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débouchant de Metz et y avaient pourvu. La IIe armée fût venue au secours de Steinmetz, eût pris en flanc notre victoire, et l’eût fait sauter en l’air. A Ligny, les Prussiens avaient été battus, ils recommencèrent le lendemain à Waterloo et ils avaient été victorieux. Bazaine doit être loué de n’avoir pas cédé à l’appel de la fusillade et d’avoir résisté à un emportement de troupier qui ne prévoit et ne calcule aucune des conséquences de son acte. La conduite de Berckheim et de Ladmirault prouvait sans doute une fois de plus la vaillance, la générosité martiale de nos généraux ; mais elle prouvait aussi, une fois de plus, combien il est erroné de poser en dogme l’axiome anarchique de marcher toujours au canon, car c’est à l’intempestive application qu’ils en firent qu’on dut la perte de temps, de munitions, d’hommes, causée par cette sotte bataille qui nous coûta 203 officiers et 3 409 hommes de troupes, et aux Allemands 222 officiers et 4 684 hommes.

La conduite des chefs prussiens qui, tous, allèrent au canon, n’est pas davantage à proposer en exemple. Dans une armée conduite selon les règles, Goltz eût été privé de son commandement, sinon traduit en conseil de guerre, et Blümer, Zastrow, Manteuffel eussent été réprimandés.


IX

L’Empereur n’avait plus de raisons de rester à Metz depuis que son armée l’avait quitté. Il s’en était éloigné en même temps qu’elle le 14 août à une heure et s’était dirigé vers Longeville, à peu de distance de la ville. Quelle différence entre le départ et l’arrivée ! Plus de foule acclamante se pressant sur ses pas ; à peine quelques rares passans, égarés dans les rues désertes à travers lesquels il se glissait, le saluaient-ils silencieusement. Cependant il laissait derrière lui un souvenir attendri. Tous avaient été gagnés par son stoïcisme auguste au milieu des souffrances et des désastres, et par sa bonté toujours plus douce à mesure qu’hommes et choses lui devenaient plus cruels. Mgr Dupont des Loges, légitimiste fougueux, disait : « Chaque fois que je le quitte, je me sens devenir impérialiste. « Il avait adressé en partant à la population cette proclamation mélancolique : « En vous quittant pour aller combattre l’invasion, je confie à votre patriotisme la défense de cette grande cité. Vous ne permettrez