« Utilisateur:Andre315/Dum3 » : différence entre les versions

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— Je n’irai pas.
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/34]]==
Vous ne voudrez pas lui faire cette peine.
 
— Je la lui ferai.
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— Sans doute.
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/43]]==
Mais quelle durée supposez-vous donc qu’aura mon voyage ? Des mois entiers ? C’est une grande erreur ; s’il se prolongeait, nous serions perdus, nous n’arriverions pas. Sachez donc qu’il n’y a pas plus de trois mille cinq cents, mettez quatre mille milles <ref>Environ 1,400 lieues.</ref></small> de Zanzibar à la côte du Sénégal. Or, à deux cent quarante milles <ref>Cent lieues. Le docteur compte toujours par milles géographiques de 60 au degré.</ref></small> par douze heures, ce qui n’approche pas de la vitesse de nos chemins de fer, en voyageant jour et nuit, il suffirait de sept jours pour traverser l’Afrique.
 
— Mais alors vous ne pourriez rien voir, ni faire de relèvements géographiques, ni reconnaître le pays.
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— Mais après Saturne ? demanda l’un des plus impatients de l’auditoire.
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/46]]==
Après Saturne ? Eh bien, nous rendrons visite à Jupiter ; un drôle de pays, allez, où les journées ne sont que de neuf heures et demie, ce qui est commode pour les paresseux, et où les années, par exemple, durent douze ans, ce qui est avantageux pour les gens qui n’ont plus que six mois à vivre. Ça prolonge un peu leur existence !
 
— Douze ans ? reprit le mousse.
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— Voilà qui n’est pas croyable ! s’écria le gaillard d’avant d’une seule voix.
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/47]]==
Pure vérité, fit Joe avec assurance. Mais que voulez-vous ? quand on persiste à végéter dans ce monde-ci, on n’apprend rien, on reste ignorant comme un marsouin. Venez un peu dans Jupiter et vous verrez ! par exemple, il faut de la tenue là-haut, car il a des satellites qui ne sont pas commodes ! »
 
Et l’on riait, mais on le croyait à demi ; et il leur parlait de Neptune où les marins sont joliment reçus, et de Mars où les militaires prennent le haut du pavé, ce qui finit par devenir assommant. Quant à Mercure, vilain monde, rien que des voleurs et des marchands, et se ressemblant tellement les uns aux autres qu’il est difficile de les distinguer. Et enfin il leur faisait de Vénus un tableau vraiment enchanteur.
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L’attention de l’auditoire fut portée au plus haut point, et le docteur prit tranquillement la parole en ces termes :
 
 
''
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/49]]==
''Essais antérieurs. — Les cinq caisses du docteur. — Le chalumeau à gaz. — Le calorifère. — Manière de manœuvrer. — Succès certain.''
 
 
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« À la partie supérieure de cette caisse est un tube en platine, muni d’un robinet.
 
«
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/50]]==
« Vous l’avez déjà compris, Messieurs : l’appareil que je vous décris est tout bonnement un chalumeau à gaz oxygène et hydrogène, dont la chaleur dépasse celle des feux de forge.
 
« Ceci établi, je passe à la seconde partie de l’appareil.
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« La combustion de l’hydrogène et de l’oxygène à la pointe du chalumeau produit uniquement de la vapeur d’eau. J’ai donc muni la partie inférieure de la caisse cylindrique en fer d’un tube de dégagement avec soupape fonctionnant à moins de deux atmosphères de pression ; par conséquent, dès qu’elle a atteint cette tension, la vapeur s’échappe d’elle même.
 
«
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/52]]==
« Voici maintenant des chiffres très exacts.
 
« Vingt-cinq gallons d’eau décomposée en ses éléments constitutifs donnent deux cents livres d’oxygène et vingt-cinq livres d’hydrogène. Cela représente, à la tension atmosphérique, dix-huit cent quatre-vingt-dix pieds cubes <ref>Soixante-dix mètres cubes d’oxygène.</ref> du premier, et trois mille sept cent quatre-vingts pieds cubes <ref>Cent quarante mètres cubes d’hydrogène.</ref> du second, en tout cinq mille six cent soixante-dix pieds cubes du mélange <ref>Deux cent dix mètres cubes.</ref>.
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''
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/53]]==
''Arrivée à Zanzibar. — Le consul anglais. — Mauvaises dispositions des habitants. — L’île Koumbeni. — Les faiseurs de pluie. — Gonflement du ballon. — Départ du 18 avril. — Dernier adieu. — Le ''Victoria''.''
 
 
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Un hourra formidable retentit :
 
«
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/60]]==
« Vive la reine ! Vive l’Angleterre ! »
 
En ce moment, la force ascensionnelle de l’aérostat s’accroissait prodigieusement. Fergusson, Kennedy et Joe lancèrent un dernier adieu à leurs amis.
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— Fi des steamers ! disait l’autre.
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/63]]==
Fi des chemins de fer ! ripostait Kennedy, avec lesquels on traverse les pays sans les voir !
 
— Parlez-moi d’un ballon ! reprenait Joe ; on ne se sent pas marcher, et la nature prend la peine de se dérouler à vos yeux !
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— Alors tenons-nous à une distance respectueuse de ces mécréants. Que doivent-ils penser à nous voir planer dans les airs ? Je suis sûr qu’ils ont envie de nous adorer.
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/66]]==
Laissons-nous adorer, répondit le docteur, mais de loin. On y gagne toujours. Voyez, le pays change déjà d’aspect ; les villages sont plus rares ; les manguiers ont disparu ; leur végétation s’arrête à cette latitude. Le sol devient montueux et fait pressentir de prochaines montagnes.
 
— En effet, dit Kennedy, il me semble apercevoir quelques hauteurs de ce côté.
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— Non, autant que possible ; avec des précautions et de la vigilance, on le ferait sans danger, mais il ne suffit pas de traverser l’Afrique, il faut la voir.
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/67]]==
Jusqu’ici, nous n’avons pas à nous plaindre, mon maître. Le pays le plus cultivé et le plus fertile du monde, au lieu d’un désert ! Croyez donc aux géographes !
 
— Attendons, Joe, attendons ; nous verrons plus tard. »
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Donc, Kennedy et Joe, enveloppés de leurs couvertures, s’étendirent sous la tente et dormirent paisiblement tandis que veillait le docteur Fergusson.
 
''
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/69]]==
''Changement de temps. — Fièvre de Kennedy. — La médecine du docteur. — Voyage par terre. — Le bassin d’Imengé. — Le mont Rubeho. — À six mille pieds. — Une halte de jour.''
 
 
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— Un peu de patience, mon cher Dick, répondit le docteur Fergusson, et tu seras guéri rapidement.
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/70]]==
Guéri ! ma foi ! Samuel, si tu as dans ta pharmacie de voyage quelque drogue qui me remette sur pied, administre-la-moi sans retard. Je l’avalerai les yeux fermés.
 
— J’ai mieux que cela, ami Dick, et je vais te donner un fébrifuge qui ne coûtera rien.
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Joe avait retiré du corps de l’antilope une douzaine de côtelettes et les morceaux les plus tendres du filet, qui se transformèrent bientôt en grillades savoureuses.
 
«
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/76]]==
« Voilà qui fera plaisir à l’ami Samuel, dit le chasseur.
 
— Savez-vous à quoi je pense, monsieur Dick ?
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— Voyons, Joe, trêve à tes suppositions ; elles n’ont rien de plaisant.
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/77]]==
Ah ! monsieur, tout ce qui arrive en ce monde est naturel ; or, tout peut arriver, donc il faut tout prévoir… »
 
En ce moment un coup de fusil retentit dans l’air.
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Puis, s’adressant à la foule :
 
«
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/85]]==
« La Lune, prenant en pitié le souverain cher aux enfants de l’Unyamwezy, nous a confié le soin de sa guérison. Qu’il se prépare à nous recevoir ! »
 
Les clameurs, les chants, les démonstrations redoublèrent, et toute cette vaste fourmilière de têtes noires se remit en mouvement.
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Le docteur parvint au pied de l’échelle. Une crainte superstitieuse retenait encore la foule et l’empêchait de se porter à des violences contre sa personne ; il gravit rapidement les échelons, et Joe le suivit avec agilité.
 
«
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/89]]==
« Pas un instant à perdre, lui dit son maître. Ne cherche pas à décrocher l’ancre ! Nous couperons la corde ! Suis-moi !
 
— Mais qu’y a-t-il donc ? demanda Joe en escaladant la nacelle.
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— Fi donc ! répliqua le docteur ! nous le replacerons tranquillement à terre, et je crois qu’après une telle aventure, son pouvoir de magicien s’accroîtra singulièrement dans l’esprit de ses contemporains.
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/90]]==
Ils sont capables d’en faire un dieu », s’écria Joe.
 
Le ''Victoria'' était parvenu à une hauteur de mille pieds environ. Le nègre se cramponnait à la corde avec une énergie terrible. Il se taisait, ses yeux demeuraient fixes. Sa terreur se mêlait d’étonnement. Un léger vent d’ouest poussait le ballon au-delà de la ville.
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''
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/91]]==
''Symptômes d’orage. — Le pays de la Lune. — L’avenir du continent africain. — La machine de la dernière heure. — Vue du pays au soleil couchant — Flore et Faune. — L’orage. — La zone de feu. — Le ciel étoilé.''
 
 
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— C’est une raison qui me fait hésiter à les dépasser ; il faudrait monter à une grande élévation, perdre la terre de vue, et ne savoir pendant toute la nuit si nous avançons et de quel côté nous avançons.
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/95]]==
Décide-toi, mon cher Samuel ; cela presse.
 
— Il est fâcheux que le vent soit tombé, reprit Joe ; il nous eût entraînés loin de l’orage.
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Kennedy fut donc chargé d’arrêter l’éléphant dans sa course ; il épaula sa carabine ; mais sa position n’était pas favorable pour atteindre l’animal avec succès ; une première balle, tirée au crâne, s’aplatit comme sur une plaque de tôle ; l’animal n’en parut aucunement troublé ; au bruit de la décharge, son pas s’accéléra, et sa vitesse fut celle d’un cheval lancé au galop.
 
«
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/103]]==
« Diable ! dit Kennedy.
 
— Quelle tête dure ! fit Joe.
Ligne 2 456 ⟶ 2 433 :
— Est-ce que tu n’en feras pas autant, Samuel ?
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/109]]==
Non ; je ne pourrais fermer l’œil. Mes pensées chasseraient tout sommeil. Demain, mes amis, si le vent est favorable, nous marcherons droit au nord, et nous découvrirons peut-être les sources du Nil, ce secret demeuré impénétrable. Si près des sources du grand fleuve, je ne saurais dormir. »
 
Kennedy et Joe, que les préoccupations scientifiques ne troublaient pas à ce point, ne tardèrent pas à s’endormir profondément sous la garde du docteur.
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— Indispensable, et nous descendrons, quand même nous devrions faire le coup de fusil !
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/112]]==
La chose me va, répondit Kennedy en caressant sa carabine.
 
— Quand vous voudrez, mon maître, dit Joe en se préparant au combat.
Ligne 2 565 ⟶ 2 542 :
Mais voici que le docteur Fergusson saisit soudain sa lunette et la braqua vers une île couchée au milieu du fleuve.
 
 
«
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/113]]==
« Quatre arbres ! s’écria-t-il ; voyez, là-bas ! »
 
En effet, quatre arbres isolés s’élevaient à son extrémité.
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''
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/115]]==
''Le Nil. — La Montagne-Tremblante. — Souvenir du pays. — Les récits des Arabes. — Les Nyam-Nyam. — Réflexions sensées de Joe. — Le ''Victoria'' court des bordées. — Les ascensions aérostatiques. — Madame Blanchard.''
 
 
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— Ces tribus éparses sont comprises sous la dénomination générale de Nyam-Nyam, et ce nom n’est autre chose qu’une onomatopée ; il reproduit le bruit de la mastication.
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/118]]==
Parfait, dit Joe ; nyam ! nyam !
 
— Mon brave Joe, si tu étais la cause immédiate de cette onomatopée, tu ne trouverais pas cela parfait.
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— Bon ! fit Joe ; voilà un pays où les arbres poussent les uns sur les autres.
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/121]]==
C’est tout simplement un tronc de figuier, répondit le docteur, sur lequel il s’est répandu un peu de terre végétale. Le vent un beau jour y a jeté une graine de palmier, et le palmier a poussé comme en plein champ.
 
— Une fameuse mode, dit Joe, et que j’importerai en Angleterre ; cela fera bien dans les parcs de Londres ; sans compter que ce serait un moyen de multiplier les arbres à fruit ; on aurait des jardins en hauteur ; voilà qui sera goûté de tous les petits propriétaires. »
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« Voilà de magnifiques arbres, s’écria Kennedy ; je ne connais rien de beau comme l’aspect de ces vénérables forêts. Vois donc, Samuel.
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/122]]==
La hauteur de ces banians est vraiment merveilleuse, mon cher Dick ; et cependant elle n’aurait rien d’étonnant dans les forêts du Nouveau-Monde.
 
— Comment ! il existe des arbres plus élevés ?
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Joe, avec l’excellente vue dont il se servait si bien, signala quelques bandes d’oiseaux carnassiers qui planaient à l’horizon.
 
 
«
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/123]]==
« Ce sont des aigles, s’écria Kennedy, après les avoir reconnus avec la lunette, de magnifiques oiseaux dont le vol est aussi rapide que le nôtre.
 
— Le ciel nous préserve de leurs attaques ! dit le docteur ; ils sont plutôt à craindre pour nous que les bêtes féroces ou les tribus sauvages.
Ligne 2 920 ⟶ 2 897 :
 
 
 
''
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/125]]==
''Rumeurs étranges. — Une attaque nocturne. — Kennedy et Joe dans l’arbre. — Deux coups de feu. — À moi ! à moi ! — Réponse en français. — Le matin. — Le missionnaire. — Le plan de sauvetage.''
 
 
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— Si je profitais de la nuit, dit l’Écossais, pour me glisser vers ce malheureux ?
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/129]]==
Je vous accompagne, monsieur Dick !
 
— Arrêtez mes amis ! arrêtez ! Ce dessein fait honneur à votre cœur et à votre courage ; mais vous nous exposeriez tous, et vous nuiriez plus encore à celui que nous voulons sauver.
Ligne 3 115 ⟶ 3 092 :
— Mais agir tout de suite, répliqua le chasseur.
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/130]]==
Peut-être ! répondit Samuel en insistant sur ce mot.
 
— Mon maître, êtes-vous donc capable de dissiper ces ténèbres ?
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À cent pieds au-dessous du ballon se dressait un poteau. Au pied de ce poteau gisait une créature humaine, un jeune homme de trente ans au plus, avec de longs cheveux noirs, à demi nu, maigre, ensanglanté, couvert de blessures, la tête inclinée sur la poitrine, comme le Christ en croix. Quelques cheveux plus ras sur le sommet du crâne indiquaient encore la place d’une tonsure à demi effacée.
 
 
«
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/132]]==
« Un missionnaire ! un prêtre ! s’écria Joe.
 
— Pauvre malheureux ! répondit le chasseur.
Ligne 3 192 ⟶ 3 169 :
« Il vit ! il vit ! s’écria Fergusson ; Dieu soit loué ! Ces sauvages sont plongés dans un magnifique effroi ! Nous le sauverons ! Vous êtes prêts, mes amis ?
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/133]]==
Nous sommes prêts, Samuel.
 
— Joe, éteins le chalumeau. »
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— Les infâmes gueux ! s’écriait Joe, que ces subites colères prenaient de temps à autre. Et penser que ce digne prêtre a trouvé encore des paroles pour les plaindre, pour les excuser, pour leur pardonner !
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/140]]==
Le ciel lui fait une nuit bien belle, Joe, sa dernière nuit peut-être. Il souffrira peu désormais, et sa mort ne sera qu’un paisible sommeil. »
 
Le mourant prononça quelques paroles entrecoupées ; le docteur s’approcha ; la respiration du malade devenait embarrassée ; il demandait de l’air ; les rideaux furent entièrement retirés, et il aspira avec délices les souffles légers de cette nuit transparente ; les étoiles lui adressaient leur tremblante lumière, et la lune l’enveloppait dans le blanc linceul de ses rayons.
Ligne 3 439 ⟶ 3 416 :
Joe se précipita comme un fou sur ces fragments épars. Kennedy n’était pas loin de l’imiter.
 
 
«
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/143]]==
« Calme-toi, mon brave Joe, lui dit son maître.
 
— Monsieur, vous en parlez à votre aise.
Ligne 3 525 ⟶ 3 502 :
« Eh bien, Joe ?
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/145]]==
Votre chalumeau ne fonctionne donc pas ? reprit l’entêté.
 
— Mon chalumeau est allumé, tu le vois bien ! mais le ballon ne s’enlèvera que lorsque tu l’auras délesté un peu. »
Ligne 3 572 ⟶ 3 549 :
 
 
 
''
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/146]]==
''Le vent tombe. — Les approches du Désert. — Le décompte de la provision d’eau. — Les nuits de l’Équateur. — Inquiétudes de Samuel Fergusson. — La situation telle qu’elle est. — Énergiques réponses de Kennedy et de Joe. — Encore une nuit.
 
 
Ligne 3 707 ⟶ 3 684 :
Le lendemain, même pureté du ciel, même immobilité de l’atmosphère. Le ''Victoria'' s’éleva jusqu’à une hauteur de cinq cents pieds ; mais c’est à peine s’il se déplaça sensiblement dans l’ouest.
 
 
«
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/153]]==
« Nous sommes en plein désert, dit le docteur. Voici l’immensité de sable ! Quel étrange spectacle ! Quelle singulière disposition de la nature ! Pourquoi là-bas cette végétation excessive, ici cette extrême aridité, et cela, par la même latitude, sous les mêmes rayons de soleil ?
 
— Le pourquoi, mon cher Samuel, m’inquiète peu, répondit Kennedy ; la raison me préoccupe moins que le fait. Cela est ainsi, voilà l’important.
Ligne 4 009 ⟶ 3 986 :
Le premier soin du docteur fut, le lendemain, de consulter le baromètre. C’est à peine si la colonne de mercure avait subi une dépression appréciable.
 
 
«
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/164]]==
« Rien ! se dit-il, rien ! »
 
Il sortit de la nacelle, et vint examiner le temps ; même chaleur, même dureté, même implacabilité.
Ligne 4 127 ⟶ 4 104 :
« Le rugissement d’un lion ! dit Joe.
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/167]]==
Tant mieux ! répliqua le chasseur exaspéré, nous nous battrons ! On est fort quand il ne s’agit que de se battre.
 
— De la prudence, monsieur Dick, de la prudence ! de la vie de l’un dépend la vie de tous. »
Ligne 4 187 ⟶ 4 164 :
 
 
 
''
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/169]]==
''Soirée délicieuse. — La cuisine de Joe. — Dissertation sur la viande crue. — Histoire de James Bruce. — Le bivouac. — Les rêves de Joe. — Le baromètre baisse. — Le baromètre remonte. — Préparatifs de départ. — L’ouragan.''
 
 
Ligne 4 222 ⟶ 4 199 :
— Je le crois ; d’ailleurs, au besoin, on mange ce qui se rencontre, même son semblable, quoique cela doive faire un repas à vous rester longtemps sur le cœur !
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/170]]==
Les sauvages ne s’en font pas faute, cependant, dit Kennedy.
 
— Oui, mais ce sont des sauvages, et qui sont habitués à manger de la viande crue ; voilà une coutume qui me répugnerait !
Ligne 4 248 ⟶ 4 225 :
Kennedy ne regrettait qu’une seule chose, de ne pouvoir chasser dans cette forêt en miniature ; selon lui, la situation manquait un peu de bêtes féroces.
 
 
«
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/172]]==
« Cependant, mon cher Dick, reprit le docteur, tu oublies promptement. Et ce lion, et cette lionne ?
 
— Ça ! fit-il avec le dédain du vrai chasseur pour l’animal abattu ! Mais, au fait leur présence dans cette oasis peut faire supposer que nous ne sommes pas très éloignés de contrées plus fertiles.
Ligne 4 473 ⟶ 4 450 :
— Mon cher garçon, nous sommes précisément sur la route du major Denham ; c’est à Mosfeia même qu’il fut reçu par le sultan du Mandara ; il avait quitté le Bornou, il accompagnait le cheik dans une expédition contre les Fellatahs, il assista à l’attaque de la ville, qui résista bravement avec ses flèches aux balles arabes, et mit en fuite les troupes du cheik ; tout cela n’était que prétexte à meurtres, à pillages, à razzias ; le major fut complètement dépouillé, mis à nu, et sans un cheval, sous le ventre duquel il se glissa et qui lui permit de fuir les vainqueurs par son galop effréné, il ne fût jamais rentré dans Kouka, la capitale du Bornou.
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/182]]==
Mais quel était ce major Denham ?
 
— Un intrépide Anglais, qui de 1822 à 1824 commanda une expédition dans le Bornou en compagnie du capitaine Clapperton et du docteur Oudney. Ils partirent de Tripoli au mois de mars, parvinrent à Mourzouk, la capitale du Fezzan, et, suivant le chemin que plus tard devait prendre le docteur Barth pour revenir en Europe, ils arrivèrent le 16 février 1823 à Kouka, près du lac Tchad. Denham fit diverses explorations dans le Bornou, dans le Mandara, et aux rives orientales du lac ; pendant ce temps, le 15 décembre 1823, le capitaine Clapperton et le docteur Oudney s’enfonçaient dans le Soudan jusqu’à Sackatou, et Oudney mourait de fatigue et d’épuisement dans la ville de Murmur.
Ligne 4 577 ⟶ 4 554 :
 
 
 
''
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/189]]==
''Départ dans la nuit. — Tous les trois. — Les instincts de Kennedy. — Précautions. — Le cours du Shari. — Le lac Tchad. — L’eau du lac. — L’hippopotame. — Une balle perdue.''
 
 
Ligne 4 727 ⟶ 4 704 :
— Ce sont des gypaètes, Joe, et de la plus grande taille ; et s’ils nous attaquent…
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/195]]==
Eh bien ! nous nous défendrons, Samuel ! Nous avons un arsenal pour les recevoir ! je ne pense pas que ces animaux-là soient bien redoutables !
 
— Qui sait ? » répondit le docteur.
Ligne 4 767 ⟶ 4 744 :
— Attendons alors.
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/196]]==
Attends. Tiens-toi prêt en cas d’attaque, mais ne fais pas feu sans mon ordre. »
 
Les oiseaux se massaient alors à une faible distance ; on distinguait parfaitement leur gorge pelée tendue sous l’effort de leurs cris, leur crête cartilagineuse, garnie de papilles violettes, qui se dressait avec fureur. Ils étaient de la plus forte taille ; leur corps dépassait trois pieds en longueur, et le dessous de leurs ailes blanches resplendissait au soleil ; on eut dit des requins ailés, avec lesquels ils avaient une formidable ressemblance.
Ligne 4 910 ⟶ 4 887 :
« J’ai longuement médité, lui dit-il, sur ce qu’il convient de faire pour retrouver notre compagnon.
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/201]]==
Quel que soit ton projet, Samuel, il me va ; parle.
 
— Avant tout, il est important que Joe ait de nos nouvelles.
Ligne 4 946 ⟶ 4 923 :
Le docteur se maintint constamment à une hauteur qui variait entre deux cents et cinq cents pieds. Kennedy déchargeait souvent sa carabine. Au-dessus des îles, les voyageurs se rapprochaient même imprudemment, fouillant du regard les taillis, les buissons, les halliers, partout où quelque ombrage, quelque anfractuosité de roc eût pu donner asile à leur compagnon. Ils descendaient près des longues pirogues qui sillonnaient le lac. Les pêcheurs, à leur vue, se précipitaient à l’eau et regagnaient leur île avec les démonstrations de crainte les moins dissimulées.
 
 
«
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/203]]==
« Nous ne voyons rien, dit Kennedy après deux heures de recherches.
 
— Attendons, Dick, et ne perdons pas courage ; nous ne devons pas être éloignés du lieu de l’accident. »
Ligne 5 210 ⟶ 5 187 :
 
 
 
''Un
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/216]]==
''Un rassemblement à l’horizon. — Une troupe d’arabes. — La poursuite. — C’est lui ! — Chute de cheval. — L’Arabe étranglé. — Une balle de Kennedy. — Manœuvre. — Enlèvement au vol. — Joe sauvé.''
 
 
Ligne 5 258 ⟶ 5 235 :
— Évidemment. Je ne me trompe pas ! C’est une chasse, mais une chasse à l’homme ! Ce n’est point un chef qui les précède, mais un fugitif.
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/218]]==
Un fugitif ! dit Samuel avec émotion.
 
— Oui !
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— Sans doute, reprit Joe. On ne peut pas se permettre de faire un voyage en Afrique sans visiter Tembouctou !
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/225]]==
Tu seras le cinquième ou sixième Européen qui aura vu cette ville mystérieuse !
 
— Va pour Tembouctou !
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— Et quel temps mettrons-nous à y parvenir ?
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/228]]==
Si le vent ne nous écarte pas trop, je compte rencontrer cette ville mardi vers le soir.
 
— Alors, fit Joe en indiquant une longue file de bêtes et d’hommes qui serpentait en plein désert, nous arriverons plus vite que cette caravane. »
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— Enchanté, mon garçon.
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/235]]==
Bon, tout est pour le mieux. »
 
En effet, à deux heures, la reine du désert, la mystérieuse Tembouctou, qui eut, comme Athènes et Rome, ses écoles de savants et ses chaires de philosophie, se déploya sous les regards des voyageurs.
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''Inquié
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/237]]==
tudes''Inquiétudes du docteur Fergusson. — Direction persistante vers le sud. — Un nuage de sauterelles. — Vue de Jenné. — Vue de Ségo. — Changement de vent. — Regrets de Joe.''
 
 
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— Comme je n’en ai jamais vu, répliqua Joe, avec des arêtes tirées au cordeau.
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/238]]==
Je respire, dit le docteur en déposant sa lunette. Ce n’est pas un nuage
 
— Par exemple ! fit Joe.
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— Ah ! monsieur Samuel ! reprit Joe avec un gros soupir, je regretterai plus d’une fois mes cailloux en or massif ! Voilà qui aurait donné du poids à nos histoires et de la vraisemblance à nos récits. À un gramme d’or par auditeur, je me serais composé une jolie foule pour m’entendre et même pour m’admirer !
 
 
''
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/241]]==
''Les approches du Sénégal. — Le ''Victoria'' baisse de plus en plus. — On jette, on jette toujours. — Le marabout El-Hadji. — MM. Pascal, Vincent, Lambert. — Un rival de Mahomet. — Les montagnes difficiles. — Les armes de Kennedy. — Une manœuvre de Joe. — Halte au-dessus d’une forêt.''
 
 
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— Alors comment ferons-nous ?
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/243]]==
Nous sacrifierons tout ce qui ne sera pas complètement indispensable ; je veux à tout prix éviter une halte dans ces parages ; les forêts dont nous rasons la cime en ce moment ne sont rien moins que sûres.
 
— Quoi ! des lions ? des hyènes ? fit Joe avec mépris.
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— Jetez-les.
 
 
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/245]]==
Voilà ! fit Joe. C’est triste de s’en aller morceau par morceau.
 
— Pour toi, Joe, ne va pas renouveler ton dévouement de l’autre jour ! Quoi qu’il arrive, jure-moi de ne pas nous quitter.
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''
==[[Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/248]]==
''Combat de générosité. — Dernier sacrifice. — L’appareil de dilatation. — Adresse de Joe. — Minuit. — Le quart du docteur. — Le quart de Kennedy. — Il s’endort. — L’incendie. — Les hurlements. — Hors de portée.''
 
 
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Le ballon, se dégonflant peu à peu, retombait avec les hardis aéronautes retenus à son filet ; mais il était douteux qu’il put atteindre la terre, aussi les Français se précipitèrent dans le fleuve, et reçurent les trois Anglais entre leurs bras, au moment où le ''Victoria'' s’abattait à quelques toises de la rive gauche du Sénégal.
 
 
«
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« Le docteur Fergusson ! s’écria le lieutenant.
 
— Lui-même, répondit tranquillement le docteur, et ses deux amis. »