, et dans l'oubli d'exister à une époque qui survit à
la beauté.


��Que les sentiments exprimés par ces deux poèmes
soient mauvais, au sens où l'estime le comte Tolstoï,



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Que les sentiments exprimés par ces deux poèmes soient mauvais, au sens où l’estime le comte Tolstoï,
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