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Sur cette réponse se départit le hérault ; et s’en revint à Brest devers ses maîtres, et leur fit relation de toutes les paroles que vous avez ouï ; et sur ce ils eurent avis. Depuis ne demeura guères de temps que le connétable, le duc de Bourbon, le comte d’Alençon, le sire de Cliçon, le sire de Laval et tous ces barons de France et de Bretagne, où bien avoit quatre mille lances et quinze mille d’autres gens, si vinrent à une journée près de Brest où les Anglois étoient, et là se arrêtèrent et logèrent en moult fort lieu ; et puis le signifièrent aux Anglois, comment ils étoient là venus et sur le lieu droitement, ce disoient, où le traité de ceux de Brest avoit été accordé ; et leur mandoient que, s’ils venoient là, ils seroient combattus, et si ce ne faisoient ils avoient perdu leurs ôtages.
Sur cette réponse se départit le hérault ; et s’en revint à Brest devers ses maîtres, et leur fit relation de toutes les paroles que vous avez ouï ; et sur ce ils eurent avis. Depuis ne demeura guères de temps que le connétable, le duc de Bourbon, le comte d’Alençon, le sire de Cliçon, le sire de Laval et tous ces barons de France et de Bretagne, où bien avoit quatre mille lances et quinze mille d’autres gens, si vinrent à une journée près de Brest où les Anglois étoient, et là se arrêtèrent et logèrent en moult fort lieu ; et puis le signifièrent aux Anglois, comment ils étoient là venus et sur le lieu droitement, ce disoient, où le traité de ceux de Brest avoit été accordé ; et leur mandoient que, s’ils venoient là, ils seroient combattus, et si ce ne faisoient ils avoient perdu leurs ôtages.


Quand le comte de Salebrin et ses compagnons entendirent ces nouvelles, si virent bien que les François y alloient subtilement, et qu’ils n’avoient nulle volonté d’eux combattre. Si leur signifièrent par leur héraut, avec le héraut de France qui ces paroles avoit apportées, que si ils vouloient encore traire avant les deux parts du chemin, ils se travailleroient bien tant que, tout à pied, ils iroient la tierce part ; et si ils ne vouloient faire cette parçon, ils vinssent à pied la moitié du chemin et ils iroient l’autre ; et si l’une ni l’autre ils ne vouloient faire, ils renvoiasssent leurs ôtages, car ils n’avoient nulle cause du retenir, mais avoient, par droit d’armes, bien fait leur devoir et étoient en volonté du faire.
Quand le comte de Salebrin et ses compagnons entendirent ces nouvelles, si virent bien que les François y alloient subtilement, et qu’ils n’avoient nulle volonté d’eux combattre. Si leur signifièrent par leur héraut, avec le héraut de France qui ces paroles avoit apportées, que si ils vouloient encore traire avant les deux parts du chemin, ils se travailleroient bien tant que, tout à pied, ils iroient la tierce part ; et si ils ne vouloient faire cette parçon, ils vinssent à pied la moitié du chemin et ils iroient l’autre ; et si l’une ni l’autre ils ne vouloient faire, ils {{corr|renvoiasssent|renvoiassent}} leurs ôtages, car ils n’avoient nulle cause du retenir, mais avoient, par droit d’armes, bien fait leur devoir et étoient en volonté du faire.


Ainsi allant et venant se demenèrent ces choses et se degâtèrent ; ni pour parçon que les Anglois pussent ni sçussent faire, les François ne voulrent traire plus avant que vous avez ouy. Quand les Anglois virent ce, si rafraîchirent le châtel de Brest de bonnes gens d’armes, de pourvéance et d’artillerie, et puis entrèrent en leur navie, et se desancrèrent, et prirent la mer par devers Saint-Mathieu de Fine Poterne ; car devant Derval ne pouvoient-ils nullement venir à toute leur navie ; et à pied aussi ils n’y fussent jamais allés. Avec tout ce monseigneur Robert Canolles, qui dedans Derval se tenoit, leur avoit rescript que en rien ils ne se travaillassent pour lui, et que il cheviroit bien tout seul contre les François.
Ainsi allant et venant se demenèrent ces choses et se degâtèrent ; ni pour parçon que les Anglois pussent ni sçussent faire, les François ne voulrent traire plus avant que vous avez ouy. Quand les Anglois virent ce, si rafraîchirent le châtel de Brest de bonnes gens d’armes, de pourvéance et d’artillerie, et puis entrèrent en leur navie, et se desancrèrent, et prirent la mer par devers Saint-Mathieu de Fine Poterne ; car devant Derval ne pouvoient-ils nullement venir à toute leur navie ; et à pied aussi ils n’y fussent jamais allés. Avec tout ce monseigneur Robert Canolles, qui dedans Derval se tenoit, leur avoit rescript que en rien ils ne se travaillassent pour lui, et que il cheviroit bien tout seul contre les François.