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La Tour du Pin répondit que ces chemins ne pouvaient pas être pris, parce qu’ils n’étaient pas assez larges pour recevoir plus d’une voiture de front. Jarras s’écria : « Qu’est-ce que cela fait ? A la guerre, il se présente des circonstances nombreuses où une troupe doit suivre une route médiocre ou même mauvaise, s’il n’en existe pas d’autres. » « A ce moment, dit La Tour du Pin, Bazaine mit fin à la discussion qui s’aigrissait en indiquant du doigt sur la carte la direction qu’il entendait voir prendre au 4e corps lorsqu’il aurait atteint le plateau entre Châtel et Doncourt. « Pardon, monsieur le maréchal, dit La Tour du Pin, mais je ne vois pas de chemin tracé dans cette direction. — Vous n’en voyez pas ? Eh bien ! en voilà un, » fit Bazaine, en traçant avec son ongle une raie noire sur la carte. » Ce coup d’ongle indiquait la route de Lorry. »

La marche en avant de l’armée ne permettait plus à l’Empereur de conserver son quartier général à Longeville. Il se préparait à s’acheminer vers Gravelotte quand deux pièces prussiennes, braquées sur le pont du chemin de fer, lancèrent quelques obus sur la ligne, tuant le colonel Ardant du Picq, auteur d’ouvrages militaires remarquables, un chef de bataillon, un capitaine, et blessant quelques hommes. Il en était résulté un court effarement, mais quelques boulets, tirés du fort Saint-Quentin, délogèrent les Allemands. Cependant, pour gagner plus vite Gravelotte, l’Empereur monte à cheval et se dirige (9 h. 30), par une route difficile, vers le Point-du-Jour, où il reprend haleine pendant deux heures. Vers une heure, il arrive à Gravelotte, exténué et s’arrête dans une auberge de la route.

Bazaine, resté au quartier général, reçut de Coffinières, qui croyait Metz menacé par l’algarade des Allemands, la demande de garder une brigade de grenadiers. Bazaine jugea la précaution excessive et exigea que sa brigade lui fût rendue, trouvant suffisant de laisser un régiment en extrême arrière-garde à Longeville et de faire sauter le pont de Longeville.


X

La marche des corps qui, ce jour-là (15 août), montaient de Metz vers Gravelotte, avait été réglée de main de maître [1]. Au

  1. Carnet d’Ange.