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LA PATRIE EN DANGER

n’obéissait pas à Lafayette, le ministre de la Justice Dejoly, qui intriguait avec les Girondins, fut aussi le seul à reprendre et à garder son portefeuille, à la demande du roi.

Rœderer a comparé la disparition soudaine des ministres à celle de « divinités infernales qui rentrent subitement sous terre par les trappes de nos théâtres ». La conséquence fut la Proclamation officielle du danger de la Patrie qui fut votée le lendemain, 11 juillet, sur un rapport d’Hérault de Séchelles. Les Feuillants ne firent presque aucune opposition à la mesure qui ne leur déplaisait pas. Rœderer en a dit la raison. La mesure allait avoir pour effet « de substituer à l’autorité des ministres et du roi celle des corps administratifs de département et ils espéraient du moins le maintien d’un peu d’ordre sous une autorité qui, en général, s’était montrée indignée des attentats du 20 juin ». Deux jours plus tard, l’Assemblée levait la suspension de Petion, qui put ainsi assister, en qualité de maire de Paris, à la Fédération du lendemain.

Mais le Département de Paris ressentit le vote comme une injure. Ses membres démissionnèrent l’un après l’autre. Leur président, le duc de La Rochefoucauld, ne se borna pas à les imiter. Il jeta l’opprobre sur le parti jacobin dans un violent placard où il dénonçait : « Ceux qui, soudoyés sans doute par l’argent des puissances étrangères, sont fomentés et dirigés par quelques chefs qui espèrent trouver dans un bouleversement général à satisfaire leur ambition ou leur cupidité et dont les instruments, bien moins coupables qu’eux, sont de ces hommes sans patrie, attirés par l’appât d’une paye journalière et par celui, plus grand encore, du pillage ou