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centre, les bagages et l’artillerie sur deux immenses files longues de 7 à 8 kilomètres ; sur les côtés, l’infanterie et la cavalerie marchant à travers champs, à une distance variant de 2 à 6 kilomètres. Cependant la marche s’opérait lentement. Cette lenteur tenait à ce qu’on avait désobéi à l’ordre formel du maréchal de grouper les convois au Ban-Saint-Martin, en attendant qu’on les mît en mouvement. Trompant la vigilance du vaguemestre général et des vaguemestres des corps d’armée et des divisions, beaucoup de conducteurs, trop impatiens pour attendre leur tour de marche, s’étaient subrepticement engagés sur la route en profitant des intervalles qui se produisaient dans les colonnes.

Les conducteurs des voitures auxiliaires, fournies par réquisitions sur le pays, contribuaient particulièrement à cet immense désordre ; elles portaient peu de chose et tenaient beaucoup de place. Dans son dépit d’être ainsi retardé, Bazaine ordonna leur licenciement. Cette mesure inquiéta l’Intendant général. Préval fit observer que licencier le convoi auxiliaire, c’était s’exposer à manquer de vivres : si les voitures auxiliaires portaient peu de chose, elles portaient cependant quelque chose. Il était de toute impossibilité de faire faire des distributions sur place, comme l’ordre du licenciement le prescrivait, les troupes ayant dépassé les convois. Quant à ceux-ci, engagés déjà dans le défilé qui va de Moulins à Gravelotte, les faire retourner en arrière, c’était augmenter encore le désordre. Aussi l’intendant Préval demanda-t-il avant d’obéir qu’il lui fût délivré un ordre écrit.

Bazaine le donna en enjoignant de faire décharger les voitures de la réserve générale et au besoin de les faire jeter dans les fossés si les conducteurs étaient récalcitrans. Il eût voulu faire rétrograder également les convois du grand quartier général, des réserves de cavalerie et du 2e corps d’armée, mais ces impedimenta étaient déjà arrivés à Gravelotte. Il hâtait ainsi de son mieux ce mouvement qu’on l’a tant accusé d’avoir sciemment retardé. Il se dirigea vers Gravelotte en longeant les colonnes de la Garde. Il rencontra Deligny, et lui prescrivit de s’arrêter avec sa division et deux batteries d’artillerie au Point-du-Jour, afin d’aider au besoin le régiment laissé à Longeville et d’assurer l’écoulement des colonnes.

En arrivant à Gravelotte entre cinq et six heures, il trouva l’Empereur se promenant devant son quartier ; il lui souhaita