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lequel l’attaque aurait eu lieu, enfin par un en avant en bataille, si on avait eu une attaque de front à repousser. »

Cette concentration défensive dans un mouvement en avant parait à toutes les éventualités. Elle permettait de recevoir l’attaque invraisemblable, quoique très redoutée par l’état-major, du côté de Briey, celle peu probable aussi, en face, du côté de la Meuse. Mais elle était d’une efficacité sûre contre le mouve- ment presque certain d’une poussée des Prussiens montant de la Moselle. En possession des crêtes de Mars-la-Tour, de Tronville, de Vionville et de Rezonville, nous maîtrisions tous les débouchés abrupts, véritables couloirs dans lesquels les Prussiens, venus de la Moselle, étaient obligés de s’engager, et dans lesquels leur artillerie pouvait difficilement se déployer. Nous les tenions en quelque sorte à bout de fusil. « Les habiles dispositions du maréchal Bazaine, » a dit Ladmirault.

Si bien conçu que soit un plan, son succès est subordonné à l’obéissance rigoureuse et à l’intelligence avec lesquelles il sera exécuté. Toutes ces combinaisons de Bazaine seront déjouées si, le 16 août, au matin ne se trouvent pas sur le plateau, à la place qui leur a été assignée, tous les corps d’armée : si le 2e corps (Frossard) n’est pas à Mars-la-Tour, si le 6e (Canrobert) n’est pas sur son aile droite, si la Garde n’est pas à Gravelotte, si le 4e (Ladmirault) n’est pas à Doncourt, si le 3e (Le Bœuf) n’est pas en réserve à Saint-Marcel. Or, c’est précisément ce qui va advenir. De toutes parts vont éclater la désobéissance, la négligence, ou l’inintelligence.


XI

A l’aile gauche, dans la soirée du 15 août, la cavalerie accomplit mal sa mission. Son chef, le général Forton, autrefois très brillant officier, était alors fatigué et ne pouvait aller qu’au pas comme bien d’autres chefs de l’armée. Il se heurte aux avant-postes disséminés de la division de cavalerie Rheinbaben ; il s’effare, engage inutilement un combat d’artillerie. Au bruit du canon, deux régimens de Valabrègue et trois de Du Barail viennent le renforcer : il dispose de neuf régimens, soit 5 000 cavaliers. Mettez un Lasalle ou un Murat à sa place, il eût fondu sur un ennemi sans consistance, l’eût culbuté, poursuivi ; sa charge à fond de train eût été soutenue par la division