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aurait qu’un parti de deux cents uhlans devant vous sur la route d’Étain. Le général Du Barail les a pourchassés d’hier, et leur a fait sept prisonniers. Le danger pour nous est du côté de Gorze, sur la gauche des 6e et 2e corps. Faites donc reconnaître tous les chemins que vous auriez à suivre pour venir vous mettre en seconde ligne derrière les 2e et 6e corps dans le cas d’un combat aujourd’hui. C’est du reste une précaution que vous devez toujours observer pendant votre marche sur Verdun. Vous devez également envoyer sur votre flanc gauche, pour vous tenir en communication avec nous, des détachemens de la cavalerie légère. »

Ce retard regrettable était obligé. Napoléon Ier l’a dit : « On ne doit pas livrer de bataille avant d’avoir réuni toutes ses forces, car la victoire dépend souvent d’un seul bataillon. » Et ce n’était pas un seul bataillon qui manquait, c’était tout un corps d’armée et la moitié d’un autre.


XIV

Une brigade de cavalerie de la Garde accompagna l’Empereur jusqu’à Conflans. Là, le général Du Barail fut mandé. Le malheureux souverain était dans sa voiture, frileux, enveloppé d’un manteau de cavalier, très las. Après les salutations : « Pajol vous dira ce que je désire, » dit l’Empereur d’une voix éteinte. Pajol dit au général que la cavalerie d’escorte était trop lourde, qu’il désirait des troupes plus légères et qu’il demandait deux régimens de ses chasseurs. Quoique cette réquisition fût anormale, puisque l’Empereur n’avait plus le commandement, Du Barail y obtempéra, et donna la brigade Margueritte. Il retint les deux régimens de la Garde. Avant de se mettre en route, on dut laisser encore défiler tous les impedimenta du quartier impérial, « II y avait là des voitures de toutes formes qui portaient les bagages et les services impériaux et ceux de tout le personnel civil, très nombreux ; c’était un petit monde où se voyaient jusqu’à des marmitons en vestes blanches sur les toits des fourgons, et tout cela allait très lentement. » Ce ne fut que vers sept heures du matin que Du Barail put quitter son bivouac. Le triste cortège arriva à Etain à dix heures et demie, traversant des populations inquiètes. On signalait dans les bois