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<small>le criterium qu’on adopte, soit qu’on prenne pour règle les données des sens ou en général la perception actuelle, soit qu’on s’en tienne à l’idée elle-même<ref>Épicure distingue partout et avec raison, la perception de la conception ; la première s’impose à nous, elle est impersonnelle, la conception s’appuie il est vrai sur la perception, mais il y entre toujours quelque élément personnel, et de là l’erreur.</ref> ou à tout autre criterium.
<small>le criterium qu’on adopte, soit qu’on prenne pour règle les
données des sens ou en général la perception actuelle, soit qu’on
s’en tienne à l’idée elle-même<ref>Épicure distingue partout et avec raison, la perception de la
conception ; la première s’impose a nous, elle est impersonnelle, la
conception s’appuie il est vrai sur la perception, mais il y entre
toujours quelque élément personnel, et de là l’erreur.</ref> ou à tout autre criterium.


Il faut aussi noter avec soin les impressions que nous éprouvons en présence des objets, afin de nous y reporter dans les
Il faut aussi noter avec soin les impressions que nous éprouvons en présence des objets, afin de nous y reporter dans les circonstances où il est nécessaire de suspendre le jugement, ou bien lorsqu’il s’agit de choses dont l’évidence n’est pas immédiatement perçue.
circonstances où il est nécessaire de suspendre le jugement,
ou bien lorsqu’il s’agit de choses dont l’évidence n’est pas immédiatement
perçue.


Ces bases une fois posées, on peut passer à l’étude des choses dont l’évidence n’est pas immédiate. Et d’abord on doit admettre que rien ne vient du non-être ; car autrement tout viendrait de tout, sans qu’il y eût aucun besoin de germes. Si, d’un autre côté, ce qui disparaît à nos yeux était détruit absolument et passait au non-être, toutes choses seraient anéanties, puisqu’il ne resterait aucuns éléments dans lesquels elles se seraient résolues. Il est certain que l’univers a toujours été et sera toujours tel qu’il est actuellement ; car il n’y a rien en quoi il puisse se transformer, puisqu’en dehors de l’univers il n’y a rien qui puisse pénétrer en lui et y produire quelque changement.
Ces bases une fois posées, on peut passer à l’étude des choses
dont l’évidence n’est pas immédiate. Et d’abord on doit admettre
que rien ne vient du non-être ; car autrement tout viendrait
de tout, sans qu’il y eût aucun besoin de germes. Si, d’un
autre côté, ce qui disparaît a nos yeux était détruit absolument
et passait au non-être, toutes choses seraient anéanties, puisqu’il
ne resterait aucuns éléments dans lesquels elles se seraient
résolues. Il est certain que l’univers a toujours été et
sera toujours tel qu’il est actuellement ; car il n’y a rien en
quoi il puisse se transformer, puisqu’en dehors de l’univers il
n’y a rien qui puisse pénétrer en lui et y produire quelque
changement


[ ''Il établit les mêmes principes au commencement du'' Grand Abrégé'' et dans le premier livre du traité'' de la Nature<ref>Remarque de Diogène.</ref>.]
[ ''Il établit les mêmes principes au commencement du'' Grand Abrégé'' et dans le premier livre du traité'' de la Nature<ref>Remarque de Diogène.</ref>.]


Il n’y a point de place pour le non-être dans l’univers<ref>Manuscrits : {{lang|grc|Τὸ πᾶν ἐστι. Σώματα μὲν γάρ ὡς}}… {{lang|grc|κ. τ. λ.}}</ref> ; car les sens nous attestent partout et toujours que les corps sont réellement, et le témoignage des sens doit être, comme je l’ai dit plus haut, la règle de nos raisonnements sur ce qui n’est pas immédiatement perçu. D’ailleurs, si ce que nous appelons vide, espace, nature intangible, n’avait pas une existence réelle, il n’y aurait pas quelque chose où les corps pussent être contenus, à travers quoi ils pussent se mouvoir comme nous les voyons se mouvoir en réalité. Ajoutons à cela qu’on ne peut concevoir ni en vertu de la perception, ni en vertu d’une analogie fondée sur la perception, aucune qualité générale, propre à tous les êtres, qui ne soit ou un attribut, ou un accident du corps, ou du vide.</small>
Il n’y a point de place pour le non-être dans l’univers<ref>Manuscrits : Τὸ πᾶν ἐστι. Σώματα μὲν γάρ ὡς... κ. τ. λ.</ref> ; car
les sens nous attestent partout et toujours que les corps sont
réellement, et le témoignage des sens doit être, comme je l’ai
dit plus haut, la règle de nos raisonnements sur ce qui n’est ;
pas immédiatement perçu. D’ailleurs, si ce que nous appelons
vide, espace, nature intangible, n’avait pas une existence
réelle, il n’y aurait pas quelque chose où les corps pussent
être contenus, a travers quoi ils pussent se mouvoir comme
nous les voyons se mouvoir en réalité. Ajoutons à cela qu’on
ne peut concevoir ni en vertu de la perception, ni en vertu
d’une analogie fondée sur la perception, aucune qualité générale,
propre à tous les êtres, qui ne soit ou un attribut, ou un
accident du corps, ou du vide.</small>