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environner de manière à nous couper de Metz. Nous séparer de Metz lui paraissait aussi essentiel que nous empêcher de gagner Châlons. A Metz, l’armée française devenait un obstacle à la marche rapide des Allemands sur Paris, car elle retiendrait des portions importantes de leurs forces : il fallait donc empêcher notre retraite dans le camp retranché de Metz autant que notre marche vers Châlons, nous encercler, nous cerner, entre deux murailles vivantes, nous attaquer, nous anéantir, sinon nous contraindre à fuir en Belgique.

Moltke arrêta son plan en principe dès que la Ire, la IIe et la IIIe armée se furent rapprochées de la Moselle ; mais il ne trouva pas d’abord les moyens tactiques de l’exécuter. Il était dans l’incertitude sur nos mouvemens. Tantôt il pensait que nous nous hâterions de nous porter sur la rive gauche afin d’opérer à Châlons la concentration de nos forces et concluait qu’il y avait à laisser seulement un rideau vers Metz, à porter ses forces au delà de la Moselle et à se mettre en mesure d’opérer le mouvement enveloppant qui devait nous couper la retraite, et nous rejeter vers le Nord. Tantôt il se disait que la présence de corps français sur la rive droite avait quelque chose de menaçant, qu’elle pouvait indiquer l’intention d’une offensive, et que, dès lors, un rideau serait insuffisant, qu’il fallait se trouver en nombre en face de Borny. Sa stratégie n’avait pas pris parti entre ces deux hypothèses ; elle s’était appliquée à pourvoir aux deux à la fois. Il avait constitué deux masses distinctes : celle de Steinmetz, qui s’opposerait à une attaque par la rive droite de la Moselle, et celle de Frédéric-Charles, qui passerait la Moselle et nous gagnerait de vitesse sur la route de Verdun. Il avait établi la liaison entre ces deux masses par deux divisions de cavalerie envoyées vers la droite de Frédéric-Charles. Ce plan était à moitié défensif, à moitié offensif : défensif du côté de Steinmetz, offensif du côté de Frédéric-Charles. Il avait en outre l’inconvénient de séparer les fractions des trois armées de façon qu’elles ne pussent se soutenir le même jour.

Le 13 août, il ordonne à Steinmetz de rester immobile sur la Nied, en contact immédiat avec l’armée française, en observant par des avant-gardes très poussées. Si l’ennemi se retire ou si, éventuellement, il prend l’offensive, il sera soutenu par l’aile droite de la IIe armée dont néanmoins les corps de gauche franchiront la Moselle en avant de Metz, tout en se tenant prêts