« De la littérature musulmane de l’Inde » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
ThomasBot (discussion | contributions)
m liens vers l'espace auteur
Ligne 1 :
{{TextQuality|50%}}<div class="text">
{{journal|La littérature musulmane de l'Inde|[[Auteur:Théodore Pavie|Théodore Pavie]]|[[Revue des Deux Mondes]] T.3, 1843}}
 
Il fut donné à l’islamisme de renverser ou au moins d’humilier tout ce qui avait vieilli dans l’ancien monde, des rives du Danube aux monts Himalayas; d’émouvoir, d’exciter jusqu’à l’exaltation, en les ralliant à un seul cri, les races auxquelles il manquait un symbole, et cela au milieu du désert africain comme dans les steppes de l’Asie centrale; de s’établir partout où s’étaient développées les civilisations primitives; de galvaniser les peuplades mortes, comme aussi de mettre l’enthousiasme et le fanatisme au coeur de hordes insouciantes et presque sans culte; de les saisir dans leur mouvement de migration vers l’ouest et de les transformer en nations; enfin de faire briller sur les ruines d’un passé mystérieux et solennel l’éclat d’une splendeur extraordinaire qui désormais s’éteint de toutes parts. Durant neuf siècles, de puissans empires se formèrent çà et là dans les vastes contrées que dominait le croissant; puis, en se déplaçant, en s’absorbant les unes les autres, en transportant sur divers points alternativement le siége d’un pouvoir qui grandissait de jour en jour, les dynasties musulmanes de l’Arabie, de l’Égypte, de la Perse, de la Turquie, de l’Hindostan, accomplirent dans tout l’Orient cette oeuvre d’assimilation que le christianisme opérait en Occident. Ces dynasties, tantôt fanatiques et ignorantes, tantôt éclairées et favorables aux lettres, firent sentir successivement, d’une extrémité à l’autre de ce monde nouveau, ou le joug tyrannique d’une oppression qui brise les nationalités, ou les bienfaits d’une civilisation qui les efface aussi en les modifiant d’une façon plus douce.