« Albertus » : différence entre les versions

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II
Confort et far-niente ! — touteToute une poésie
De calme et de bien-être, à donner fantaisie
De s’en aller là-bas être flamand ; d’avoir
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Par un mystère noir jeté ce mauvais sort.
Au reste, tous ces bruits, son air sauvage et louche
Les justifiait bien. — œilŒil vert, profonde bouche,
Dents noires, front coupé de rides, doigts noueux,
Dos voûté, pied tortu sous une jambe torse,
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XVIII
Minuit est le moment voulu pour l’œuvre inique ;
Minuit sonne. — aussitôtAussitôt l’infâme Véronique
Trace de sa baguette un rond sur le plancher,
Et se place au milieu ; — des milliers de fantômes
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XX
Dans le creux de sa main elle prend cette eau brune
Et s’en frotte trois fois la gorge. — nonNon, aucune
Langue humaine ne peut conter exactement
Ce qui se fit alors ! — cetteCette mamelle flasque,
Qui s’en allait au vent comme s’en va la basque
D’un vieil habit râpé, miraculeusement
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XXII
Une perle d’amour ! — deDe longs yeux en amande
Parfois d’une douceur tout à fait allemande,
Parfois illuminés d’un éclair espagnol ;
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XXIII
Lecteur, sans hyperbole elle était vraiment belle,
— Très-belle ! — c’estC’est-à-dire elle paraissait telle,
Et c’est la même chose. — ilIl suffit que les yeux
Soient trompés, et toujours ils le sont quand on aime.
— Le bonheur qui nous vient d’un mensonge est le même
Que s’il était prouvé par l’algèbre. — êtreÊtre heureux,
Qu’est-ce ? Sinon le croire et caresser son rêve,
Priant Dieu qu’ici-bas jamais il ne s’achève ;
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Leporello, dit-il d’une voix haute et claire,
Madame veut sortir, prends une torche, éclaire
Madame. — AÀ l’instant même une cire à la main
Leporello paraît amenant la voiture ;
Ils y montent, — le fouet claque, le cocher jure,
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XXVII
Mais quel chemin encor ? — c’estC’est un profond mystère.
— Il faisait nuit ; d’ailleurs, dans ce lieu solitaire
Qui diable eût pu les voir ? — personnePersonne ; tout dormait ;
La lune avait bandé ses yeux bleus d’un nuage
De peur d’être indiscrète. — auAu terme du voyage,
Sans que nul se doutât de ce qu’elle enfermait,
La voiture parvint. — pasPas un seul grain de boue
À ses larges panneaux armoriés ; — la roue,
Comme si les cailloux eussent été doublés
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La forme des chapeaux, et la coupe des manches,
Lequel fait mieux, des fleurs ou bien des plumes blanches ?
Quelle parure sied ? — quelleQuelle couleur va bien ?
S’il faut mettre du rouge ou non (question grave !)
Elle décidait tout. — La femme du margrave
Tielemanus Van Horn, la fille du vieux duc,
Avaient beau protester par leur mise hérétique,
AÀ peine voyait-on dans leur salon gothique
      Un laid ''Sigisbeo'' caduc.
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Parée ou non, — avec son voile, avec sa mante,
En bonnet, en chapeau, — de toutes les façons !
— Tout sur elle vivait. — lesLes plis semblaient comprendre
Quand il fallait flotter et quand il fallait pendre ;
La soie intelligente arrêtait ses frissons,
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Négligeant leur tulipe enfin épanouie,
Transformés en dandys, et faire les charmants
Auprès de la diva. — lesLes femmes et les mères
Ne lui ménageaient pas les critiques amères,
Mais elle allait toujours son train, — sans en perdre un,
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XXXVI
Deux mois sont écoulés. — capricieuseCapricieuse reine,
Ce jour-là Véronique avait une migraine,
Ou prétendait l’avoir, et ne recevait pas.
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XXXVII
Elle boude ! — monMon dieu, qu’une femme qui boude
A de grâces ! La main sous le menton, le coude,
Tel qu’un arceau de jaspe, appuyé mollement
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Pour enlever à miss Wilmot le cœur du comte,
S’est-elle déchirée ou fripée en chemin ?
Son épagneul est-il malade ? — quelqueQuelque fièvre,
Après trois nuits de bal, a-t-elle de sa lèvre
      Décoloré le pur carmin ?
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XXXIX
Son œil est-il moins vif, son col moins blanc ? L’ovale
De son visage grec moins pur ? — quelqueQuelque rivale,
Avec plus de jeunesse ou plus de diamants,
A-t-elle au dernier ''raoût'' fait tourner plus de têtes ?
Non, — elle est bien toujours la déesse des fêtes ; —
Tout ploie à ses genoux. — hierHier, l’un de ses amants
Pris d’un beau désespoir, la voyant infidèle,
S’est jeté dans le Rhin ; — et ce matin, pour elle,
Ludwig De Siegendorff en duel s’est battu ;
Son adversaire est mort, — lui blessé ; — voilà certe
Un beau succès ! — toutTout Leyde est en l’air et disserte.
      Pourquoi donc ce front abattu ?
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Qui palpitent jetant sur le satin des chairs
Une auréole brune, une ombre veloutée,
Comme Lawrence en peint ? — cetteCette gorge agitée
Dans sa prison de crêpe et sous les réseaux clairs
Ondant comme la neige au vent d’une tempête ?
Quelle pensée étrange à cette folle tête
Donne un air si rêveur ? — estEst-ce le souvenir
De son premier amour et de ses jours d’enfance ?
— Regret d’avoir perdu cette belle innocence ?
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Ce n’est pas cela, non ; — elle est trop corrompue
Pour ne pas oublier, et la chaîne est rompue
Qui liait son présent à son passé. — d’ailleursD’ailleurs,
Je ne crois pas qu’elle ait dans un pli de son âme
Un de ces souvenirs qui, dans tout cœur de femme,
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En vain le commandeur faisait tonner ses bottes,
Zerline gazouillait jouant avec les notes,
Dona Anna pleurait. — ilsIls auraient bien un an
Continué ce jeu sans que l’on y prît garde :
— Le parterre est distrait, — l’on cause, l’on
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Jeté l’œil, froidement, et sans que sa prunelle
S’allumât, comme si le regard contre un mur
Eût été se briser. — pourtantPourtant, comme une balle,
Cette œillade d’un bout à l’autre de la salle,
Au cœur de Véronique arrivant d’un vol sûr,
Y fit sans le vouloir une blessure grave,
— Une blessure à mort. — ainsiAinsi l’on voit un brave
Être tué sans gloire à l’angle d’un buisson
Par le coup de fusil tiré sur quelque lièvre,
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Mer de félicité, — ravissement, — extase,
Dont ne saurait donner l’idée aucune phrase
Soit en vers soit en prose ! — heuresHeures du rendez-vous,
Belles nuits sans sommeils, râles, sanglots d’ivresse,
Soupirs, mots inconnus qu’étouffe une caresse,
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La maman te dépeint comme un monstre à sa fille,
— En vain Orgon jaloux ferme sa porte, et grille
Ses fenêtres. — enEn vain dans leurs livres mort-nés,
Contre toi longuement les moralistes crient,
En vain de ton pouvoir les coquettes se rient ; —
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L
Moi, ce fut l’an passé que cette frénésie
Me vint d’être amoureux. — adieuAdieu, la poésie !
Je n’avais pas assez de temps pour l’employer
À compasser des mots : — adorer mon idole,
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LIII
Et puis je l’entendais rire sous la feuillée
De me tromper ainsi. — quelqueQuelque abeille éveillée
Sortant d’une clochette, un lézard, un faucheux,
Arpentant son col blanc avec ses pattes grêles,
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Puis le baiser rendu, rêveuse, elle appuyait
Sa tête à mon épaule, et fermait sa paupière
Comme pour s’endormir. — unUn long jet de lumière,
Traversant les rameaux, dorait son front charmant ;
— Le rossignol chantait et perlait ses roulades,
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Et pourtant, ô mon dieu ! Si le bonheur existe
Quelque part ici-bas, nous étions bien heureux.
— Qu’eût servi de parler ? — surSur nos lèvres pressées
Nous arrêtions les mots, nous savions les pensées ;
Nous n’avions qu’un esprit, qu’une seule âme à deux.
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Ne laissant dans mon cœur, plus que le sien fidèle,
Que doutes du présent et souvenirs amers.
Que voulez-vous ? — laLa vie est une chose étrange ;
En ce temps-là j’aimais, et maintenant j’arrange
      Mes beaux amours en méchants vers.
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Registre mal en ordre, a pu me rappeler
Ces riens qui furent tout, dont l’amour se compose
Et dont on rit ensuite. — excusezExcusez cette pause :
La bulle que j’avais pris plaisir à souffler,
Et qui flottait en l’air des feux du prisme teinte,
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Que Véronique eût pu s’enamourer de lui.
Avant d’aller plus loin, il serait bon peut-être
D’esquisser son portrait. — leLe dehors fait connaître
Le dedans. — unUn soleil étranger avait lui
Sur sa tête et doré d’une couche de hâle
Sa peau d’italien naturellement pâle.
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Et porte écrit ces mots : — force et conviction. —
Le reste du visage à ce front grandiose
Répondait. — cependantCependant il avait quelque chose
Qui déplaisait à voir, et, quoique sans défaut,
On l’aurait souhaité différent. — l’ironieL’ironie,
Le sarcasme y brillait plutôt que le génie ;
      Le bas semblait railler le haut.
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Cet ensemble faisait l’effet le plus étrange ;
C’était comme un démon se tordant sous un ange,
Un enfer sous un ciel. — quoiqu’ilQuoiqu’il eût de beaux yeux,
De longs sourcils d’ébène effilés vers la tempe,
Se glissant sur la peau comme un serpent qui rampe,
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Un sourire moqueur quelquefois se posait ;
Mais son expression la plus habituelle
Était un grand dédain. — vainementVainement notre belle,
L’ayant revu depuis dans le monde, faisait
Tout ce qu’une coquette en pareil cas peut faire
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Et disparut-pendant que brûle cette feuille,
L’enfant en prend une autre, un instant se recueille
Et commence. — saSa main rapide en son essor,
Comme un cheval de course à New-Market, à peine
Effleure le papier, — la page est toute pleine
Que l’encre aux premiers mots n’est pas figée encor:
— Don Juan ! — leLe chapeau bas, Don Juan devant la dame
Est debout. — Véronique agitée, une flamme
Aux prunelles : — Portez le billet que voici
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Albertus, je n’ai pas besoin de vous le dire,
Est le fin ''cortejo'' que je viens de décrire
Quelques stances plus haut. — c’étaitC’était un homme d’art,
Aimant tout à la fois d’un amour fanatique
La peinture et les vers autant que la musique.
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— pour son opinion sur l’homme et sur la femme,
C’était celle d’Hamlet, — il n’aurait pas donné
Quatre maravédis des deux. — laLa créature
Le réjouissait peu, si ce n’est en peinture.
— S’étant toujours enquis, depuis qu’il était né,
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Notre héros avait, comme ève sa grand’mère
Poussé par le serpent, mordu la pomme amère,
Il voulait être dieu. — quandQuand il se vit tout nu,
Et possédant à fond la science de l’homme,
Il désira mourir. — ilIl n’osa pas ; mais, comme
On s’ennuie à marcher dans un sentier connu,
Il tenta de s’ouvrir une nouvelle route.
Le monde qu’il rêvait, le trouva-t-il ? — j’enJ’en doute.
En cherchant il avait usé les passions,
Levé le coin du voile et regardé derrière.
AÀ vingt ans l’on pouvait le clouer dans sa bière,
      Cadavre sans illusions.
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— Oh ! Si je pouvais vivre une autre vie encor !
Certes, je n’irais pas fouiller dans chaque chose
Comme j’ai fait. — qu’importeQu’importe après tout que la cause
Soit triste, si l’effet qu’elle produit est doux ?
— Jouissons, faisons-nous un bonheur de surface ;
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Il laissait au hasard aller son existence
— Les choses d’ici-bas l’inquiétaient fort peu,
Et celles de là-haut encor moins. — pourPour son âme,
Je vous dirai, dussé-je encourir votre blâme,
      Qu’il n’y croyait pas plus qu’en Dieu.
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LXXIV
Il était ainsi fait. — singulièreSingulière nature !
Son âme, qu’il niait, cependant était pure ;
— Il voulait le néant et n’aurait rien gagné
À la suppression de l’enfer. — hommeHomme étrange !
Il avait les vertus dont il riait, et l’ange
Qui là-haut sur son livre écrivait indigné
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LXXV
La décoration change. — pourPour le quart d’heure
Nous sommes à l’hôtel du singe-vert, demeure
Du signor Albertus, et dans son atelier.
Savez-vous ce que c’est que l’atelier d’un peintre,
Lecteur bourgeois ? — unUn jour discret tombant du cintre
Y donne à chaque chose un aspect singulier.
C’est comme ces tableaux de Rembrandt, où la toile
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LXXVI
L’ombre dans chaque coin s’entasse plus profonde
Que sous les vieux arceaux d’une nef. — c’estC’est un monde,
Un univers à part qui ne ressemble en rien
À notre monde à nous ; — un monde fantastique,
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La plus et mieux aimée, une vénitienne,
Qu’en sa gondole un soir, sur le Canaleio,
Un bravo poignarda. — leLe mari de la belle
Avait monté ce coup, la sachant infidèle
— C’est un roman entier que cette histoire-là. —
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S’exhalait sourdement et gonflait sa narine.
Il fronçait les sourcils, mais il ne disait mot.
AÀ Venise, un anglaisAnglais osa faire des offres :
Pour avoir ce chef-d’œuvre il eût vidé ses coffres ;
Mais c’était profaner — ''il santo Ritratto'', —
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LXXXI
Albertus travaillait. — c’étaitC’était un paysage.
Salvator eût signé cette ''selve selvagge''.
— Au premier plan des rocs, — au second les donjons
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LXXXII
On entra. — c’étaitC’était Juan. — uneUne lumière bleue
Éclaira l’atelier, et quoiqu’il n’eût ni queue,
Ni cornes, ni pied-bot, — quoiqu’il ne sentît pas
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LXXXIV
Le temps de compter trois il revient. — laLa toilette
Du jeune cavalier en un instant fut faite,
Et, le valet ayant approché le miroir,
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De la vénitienne, et sa bouche muette
Remuer et s’ouvrir comme voulant parler.
— Eh bien ! Signor, fit Juan. — poveraPovera, dit l’artiste
Caressant le portrait d’un regard doux et triste,
      Il est trop tard pour reculer.
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LXXXV
Ils sortirent tous deux. — laLa ville était déserte.
À peine çà et là quelque croisée ouverte,
La pluie à fils pressés hachait le ciel obscur ;
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Des yeux noirs, des fronts blancs, sous les vitres flamboient,
La maison s’illumine, et des lueurs tournoient
Aux flancs sombres des murs. — deDe palier en palier
La lumière descend, — la porte en bronze s’ouvre,
L’intérieur splendide et vaste se découvre
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XCI
Véronique sonna. — laLa portière dorée
S’entr’ouvrit. — Revêtu d’une riche livrée,
Un petit page entra qui portait des plateaux,
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— Un seul verre eût suffi pour étourdir un homme :
Albertus au second s’acheva de griser.
AÀ son œil fasciné chaque objet était double,
Tout flottait sans contour dans une vapeur trouble ;
Le plancher ondulait, les murs semblaient valser.
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Un regard de damné demandant l’heure au diable.
— On y lisait : — Toujours, jamais, éternité.
C’était vraiment horrible. — uneUne prunelle d’homme,
À de pareils éclairs, mourrait et fondrait comme
      Fond le bitume au feu jeté.
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XCVI
Et ses lèvres tremblaient. — onOn eût dit qu’un blasphême
Allait s’en échapper, quand tout à coup : — Je t’aime !
Dit-elle bondissant comme un tigre en fureur.
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Moi qui ne suis pas prude, et qui n’ai pas de gaze
Ni de feuille de vigne à coller à ma phrase,
Je ne passerai rien. — lesLes dames qui liront
Cette histoire morale auront de l’indulgence
Pour quelques chauds détails. — lesLes plus sages, je pense,
Les verront sans rougir, et les autres crieront.
D’ailleurs, — et j’en préviens les mères de famille,
Ce que j’écris n’est pas pour les petites filles
Dont on coupe le pain en tartines. — mesMes vers
Sont des vers de jeune homme et non un catéchisme.
Je ne les châtre pas, — dans leur décent cynisme
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Mon œil plutôt qu’ailleurs ne s’arrête pas là,
— Pourquoi donc tant crier sur l’œuvre des artistes ?
Ce qu’ils font est sacré ! — messieursMessieurs les rigoristes,
      N’y verriez-vous donc que cela ?
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CI
Il n’en fut pas ainsi. — laLa dame était si belle
Qu’un saint du paradis se fût damné pour elle.
— Un poëte amoureux n’aurait pas inventé
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CII
Oh ! Le tableau charmant ! — touteToute honteuse, et rouge
Comme une fraise en mai, sur sa gorge qui bouge,
Elle penche la tête et croise les deux bras.
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Ma vie, — et tous les mots de ce langage étrange
Que l’amour délirant invente en ses fureurs,
Voilà ce qu’on entend. — l’alcôveL’alcôve est au pillage,
Le lit tremble et se plaint, le plaisir devient rage ;
— Ce ne sont que baisers et mouvements lascifs ;
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Du jeune cavalier, et de nouveau la couche
Sous des élans d’amour en gémissant plia.
— Minuit sonna. — leLe timbre au bruit sourd de la grêle
Qui cinglait les carreaux joignit son fausset grêle,
      Le hibou du donjon cria.
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La plus haute raison ! Albertus sentit fondre
Les appas de sa belle, et s’en aller les chairs.
— Le prisme était brisé. — ceCe n’était plus la femme
Que tout Leyde adorait, mais une vieille infâme,
Sous d’épais sourcils gris roulant de gros yeux verts,
Et pour saisir sa proie, en manière de pinces,
De toute leur longueur ouvrant de grands bras minces.
— Le diable eût reculé. — deDe rares cheveux blancs
Sur son col décharné pendaient en roides mèches,
Ses os faisaient le gril sous ses mamelles sèches,
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Et flattant de la main ses balais sur le col.
— Un crapaud hydropique, aux longues pattes grêles,
Tint l’étrier. — houschHousch ! Housch ! — commeComme des sauterelles
      Les deux balais prirent leur vol.
 
 
CIX
Trap ! Trap ! — ilsIls vont, ils vont comme le vent de bise;
— La terre sous leurs pieds file rayée et grise,
Le ciel nuageux court sur leur tête au galop ;
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CXIV
Enfin il arriva. — ceCe n’était pas un diable
Empoisonnant le soufre et d’aspect effroyable,
Un diable rococo. — c’étaitC’était un élégant
Portant l’impériale et la fine moustache,
Faisant sonner sa botte et siffler sa cravache
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Les mains avec les mains en chaîne s’enlacèrent.
Dans le grand fauteuil noir le diable se plaça
Et donna le signal. — hurrahHurrah ! Hurrah ! La ronde
Fouillant du pied le sol, hurlante et furibonde,
Comme un cheval sans frein au galop se lança.
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CXX
Le diable éternua. — pourPour un nez fashionable
L’odeur de l’assemblée était insoutenable.
— Dieu vous bénisse, dit Albertus poliment.
AÀ peine eut-il lâché le saint nom, que fantômes,
Sorcières et sorciers, monstres follets et gnomes,
Tout disparut en l’air comme un enchantement.